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Suzanne Canard (Traducteur)
EAN : 9782878582635
236 pages
Viviane Hamy (16/01/2008)
3.7/5   68 notes
Résumé :
Eszter est une comédienne célèbre.

Pourtant, les frustrations de son enfance - entre des parents ruinés mais de très vieille aristocratie - renaissent et s'exacerbent quand elle découvre qu'Angela, l'ancienne gamine trop parfaite de son village natal, est l'épouse de l'homme qu'elle aime, et qui l'aime.

Le Faon dit la jalousie, plus, la haine, vécue comme un maléfice,
à l'égard d'un être qui symbolise tout ce que la petite fille ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Magda Szabo nous propose un roman à la narration assez désordonnée, passant des souvenirs du passé, de l'enfance, au présent. Ça m'a un peu dérouté, surtout au début, mais, d'une autre côté, je suppose qu'une narration présentée de manière linéaire aurait été plutôt ennuyant. C'est l'histoire d'Eszter, qui provient d'une famille autrefois fortunée mais aujourd'hui ruinée, le père se retirant et sa mère étant forcée de donner des cours de piano. Mais la jeune fille ne s'en rend pas trop compte, elle se lie avec sa voisine, Gizi. Les deux amies ont une autre voisine de leur âge, Angela, plus fortunée. Plus parfaite. Cette dernière aimerait bien être l'amie d'Eszter. Mais comment serait-ce possible, quand elle a tout ce qu'elle désire, incluant un faon ? Cet animal – que le frère de la jeune fille ramène à la maison – cristalise la haine et la jalousie que lui voue Eszter. D'où la signification du titre « le faon ». Mais plus Angela cherche à s'attirer l'amitié de sa voisine, plus Eszter résiste.

« Angela m'aimait. Elle aimait mes parents, notre maison, le rideau mauve de la cuisine, et jusqu'à mes chaussures au bout découpé qu'elle voulut essayer. Son attachement pour moi était aussi instinctif que ma répulsion pour elle. » (p. 41)

Puis la Deuxième guerre mondiale éclate, les choses changent. Angela perd son frère (impliqué dans une affaire de meurtre), ses parents, sa richesse. D'un autre côté, l'étoile d'Eszter ne cesse de monter. Elle connaît des succès à l'école, devient une actrice reconnue. Mieux, le mari de son ancienne rivale tombe amoureux d'elle. Tout un retournement de situaiton ! Donc, jusqu'à quel point doit-on continuer à ressentir de la rancoeur ? Sous le couvert de souvenirs d'enfance et de rivalités adultes, Magda Szabo nous propose une excellente leçon de vie. Elle ne donne pas la solution ni n'impose sa morale. Elle raconte, c'est tout, avec une plume si criante de vérité, sans prétention mais si évocatrice. J'ai appris à l'apprécier, à me laisser emporter par elle. C'est le deuxième roman que je lis de cette auteure hongroise et ce ne sera pas le dernier.
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Je ne sais plus à la suite de quelle lecture, j'en suis venue à emprunter ce roman à la médiathèque. Je pense que cela restera un grand mystère. Et si au début, j'ai ressenti un certain malaise voire même une sorte de détestation, j'ai apprécié le tumulte de mes émotions. Alors, je me suis rendue compte que le roman, lorsque le personnage central a une épaisseur psychologique et que la forme, ici le monologue, s'exerce avec qualité, me plonge dans un univers où la réalité disparait. Bien sûr, il y a quelques longueurs et je me suis perdue souvent entre les différents temps des souvenirs et du présent. le lecteur évolue dans l'univers intimiste d'Eszter, une jeune femme dont l'enfance a été douloureuse. Elle a connu la souffrance affective, la faim. Ses parents et Eszter ont vécu dans la misère. Sa mère a épousé un homme simple qui malgré son titre d'avocat, n'a jamais plaidé. Il a préféré le jardinage et l'érudition. Pour gagner quelques sous, la mère proposait des cours de piano. La mère était issue d'une famille aisée. Mais cette mésalliance l'a condamnée à une vie de pauvreté, abandonnée par ses proches.
Eszter raconte Les lieux qu'elle a fréquenté, la déchéance de ses parents qui ont déménagé et à chaque fois pour un taudis plus pitoyable. le roman se déroule en 1954 avec des déplacements dans divers passés de l'héroïne. Beaucoup de passages du texte sont féroces et crus. Elle déteste et en même temps elle aime. "Je ne sais que mentir ou me taire."
"Mère aimait passionnément la musique." Eszter aurait voulu être proche de ses parents mais ils vivaient dans un monde à part. Pour grandir, elle se réfugie donc dans les études où elle excelle grâce à sa mémoire. D'ailleurs, pour gagner un peu d'argent, elle dispense des cours de mathématique, de philosophie.
C'est un roman sur la mémoire, les instincts humains. Eszter aime les animaux, elle méprise les humains. le titre du roman le Faon fait référence à Angela, une compagne d'école. Dès le premier jour, Eszter l'a détestée. Elle était une enfant aimée, protégée. Tout ce qu'Eszter n'avait pas. le faon avait été recueilli par la famille d'Angela après le massacre de sa mère. le faon est le lien entre les deux jeunes filles jusqu'à ce qu'Eszter lui rende sa liberté pour un destin tragique. Eszter a une meilleure amie, Gizi dont elle perd la trace après le féminicide de sa mère. Puis, c'est Angela et sa famille qui disparaissent après la fuite du frère aîné de cette dernière dont les opinions politiques sont condamnés. Ce frère sera reconnu martyre après la défaite de l'Allemagne et l'occupation de la Hongrie par les soviétiques. Après la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie sera sous influence soviétique.
En 1954, Eszter a réussi. Elle est une comédienne reconnue. Elle vit seule, dans une belle maison, avec une domestique très pieuse. Ce monologue est une sorte de réponse à l'homme qu'elle aime. Elle l'aime et le déteste à la fois car il est marié avec Angela qu'elle hait. "Angela n'était qu'un reflet, une chaîne à ton cou."
Eszter est une femme forte, vivante mais blessée. J'ai aimé ce personnage sans concession, entière.
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Connaissant Magda Sazbo , j'aurais dû aborder ce livre un peu moins "la bouche en coeur" . Mais le titre( évoquant inconsciemment une lecture d'un Bambi de mon enfance) ne m'a pas aidée à me mettre en "mode vigileance " !
Certes aucun regret de cette lecture , mais éprouvante elle fut .
On pourrait dire qu'il s'agit du thème de la jalousie .
On pourrait dire que c'est une sorte de confession à travers un long monologue .
Oui . Mais faudrait-il encore percevoir une forme de repentir , ce qui n'est pas le cas .Juste de la souffrance .Alors non .
On pourrait y voir la volonté de l'auteur de démonter les mécanismes psychologiques qui conduisent l'être humain à se transformer en monstre d'égocentrisme , de ceux qui alimentent toute la littérature de genre Thriller dont nous sommes tellement friands : Les enfants maltraités , malmenés , tués dans l'oeuf engendrent souvent ce genre de personnalité . Mais quelquefois il suffit de moins ,comme une absence de regard sur le petit homme en devenir et l'adulte en gestation établira des systèmes de défense l'entrainant 'à la perversion.C'est ce que semble vouloir nous dire Magda Sazbo avec une plume dans la surmaîtrise , tendue , et inconfortable pour le lecteur malgré son talent : Impossible de s'évader par une quelconque porte d'imaginaire !
Ce qui est terriblement dérangeant dans les romans de Magda Sazbo c'est qu'on sent une forte teneur autobiographique dans la volonté d'accoucher de la toute noirceur de ce qu'elle croit de son âme .
Elle ne s'épargne pas avec une bonne dose de masochisme , alors bien évidemment le petit lecteur suit son chemin pour comprendre , et lorsqu'il est si caillouteux , il est soulagé d'arriver au bout .
Au final , c'est brillant , sans appel , impitoyable , fortement auto-destructeur ou l'inverse si l'écriture comporte une dimension "purificatrice" .
Bravo Magda Sazbo . Pour le talent d'écrivaine . Pour le courage de Magda aussi .
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Le faon, c'est dans sa beauté, sa fragilité et son ingénuité, l'image d'Angela que la narratrice Eszter jalouse sauvagement depuis son enfance. Fille de parents unis mais déchus, Eszter a dû dès son plus jeune âge se battre pour gagner quelques sous, travailler dur pour réussir, ne se laisser toucher ni par l'amitié ni par l'empathie. Angela, elle, a tout, -aisance, reconnaissance, protection-, une vie aisée qui ne lui demande que très peu d'efforts. Par sa beauté et sa chance, elle focalise la haine et le ressentiment d'Eszter. Celle-ci, devenue une grande actrice, acharnée au travail, tombe amoureuse d'un homme qui se révèle être marié à Angela, qu'il n'aime plus mais qu'il protège. La haine d'Eszter ressurgit, sous la forme d'une jalousie féroce qu'elle dissimule à son amant gràce à ses talents d'actrice. Mais cette envie, cette peine sauvage qui la ravage, mêlée à l'amour entier qu'elle porte à ses parents et à son amant, aura des conséquences funestes. Un livre subtil et lucide sur la souffrance et le besoin éperdu de reconnaissance.
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Je n'ai apprécié ce roman qu'au dernier quart tant l'écriture était fouillie et désordonnée.
Mais en lisant le dénouement,j'ai compris pourquoi l'écriture était si brouillonne: parce que les souvenirs de l'héroïne, Eszter, le sont et donc l'écriture devait l'être.
Vous comprendrez en le lisant.

Célèbre comédienne,elle va nous raconter sa vie et sauter du coq à l'âne, vous perdant à coup sûr.
D'un paragraphe à l'autre, on peut la suivre riche adulte, enfant sans le sous, étudiante au grand rêve .

Mais dans tout ce foutoir, un fil conducteur quand même : Angela, une fille de son village natal qu'elle retrouve des années plus tard et qui se trouve être l'épouse de l'homme qu'Eszter aime.

Le faon, c'est la jalousie, la haine envers cette femme qui a toujours tout eu depuis sa plus tendre enfance alors qu'elle, elle en a bavé pour en arriver là.
C est l'injustice face à la facilité, la comparaison, la rivalité que personne n'imagine à part elle.

Un roman qui est difficile à apprécier d'un 1er abord, mais, en persévérant, il prend tout son sens et parfois les destins sont liés à jamais et rien n'y fait !

J'ai quand même plus apprécié "la porte", un autre roman de l'Autrice, qui m'avait beaucoup touchée.
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critiques presse (1)
Telerama
13 mars 2013
Il y a de la haine dans ce livre, une jalousie farouche qui glisse vers la folie. Magda Szabó [...], distille ces sentiments empoisonnés dans un monologue splendide, qui dit aussi la solitude d'une femme monstrueuse, que seule la mort peut apaiser.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C'était si bon d'être dans une église! Incroyablement bon. Si j'avais cru en Dieu - ou en quoi que ce fût -, mon plaisir eût sans doute été moindre. J'aurais assailli le ciel, me serais lamentée, me serais plainte ; j'aurais supplié, et probablement aurais-je promis quelque chose. Incroyante, je pouvais pleurer tout mon soûl, sans contrepartie, il n'y avait aucun recours et il était inutile d'en réclamer ; même si j'avais été douée pour la prière, c'eût été peine perdue. Mes fardeaux continuent de peser sur moi, mais j'ai pu m'abandonner pour un moment ; pourtant, les choses n'en sont que plus supportables. Si bien que je ne sais pas pourquoi cet arrêt dans l'église fut aussi bon.
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Je voulais le voir gagner les fourrés, se lancer au galop sur ses petites pattes grêles et se fondre dans l'obscurité.
Il se mit à pleuvoir, des gouttes paresseuses s'écrasèrent sur mes cheveux. Le faon, inquiet, tirait sur la corde etj'avais du mal à le tenir. Il connaissait l'autre côté de la maison, le chemin de la ville, mais ce côté-ci lui était étranger, comme je lui étais étrangère, au fond. La corde me sciait le poignet, il continuait de tirer - je faisais appel à toutes mes forces pour le retenir -, si bien que ce n'était plus moi qui le conduisais, mais lui qui m'entraînait. Nous nous engagions dans le passage des Violettes, là où la route tourne en direction de la forêt, quand un train de marchandises quitta la gare. Le faon arracha sa longe et se rua vers les rails.
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Son attachement pour moi était aussi instinctif que ma répulsion pour elle.
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Je jouais les paysans, les vieilles commères ou les domestiques ; peu m'importait d'être un homme ou une femme, une vieille ou une jeune, plus je changeais de peau, plus je m'amusais.
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La bonté m'a toujours paru suspecte. Je n'ai jamais cru que la bonté fût naturelle. J'estimais qu'une bonne action payait un service rendu ou attendu.
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