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Tibor Tardos (Traducteur)
EAN : 9782878581997
261 pages
Viviane Hamy (13/01/2005)
4.06/5   166 notes
Résumé :
Dans sa maison de la Grande Plaine, Mme Szöcs attend qu'on vienne la chercher: son mari est en train de mourir. A l'hôpital, Vince ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à Iza, leur fille trop aimée. Une fois son père enterré, Iza emmène sa mère vivre avec elle dans on appartement de Budapest. Elle a tout décidé, fait le tri entre meubles et objets à garder et à abandonner, arrangé la chambre, sans demander à la vieille dame -qui pourra "enfin se re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
4,06

sur 166 notes
Roman déchirant sur l'incompréhension et les non-dits entre deux femmes qui s'aiment , Isa et sa mère veuve depuis peu.
Une fille, autoritaire et manquant d'une certaine sensibilité, qui accueille sa mère chez elle et croie faire son bonheur en ne lui laissant aucune initiative et s'occupant de tout à sa place laissant celle-ci désemparée et se sentant inutile.
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Magnifique chant mélancolique d'amours blessées !
Vince Szöcs, le père adoré d'Iza, le mari chéri d'Etelka, l'ex beau-père aimé et respecté d'Antal, et même le malade préféré de l'infirmière Lidia, s'éteint en laissant un grand vide, un véritable trou noir. Que vont-ils tous devenir ?
Iza, la fille, est une médecin réputée. Mais elle est si froide, si distante, si matérialiste, si accaparée par son métier. Elle veut venir en aide à sa mère aimée, lui éviter la solitude, l'emmène de son village à Budapest. Mais comment pourrait-elle comprendre, à présent qu'elle est une adulte carapaçonnée contre l'angoisse et la douleur qui la poursuivent depuis l'enfance, une mère plongée dans ses souvenirs doux et amers ? Elle n'a que ces bonnes intentions dont l'enfer est pavé.
La vieille dame, fatiguée, déprimée, voudrait néanmoins continuer à vivre comme elle l'a toujours fait, active et ne pensant qu'au bien-être des autres. A peine a-t-elle conscience de sa propre existence, et sa fille lui propose de ne s'occuper à présent que d'elle, et la décharge de tout. Les deux femmes s'aiment mais ne savent pas se parler.
Autour de ce couple de douleur silencieuse gravite l'ex mari d'Iza, Antal, particulièrement attaché à ses beaux-parents, qui comprend mieux la vieille dame et, dans un élan de tendresse presque vengeur, souhaite la soustraire à sa fille, qu'il a quittée, pour des raisons peu à peu dévoilée.
C'est une histoire très belle et très triste, qui invite chacun à réfléchir sur les relations filiales, sur l'importance des souvenirs et des paroles échangées, sur les silences mortifères entre gens qui pourtant ne se veulent que du bien.
Une superbe lecture.
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Une belle critique d'une Babeliote et me voilà partie pour une ballade mélancolique en Hongrie !

Triste destin d'une pauvre femme qui assiste à l'agonie de son mari et perd ses repères lorsqu'il disparait. Pour son bien, sa fille vend la maison rurale et l'amène vivre avec elle à Budapest. Mais vouloir le bien des autres et se sacrifier pour eux ne fait pas nécessairement leur bonheur…

Un bon roman, qui a pour cadre la Hongrie, avec les difficultés de la vie au XXe siècle, la pauvreté et les bouleversements sociaux.

Un récit touchant, qui parle de souvenirs, de l'enfance et des amours, des objets qui témoignent du passé.

Un texte intense, qui traite de vieillesse, de raisons de vivre et d'aimer ainsi que de relations familiales pas toujours faciles malgré la force des liens du coeur.

(Merci à Tynn pour la suggestion de lecture !)
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« Hé oui ! Un lapin, c'est fait pour finir en civet ou en pâté, les hommes, c'est fait pour ceci ou cela, Dorozs pour devenir une station thermale, la tombe de Vince pour recevoir une stèle, la vieille maman pour habiter dans un appartement de Budapest. Iza prend soin de tout le monde, et s'il lui arrive d'oublier quelqu'un, ce ne sera jamais qu'elle-même. » (p. 164) Cet extrait, il résume assez bien le roman La ballade d'Iza, écrit au milieu du siècle dernier par la dame de lettres hongroise Magda Szabó. Je ne l'ai découverte que récemment et, depuis, chaque roman d'elle que je lis me donne l'envie de continuer à lire son oeuvre.

Son roman s'ouvre sur Mme Szöcs qui apprend la mort de Vince, son mari et compagnon de vie depuis très, très longtemps. La narration, à travers quelques retours en arrières, résume leur vie à deux, leur aménagement ensemble dans leur maison, la venue de leurs deux enfants, un garçon qui n'a pas survécu et plus tard une fille, Iza. La narration continue avec elle, rapidement sur son enfance, puis ses études en médecine, même à travers la Deuxième guerre mondiale, son mariage avec Antar. Celui-ci a également droit à son histoire, comment il a tout mis en oeuvre pour faire d'Iza son épouse et comment il a demandé le divorce pour s'unir à Lidia. C'est que c'est un gentil garçon, bonace et pantouflard, et qu'Iza est froide, distante, toute dévouée à sa profession.

À travers toutes ces petites histoires, on découvre cette famille au destin ordinaire. Mais surtout Mme Szöcs, la narration revient toujours cers elle. À la mort de Vince, elle est un peu secouée (qui ne le serait pas !) alors sa fille dévouée prend les choses en main. Il va de soi que sa mère doit venir s'installer chez elle, dans la capitale, même si cela la coupe de ses repères. Exit la petite maison charmante, les voisins, l'aimable épicier, le lapin Kapitany, etc. C'est qu'elle s'ennuit à Budapest, Iza est accaparée par son travail et son nouveau copian, Domokos. Malgré tous les sacrifices que cette dernière fait, elle ne réussit à rendre sa mère heureuse. Ainsi, lorsqu'au cimetière on installe finalement une stèle pour commémorer Vince, c'est avec émotions qu'elle retrouve son patelin.

La ballade d'Iza traite de manière très humaine et sensible de thèmes trop peu abordés dans la littérature « contemporaine ». Même si le roman a été écrit et se déroule dans les années 1960, son propos est encore d'actualité. Iza elle a sa carrière, une vie personnelle coupée de celle de sa mère depuis un bon bout de temps. Elle l'aime mais ne la connaît plus. Elle sait très bien qu'il serait difficile pour sa mère de rester seule à la campagne mais s'y prend très maladroitement. Elle ne la consulte pas, ne pense pas à ce qui lui ferait vraiment plaisir. le pire, c'est qu'elle agit ainsi sans penser à mal. Quelle incompréhension ! Combien de nos aînés se retrouvent dans la même situation ? Et Mme Szöcs, comme tant d'autres, ne souhaite pas confronter sa fille alors elle se tait, se confinant de plus en plus dans un rôle inutile, ressassant ses souvenirs. Elle s'efface même devant la femme de ménage Terez.

C'est vraiment touchant. Malheureusement, puisque la narration se promène lentement d'un personnage à l'autre, le lecteur ne peut saisir pleinement cette intrigue qu'une fois sa lecture bien entamée. Peut-être certains auront-ils décroché avant ? Aussi, je me questionne sur le sens du titre, qui ne me semble pas tout à fait approprié puisque qu'Iza ne se ballade pas vraiment (je sais qu'il ne faut pas prendre à la lettre un titre pareil mais tout de même !) et que l'auteure accorde une plus grande importance à sa mère. En hongrois, le roman s'intitule Pilátus. J'ignore ce que cela signifie. Une référence à Ponce Pilate qui s'est lavé les mains des événements qui allaient s'ensuivre ? Un peu comme Iza prend des décisions froidement sans toujours penser aux conséquences ? Ça vaut la réflexion.
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Les relations mère-fille vues par cette grande dame de la littérature hongroise atteignent un summum de finesse dans l'analyse psychologique et de sensibilité dans le mode de narration .

Les parents d'Iza sont fiers de leur fille : enfant sage et studieuse, elle est devenue un médecin réputé et apprécié de ses pairs et de ses patients et elle a à coeur de les aider financièrement .

Vince, le père , a eu une carrière de juge interrompu après un jugement rendu d'après ses convictions morales mais qui a entrainé sa disgrâce .

Lorsqu'il meurt, sa fille décide que sa mère ne peut pas vivre seule, elle vend la maison et installe la vieille dame dans son appartement de Budapest, estimant que sa mère a maintenant le droit de se reposer de sa vie de labeur et de sacrifices .

La mère, une femme effacée et discrète qui a passé sa vie à s'occuper de sa maisonnée , à gérer astucieusement un budget restreint, pense recréer chez sa fille le milieu auquel elle est habituée mais Iza s'est débarrassée de tout ce qui faisait l'univers de sa mère la laissant désoeuvrée , totalement dépaysée et bientôt dépressive ...

La décision unilatérale sur l'avenir de sa mère démontre l'absence de vrai dialogue entre mère et fille, une prise en charge autoritaire de la part d'Iza en voulant ce qu'elle imagine être le mieux , et estimant qu'en créant une atmosphère douillette , cela rendra sa mère heureuse : c'est là que la réflexion de nos propres actes vis à vis de nos ainés devient sensible : on impose notre vision sans tenir compte de leurs envies  qui sont souvent beaucoup plus simples et finalement c'est une solution égoïste et de facilité d'assurer à nos parents une fin de vie représentative du niveau social auquel les enfants ont pu accéder comme si le confort moderne pouvait remplacer l'affection, la tendresse et tous les petits gestes qui rendent la vie plus supportable pour ces personnes âgées souvent bousculées par les changements auxquels ils n'ont pas aspiré .

Beaucoup de profondeur pour ce roman que j'ai trouvé plus vibrant d'émotion que La Porte qui mettait plus de distance vis à vis du lecteur .
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Elle se racontait cette Iza qui s’occupait d’eux après son mariage, Iza gauchement heureuse, Iza boudeuse et radieuse, Iza taciturne, et aussi le voyage d’Iza pour Budapest, ses démarches pour réhabiliter Vince, l’argent qu’elle leur envoyait, alors qu’ils n’en avaient pas besoin. Iza qui venait les voir un dimanche sur quatre et les avait aidés à traverser les moments difficiles jusqu’à la mort miséricordieuse de Vince.
Chaque jour elle se racontait Iza qui ne l’avait pas laissée seule dans la vieille maison, qui avait tout réglé à sa place, qui s’était chargée de tout, qui s’occupait d’elle et la comblait.
Puis honteuse et désemparée, elle pleurait longtemps.
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Elle n'était pas rentrée tout de suite chez eux, elle était passée par le cimetière. C'était le début de l'été, et les roses fleurissaient sur la tombe du petit Andrus ; cela faisait juste huit ans qu'il était mort. Elle s'était assise sur le banc, contemplant la pierre tombale couverte de roses, l'herbe drue et les nuages épais et lents. La nature était paisible, pas indifférente, paisible… Des abeilles bourdonnaient au dessus des tombes. Une déception infinie l'étreignait tandis qu'elle admirait le pourpre des roses et le bleu du ciel. Pourquoi tant de beauté dans un cimetière ? Pourquoi cette apparence de paix, ce bourdonnement, le chant des oiseaux dans les branches, quand la réalité est si différente ? La réalité, c'était la mort et la tristesse qui l'attendait à la maison.
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Dans l'esprit de Vince, une "vraie maison" voulait dire une maison bien à lui, avec des arbres, des arbustes, des fleurs à cultiver, des animaux domestiques à élever, et un grenier dont il aurait l'entière disposition. Vince était né à la campagne, il n'était venu à la ville qu'au moment d'entrer au lycée, et il jurait que l'eau de puits à meilleur goût que celle du robinet.
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Jamais elle ne se ferait au grille-pain électrique, car elle ne s'accroupirait plus devant le feu ; elle aimait écouter le halètement de la braise, mystérieux comme s'il venait d'un être vivant ; quand le feu était allumé, elle ne se sentait plus seule, même s'il n'y avait personne d'autre dans la maison.
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Elle n'avait pas allumé que le parfum familier lui frappait les narines, l'odeur dense et pure de la lavande qui imprégnait toutes les affaires de maman. Le lit était intact, la valise posée sur le tapis, couvercle rabattu mais serrures ouvertes pour éviter la compression des vêtements ; une sorte de bête vivante aux aguets, attendant un appel. Du cabas disparu il restait le torchon plié, la boîte de petits fours, vide, et une bouteille avec un fond de thé. Elle m'a tout de même roulée, pensa Iza en fondant en larmes, elle a tenu à faire du thé. Je lui avais dit qu'on vend de l'eau dans les trains, mais elle ne m'a pas crue.
Elle ouvrit la valise et laissa retomber aussitôt le couvercle ; trop d'objets personnels, elle ne pourrait pas en supporter la vue. Cette chambre possédait un double pouvoir d'évocation : c'était son enfance avec son père et sa mère vivants….
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