Ah… Ah… Ah… °rire poliment sarcastique°
Par où commencer… Il y aurait tant à dire. Trop justement.
Bien. Comme, j'imagine, beaucoup de personnes, j'étais tombée sous le charme intemporel et indémodable du
Dracula de
Bram Stoker. Inutile donc de spécifier que j'attaquais «
Dracula l'Immortel » avec un mélange de curiosité et d'appréhension.
Premier constat : l'abandon de la forme qui faisait le charme de son prédécesseur, à savoir extraits de journaux, correspondance…
A la rigueur, cela se comprend, il a bien fallu s'adapter aux goûts du public moderne et opter pour une forme plus dynamique. Soit…
Et puis, la réponse à mes doutes. Oui «
Dracula l'Immortel » a cet indéniable mérite, celui dont une poignée d'ouvrages est à même de se targuer. Il suffit de lire, allez, soyons beau joueur, une dizaine de pages pour être tout de suite fixé sur la qualité globale de l'ouvrage.
C'est une daube.
Clairement.
Nettement.
Sans le moindre doute.
Et encore, ce n'est pas gentil pour la daube qui reste un plat des plus savoureux.
J'en reviens donc à cette tambouille littéraire qui exhale des senteurs de « je-vais-profiter-de-mon-nom-pour-me-faire-un-paquet-de-fric », ou « là où est confirmé que Stoker sur la couverture ne fait pas un bon livre de vampire » (et encore « bon » est gentil, si au moins ce… cette… cette chose parvenait à se hisser au niveau du « médiocre » mais même pas)
L'introduction nous plonge donc quelques années après la fin de
Dracula où nous suivons un Docteur Seward qui a quelques peu perdu de sa superbe. Déjà, dénaturer le personnage ainsi laisse un goût légèrement amer mais c'est quand on assiste enfin à la scène érotico-lesbo-sado-maso-gore que l'on commence à comprendre qu'on a un vrai problème. Là où la violence, la cruauté étaient habilement suggérée dans «
Dracula », avec un raffinement certes malsain mais saisissant, sa séquelle ne nous épargne aucun détail. Sans que cela apporte le moindre intérêt, bien évidemment (canon hollywoodien, du sang et des tripes, faisons dans le spectaculaire sans justification plausible). Et quand on devine l'identité de la mystérieuse future ennemie, on se dit vraiment que les auteurs auraient pu nous épargner ce cameo plus que douteux qui confine à un fantasme d'adolescent de mettre en scène la confrontation de deux monstres qui n'ont dès lors plus rien de sacrés.
Bref, nous poursuivons (avec un certain masochisme je le concède)
Et là… c'est une avalanche de situations plus invraisemblables les unes que les autres, de personnages complètement dénaturés, caricaturaux pour lesquels on ne ressent plus aucune empathie, sinon un mépris total et profond (en un sens, réussir à faire de van Helsing un personnage aussi antipathique mérite une certaine admiration…) qui atteint son point culminant au moment où –spoiler- les auteurs font de
Dracula un pseudo-gentil incompris !?
Non, non, mille fois non !! Cette bluette avec Mina qui passe de la femme de caractère, déterminée mais avec une part de fragilité qui la rendait humaine à une espèce de Rambo sans charisme éprise d'un vampire mal-aimé, la filiation
De Quincey mise à mal, on dirait plutôt de la mauvaise fanfic d'adolescent que ce qui était annoncé comme un monument d'hommage à l'oeuvre originale !
Je passerai sur les interventions de
Bram Stoker devenu le personnage de sa propre histoire dont les scènes, non contentes d'être irrespectueuses, sont d'un ridicule consommé…
Hommage, aviez-vous dit ? L'hommage c'est le travail de
Tolkien fils sur les travaux de son père. Ca c'est un hommage de caniveau où l'on prend des noms que l'on jette sur un torchon à grand renfort de publicité pour espérer engranger le maximum de bénéfice au mépris de l'oeuvre originale et de la ferveur des lecteurs.
Alors «
Dracula l'Immortel » est-il complètement à jeter ?
Si je voulais me faire l'avocat du diable, je retiendrais deux points positifs : tout d'abord la mention de « Basarab », petit détail, mais ô combien signification pour les aficionados, et pour ceux qui ne la connaitraient pas, Bathory, juste pour l'intérêt culturel à aller chercher sur le net des informations sur cette figure historique.
Autrement, rien, nada, niet, nothing, ne peut sauver ce livre qui vous donne tout simplement envie de relire le VRAI «
Dracula » !