Pendant des décennies, Michelin fut partout à Clermont. Il y eut non seulement les usines, mais aussi, pour améliorer les conditions de vie des employés, les cités Michelin, la piscine Michelin, le stade Michelin, les écoles Michelin, la coopérative Michelin. Et même une église, le Jésus ouvrier. On a beaucoup dénoncé ce "paternalisme" très XIX° siècle, lié aux convictions catholiques de la famille, qui n'allait pas sans autoritarisme. Reste à savoir si les multinationales financiarisées d'aujourd'hui, qui licencient et délocalisent sans états d'âme, sont bien préférables.
Nostalgique encore ? Un peu. Je n'y peux rien si je trouve que le monde en un demi-siècle ne s'est pas spécialement amélioré. Je me demande d'ailleurs pourquoi, aujourd'hui, il faut toujours se défendre d'être passéiste. On dirait qu'il y a une ardente obligation à aimer le présent. Peut-être parce que nous savons bien que nous composons peu à peu un monde catastrophique; alors, la consigne est de ne pas s'en apercevoir; le déni de réalité devient presque un devoir civique.
Nous sommes revenus comme des voyageurs dans cette ville qui nous est pourtant familière – nous y avons tous deux grandi – mais sur laquelle nous voulions porter un regard disponible et neuf. Tout se mêle ici, l’histoire et le présent, les souvenirs et les rencontres, la permanence et le nouveau. Nous ne prétendons pas avoir tout vu ou tout compris. C’est simplement l’affection envers notre ville qui nous a inspiré ces pages.
Ce film ( Gas-Oil de Gilles Grangier ) fonctionne comme un hymne aux paysages d'une France révolue, avec des peupliers et des pancartes Michelin, une France sans autoroutes, sans rails de sécurité, sans interminables zones commerciales criardes ou maisonnettes interchangeables salopant l'entrée des villes et la douceur des villages.
Un regard nouveau sur la ville de Clermont-Ferrand par un écrivain "Grand Prix du roman de l'Académie Française" et un illustrateur connu des clermontois.
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits.
Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés.
Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés.
Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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