Ils entrèrent. Précautionneusement, comme s'ils avaient peur de le déranger.
Tom demanda: "Quelle est la cause de la mort ?"
- Arrêt cardiaque.
- N'est-ce pas la cause de toute mort ?
-Ou sa conséquence, répondit le médecin. Peter était plein de causes de décès possible. Vous pouvez en choisir une.
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Le jeune PhD Stotz regardait l’objectif, ses lèvres esquissaient un sourire. Avec ses traits fermes et sa fière attitude, il était difficile de déceler dans ce portrait une ressemblance avec la version de Stotz en vieil homme malade. Seuls les sourcils broussailleux étaient restés les mêmes.
Au bout du compte, la question reste toujours la même : veut-on régler sa vie sur ce que l’on croit, ou veut-on régler ce que l’on croit d’après la manière dont on vit ?
- Un Mac, pour vous, n'est-ce pas ? demanda Stotz.
- Tout à fait. Comment le savez-vous ?
- Mac ou Windows., Frisch ou Dürrenmatt, Beatles ou Stones - dans la plupart des cas, je devine.
Après une nouvelle pause de réflexion, M. Stotz dit : « Je te parle constamment de mon grand amour. Mais où en es-tu, toi, de ce point de vue ? »
– Moi ? » demanda Tom avec surprise.
Stotz hocha la tête d’un air aimable et attendit.
« De mon côté, il n’y a pas de grand amour.
– Il n’y en a jamais eu non plus ? »
Tom répondit d’un mouvement de tête. « En tout cas pas de l’ampleur de Melody.
– Pas encore. De cette ampleur là, on n’en a qu’une seule fois dans sa vie. Tu verras. Une seule fois. Nous allons prendre l’apéritif ? »
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Debout face au miroir, Tom nouait sa cravate. Il avait passé une telle quantité d’entretiens d’embauche qu’il avait désormais un peu d’entraînement. Pour les premiers, il n’en avait pas porté – il faut dire qu’il ne cherchait pas un boulot à cravate. Cravate que ses notes de fin d’études compensaient largement. Mais depuis, il avait lâché son lait, comme disait son père.
Le feu m'aide à réfléchir. C'est comme un être vivant qui me tient compagnie. Bien sûr, il faut le nourrir, comme un chien, mais on n'a pas à le promener.
La curiosité fait partie du métier d'avocat. Mais aussi la discrétion. Et celle-ci n'est pas vraiment compatible avec la curiosité.
« Le premier secret que je dois vous révéler : je suis un homme très ordonné. Votre mission est de donner de moi, à titre posthume, l’image d’un homme d’ordre. Le deuxième secret me concernant : je ne suis pas un homme dénué de vanité. J’ai tenté toute ma vie de transmettre au monde une certaine image de ma personne. Votre mission consiste à la préserver aussi pour la postérité. »
Il avait arrêté le tabac un an plus tôt, l’amour depuis six semaines. Le premier arrêt était programmé depuis longtemps. Fumer était à ses yeux un péché de jeunesse, et comme on le sait, à trente ans la jeunesse s’achève.