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L'auteur le plus lu du XIXème siècle (c'est le préfacier Francis Lacassin qui le dit) ne l'est plus du tout actuellement. Quel dommage!
A titre d'exemple, il n'y a guère que 39 personnes qui ont noté ce livre alors que c'est un chef d'oeuvre d'aventures, de magouilles et d'émotions avec un scénario d'exception.

Oh, le brave Eugène sait y faire pour attirer le lecteur! Des rebondissements réguliers, des frissons, des aventures parisiennes, sibériennes, napoléoniennes ou orientales dans la secte des étrangleurs! Et il mobilise même le célèbre Juif errant pour apporter une touche fantastique à son récit.

Paru sous la forme d'une feuilleton, on comprend l'engouement du lecteur de 1844 pour connaître la suite du récit.

Et cela fera 1100 pages et c'est écrit tout petit.

Il faudra sûrement regretter sa longueur car la première salve d'aventures terminée, il faut user de patience pour retrouver de l'allant du fait d'une deuxième partie plus laborieuse avec l'installation d'une nouvelle intrigue plus tarabiscotée.

Mais l'écrivain est inspiré, il emmène le lecteur hors là comme dirait Maupassant, sur tous les continents, et il lie l'ensemble de manière pratique grâce à l'histoire avec un grand H et une sombre affaire d'héritage.

Eugène Sue a aussi une pensée politique et il n'hésite pas, tel un Hugo ou un Tolstoï, à dévoiler des prises de position enflammées pour les plus démunis. Dans le récit ce sont les couturières du XIX ème siècle ou les ouvriers de la forge qui, sous-payés, s'alimentent moins, ne se chauffent plus, tombent malades et meurent dans l'indifférence. le récit pose ce diagnostic effarant sur la misère ouvrière mais il propose aussi des solutions, chiffrées et peu coûteuses, pour améliorer les choses.

L'autre combat d'Eugène Sue, celui qui concentre la plus grande part de ses critiques, celui qui attise le plus sa colère va à l'encontre d'une célèbre congrégation religieuse dont le roman dissimule quelque temps le nom pour entretenir le suspense.
Présentés comme hypocrites et cupides, ces religieux, très puissants, sont le carburant principal de cette tragédie humaine. Ils offrent l'un des plus beaux méchants que j'ai lu mais il ne faut le nommer car il fait partie du coup de théâtre de la fin de la première partie.

Je n'en dirai pas plus: lisez ce roman "à la Dumas", vous ne serez pas de Sue.
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Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue (Paris 1804 - Annecy 1857) dandy, voyageur, il hérite à 26 ans de la fortune paternelle, devient l'amant des plus belles femmes de Paris (il est surnommé le « Beau Sue » !!), adhère au très snob Jockey Club dès sa création en 1834. Après avoir dilapidé la fortune de son père en sept ans, il commence à écrire lorsqu'il est ruiné. Devenu écrivain, il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social, Les Mystères de Paris (1842-1843) et le Juif errant (1844-1845). En 1839 il est décoré de la Légion d'honneur pour son Histoire de la Marine.
Tout le monde pense connaître son roman le Juif errant, mais qui de nos jours l'a lu réellement ? Moi-même, ce n'est qu'aujourd'hui que je me suis lancé dans cette lecture et « lancé » n'est pas une simple formule, puisque le roman est un énorme pavé d'un millier de pages !
Sous Louis XIV, le marquis Marius de Rennepont, a abjuré le calvinisme, à l'époque de la révocation de l'édit de Nantes. Les Jésuites, pas convaincus de sa sincérité l'ont dénoncé et obtenu d'entrer en possession de ses biens. le marquis de Rennepont a néanmoins réussi à leur soustraire et à en confier la garde à une famille juive, qui se succède de père en fils. Par un testament, capital et intérêts devaient s'accumuler jusqu'au 13 février 1832, date à laquelle la somme devenue énorme après deux siècles, serait remise à ses héritiers, à condition qu'ils se présentent personnellement ce jour-là.
En 1832, les héritiers Rennepont sont au nombre de sept mais les Jésuites sont toujours sur leurs traces, à l'affût pour récupérer le magot et ils ont un plan articulé en deux parties. Des sept héritiers, l'un, Gabriel Rennepont, le missionnaire, est en Amérique, et quand il est entré dans la Compagnie de Jésus les Jésuites lui ont fait faire une donation générale et spéciale de ses biens présents et à venir. C'est donc par lui qu'ils comptent rafler la mise, mais parallèlement ils s'activent par tous les moyens en leur possession, pour empêcher les autres héritiers de rejoindre Paris à la date fatidique d'ouverture du testament. Contre eux se dresse le Juif errant car il a une soeur qui a laissé pour descendant un Rennepont et il se doit de défendre les membres survivants de cette famille.
Le jour fatal, les Jésuites entrent en possession du trésor mais un coup de théâtre reporte l'ouverture du testament de trois mois. Rodin, le Jésuite machiavélique qui tire les ficelles du complot, tend aux héritiers divers traquenards qui les mèneront à leur mort, mais alors qu'il vient d'être nommé général des Jésuites, c'est à son tour de mourir, empoisonné par un rival. Seul Gabriel a survécu, mais le trésor finira détruit par son gardien tandis que Gabriel sera mis au ban de l'Église.
Petites précisions quant au titre, le Juif errant n'est pas le sujet central du roman, il n'apparaît que ponctuellement à de très rares occasions (avec sa soeur Hérodiade), plus symbole que personnage actif, représentant d'une puissance s'efforçant d'être l'ange gardien des héritiers, qui sont en outre ses derniers descendants. Enfin, selon la légende, le Juif errant était un pauvre cordonnier de Jérusalem qui refusa au Christ portant la croix, de s'arrêter un instant devant sa porte pour se reposer, le chassant d'un « Marche ! Marche ! ». Ce à quoi le Christ lui répondit, « C'est toi qui marchera jusqu'à la fin des siècles ! ».
D'abord publié en feuilleton dans le Constitutionnel du 25 juin 1844 au 26 août 1845 puis en volume de 1844 à 1845 chez Paulin à Paris, ce sera un des plus grands succès de librairie du XIXe siècle. Pour le lecteur moderne, le roman n'est pas sans embûches car il souffre de sa longueur conséquence induite du fait qu'il ait été publié en feuilleton dans un premier temps. Ca tire à la ligne. On n'a plus l'habitude de lire des textes qui s'étirent autant, ponctués de digressions à n'en plus finir, de rebondissements les plus improbables, de scènes théâtrales et grandiloquentes, de suspenses outrancés servant une intrigue particulièrement complexe et riche en personnages.
Par contre on s'amuse de ces « trucs » de feuilletonistes, comme ces fins de chapitres laissant le lecteur en haleine sur une phrase angoissante, « Un instant, la foule, effrayée vit, de la cour, les bras roidis de la soeur Marthe et des orphelines cramponnés à la porte et la retenant de tout leur pouvoir. » Ou bien encore quand l'écrivain s'adresse directement au lecteur, « expliquons l'existence de ce manuscrit avant de l'ouvrir au lecteur », le mettant dans la confidence pour mieux l'intéresser à l'intrigue.
L'exotisme ne manque pas non plus et dans le contexte de l'époque, il n'en a que plus de poids. La Sibérie, les Indes, la secte des Etrangleurs, les animaux sauvages, les narcotiques inconnus de nos médecins occidentaux… tout cela ajoute de la couleur et du piment à cette intrigue qui n'en manque pourtant pas, au point qu'un acteur remarque « … au milieu de tant de soucis, de trames si noires et si diaboliques, la mémoire se perd, la tête s'égare… » ce qui a le mérite de confirmer le lecteur sur ses propres impressions.
Un excellent roman néanmoins pour celui qui est prêt à faire abstraction de toutes ces contraintes liées à l'époque.
A la fin de son ouvrage, dans une courte conclusion, Eugène Sue affirme et résume la thématique de son roman, répondant aux critiques reçues durant la publication du feuilleton, « une belle et bonne comédie de moeurs cléricales »contre l'esprit des textes jésuitiques ainsi qu'une prise de conscience de l'opinion face à la misère du peuple chaque jour « aggravée par l'anarchie et l'industrie » qui n'assurent pas un travail et un salaire suffisant aux honnêtes gens. Un texte intemporel finalement.

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Se plonger dans un grand feuilleton publié depuis plus de cent cinquante ans , nécessite une mise à l'écart de nos habitudes de lecture.
Il ne faut pas s'attendre à entrer dans l'intimité de personnages complexes mus par des intérêts contradictoires, ni à tourner les pages avec avidité tant l'action se précipite, et pas plus à laisser libre cours à son imagination en raison de l'exposé succint du cadre de l'intrigue.
Non, ici nous rentrons dans le temps long du récit avec plus de mille pages, des descriptions soigneuses et poétiques, des envolées lyriques, des aventures qui se mettent en place avec une lenteur savoureuse.
Aujourd'hui , le lecteur fuirait .... Hier, il en redemandait et au fil des jours et de la parution des épisodes dans la presse quotidienne, nos ancêtres qui pourtant n'accédaient pas aussi facilement que nous à l'éducation qu'elle soit primaire ou secondaire , se passionnaient pour les malheurs de la famille Rennepont persécutée par les cupides jésuites qui ne reculeront devant aucune turpitude pour faire main basse sur leur fortune.
Et la lenteur du déroulement du récit ne décourageait personne, bien au contraire, car il fallait faire durer le plaisir...
J'ai lu ce roman avec délectation, charmée par sa prose impeccable, sa construction parfaite et son vocabulaire choisi. Quelle élégance dans ce texte qui pourrait faire rougir de honte certains de nos écrivains contemporains pourtant encensés par la critique !
Mais au delà de la forme, le fond est remarquable car dans ce roman engagé, Eugène Sue attaque non seulement l'Eglise dans son ensemble à travers les charges impitoyables menées contre les Jésuites qui en représentent les pires travers, mais aussi contre la société toute entière, les excès du capitalisme naissant et les injustices sociales qu'il exècre.
Non seulement l'auteur met en évidence la triste situation de la classe ouvrière, mais non content de décrire par le menu les mécanismes de la pauvreté , il propose des solutions pour y remédier et se fait le chantre d'un nouveau projet global de société.
Dans la France de Louis-Philippe en proie à une agitation sociale et à la remise en cause d'un ordre ancien qui se maintient contre vents et marées, Eugène Sue fait partie de ces intellectuels engagés qui par le biais du roman populaire, cherchent à répandre des idées fortes qui sont susceptibles de faire réellement changer les choses.
Quelle modernité dans sa critique acerbe de la situation des femmes ! Toujours en pendant de la dénonciation, il y a le projet pour améliorer l'avenir dans le respect de tous.
Le roman se lit aussi comme une approche historique de la seconde moitié du 19ème siècle avec ses incursions dans le milieu ouvrier, dans le monde des fêtards, dans les palais et les sacristies.
L'ironie est aussi omniprésente et les forces manipulatrices mises en oeuvre par les féroces jésuites en la personne de Rodin, ce méchant parfait, sont admirablement analysées avec un sens aigu de la psychologie.
Et le juif errant dans tout cela ?
Finalement il apparait bien peu et son action reste marginale car il est bien loin de venir au secours de ces héros que l'on a appris à aimer au fil de la longue lecture de leurs aventures.
Qu'importe si le titre parait plus destiné à attirer le lecteur potentiel en reprenant une légende populaire de l'époque, il n'en demeure pas moins que ce feuilleton grandiose, moins connu que "les Mystères de Paris" mérité la plus éclatante des réhabilitations .



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Sept rejetons d'une même lignée, aux fortunes et au rangs les plus divers, disséminés sur tout le globe, ignorant tout les uns des autres, sont poursuivis par une conjuration occulte et internationale de la Compagnie de Jésus visant à les spolier d'une fortune considérable. Dans leur méconnaissance du complot, un homme légendaire, frère de la femme dont les sept personnages menacés sont issus, les suit de son éternelle marche d'homme damné sous le regard de Dieu et trainant le choléra sur ses pas : le Juif errant, l'homme qui refusa au christ exténué, portant sur ses épaules la croix, de se reposer un instant sur le banc de pierre qui jouxtait son humble boutique de cordonnier.

Roman-feuilleton protéiforme et foisonnant, mélodramatique, à visée socialisante et utopiste, parfois moralisant et naïf dans sa prétention didactique, ce roman dis-je, est attachant par ces maladresses mêmes, et ces ficelles un peu grosses; l'intérêt de sa lecture n'est jamais démenti et malgré son volume imposant, il est d'un abord plutôt facile. Fable gothique, où le fantastique et le légendaire côtoie un réalisme cru et affligeant, cette oeuvre est d'une étonnante noirceur. J'ai particulièrement apprécié l'évocation redoutable et saisissante du choléra, sa propagation fatale et foudroyante, la kyrielle de folles rumeurs qui l'accompagne et la chasse aux empoisonneurs inhérente à toute épidémie mortelle et méconnue. Un remarquable roman populaire.
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Pour un résumé de ce roman vous pouvez consulter le dernier paragraphe de la quatrième de couverture même si ce résumé est un peu court.

Eugène Sue a écrit ce roman en 1844-1845 en pleine période romantique. C'est l'époque des Alexandre Dumas, des Victor Hugo, des Theophile Gauthier etc... C'est aussi l'époque où les romans sont publiés en feuilletons dans les quotidiens ce qui peut expliquer la longueur du roman, les écrivains cherchant à fidéliser le lecteur. Chaque épisode se termine par un rebondissement ou un suspens comme on le fait aujourd'hui avec les séries télévisées, comme quoi il n'y a rien de nouveau sous le soleil. le plus grand défaut de ce roman étant justement sa longueur. Ce roman est d'un romantisme délirant avec ses dialogues dramatiques aujourd'hui invraisemblables , ses rebondissements nombreux, ses intrigues juteuses, ses situations rocambolesques, son suspens dont on ne connaît le dénouement qu'à la fin du livre, ses personnages très caractérisés, la naïveté des propos des jeunes jumelles, les attaques à fond de train contre la Compagnie de Jésus, la facilité avec laquelle on prend partie pour les "bons" contre les "mechants" personnifiés par les Jésuites avec à leur tête le Père Rodin

Eugène Sue dans ce roman dénonce la misère dans laquelle vivent les ouvriers et en particulier les femmes et appuie aussi les femmes dans leur recherche d'une plus grande liberté et autonomie. Il critique la situation dans laquelle les femmes vivent passant de la tutelle et l'autorité du père à celles du mari sans qu'elles aient leur mot à dire. Il dénonce aussi le fait que les ouvriers n'aient pas les moyens de payer la caution exigée advenant qu'ils soient accusés d'un crime les privant ainsi du travail avec lequel ils soutiennent leurs familles. Vous l'aurez compris, il critique les religieux les trouvant hypocrites, professant une religion dépourvue d'âme et de réelle compassion. C'est donc aussi un roman social qui prend fait et cause pour la classe ouvrière tout en étant d'accord pour dire qu'elle n'est pas parfaite.

Au final J'ai bien aimé ce roman malgré qu'il soit trop long. À mon sens ce genre de roman sont les premiers "thrillers" de la littérature française. On peut leur trouver des défauts mais si on replace ces romans dans leur contexte ils sont agréables à lire et je n'ai pas boudé mon plaisir.
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J'adore toute l'histoire de ce livre dans la lutte qu'il nous montre entre des innocents et la puissance d'une force comme les jésuites... Les feuilletonistes ont occupé une grande place dans mes lectures d'adolescent et celui-ci est mon préféré !
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Très, très ennuyeux.
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Pourquoi les prêtre ne peuvent pas se marier ?

J'ai lu ce livre avec des yeux ébahis , apprenant maintes choses sur les ramification et la montée au pouvoir des Jésuites . c'est aussi dans ce même livre que j'ai découvert pourquoi les prêtre ne peuvent pas se marier ( je vous laisse le soin de découvrir par vous même ) , ce n'est pas comme le prétendent le clergé , leurs relations avec Dieu etc .... Livre marquant , lu il y a longtemps et il m'en reste des choses
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On sent bien que l'auteur est payé à la ligne mais on ne s'ennuie jamais tout au long de ce grand roman méconnu.
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Ok amateur de pavé bonsoir. C'est énorme mais au sens propre du terme (voir difficile à porter).l'histoire des descendant de la soeur du juif errant dont la compagnie de jésus veut voler l'héritage.
Très bon roman, dans la pure ligne des romans du XIXe siècle.
Le problème est le nombre de personnages principaux (une dizaine) et secondaire (une vingtaine).
En bref un bon livre mais qui traîne en longueur.
Label : PAVE
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