Un roman d'horreur qui me tentait depuis longtemps. Ce qui m'a convaincue n'était pas vraiment la comparaison avec
Stephen King (ce genre de pub s'avère souvent décevante) mais le fait que le roman soit suédois. Mes quelques lectures scandinaves ne m'ont jamais déçue, surtout le roman vampirique
Laisse-moi entrer de
John Ajvide Lindqvist. Je me suis donc lancée.
Je ne sais pas si c'est propre à tous les auteurs suédois, mais je remarque qu'à chacune de mes lectures, la plume des auteurs a un côté froid mais aussi dénonciateur de la misère sociale. On y trouve toujours des personnages désabusés, qui sont passés par des coups durs au point d'en être parfois méchants, dans une société qui ne donne pas confiance à l'avenir.
Laisse-moi entrer se déroulait dans une cité-dortoir où le chômage et l'alcool ont fait des dégâts et où le vampire n'apporte pas tant de
désolation étant donné le climat pessimiste qui pèse sur les pages. On a la même chose ici.
On a beau être sur un ferry, on est loin du strass et des paillettes. le navire voit ses jours comptés, offre des prix au rabais, des cabines où flottent des effluves nauséabonds, a pour employés des personnes épuisées, inquiètes, haineuses, qui font un travail ingrat et, durant le séjour, tout ne devient qu'un vaste cirque où les gens picolent, vomissent et se culbutent dans les couloirs. On est loin du glamour : les passagers ne cherchent qu'à s'oublier pendant quelques heures, ils suent, leur maquillage coule, leur bedaine s'affic
he, les rides aussi. C'est plus réaliste que les récits avec des gens canon qui restent frais
après avoir dansé et picolé pendant des heures.
L'intrigue oscille entre plusieurs personnages et tous ces points de vue rendent le rythme lent, le temps de poser l'ambiance et présenter tout le monde. Et franchement, on a une belle brochette d'aigris et de têtes à claques, là-dedans. Je me suis demandé si j'allais compatir pour eux quand l'action allait enfin démarrer. Je crois que le pire pour moi était Mårten, époux et père alcoolique qui ne cesse d'osciller entre déprime et colère, qui menace ses proches de se suicider quand il ne les culpabilise pas, empoisonnant leur vie et gâchant ce voyage qui était l'occasion de passer du temps en famille. Je déteste ce genre de personnalité toxique, qui a rendu les autres presque sympathiques en comparaison.
Quant à la menace qui surgit, le résumé n'en dit rien alors je ne vais pas spoiler. Je tiens juste à dire qu'il y a des similitudes avec le manga Black Butler, plus précisément avec l'arc du Campania. J'ai aussi été intriguée par le duo mystérieux de la mère et de son enfant même si, au fond, on n'apprend pas grand-chose sur eux ou sur sur ceux qu'ils semblent craindre.
Si vous êtes fan de thriller, de récit purement réaliste, je ne vous recommande pas ce livre. Pour ceux qui aiment l'horreur, qu'importe la nature du mal, laissez-vous tenter. Ce n'est pas la lecture du siècle, j'ai nettement préféré
Laisse-moi entrer, mais ça se laisse lire. le rythme lent ne m'a pas gênée, surtout qu'
après ça s'accélère.
En conclusion, une lecture qui me rappelle moins
Stephen King que
Graham Masterton, pour donner une idée.