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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est dans un café de Lisbonne qu'Ernesto, ingénieur cubain, rencontre Berto, un vieux monsieur expatrié comme lui. Berto, qui est un ancien combattant d'Angola, ne peut qu'intriguer le quadragénaire, son père, Miguel Angel, est mort dans ce pays d'Afrique. Alors Ernesto se souvient de son enfance à Cuba dans une famille d'intellectuelle épousant les idées de la révolution.

Orphelin à douze ans, il devient aussi un exemple pour tout le quartier, il est le fils du héros et le fils d'un héros doit être exemplaire. Brillant étudiant il partira travailler en Allemagne et au Portugal, au gré de ses amours, mais Ernesto cache une fêlure, il ne s'est jamais remis de la mort de son père et à Cuba un garçon ne pleure jamais, c'est sa grand-mère qui le lui a dit.

Quel beau roman tendre et délicat, Karla Suarez nous prend par la main et nous raconte Cuba, son pays. Au coeur de la havane, en pleine guerre froide, des enfants jouent et étudient, des familles militent, s'aiment et se déchirent.

Saga familiale, politique et humaniste, la romancière interroge la géopolitique de la fin du siècle dernier et comme elle aime aussi la littérature elle convoque Dante, Goethe, Vian, Camus, Hemingway, Yourcenar, Kundera et autres glorieux ainés pour le plus grand plaisir du lecteur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Decouverte d'une auteure cubaine grâce à ce livre.
L'histoire d'Ernesto, un enfant de 12 ans qui perd son père parti combattre en Angola et qui devient le fils du héros du jour au lendemain. Toute sa vie à partir de cet instant est formaté par cet événement , ses choix de vie, ses relations aux autres (famille, amis, femme).
Par le biais de la création d'un blog, il effectue des recherches sur Cuba et l'Angola afin de découvrir ce qui est arrivé à son père.
Le roman souffre de quelques longueurs, Ernesto est un peu agaçant dans son parcours de vie et se laisse totalement envahir et guider par ce qu'il pense être un devoir, il subit sa vie plus qu'il ne la vit et il en devient un peu pathétique. La fin du roman m'a surprise et aurait mérité d'arriver plus tôt pour éviter peut être ma lassitude au deux tiers.
Par contre, le roman m'a permis de découvrir l'histoire de Cuba et de ses relations avec le continent africain, en particulier avec l'Angola. La vie quotidienne des cubains, l'école et la façon dont l'armée est omniprésente dans le parcours des enfants, des adolescents et des adultes. Une culture de l'armée au quotidien bien loin de ce que nous connaissons. Cette partie là du roman est passionnante , vraiment instructive. J'ai beaucoup appris.
L'auteure nous transporte à Cuba dans les petits quartiers et retranscrit l'ambiance de cet endroit à travers la vie quotidienne de ses habitants.
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J'ai suivi Karla Suárez, par curiosité, dans un roman sur une jeunesse à Cuba. Elle nous conte, entre quotidien et grande Histoire, une histoire de guerre triste comme toutes les guerres avec son cortège de dégâts collatéraux, mort, deuil, silence et incompréhension. Elle veut nous faire partager les cicatrices laissées par la guerre en Angola pour les gens de sa génération, ceux dont les pères ne sont pas toujours rentrés au pays.

C'est L'histoire d'Ernesto, même prénom que le Che, entre Cuba, Berlin, Lisbonne, l'Angola…à la poursuite de lui-même, pour remplir les vides laissés par les non dits.

Cuba, ce n'est pas du tout mon secteur géographique de prédilection , mais quand l'écriture est belle dès les premières lignes, on part n'importe où avec un auteur, et là j'ai découvert ce que c'est de grandir dans ce pays dans les années 70 ou 80, dans un monde moins triste que dans nos représentations centrées sur Fidel et sa paranoïa.

l'Angola, c'était il y a longtemps et pas dans les gros titres de notre presse, je ne connais rien de ce conflit, ni ce qu'y faisaient les Cubains, rapide coup d'oeil sur Wikipedia, une espèce de bourbier où les grandes puissances se sont faits la guerre par alliés interposés.

J'ai adoré les pages sur l'enfance, marquée par des héros de romans d'aventure. Des gosses jouent à la « guerre froide » sous le regard amusé des adultes , une famille aimante et assez bouillonnante, latine dans ses solidarités et disputes. J'aime beaucoup tout ce récit d'enfance, pétillant et joyeux, les petites peines de coeur, des morsures qu'on emporte longtemps avec soi, les bêtises et les transgressions, cette vieille voiture américaine qu'on répare, la maison de vacances.

ce temps de l'innocence finit avec la nouvelle de la mort du père, qui fige tout dans un impossible deuil pour Ernesto, 12 ans, sommé de devenir un homme du jour au lendemain.

J'ai aimé le récit bien mené de cette quête de vérité, loin de l'histoire officielle, et cette volonté d'émancipation qui passe par la recherche et l'écriture d'un blog sur l'Angola, pour solder le passé, la rencontre avec un ancien combattant mystérieux, taiseux, mais chaleureux. La fin du roman nous prend un peu par surprise, apportant une nouvelle nuance de complexité à toute cette affaire.


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L'autrice nous raconte dans ce livre l'histoire d'un garçon cubain qui doit se construire en étant le fils de son père, mort en héros en Angola. Dans ce récit à la première personne, Ernesto (durant les années 70, de nombreux cubains ont été prénommés Ernesto et de nombreuses cubaines Tania, du prénom d'une autre héroïne) nous raconte ses amours ratées, sa vie professionnelle sans intérêt pour lui, sa jeune soeur pas mieux lotie que lui.
Tout cela pour arriver à une fin brutale et inattendue.
Malgré quelques longueurs, j'ai appris beaucoup sur la mentalité de Cuba et la lectrice que je suis a apprécié les dénominations de chapitres sous forme de titres de livres célèbres.
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Le fils du héros est un roman bien construit et captivant, dont l'auteure, Karla Suarez, est née à La Havane en 1969, tout comme Ernesto, son personnage principal et narrateur.

Tout est dit dans le premier chapitre. Enfin, presque ! Il faudra quand même avoir lu le livre en entier pour en comprendre les tenants et aboutissants. Pourquoi Ernesto, que sa femme Renata a récemment quitté, prend-il l'avion pour l'Angola ?

Tout avait commencé pour lui, trente ans plus tôt, à l'âge de douze ans, le jour de l'annonce de la mort de son père, tué en Angola, où il avait été mobilisé dans les forces armées cubaines venues soutenir un mouvement indépendantiste « ami ». Dans son quartier, au lycée, puis à l'université, Ernesto était ainsi devenu le fils du héros.

En dépit de l'absence d'un père qui avait compté dans son enfance, Ernesto aura vécu une adolescence pleine et heureuse, entouré d'une famille unie et d'amis fidèles. Révolution castriste oblige, il aura fallu supporter quelques « volontariats organisés » : travaux agricoles, préparation militaire, agitation de petits drapeaux sur le passage de chefs d'états en visite. Mais Cuba, ce n'est pas la Corée du Nord – où en tout cas ce qu'on en imagine. Cuba, ce sont les Caraïbes, le soleil, la mer, la plage, la musique, la fête. Ce sont aussi des universités et des bibliothèques de qualité. Dans les années quatre-vingt, les jeunes ont en tête des modèles occidentaux dont ils n'ignorent rien. Grâce aux amis dont les familles sont bien placées, on récupère en douce de la musique américaine, des vêtements à la mode. C'est l'âge d'or de la révolution castriste, généreusement sponsorisé par l'Union Soviétique.

Tout change dès le début des années quatre-vingt-dix. Effondrement de l'URSS et de sa sphère d'influence. Paix en Angola, où la guérilla entre des factions soutenues par les grandes puissances n'était qu'une déclinaison locale de la guerre froide, désormais reléguée sur les rayons de l'Histoire.

Devenu adulte, Ernesto s'interroge sur la mort de son père. Un noble sacrifice, dit-on officiellement à La Havane. Qu'allait-il faire dans cette galère, a plutôt envie de dire Ernesto. Pourquoi le régime avait-il sacrifié la vie de milliers de compatriotes tombés en Angola ? Oh certes, on avait célébré le culte des héros. Ils avaient eu droit à des funérailles nationales en grande pompe. Les familles avaient été soutenues financièrement… tant que l'Etat en avait eu les moyens. Car à Cuba, isolée politiquement et commercialement, c'est désormais la crise économique et l'austérité.

Le destin de son père va miner la vie d'Ernesto, malgré l'amour de Renata, une étudiante bénéficiant d'une double nationalité péruvienne et allemande, qui a jeté son dévolu sur lui. Une fois mariés, elle l'emmène vivre à Berlin, puis à Lisbonne, où Ernesto rencontre des compatriotes exilés, dont certains ont combattu en Angola. L'un d'eux, Berto, un petit homme au comportement étrange, a l'âge qu'aurait eu son père. La question de la mort du père devient une obsession dans laquelle Ernesto s'enferme. Il monte un blog pour rechercher d'autres anciens combattants et réunir des informations sur la présence des Cubains en Afrique, fouille dans les archives de presse, rassemble des ouvrages sur l'Histoire. Il se replie sur lui-même, au point de gâcher sa vie, sa vie professionnelle et surtout sa vie conjugale, menant son épouse Renata au-delà de ce que peut supporter son empathie et sa patience, incapable qu'il est de partager sa douleur avec elle.

Dans chaque chapitre de son récit, Ernesto entrecroise son quotidien obsessionnel à Lisbonne, avec ses premières enquêtes à Berlin et les souvenirs attendris de sa jeunesse à La Havane. Cela brouille un peu la compréhension du lecteur, qui a par moment l'impression que l'intrigue tourne en rond. Une construction littéraire probablement intentionnelle, qui permet à l'auteure de faire monter la tension progressivement jusqu'au dénouement final très inattendu.

Une narration continue, quasiment sans dialogue. L'écriture de Karla Suarez, précise et fluide, a quelque chose d'enveloppant. L'auteure s'est aussi attachée à illustrer chaque chapitre par le nom d'un ouvrage de la littérature universelle. Une table de vingt-cinq titres qui va de Dante à Kundera, en passant par Goethe et Hemingway. Un geste littéraire élégant, mais plus symbolique que profond.

Le fils du héros est un roman psychologique placé dans un contexte historique et politique réel. Une fiction romanesque attachante et émouvante, aux confins d'un système où Fidel Castro sera parvenu pendant trente ans à faire croire qu'il était plus qu'un simple pion sur l'échiquier mondial. La disparition du système soviétique l'aura ramené à sa juste importance, limitée aux frontières de Cuba, où la politique de « rectification des tendances négatives », annoncée à coup de discours-fleuves et accompagnée de simulacres de procès suivis d'exécutions, aura rencontré scepticisme et ironie dans les foyers havanais, sous une apparence factice d'approbation collective.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Roman essentiel de vérité, criant de douleur, le fils du héros est le témoignage d'une génération cubaine en quête de sens. Servi par une écriture narrative précise et riche ce roman est ma première expérience littéraire cubaine, et quelle expérience! de nature curieuse j'aime que mes lectures transgressent des barrières jusqu'alors inédite et m'apporte surtout un savoir, un regard différent sur certains évènements, historiques par exemple. Et cet exemple est aujourd'hui assouvi avec ce livre précieux où l'auteur fait le récit d'un Cuba belliqueux embourbé dans une guerre qui n'est finalement pas la sienne, du moins pas celle du peuple.

Sous l'apparence du jeune Ernesto, douze ans lorsqu'il perd son père lors de la guerre en Angola, Karla Suarez nous narre l'histoire de son pays et de cette page de l'histoire à travers de petites anecdotes sous l'oeil naïf de l'enfance. le récit s'ouvre sur ce drame qui détermine la vie d'Ernesto, ses choix comme son rapport à sa famille. Devenu « le fils du héros » toute sa vie durant il devra porter ce lourd fardeau et comprendre que les héros ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Traumatisé par cette guerre qui débute dans les années 60 pour se terminer à la fin des années 80, il nous raconte par touches ce pays socialiste qui la vue grandir et son rapport au monde qui l'on conduit à vivre de l'Allemagne au Portugal. C'est une fois adulte qu'il a l'idée d'écrire un blog dédié à ce pan de l'histoire comme pour mieux la comprendre et en exorciser ses démons. Seulement l'Histoire est complexe, les informations souvent erronées jusqu'au jour où il fait la rencontre d'un certain Berto Tejera Rodriguez, parti à la même période que son père…

Entre aller et retour dans le temps l'auteure a su attiser ma curiosité en créant une tension dramatique, effet étoffé grâce au personnage énigmatique de Berto mais surtout à travers des débuts de chapitres où l'on comprend que le personnage d'Ernesto est sur le départ pour l'Angola mais dont on ignore le but. J'ai beaucoup aimé les épisodes de sa vie à Cuba qui illustre bien l'innocence avec laquelle il regarde sa patrie pour, petit à petit, observer avec un prisme nouveau cette révolution sociale avec notamment cette guerre qui n'en finit pas.

De son regard d'adulte on devine le cynisme, la rancoeur qui le consume pour, peu à peu, le détruire lui et son entourage. La tension monte comme la guerre avec la venue du personnage de Berto pour enfin nous livrer son secret bouillant, suintant, poreux quitte à détruire toutes les certitudes sur son passage. C'est ça que j'ai aimé dans ce roman, les fuites nostalgiques d'apparence banales d'un enfant qui passe de l'adolescence à l'adulte sans édulcorant et le côté sombre et lucide d'un évènement qui fait l'être d'aujourd'hui.

Ignorant totalement cette partie de l'histoire cubaine, j'ai particulièrement apprécié m'y pencher sous la plume de Karla Suarez qui couche avec une précision émotionnelle les souvenirs tissés d'un gouvernement pour son peuple. Elle soulève ainsi la question de l'enrôlement mentale et la vision des habitants sur leur propre société. Comme un règlement de compte, j'ai été emballée par sa passion malgré quelques répétitions et longueurs, emballée par ce personnage voulant en découdre avec son Histoire et surtout par cette fin à laquelle on ne s'attend pas.

Une ode à la liberté, un détachement du poids familial et sociétal, voilà ce que rend ce roman aux Cubains qui ne peuvent plus dire « nous ne savions pas ». Un exercice périlleux, courageux car il n'est pas aisé de ressusciter le passé et encore moins de l'écrire. Merci à lecteurs.com pour cet envoi, vous avez émerveillé ma rentrée en me sélectionnant en tant qu'Exploratrice de la rentrée littéraire!
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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A travers Ernesto, on en apprend beaucoup sur Cuba, les Cubains.es et l'histoire du pays. La guerre froide est un fil conducteur du récit, avec comme trame principale la perte du père du héros en Angola. le deuil, les ruptures parsèment ce récit et la fin surprend, fait mal au coeur et nous laisse dans l'incompréhension totale. Une lecture intéressante, historiquement et humainement.
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les fils ténus de la mémoire du fils d'un ingénieur cubain envoyé défendre un pays frère l'angola.

Par une sorte de mimétisme magique l'écriture se fait nostalgique comme un fado lisboete, avec toujours cette pointe de gâité qui nous raappelle que cuba malgré les difficultés a le goût du paradis.
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Le père du héros de ce roman est-il un héros ?
Aucun doute, il faisait partie des troupes cubaines, il est mort en Angola ce qui lui confère un statut digne des honneurs de la nation cubaine.
Ernesto avait 12 ans lorsqu'il devient « le fils du héros », il prend alors sur lui le poids de ce deuil, et sa vie paraît triste, taciturne, raisonnable et studieuse.
Au fil de ses rencontres amoureuses, le jeune homme devient un grand lecteur.
La construction de ce roman est brillante, chacun des 26 chapitres porte le titre d'un livre important pour Ernesto. Ce qui donne envie au lecteur d'explorer ces livres ; depuis La forêt obscure jusqu'au Retour aux sources, les récits sont émaillés de références et de citations discrètes que l'on a envie de ne pas négliger.
Cependant l'histoire d'Ernesto nous ramène inexorablement à sa quête sur l'histoire de son père.
Renata, sa femme, est réticente envers ce projet qui va finalement causer la ruine de leur couple qui était si bien assorti. C'est aussi ce que lui dit son ami Berto, un vétéran cubain à qui il pose tant de questions sur l'Angola. Ernesto tient un blog pour écrire sur cette guerre lors de laquelle Cuba s'est engagé en Angola. Par ce moyen, il essaye de comprendre pourquoi Cuba a envoyé ses hommes, dont son père, mourir en Afrique.
Ce superbe récit nous transporte de Cuba à Lisbonne, en passant par Berlin.
Ernesto se remémore les réunions de famille à La Havane entre l'exubérance de ses oncles et la tristesse de sa mère, les colères de sa soeur et les silences d'Antonio, ami de son père. Ce père tellement parfait qui n'aurait comme défaut que celui d'être mort.
Lisez ce roman, vous comprendrez comment la chute qui s'esquisse dans le chapitre « Les intermittences de la mort » se révèle inattendue. Karla Suarez a réussi un livre passionnant qui nous éclaire sur l'histoire de Cuba vécue par le héros pendant les années 1970.

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