Posséder le corps et le cœur d'une femme lui procurait une joie indicible, un sentiment de puissance qu'il ne ressentait nulle part ailleurs.
Ce que vous avez fait avec votre enquête, c'est une autopsie psychologique, nous sommes quelques-uns à essayer de le rendre obligatoire dans ce genre d'affaires.
Mais la douleur, Tomar connaissait, aussi bien dans la vie que sur le ring et il avait les moyens d'encaisser.
Les mots avaient résonné entre les lattes du parquet comme un coup de canon dans la montagne. Ara était tétanisée, debout face au plan de travail de sa cuisine. Des semaines qu'elle les entendait se disputer, et à chaque fois la même sensation de froid se saisissait d'elle malgré la canicule. Cela n'avait rien à voir avec la peur, cette vieille amie qu'elle avait appris à dompter pendant la guerre. Non, c'était la mémoire des mots et des coups, celle des nuits sans sommeil à espérer simplement que ses fils puissent voir un jour nouveau.
Tomar ne savait pas trop quoi en penser.Son boulot au 36-- Il,fallait encore qu'il,s'habitue à l'appeler le Bastion ou le New 36 comme certains de ses collègues--ne l'exposait pas quotidiennement à la frustration du travail de terrain.Mais il songeait à tous ces jeunes qui, une fois sortis de l'école de police ,s'engageaient par conviction pour devenir gardiens de la paix.Par le seul port de l'uniforme,ils se transformaient radicalement dans les yeux des autres.Autrefois ,on pouvait y lire le respect,mais aujourd'hui la haine du flic s'étalait librement dans la rue,sur les réseaux sociaux,attisée par la complaisance des médias jamais avares en images de prétendues" bavures policières " .Un truc bien pourri s'était infiltré dans le système et les flics servaient de fusibles à une société prête à exploser,sans en avoir ni les épaules ni les moyens.On avait beau leur fournir des bâtiments tout neufs,ça faisait l'effet d'un pansement sur une jambe de bois, car le seul véritable moteur de ce métier de dingue,c'était l'intime conviction de faire quelque chose d'utile.Si on leur enlevait ça en les dénigrant systématiquement, il ne restait rien.Alors ,à quoi bon continuer à se battre?.( Page34).
La nuit est chaude et aussi étouffante qu'un four.Mais Laurence et Sacha s'en foutaient bien.Ils avaient tout juste dix-sept ans ,des rêves plein le crâne et l'envie de s'envoyer en l'air.Un pote du lycée leur avait parlé d'une fenêtre qu'il suffisait de faire coulisser pour pénétrer dans la forteresse en briques rouges surplombant la butte.De toute façon l'alarme ne marchait plus depuis bien longtemps et,à cette heure tardive,ils ne risquaient certainement pas de croiser qui que ce soit .( Page 11).
Et le jour où vous aurez envie de m'aider, faites moi signe les mecs. Mais en attendant, arrêtez de me casser les couilles et essayer de retrouver les vôtres !
Et elle se retourna pour quitter le bureau en claquant la porte.
Les battants de la porte s'ouvrirent lentement et une intense lumière blanchâtre jaillit vers l'intérieur, effaçant les ténèbres comme une gomme sur le fusain de ses angoisses.
(Maître Mellinski, spécialiste des affaires concernant les violences faites aux femmes parlant des suicides forcés)
Toujours le même schéma. D'abord la rencontre... Alors là le type est un véritable prince charmant. Il la joue dans la fusion, l'osmose... vu de l'extérieur c'est limite oversizé. Il va l'inviter au restaurant, en voyage, lui faire des cadeaux, se porter volontaires pour toutes sortes de corvées... le rêve, quoi... mais ça ne dure qu'un temps. Après il passe à la deuxième étape... l'isolement. Il commence à dénigrer tous les proches de sa proie, à faire en sorte qu'elle ne sorte plus, qu'elle ne puisse pas demander d'aide, ni à sa famille ni au corps médical...Et puis il s'attaque réellement à elle. En détruisant son estime de soi le plus souvent, et en y associant des violences physiques. Son but est de l'objectiver, de la mettre à sa merci pour mieux la contrôler et jouir de cette toute-puissance. Lorsque la relation est longue, il reboote le cycle en redevenant un amour, histoire d'assouplir un peu la pauvre fille avant de recommencer à la laminer... alors on comprend que dans certains cas, elle pense au suicide et passe à l'acte.
L'image de ce corps de femme flottant sous la lune ne la quittait pas, comme un fantôme au fond de son verre.