“Le grand public envisage souvent l'oeuvre de
Keith Haring comme ludique et légère. A travers cette exposition, [nous] souhaitons montrer qu'elle est aussi politique, revendicatrice, violente, sexuelle… »
La démonstration sera courte. S'il fallait nous prouver que
Keith Haring n'est pas qu'un simple griffonneur qui se paie d'une apparence facile de scribouilleur des métros, ce hors-série de
Beaux-Arts Magazine nous le fera comprendre en peu de textes et peu de pages. le texte pourrait tenir sur quelques pages. Heureusement restent les images…
Les dossiers thématiques choisis pour présenter l'oeuvre de
Keith Haring méritent toutefois d'être relevés pour leur intérêt. Une fois évoquée la courte biographie de l'artiste et les thèmes majeurs dont est constituée son oeuvre –la lutte contre le sida, contre l'exclusion raciale, contre la lobotomie qu'exerce sur ses sujets la société de consommation-, la rédaction se propose de rapprocher
Keith Haring de certains de ses prédécesseurs dont l'influence se fait ressentir dans certains détails : Dubuffet, Alechinsky ou Pollock sont les références les plus évidentes. On découvrira également en images le mode d'exécution de ses toiles les plus élaborées –celles réalisées dans le métro ne nécessitant pas davantage d'explication que leur spontanéité. Après cette présentation qui nous aura permis de découvrir une personnalité engagée et contestataire, il serait légitime de se demander comment reprendre le flambeau de la lutte contre la société de consommation à la manière fin du 20e siècle.
Keith Haring nous livre une réponse qui sera présentée dans les dernières pages : rien de tel que de la prendre à son propre piège pour l'anéantir.
Keith Haring, contre la société de consommation lorsqu'il s'agit pour celle-ci de manipuler ses sujets lambda, s'en empare à son avantage pour malmener l'élite culturelle, celle qui se défend de mêler pratiques et gadgets artistiques. Les immondes mugs, tee-shirts et porte-clés en folie qui envahissent les boutiques des musées ? ils sont entre autres l'oeuvre de Haring…
Keith Haring mérite donc plus d'intérêt qu'on ne lui en décerne habituellement et
Beaux-Arts Magazine aura su nous convaincre de la pertinence de l'oeuvre concernant les luttes politiques et sociales de la fin du 20e siècle ; mais par la brièveté du discours qui l'entoure, deux questions se profilent : le fond est-il si léger qu'il se résume en quelques mots ? à moins que la forme soit si explicite qu'elle ne nécessite pas d'autre média pour signifier… entre ces deux possibilités, reste au spectateur de trancher par la force de sa sensibilité personnelle.
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