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EAN : 9782702143995
360 pages
Calmann-Lévy (03/01/2013)
3.41/5   34 notes
Résumé :
ANDREA MOLESINI tous les salauds ne sont pas de vienne

Une fresque magistrale, fable mélancolique sur les héros et leurs illusions.

Novembre 1917. L’armée italienne recule face à l’offensive autrichienne. À un jet de pierres du Piave, non loin de Venise, le domaine des Spada est réquisitionné par l’ennemi. Les vaincus ne discutent pas, nous sommes entre gens de bonne compagnie. Mais le viol de jeunes villageoises suscitera chez tous les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un soir de Novembre 1917, les armées allemandes et autrichiennes envahissent la petite ville de Refrontolo et réquisitionne la grande propriété bourgeoise de la famille Spada.
Dorénavant il va falloir cohabiter avec l'opposant tandis que non loin de là, les divisions italiennes tentent tant bien que mal d'empêcher les soldats germaniques et austro-hongrois de traverser le Piave, périlleux fleuve du nord de l'Italie et principale ligne de défense de l'armée italienne.

Invités par l'ennemi sous son propre toit !… Pendant de longs mois de rationnements et de pénurie, c'est ainsi que les Spada vont vivre cette période imposée d'occupation allemande, entre courtoisie glaciale, politesse grinçante et résistance larvée, tout cela sous le regard juvénile de Paolo, jeune garçon de 17 ans recueilli par ses grands-parents après le décès brutal de ses parents.

C'est donc par le témoignage du jeune narrateur que nous partageons le quotidien de cette famille bourgeoise aux membres singuliers et attachants : grand-mère Nancy qui oppose à l'envahisseur «une impolitesse polie » ; grand-père Guglielmo, anticlérical notoire mais gentil original s'exprimant par aphorismes ; la belle et célibataire tante Maria, « prisonnière d'une fierté qui fascine les hommes tout en les tenant à distance ».
Les employés ensuite : Teresa la cuisinière bougonne qui ponctue chaque phrase d'un « nom de guiable » rugissant ; sa fille Loretta qui cache sous ses yeux bigles un trop plein de haine et de ressentiment ; l'incontournable gardien Renato, à l'allure bien imposante et aux activités bien mystérieuses pour n'être qu'un simple domestique…
Et enfin la belle, l'extravagante, l'indépendante et excentrique Giulia, une beauté rousse, sensuelle et sauvage qui fait chavirer le coeur de Paolo.

Tous ces personnages, extrêmement bien incarnés, n'ont aucun mal à s'animer et se personnifier sous nos yeux tant Andrea Molesini possède l'art du portrait et réussit à représenter chacun d'eux avec sa part de lumière mais également ses zones d'ombre. Il évite ainsi la facilité d'un manichéisme trop tranché entre les gentils italiens d'un côté et le méchant ennemi austro-hongrois de l'autre pour, plus généralement, s'attarder sur l'issue d'une guerre qui symbolisera avant tout la fin d'un monde, celui de la bourgeoisie, du savoir-vivre et des bonnes manières auquel les Spada appartiennent, tout comme l'officier autrichien qui occupe leur propriété. Les deux parties s'accordent donc un semblant de respect mutuel, même si teinté de méfiance et de ressentiment. Mais si cohabitation rime avec compromission, la famille Spada n'en conserve pas moins sa dignité patriotique et l'orgueil de son statut social, les amenant à afficher de plus en plus ouvertement leur résistance face à l'envahisseur.

C'est donc pendant cette dernière année de guerre, avant que les soldats italiens ne mettent l'armée autrichienne en déroute et ne précipitent ainsi la fin de l'empire des Habsbourg lors de la dernière grande offensive du Piave, qu'Andrea Molesini déroule cette belle oeuvre de fiction inspirée néanmoins de faits réels et racontée par Paolo qui, de l'adolescent juvénile et insouciant du départ, se transforme au fil des évènements en véritable jeune homme courageux et sensible.

La grande force du roman réside pour beaucoup dans l'habileté de l'auteur à mêler avec un juste équilibre les évènements de la Grande Histoire à ceux de la petite, à entrelacer avec adresse les fils de la destinée familiale aux aspects historiques, et doser finement les faits de guerre, les épisodes collectifs et les moments intimes et personnels.
« Tous les salauds ne sont pas de Vienne » n'est pas seulement un récit historique quand bien même la guerre et ses atrocités sont très présentes et abordées souvent de façon poignante.
S'il offre une très intéressante et agréable représentation de cette période sombre de l'Italie, il s'inscrit également dans plusieurs genres allant de l'émouvante chronique familiale à la fresque romanesque et au roman d'apprentissage.

Avec « Tous les salauds ne sont pas de Vienne », Andrea Molesini, dont c'est le premier roman, a été récompensé par le Prix Campiello 2011. Une belle écriture, fluide et visuelle, un savant dosage entre moments romanesques et éléments historiques, des personnages pleins de vie, font de ce récit une oeuvre grande et dense que l'on imaginerait bien adaptée au cinéma.
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Vendredi 9 novembre 1917 : le Capitan Korpium se présente avec ses officiers à la maison Spada pour la réquisitionner en attendant de pouvoir traverser le Piave ( Vénétie) et défaire les armées italiennes qui résistent encore aux attaques des soldats allemands et austro-hongrois !
Dans la maison bourgeoise de Refrontolo, la famille Spada vit ses derniers moments de quiétude et va être obligée de composer avec l'ennemi, avec les vicissitudes de la guerre !
Le viol de jeunes villageoises dans l'église par des soldats va réveiller un sursaut patriotique chez les membres de cette famille, mais aussi chez les habitants !
Chez les Spada : il y a le grand-père Guglielmo : un homme libéral, anticlérical qui s'exprime par aphorismes.
La grand-mère Nancy qui lésine sur tout et qui méprise les envahisseurs; Maria : belle et passionnée de chevaux; Guilia Candiani : une beauté rousse, sensuelle et sauvage et les employés de la maison :Teresa, cuisinière bougonne, sa fille Loretta, bigleuse et simplette et, enfin l'imposant Renato Manca qui fait office de gardien du domaine mais qui a des secrets !
Et, Paolo, 17ans : le narrateur qui a été recueilli par ses grands parents après le décès de ses parents dans un naufrage.
Les vaincus ne discutent pas mais ils supportent les vexations, les compromissions qu'impose cette cohabitation forcée ! Mais, aussi les privations, le fait d'être obligés de manger des mulets, des chevaux, des chats, des chiens et des rats que Teresa s'efforce d'accommoder au mieux, de plus tout a été emporté en Autriche : les cloches de l'église, l'argenterie, les petits meubles, la lingerie et même les chaussures en cuir !
Renato va cacher avec la complicité de la famille Spada un pilote anglais, il fascine Paolo qui apprendra à ses cotés à devenir un homme et à succomber au charme de la belle Giulia !
Leur tentative de fuite va échouer et ils vont tous être obligés de répondre de leur vie devant l'inflexible Rudolf von Feilizsch !
Andrea Molesini s'est inspiré dans ce roman de faits et de lieux réels avec des personnages fictionnels autour de la bataille de Caporetto,( 24/10 au 9/11/ 1917 ) qui se situe actuellement en Slovénie et qui se soldera par la défaite italienne !
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En novembre 1917, après la défaite de Caporetto (aujourd'hui Kobarid en Slovénie), les troupes germano-autrichiennes s'avancent en Vénétie jusqu'au fleuve Piave. En zone occupée se trouve le village de Refrontolo et, dominant le village, la villa Spada, qui abrite une famille de notables du même nom. Mais ce ne sont pas des personnages insipides, ils sont hauts en couleurs, ils ont leurs passions, leurs drames, et leurs visions du monde.
C'est le plus jeune, le petit-fils, Paolo, qui raconte les mois sous occupation, qui portent leur lourd fardeau de confrontations, d'horreurs, de drames et de combats.
L'histoire est prenante et l'épisode peu connu hors d'Italie. L'auteur tisse un récit évocateur qui rend ses personnages très attachants. Cela se lit avec fluidité, plaisir et intérêt. Un bon moment de lecture.
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1917: Les troupes prussiennes et autrichiennes ont conquis le nord de l'Italie et cantonnent tour à tour dans la propriété Spada, non loin de la ligne de front. le comportement d'armée d'occupation stigmatise une famille, un village, une population italienne, par ses pillages, ses exactions de troupiers violeurs et voleurs, son autoritarisme et sa discipline proprement germanique.
La famille Spada, élargie à sa domesticité, reléguée dans quelques pièces de la villa, cohabite tant bien que mal avec l'occupant, contrainte à une existence en vase clos, entre petits drames domestiques, concupiscence, misère, disette, et assistance pour les forces de résistance.

Rien de bien nouveau sur le thème d'une région envahie, avec ses habitants subissant, en silence digne, les vexations et abus des conquérants, concédant des compromis pour mieux organiser la résistance passive et le combat de reconquête.
Les faits en rappellent donc d'autres, plus récents dans notre pays. C'est une vision violente de la guerre, au coeur du quotidien des civils, la fin d'une époque où les conflits armés sont menés par des militaires bien éduqués et pétris d'orgueil et d'honneur, ouvrant la voie à une vision prémonitoire du règne de petits caporaux.

Le livre est agréable à lire, non dépourvu d'humour, mais manque peut être un peu de souffle épique. Les personnages sont bien dans leur rôle, avec cette petite fantaisie typiquement italienne.

Et l'intérêt est de mettre en lumière cette période de la première guerre mondiale, qui débouchera, sur la chute de l'Empire austro hongrois.
A l'issue du conflit, l'annexion territoriale du nord de l'Italie actuelle, et l'italianisation forcée de populations germaniques ouvriront d'autres drames pour les populations, toujours perdantes.
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Nous sommes en 1917 et la villa de la famille Spada va être réquisitionnée pour abriter les soldats prussiens et autrichiens, reléguant les membres de la familles dans quelques petites chambres. La cohabitation est difficile mais sous l'autorité de la grand-mère, le mot d'ordre est dignité et chacun doit faire au mieux pour se montrer à la hauteur de la réputation de la famille.

Mais le viol de 3 jeunes filles dans l'église du village va déclencher dans cette famille une farouche volonté de vengeance et avec leurs moyens ils vont rentrer en résistance.

Parallèlement à ces événements, on suit les premiers élans amoureux du jeune Paolo, le narrateur de ce morceau de l'histoire Italienne.

Mon avis :
J'avais envie de lire une grande fresque historique avec un fond de souffle romanesque mais je ne sors pas de ma lecture très enthousiaste.

Si ce pan de l'histoire est plutôt intéressant, d'autant plus qu'il est basé sur des faits réels, la mayonnaise ne prend pas. Comme si l'auteur lançait des idées, des personnages plutôt intéressants d'ailleurs, mais qu'ils les abandonnaient à leur sort. Résultat, le tout s'embourbe et moi je m'endors. Je continue quand même parce que le début m'a plutôt accroché et que j'espère retrouver un deuxième souffle mais j'ai à peine retrouver une petite " soufflette " d'intérêt vers la fin.

Dommage mais je retiendrais plutôt une impression de longueur de ce roman.

A noter qu'il a reçu le prix Campiello, l'équivalent de notre Goncourt en Italie.
Lien : http://www.livr-esse.com/art..
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critiques presse (1)
Lexpress
22 février 2013
Tous les salauds ne sont pas de Vienne, Andrea Molesini entre en maître dans les lettres italiennes. [...] Ce premier roman fut un coup de tonnerre. Tous les salauds ne sont pas de Vienne, de l'universitaire, poète et traducteur vénitien Andrea Molesini, remporta en 2011 une multitude de prix.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
À la sortie du village, nous rencontrâmes un groupe de paysannes: elles vendaient des oeufs et certaines essayaient de se vendre aussi elles-mêmes, mais la marchandise était peu alléchante. Les soldats allaient et venaient, capotes déboutonnées, vestes débraillées, et les oeufs crus atterrissaient direct dans leur estomac, percés et gobés au débotté. Ils payaient avec la monnaie de l'occupation, du mauvais papier que les femmes étaient obligées d'accepter, mais quand un gars au coeur tendre leur donnait en échange une demi-couronne ou sa ration de pain noir, il recevait en retour un sourire aussi noir que le pain et les hardes qu'elles avaient sur le dos.
"C'est un cauchemar", dis-je.
Renato fit claquer son fouet: "C'est la misère, et la misère comme la guerre dure depuis trop longtemps."
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La guerre est l’affaire des hommes, les animaux n’y sont pour rien. Sans compter qu’ils sont peut-être plus proches de Dieu… Ils sont si simples, si naturels.
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Si un paysan voit la Vierge, au lieu de le féliciter, ils le traînent devant un tribunal ! Mais si le peuple se met à voir des Vierges là où le paysan condamné avait vu la sienne, alors ils proclament « La Vierge est apparue ici », et ils construisent une chapelle, puis une cathédrale, puis un couvent. C’est comme ça que ça marche avec ces gens-là. Et dire qu’ils se considèrent comme des agneaux envoyés parmi les loups. Mais ce sont eux les loups. La vérité est une flamme, l’enfer n’est rien à côté. La vérité, voilà notre enfer.
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Les hommes comme vous, qui côtoient la mort, ont un charme particulier : médecins, soldats… assassins, toutes les femmes le sentent. C’est lié à l’attente. Le soldat qui attend le combat, la femme qui attend le retour de son homme. L’attente est terreur. Tandis que l’action vide la peur comme une baudruche. Je l’ai vue, la terreur. Elle habitait les yeux des blessés que les nôtres abandonnaient dans les fossés. Je l’ai vue dans les yeux des chevaux quand ils meurent.
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Parce que le démon se déguise tantôt en femme loqueteuse qui frappe à votre porte, tantôt en homme riche coiffé d’un haut-de-forme, vous promettant tour à tour les plaisirs de la chair, et l’argent et le pouvoir. Nous devons être vigilants comme des sentinelles en faction, car l’ennemi est rusé, il étudie nos points faibles et flaire nos moments de lassitude. Il sait nous prendre quand nous avons baissé la garde, oui il sait attendre et frapper un grand coup !
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Videos de Andrea Molesini (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Molesini
Andrea Molesini - Le Printemps du loup .Andrea Molesini vous présente son ouvrage "Le Printemps du loup" aux éditions Calmann-Lévy. Traduit de l'italien par Dominique Vittoz. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/molesini-andrea-printemps-loup-9782702154663.html Notes de Musique : "Interrupcion" by Jason Kahn and Gabriel Paiuk.
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