AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 1330 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
❤️Prix Femina étranger 2003
Magda Szabó, écrivaine hongroise célèbre, relate dans ce très beau roman son intrigante relation avec sa gouvernante Emerence et dresse un portrait de femme fascinant.
Emerence fait partie de ces êtres énigmatiques et insaisissables qui vous marquent.
C'est le récit lancinant d'une écrivaine devenue obsessionnelle envers cette femme charismatique et mystérieuse aux idées affranchies de tout carcan et de toute bien-pensance. Cette dame âgée à la vivacité remarquable, camouflée sous des vêtements et un foulard occultants, exerce sur sa patronne un pouvoir hypnotique et contrôlant.
Après l'avoir embauchée non sans quelques réserves, Magda va nouer au fil des années avec Emerence un lien étrange et ambivalent fait d'attirance et de rejet. Avec ses disparitions temporaires, ses non-dits, ses réponses évasives la communication est difficile.
Et puis il y a la porte, toujours close. Celle du logement d' Emerence, limite infranchissable, mur de protection de sa « cité interdite ». Quels secrets cache-t-elle?
L'envoûtante gouvernante s'y isole fréquemment et au gré de ses humeurs.
Cette « ombre fugitive » est pourtant appréciée pour ses qualités d'écoute et possède un pouvoir apaisant.
Une autre porte, blindée celle-là, semble plus inaccessible encore : celle des apparences.
Paraissant inébranlable la seule faille qu'elle ne parvient à masquer est sa peur phobique des orages. On comprendra pourquoi au fil du récit lorsqu'elle se livrera sur son passé tragique. Elle a peu de conscience patriotique et politique « son esprit lumineux scintille, mais dans le brouillard » sa compassion est universelle défendant aussi bien le pourchassé que l'agresseur, sa miséricorde est inconditionnelle.
Un soir d'orage la domestique concède l'ouverture de la fameuse porte interdite, Magda pénètre alors « à pas incertains dans un noir d'encre » dans la zone défendue vers une lumière éclairant une partie de ses mystères.
Ce qu'elle calfeutre presque maladivement sera peu à peu révélé jusqu'à l'explosion du verrou à la hache livrant tous ses secrets en pâture au public, dans une déchirante et cauchemardesque scène finale.
Envoûtant❤️
Commenter  J’apprécie          11822
Un livre est toujours une porte vers l'inconnu, vers l'imaginaire, vers les rêves.

Dans ce roman autobiographique, situé en Hongrie au début du siècle, le jeu de miroir romanesque entre réalité et fiction s'avère habile et fascinant.
Il y a dans la trame de ce roman psychologique une musique lancinante et une brume mélancolique. C'est une histoire poignante, d'une lenteur obsédante.

Intimiste, Magda Szabo relate avec fureur ou avec une infinie douceur les états émotionnels des personnages. Elle creuse pour extraire l'essence des relations humaines et ses complexités et essayer de comprendre l'amour/haine qui lie et sépare à la fois les êtres. Elle mesure les mouvements compliqués de l'âme humaine et veut prouver qu'au bout d'un cheminement douloureux, fait d'abnégations et de destructions, la perspective d'un fragile apaisement émerge toujours.

Toute relation humaine est remplie d'ambiguïtés. Seuls ceux qui nous sont proches peuvent nous faire du mal et nous ne connaîtrons jamais l'origine profonde et cachée des blessures qui ont marqué à jamais le coeur et l'esprit de ceux qui nous entourent.
Les sentiments et le passé peuvent jaillir sans crier gare, provocant des étincelles.

Derrière la porte de nos apparences, qui sommes-nous véritablement ?
Que cachons-nous ?
Qui voulons-nous tenir à l'abri des regards ?

La dernière page tournée il en reste des questions, mais les réponses comptent moins que le flux poétique de cet ensemble aussi beau que déroutant.


Commenter  J’apprécie          980
Emerence est concierge d'un immeuble dans une ville de Hongrie. C'est une vieille dame très courageuse, toujours en train de travailler.
Elle parle avec beaucoup de monde dont un policier important mais jamais personne ne rentre chez elle.
"La porte" est fermée au sens propre comme au sens figuré.
Tout cela nous le savons par l'intermédiaire de sa patronne, une écrivaine qui nous raconte le personnage très particulier d'Emerence avec ses moments d'attirance et ses moments de répulsion ou de méfiance.
Emerence est une femme qui a beaucoup souffert dans son enfance, notamment lors d'un orage où elle a perdu des êtres chers.
L'auteure, Magda Szabo s'est inspirée d'une gouvernante qui travaillait dans sa maison pour dresser le portrait de cette étrange dame.
A plusieurs reprises, la voyant atteinte de névroses incontrôlables, je l'ai imaginée profitant des bons soins de Sigmund Freud car le récit se situe au début du vingtième siècle.
Un roman très bien écrit, qui fait froid dans le dos et qui m'a fait éprouver beaucoup d'empathie pour Emerence qui sait qu'elle est capable de maladresses et de violences et les répare comme elle peut, à sa façon.
Quand on a lu le livre et même avant la fin, on comprend le symbole que représente "la porte". Emerence ne veut pas qu'on rentre dans son monde intérieur plein de noeuds.
L'écriture est magnifique et ne souffre pas du tout de la traduction.
Commenter  J’apprécie          957
Magda Szabo est une auteure hongroise que j'ai découverte récemment et tous ses romans que j'ai lus m'ont plu. Son plus connu, La porte, ne fait pas exception. Sur le coup, je ne l'ai pas trouvé exceptionnel mais, plus le temps passe – il continue à m'habiter plusieurs jours après ma lecture –, plus il me laisse une bonne impression. Je me rappelle que ce fut également le cas avec les autres romans de l'auteure. Quel talent !

Dans La porte, la narratrice est une écrivaine (un double de Szabo ?). Elle et son mari se cherchent une femme de ménage et on lui recommande la concierge d'un immeuble voisin. C'est alors qu'Emerence Szeredas fait son entrée dans leur vie. Et quelle entrée ! C'est que cette domestique travaille bien là où elle le veut et pour le prix qui lui convient. Très rapidement, la narratrice se rend compte que, l'entrevue, c'est l'autre qui la mène. « -Je ne lave pas le linge sale de n'importe qui, dit Emerence. » (p. 14) Un peu plus et ses services constituent une faveur…

Ainsi, La porte est un des plus beaux portraits qu'il m'ait été donné de lire. Et pourtant, on est loin des jeunes et jolies femmes de la littérature ! Vieille femme de ménage illetrée, mais encore en pleine possession de ses moyens, Emerence est forte de corps (j'adore la comparaison « telle une Walkyrie ») comme de tête, intransigeante et farouchement indépendante. Elle soulève les passions, dans un sens comme dans l'autre : ses employeurs sont satisfaits de ses services mais ses voisins détestent ses chats qui tuent les pigeons.

Mais Emerence est surtout secrète. À une ou deux exceptions, dont le lieutenant-colonnel et son neveu, personne n'a jamais franchi la porte de son appartement. Que peut-elle bien garder jalousement ? J'adore les mystères. Quoiqu'il en soi, la narratrice gagne peu à peu le respect, la confiance et l'estime de son employée. Mais parfois un pas en avant deux pas en arrière. Leur relation d'une durée de près de vingt ans est ponctuée par des confidences sans lendemain (le passé de la domestique est incroyable) et des malentendus déplorables.

C'est presque une relation amour-haine. La narratrice, forte de ses succès malgré les nombreuses rebuffades, essaie d'apprivoiser cette domestique qui ne laisse personne envahir son intimité. C'est fascinant de voir évoluer cette relation – du moins pendant un moment. Et que font les hommes pendant tout ce temps ? Très peu, ils restent en retrait. Comme dans d'autres romans de Magda Szabo, les femmes occupent le premier plan.

Toutefois, aussi intéressante que soit cette relation inusitée (le mot amitié me semble un peu fort) entre la narratrice et Emerence, je commençais à m'en lasser un tantinet. Surtout passé le deuxième tiers, je lui trouvais quelques longueurs. Puis, d'un coup, l'intrigue part dans tous les sens : Emerence tombe malade, un incendie se déclare, les voisins ne savent plus où donner de la tête, la narratrice est invitée à recevoir un prix en Grèce. Ouf ! Fort heureusement, la finale est venue tout ramasser et clore l'histoire comme elle le méritait. Bravo !
Commenter  J’apprécie          7610
La littérature hongroise est d'approche difficile :  peu d'auteurs contemporains accessibles et parmi ceux du vingtième siècle, on connait surtout l'excellent Sandor Màrai mais dont les romans sont exigeants pour le lecteur : en bref: il faut s'accrocher ...

Dans la Porte ,Magda Sazbo nous fait découvrir une femme au caractère entier, Emerence, gardienne de plusieurs immeubles et sa femme de ménage . 

C'est elle qui dicte ses conditions à ses clients, en premier lieu si elle accepte de travailler chez eux après les avoir jaugés , ses heures de travail et même sa rémunération : le monde à l'envers ... 

Farouche, intransigeante, Emerence choisit aussi à qui elle fait confiance et peu à peu une relation d'estime puis d'amour quasi filial s'installe entre elle et Magda , la seule qui pourra entrouvrir un peu  la Porte .

Roman surprenant , beaucoup plus profond que le simple résumé auquel il semble être réduit , une critique masquée sur le régime communiste qui a fermé de l'intérieur , pendant de nombreuses années, la porte de la Hongrie et sur les mystères des relations humaines , l'ascendant que certains individus peuvent exercer sur leur entourage et puis pour aller plus en profondeur dans le personnage d'Emerence, sa notion de la dignité qu'elle s' applique d'abord à elle-même jusqu'à en devenir un obstacle à son bien-être et à l'harmonie de ses relations avec les autres lorsque le code de l'honneur qu'elle s'est imposé est bafoué ou trahi .

Pour moi, la porte de la littérature hongroise s'est  ouverte avec bonheur . 
Commenter  J’apprécie          6717
Titre : La porte
Auteur : Magda Szabo
Année : 2003
Editeur : Viviane Hamy
Résumé : Emerence Szeredàs est domestique. Depuis vingt ans, la vieille dame est au service de la narratrice qui nous livre cette confession. Au fil des années les deux femmes , que tout oppose, ont tissé d'étranges liens. Une relation où se mêlent crainte, ressentiment mais aussi admiration et estime. Emerence est un personnage au passé trouble, d'un orgueil démesuré, une femme qui revendique sa liberté et refuse à quiconque l'accès à son domicile. Quels secrets dissimule-t-elle derrière sa porte ?
Mon humble avis : Encore un roman auréolé d'une réputation flatteuse, encore un texte primé, considéré par le New-york times comme le meilleur livre de l'année 2015. La porte fut un succès mondial, un phénomène d'édition comme on dit, encore un... Mes dernières lectures m'incitant à la prudence, j'attaquais ce texte avec scepticisme, espérant néanmoins découvrir cette auteure hongroise dont la carrière littéraire fut soumise à la chape de plomb qui recouvrit son pays après la seconde guerre mondiale. La porte est un roman qui prend son temps, un roman qui repose principalement sur la relation de deux femmes : l'une est une intellectuelle bigote et discrète, l'autre est forte en gueule, exècre la religion et cultive un goût du secret presque maladif. Malgré leurs différences, ces femmes vont s'apprécier jusqu'à devenir confidentes, jusqu'à devenir indispensables l'une à l'autre. Roman autobiographique, roman centré sur la personnalité d'Emerence -cette femme auréolé de mystère qui ne déroge sur aucun de ses principes - le texte de Szabo est pudique, intimiste, parfois d'une grande beauté. La gardienne est l'un de ces personnages que l'on n'oublie pas, à la fois irritante, attachante, tellement maladroite et complexe, un personnage hors-norme qui, à elle seule, justifie la lecture de ce roman. La porte est un roman sur l'incompréhension, l'impuissance, l'impossibilité d'aimer, un roman fort, nostalgique, nimbé d'un charme étrange, du charme des grands romans certainement. Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé ce bouquin et Emerence, la revêche, restera dans ma mémoire comme l'un des plus beaux personnages littéraires qu'il m'ait été donné de rencontrer. Un régal vous dis-je.
J'achète ? : Sans hésitation. Un texte marquant, émouvant. A la fois simple et brassant de nombreux thèmes primordiaux. Un très beau roman, je ne saurais dire mieux.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          462
La porte.
Fermée sur le secret d'Emerence.
La porte.
Intrigante, inviolable.No entrance!
La porte, ouverte une première fois à Magda.
La porte, ouverte une dernière fois sur la honte, l'effroi.
Une amitié improbable mais intense.
Deux femmes, et n'est pas la maîtresse celle qu'on croit.
Deux vies unies, autour d'un chien.
Indissoluble lien.
Une promesse donnée, rompue.
L'espoir perdu.
Un quartier hongrois dont Emerence était la force de vie, la reine.
La porte, refermée à jamais.
Un coeur meurtri, un vide immense.
Et dans l'esprit du lecteur: toujours, Emerence.
Insupportable, fascinante, attachante.
Un livre inoubliable, comme elle.
Commenter  J’apprécie          458
Emerence est un diamant brut. Elle s'est forgée elle-même. Elle a ses convictions et vit sa vie comme elle l'entend. Personne n'aura de prise sur elle. Elle est libre Emerence. de plus, elle est d'une intelligence rare, bien qu'elle n'ait pas fait d'études.

Lorsque Magda SZABO veut l'embaucher, c'est Emerence qui fixe les conditions ainsi que le salaire. Plus d'une fois, elle fera sortir Magda de ses gonds. Elle est une énigme pour Magda qui n'aura de cesse de percer le mystère Emerence. Entre elles, une grande amitié va se créer.

Une amitié faite d'exaspération, de joie, de colère, d'exigence… et de trahison ? Une relation qui durera vingt ans.

A lire absolument, et comme l'indique le bandeau du livre « Quel chef-d'oeuvre !» Daniel PENNAC. C'est d'ailleurs ce qui m'a décidé à le choisir. Merci Monsieur PENNAC.

Ne passez pas à côté !
Commenter  J’apprécie          445
Roman envoûtant. Un couple débarque dans un quartier d'une ville hongroise. On leur recommande la concierge pour leur ménage. L'écrivaine va faire la connaissance de cette singulière vieille femme. Parce qu'en premier lieu, c'est elle qui va décider s'ils sont dignes qu'elle travaille pour eux. Leur ‘cohabitation' va durer une vingtaine d'années. Qui est Emerence ? Pourquoi n'ouvre-t-elle jamais sa porte à quiconque ? Sans avoir fait d'études, elle a une intelligence pratique, ne cache pas ce qu'elle a envie de dire au point que sa patronne est souvent déstabilisée. Tout les oppose : le niveau intellectuel, l'âge, le milieu… mais pas la relation humaine qui, ici, est portée au sommet auquel s’ajoute le chien qui lui aussi a un grand rôle. Une prose unique en son genre que j'ai découvert grâce à la critique de Andras que je remercie. A tout lecteur : n'hésitez pas à ouvrir cette porte…
Commenter  J’apprécie          432
Une lecture vraiment passionnante. Mariée à un écrivain, le couple vit dans un immeuble à Budapest. Ce lieu servira de décor à une autobiographie bouleversant de l'autrice hongroise. Cherchant une femme de ménage, le couple choisira Emerence, femme secrète et énigmatique. Une étrange relation se nouera entre les deux femmes. Une relation passionnée, tiraillée, ambigüe, faite de tendresse, de colère, d'amitié, d'amour... Une amitié complexe, atypique. Une histoire qui prend son temps, lente, qui nous obsède, qui nous enveloppe, qui nous lâche plus. Une relation qui se tisse pendant plus de vingt ans. Une histoire intime. Des personnages forts, qui marquent... Un récit psychologique vibrant. Un récit de toutes les émotions, qui ne laisse pas indifférant. Une très belle lecture.
Commenter  J’apprécie          402




Lecteurs (2711) Voir plus



Quiz Voir plus

Un Secret

Quel est le nom du narrateur

Joseph
On ne sait pas
Maxime
Simon

16 questions
188 lecteurs ont répondu
Thèmes : autobiographieCréer un quiz sur ce livre

{* *}