Que de chemin parcouru depuis
Agatha Christie,
Simenon puis
Stephen King et Grangé. Désormais, un bon polar, un thriller haletant est avant tout un prétexte à sonder l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sombre et névrosé.
Je sors juste d'un
Minier où il était vaguement question de pédophilie pour m'y replonger jusqu'au cou. Cette fois, cela se passe en Suède et on a beau se méfier des clichés : ils reviennent au grand galop dès que l'on a le dos tourné! Les nordiques ont depuis belle lurette compris que la femme est l'égale de l'homme.
Erik Axl Sund (qui n'est qu'un pseudo pour un duo d'écrivains évoluant dans le milieu musical) ne met en scène que des femmes. Les hommes ne sont qu'accessoires, se cantonnant dans des seconds rôles pour mieux servir celles qui sont dans la lumière.
Jeannette, l'inspecteur (inspectrice?) a bien sûr une hiérarchie masculine, mais elle chapeaute une petite équipe et mène l'enquête.
Sofia, la psychologue, jusqu'à la psychopathe qui enlève des enfants réfugiés dont tout le monde se moque bien. Et cette mystérieuse Victoria, première victime de la perversité des hommes, à commencer par son père.
Le roman est d'une violence brute, mais pas celle, physique (pourtant bien présente également) que l'on rencontre habituellement dans le thriller le plus édulcoré. Ici, c'est psychologiquement que la brutalité se manifeste. Et toujours cette question de savoir d'où vient le mal, comment il se distille dans n'importe quel cerveau, issu de n'importe quel milieu. Nous sommes tous potentiellement des monstres en puissance. Et c'est cela qui fait peur.