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EAN : 978B0128EADA2
Editions la Bibliothèque Digitale (20/07/2015)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Les Annales - Livre XV
Tacite, Historien latin de la Rome antique (55-117)

Ce livre numérique présente «Les Annales - Livre XV», de Tacite, édité en texte intégral. Une table des matières dynamique permet d'accéder directement aux différentes sections.

Table des matières
- Présentation
- A L'extérieur
- Les Parthes
- A Rome, Trophées Pour La Défaite Des Parthes - Néron Fait Jeter Le Blé Usagé Dans Le Tibre
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Luxure

XXXVII. Pour accréditer l'opinion que le séjour de Rome faisait ses délices, Néron donnait des festins dans les lieux publics, et il semblait que la ville entière fût son palais. De tous ces repas, aucun n'égala en luxe et en célébrité celui qu'ordonna Tigellin, et que je citerai pour exemple, afin de n'avoir pas à raconter cent fois les mêmes profusions. On construisit sur l'étang d'Agrippa un radeau qui, traîné par d'autres bâtiments, portait le mobile banquet. Les navires étaient enrichis d'or et d'ivoire ; de jeunes infâmes, rangés selon leur âge et leurs lubriques talents, servaient de rameurs. On avait réuni des oiseaux rares, des animaux de tous les pays, et jusqu'à des poissons de l'Océan. Sur les bords du lac s'élevaient des maisons de débauche remplies de femmes du premier rang, et, vis-à-vis, l'on voyait des prostituées toutes nues. Ce furent d'abord des gestes et des danses obscènes ; puis, à mesure que le jour disparut, tout le bois voisin, toutes les maisons d'alentour, retentirent de chants, étincelèrent de lumières. Néron, souillé de toutes les voluptés que tolère ou que proscrit la nature, semblait avoir atteint le dernier terme de la corruption, si, quelques jours après, il n'eut choisi, dans cet impur troupeau, un certain Pythagoras auquel il se maria comme une femme, avec toutes les solennités de noces véritables. Le voile des épouses fut mis sur la tête de l'empereur : auspices, dot, lit nuptial, flambeaux de l'hymen, rien ne fut oublié. Enfin, on eut en spectacle tout ce que, même avec l'autre sexe, la nuit cache de son ombre.

L'incendie de Rome

XXXVIII. Le hasard, ou peut-être un coup secret du prince (car l'une et l'autre opinion a ses autorités), causa le plus grand et le plus horrible désastre que Rome eût jamais éprouvé de la violence des flammes. Le feu prit d'abord à la partie du Cirque qui tient au mont Palatin et au mont Célius. Là, des boutiques remplies de marchandises combustibles lui fournirent un aliment, et l'incendie, violent dès sa naissance et chassé par le vent, eut bientôt enveloppé toute la longueur du Cirque ; car cet espace ne contenait ni maisons protégées par un enclos, ni temples ceints de murs, ni rien enfin qui pût en retarder les progrès. Le feu vole et s'étend, ravageant d'abord les lieux bas, puis s'élançant sur les hauteurs, puis redescendant, si rapide que le mal devançait tous les remèdes, et favorisé d'ailleurs par les chemins étroits et tortueux, les rues sans alignement de la Rome d'autrefois. De plus, les lamentations des femmes éperdues, l'âge qui ôte la force aux vieillards et la refuse à l'enfance, cette foule où chacun s'agite pour se sauver soi-même ou en sauver d'autres, où les plus forts entraînent ou attendent les plus faibles, où les uns s'arrêtent, les autres se précipitent, tout met obstacle aux secours. Souvent, en regardant derrière soi, on était assailli par devant ou par les côtés : on se réfugiait dans le voisinage, et il était envahi par la flamme ; on fuyait encore, et les lieux qu'on en croyait le plus loin s'y trouvaient également en proie. Enfin, ne sachant plus ce qu'il fallait ou éviter ou chercher, toute la population remplissait les rues, gisait dans les campagnes. Quelques-uns, n'ayant pas sauvé de toute leur fortune de quoi suffire aux premiers besoins de la vie, d'autres, désespérés de n'avoir pu arracher à la mort les objets de leur tendresse, périrent quoiqu'ils pussent échapper. Et personne n'osait combattre l'incendie : des voix menaçantes défendaient de l'éteindre ; des inconnus lançaient publiquement des torches, en criant qu'ils étaient autorisés ; soit qu'ils voulussent piller avec plus de licence, soit qu'en effet ils agissent par ordre.

XXXIX. Pendant ce temps, Néron était à Antium et n'en revint que quand le feu approcha de la maison qu'il avait bâtie pour joindre le palais des Césars aux jardins de Mécène. Toutefois on ne put empêcher l'embrasement de dévorer et le palais, et la maison, et tous les édifices d'alentour. Néron, pour consoler le peuple fugitif et sans asile, ouvrit le Champ de Mars, les monuments d'Agrippa et jusqu'à ses propres jardins. Il fit construire à la hâte des abris pour la multitude indigente ; des meubles furent apportés d'Ortie et des municipes voisins, et le prix du blé fut baissé jusqu'à trois sesterces (1). Mais toute cette popularité manqua son effet, car c'était un bruit général qu'au moment où la ville était en flammes il était monté sur son théâtre domestique et avait déclamé la ruine de Troie, cherchant, dans les calamités des vieux âges, des allusions au désastre présent.
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XXXIII. Sous le consulat de C. Lécanius et de M. Licinius, Néron était pressé d'un désir chaque jour plus ardent de monter sur les théâtres publics. Car jusqu'alors il n'avait chanté que dans son palais ou dans ses jardins, aux Juvénales, où les spectateurs étaient trop peu nombreux à son gré, et la scène trop étroite pour une voix si belle. N'osant toutefois faire ses débuts à Rome, il choisit Naples, en qualité de ville grecque : "là il préluderait, pour aller ensuite recueillir dans la Grèce ces brillantes couronnes que l'opinion des siècles a consacrées, et revenir avec une réputation qui enlèverait les applaudissements du peuple romain." Bientôt la population de Naples rassemblée en foule, les curieux qu'attira des villes voisines le bruit de cette nouveauté, les courtisans du prince, et ceux que leur service attachait à sa suite, enfin jusqu'à des compagnies de soldats, remplirent le théâtre.
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XXXIV. Il y arriva un événement, sinistre aux yeux de la plupart, mais où Néron vit une providence attentive et des dieux bienveillants : quand les spectateurs furent sortis, le théâtre s'écroula ; et, comme il était vide, personne ne fut blessé. Néron composa des chants pour remercier les dieux et retracer l'histoire de cette mémorable aventure. Dans le dessein de traverser la mer Adriatique, il s'arrêta, chemin faisant, à Bénévent, où Vatinius donnait un brillant spectacle de gladiateurs. Vatinius fut une des plus hideuses monstruosités de cette cour. Élevé dans une boutique de cordonnier, les difformités de son corps et la bouffonnerie de son esprit le firent appeler d'abord pour servir de risée : il se poussa par la calomnie et acquit, aux dépens des gens de bien, un crédit, une fortune, un pouvoir de nuire, dont les plus pervers pouvaient être jaloux.
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Sequitur clades, forte an dolo principis incertum (nam utrumque auctores prodidere), sed omnibus, quae huic urbi per violentiam ignium acciderunt, gravior atque atrocior. XV, 38
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Vidéo de  Tacite
Tacite (vers 58-120), l'amour de Rome et le désespoir de l'historien : Une vie, une œuvre (1999 / France Culture). En 1999, dans la collection “Une vie, une œuvre” France Culture proposait un montage d'entretiens sur l'historien romain Tacite, avec Alain Michel, Claude Nicolet, Alain Pons, Jacques Gaillard et Claude Aziza, un documentaire signé Pascale Lismonde. Photographie : Statue de Tacite (Caius Cornelius Tacitus) (vers 58-120), historien romain. Parlement de Vienne, Autriche. • Crédits : Leemage - AFP. Diffusion sur France Culture le 25 mars 1999. Tacite aura-t-il été le premier “spin doctor” ? C'est une image peut-être un peu tirée par les cheveux et surtout anachronique pour évoquer l'historien de l'Antiquité contemporain de Néron... Il reste que Tacite fut tout à la fois haut serviteur de l'état et historien, conseiller du pouvoir et témoin de son temps. Il nous a laissé pour trace la vie politique du premier siècle après Jésus-Christ. Le lecteur curieux de notre histoire qui s'est un jour laissé happer par l'exploration des célèbres “Annales” aura saisi d'emblée l'extraordinaire passion de ces pages enfiévrées où s'entrechoquent l'ambition, le goût du pouvoir, la cupidité, le calcul, mais aussi l'amour. Tacite (en latin Publius Cornelius Tacitus) est un historien et sénateur romain né en 58 et mort vers 120 ap. J.-C. On connaît peu de choses sur la vie de Tacite. Les débuts de sa carrière et son contexte familial sont désormais mieux connus grâce à l'identification quasi certaine d'un fragment d'inscription latine avec son épitaphe. L'historien romain est né probablement en 58, sous Néron. De ce fragment et de son contexte archéologique on peut supposer que le nom complet de Tacite était Publius Cornelius Tacitus Caecina Paetus. D'une des “Lettres” de Pline le Jeune on déduit qu'il était vraisemblablement originaire d'Italie du Nord, ou de Gaule narbonnaise, peut-être de Vaison-la-Romaine. Il était issu d'une famille de l'ordre équestre. On sait grâce à Pline l'Ancien que son père probable, nommé aussi Cornelius Tacitus, fut procurateur de la province de Gaule belgique. En revanche, l'épouse de son père était peut-être issue d'une famille sénatoriale puisqu'elle semble avoir été une Caecina appartenant à une famille sénatoriale originaire d'Étrurie. Premier membre de sa lignée à entrer au sénat, Tacite fut donc un homo novus. Tacite a fort probablement suivi le parcours classique de l'éducation des jeunes aristocrates romains, il a fréquenté le grammaticus, puis le rhetor et il est possible qu'il ait été l'élève de Quintilien. Ses études et ses origines lui ouvrent les portes du forum et c'est ainsi que commence sa carrière vers 75, date à laquelle il situe plus tard son “Dialogue des orateurs” : grâce à Vespasien il entre dans l'ordre sénatorial.
Sources : France Culture et Wikipedia
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