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EAN : 9782234064447
264 pages
Stock (09/04/2014)
3.81/5   21 notes
Résumé :
639 de l’ère chrétienne. L’empereur Héraclius regagne Constantinople, malade, ayant dû abandonner la Terre sainte aux irrésistibles cavaliers du désert qui combattent au nom d’Allah. Au même moment, Dagobert 1er, maître des royaumes francs, se fait transporter à Saint-Denis, près de Paris, où il souhaite mourir. La même année encore, le calife Omar, deuxième successeur de Mahomet, contemple avec allégresse sa conquête : Jérusalem, où il est entré l’année précédente.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« L'homme, sitôt sorti de ses routines habituelles et exposé à la nuit et à la solitude, est peu de chose, ou plutôt n'est rien. »

Cette citation empruntée à Marguerite Yourcenar dans Archives du nord exprime avec à-propos ce que des hommes, êtres de chair et de sang, ont ressenti quand, aux origines de l'édition, il leur a été demandé de laisser à la postérité la trace écrite du passage sur terre de leurs commanditaires. Des puissants bien sûr, pas des gueux. Des puissants tellement imbus d'eux-mêmes qu'ils voulaient que leur mort ne soit pas une mort aux yeux des générations à venir. Survivre par l'écrit. Leur vie fût-elle couverte d'opprobre et de sang. François taillandier tient son propos à l'époque des rois dits fainéants. Epoque qui vit à l'Orient l'émergence de la foi musulmane. L'histoire des hommes se lirait donc sur ces supports qui deviendront des livres. Ecrits de main d'homme, bien avant l'imprimerie.

Mais qu'est-ce que l'homme à l'échelle de l'éternité : rien. Marguerite Yourcenar le scande et répète à l'envi. Encore cet homme ne sait-il même pas ce qu'il fait sur terre. Ce qu'il était avant. Ce qu'il devient après. Et il passe sa vie à se vautrer dans le luxe et la luxure, à se livrer à des bassesses qui de peu le rabaissent encore. A s'entredéchirer avec ses congénères pour des peccadilles qu'il n'emportera pas au-delà de sa vie, n'en déplaise aux pharaons. Il passe en fait sa vie à se distraire de l'idée de la mort.

Alors quoi ?

Alors Dieu ! Oui, Dieu !

L'homme est trop petit à l'échelle de l'univers, à l'échelle du temps, trop vil à l'échelle du mystère qui préside à cet obscur éclair de conscience qu'est sa vie. Instant au cours duquel un esprit est venu se contraindre dans un corps de chair et de sang.

Alors Dieu ?

Oui Dieu ! Hors de toutes échelles de temps et d'espace. Hors de toute convoitise, de joie, de peine, de naissance et de mort. Dieu éternel. Être sans substance. Non-être donc. Non-être qui dépasse toute vie sur terre depuis l'amibe sortie de l'océan jusqu'à cet être vaniteux pétri de concupiscence en même temps que de peur qui se fait appeler homme. Dieu est la réponse à l'insignifiance. Alors plutôt que raconter l'homme, fût-il roi sur terre, autant prôner ce dépassement de tout, cette transcendance : Dieu.

Ecrire ce que des hommes qui se sont dits messagers de Dieu, récepteurs de la parole divine, prophètes, écrire ce que l'instance supérieure, mystérieuse, inaccessible, invisible leur a dit. Puisqu'Il s'est rendu audible à eux. Ce que les hommes, ceux qui se disent grands, voulaient faire transcrire de leur vulgarité dans autant d'ouvrages du même niveau sera avantageusement remplacé par la parole divine dans un seul ouvrage. le LIVRE.
La croix et le croissant de François Taillandier nous dit la gesticulation de la créature intelligente, et pourtant bouffie de défauts, pour s'élever, dépasser sa si courte existence, si médiocre existence et trouver le salut. En Dieu !

Mais même en cette intention les hommes n'ont pas trouvé de collusion. le LIVRE est devenu multiple. Et encore en est-il pour clamer que la parole divine ne peut être écrite. Elle ne peut être entendue que par des élus et colportée par le Verbe.

Pauvre homme, pris entre la Croix et le Croissant, et peut être encore d'autres symboles de religions, celles-là moins extraverties. Plus confidentielles, moins belliqueuses, ne revendiquant pas le monopole. Pauvre homme qui n'a pas entendu le message d'amour que prêchent toutes ces religions qui se revendiquent Du Livre, en même temps qu'elles le foulent aux pieds.

Formidable ouverture sur ces notions de désarroi de l'homme en sa condition que celle de François Taillandier. Pauvre homme en quête de dépassement des bornes de sa vie. Dépassement qu'il a trouvé en Dieu. Dépassement qu'il a transcrit dans le Livre pour associer sa pauvre existence à celle de son créateur. Et survivre ainsi avec lui dans l'éternité.

J'ai retrouvé avec délectation la hauteur de vue de cet auteur sur la condition de l'homme livré au mystère de la vie. Approche que j'avais découverte avec L'Ecriture du monde et que je m'impose de suivre dans le troisième volet de cette trilogie tant elle comble mon appétit de cette écriture érudite tout en restant accessible, sur ces questions que l'on qualifie de fondamentales.


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Amateurs d'histoire, régalons nous! François Taillandier nous fait vivre L Histoire, en se mettant dans le peau des grands de l'époque.

Début 7e siècle, Constantinople vacille. le basileus Héraclius se désespère de la perte de Jérusalem au profit des perses, ne reçoit aucune aide de son vassal, le roi franc Dagobert, pendant qu'une menace pire que les perses naît au sein des cavaliers d'Allah.

1. Heraclius empereur faible, pense à évacuer Constantinople menacée par les Perses qui ont déjà repris l'orient et Jérusalem mais revigoré par l'amour que lui porte sa nièce Martina, part reconquérir tout ça, y remet de l'ordre pour peu de temps car arrivent les redoutables cavaliers noirs d'Allah.

2. A 35 ans, l'épicurien roi Dagobert se meurt à Saint Denis auprès son vieux précepteur Pépin de Landen (Landen, c'est mon coin;-) envieux de la richesse culturelle des romains et rêvant de faire évoluer les francs.

3. Quand il entre à Jérusalem, Omar, successeur de Mohamed, s'émerveille des livres et décide l'écriture du coran.

4. En l'abbaye Saint Martin de Wandre (Wandre aussi c'est mon coin;-) le moine Frédégaire est nommé chroniqueur par Pépin de Herstal.

5. Emergence de Karl, fils bâtard de Pépin de Herstal. Se sentant investi d'une mission il part combattre les hordes de soldats d'Allah et les arrête à Poitiers.
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Une série de vignettes biographiques et romancées, composées et associées avec art, nous fait entrevoir ici les grands personnages (grands depuis que l'histoire comme récit littéraire les a faits tels) des VII° et VIII°s. Des mourants, des vaincus d'abord, comme l'empereur romain ("byzantin") Héraclius vaincu par les Arabes, ou le roi mérovingien Dagobert, incarnations d'ordres anciens qui s'écroulent. Des vainqueurs, arabes ou bien carolingiens : les premiers partis pour conquérir et islamiser le monde, les seconds pour réorganiser l'Occident en empire capable de leur résister. Et parmi tous ces traîneurs de sabre, ces hommes de sang, anciens maîtres légitimes ou nouveaux maîtres à légitimer, la figure discrète du moine historien Frédégaire, celui qui écrira la chronique de tout cela, le seul qui survivra par ses oeuvres à tous les empires effondrés, comme Cassiodore au premier volume de cette trilogie. Si ce n'est pas un roman historique acceptable à cause du caractère disparate de l'intrigue, ce livre donne au moins une agréable leçon de vulgarisation historique au lecteur, et peut-être le prévient discrètement sur ce qui l'attend.
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C'est un livre intéressant qui retrace l'histoire des religions, la religion chrétienne et l'islam.
On y découvre les rois fainéants qui passaient leur temps à faire des complots et à assassiner ceux qui gênaient.
Et puis on y découvre l'importance des livres, les livres qui retracent le préceptes de chaque religion et les livres sur l'histoire des rois.
Pas un coup de coeur mais ça donne envie de lire plus de livres sur cette période de l'histoire.
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Ce roman, c'est un plongeon dans l'Histoire ! Et pas n'importe laquelle ! Nous allons survoler certains grands dirigeants à partir de 639 !

Dans ce livre, nous allons rencontrer Héraclius, Dagobert, Omar, Charles… Ils ne sont pas tous dirigeants, certains vont nous parler des personnes qui les ont aidés, mais tous ont eu une destinée peu commune. Et tous vont nous la raconter, avec un point de vue très subjectif, à la veille de leur mort… (enfin, presque tous !) ...


Lien : https://songedunenuitdete.co..
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juin 2014
François Taillandier a trouvé la martingale : mettre en scène une poignée de personnages, plonger dans leurs consciences, faire corps avec leurs doutes et leurs convictions, leurs joies et leurs peines.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait à l'inverse dans l'oeuvre des Francs quelque chose comme une vaine gloire. Ils se donnaient à eux-mêmes le spectacle de leur force, de leurs victoires, de leurs festoiements, parmi leurs parures, leurs tapis épais, le fumet des viandes, la robe du vin, les belles servantes, l'abondance goinfre, les puissants chevaux, les armes forgées. Et tout cela ne menait à rien. On avait pris. On avait pris la fatigue des laboureurs et l'habileté des artisans, on avait pris l'impôt et le ventre des filles. On avait conquis des pays, de beaux pays, des villes, des forêts, des troupeaux, des bateaux, des fleuves, des marchés et des foires, des domaines romains. On prenait tout ce qui était bon et on s'en gavait. On s'ébattait au milieu de tout ça sans en rien faire. Et si l'on guerroyait, c'était à la seule fin de préserver son butin.

p. 103
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La logique interne de son propre empire le contraignait : les intérêts des nations sont plus puissants que la bonne volonté des hommes.
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Par moments, il entrait en fureur, il aurait aimé les fouailler, les massacrer, brûler leurs maisons et leurs villes, les voir se tordre dans les flammes comme des serpents. Hélas ! Le maître n’est pas censé donner libre cours à ses passions. Rigoureux sans colère, autoritaire sans caprices, il lui faut regarder d’en haut, impassible, le spectacle de l’humanité ordinaire, de ses jeux, de ses convoitises et de ses intérêts mesquins. Il faut savoir que c’est fatal, et faire avec.
N’empêche : un sentiment nouveau, le mépris des hommes, s’était fait jour et avait poussé en lui ses rameaux comme un arbre. Ce mépris était en réalité une fatigue. C’était peut-être même le premier signe de la maladie qui travaillait déjà en lui, à son insu. La foi, l’espérance, l’amour…
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C’était une catastrophe. Jérusalem était un symbole. Héraclius pleura. Être l’empereur chrétien qui perd Jérusalem, il y avait de quoi concentrer sur lui la malédiction de la foule, l’opprobre des siècles, et peut-être la condamnation de Dieu. Il connut des jours d’effroi. Il n’osait plus se montrer. Ses ministres avaient des visages de glace. Il se comprit condamné à combattre à mort. Et d’ailleurs il mourrait, il se jugeait perdu. Sur quoi Chosroès, qui le savait et le voulait ainsi, lui écrivit de nouveau. Il le traitait de « misérable esclave imbécile et infime », il insultait le Christ, et concluait par ces mots : « Quand bien même tu te cacherais au fond de la mer, ma main serait assez puissante pour aller t’y chercher. »
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Oh, les héros qui de ce monde furent – Que l’homme exècre et que le ciel dénie – Oh, les héros douloureux qui ne furent – À leur mesure honorés et bénis – Et bien aimés que leur tâche finie – Quand ils étaient dessous la sépulture – Oh, les héros qui en ce monde furent – Sous le sarcasme et l’affront et l’injure – Affrontant seuls le jour de l’agonie…
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Videos de François Taillandier (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Taillandier
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits. Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés. Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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