Je n'avais pas remarqué ce roman dans les très nombreuses parutions de la rentrée littéraire 2021 et je ne connaissais pas du tout cette auteure. Je ne l'aurais probablement jamais lu s'il ne m'avait pas été adressé dans le cadre du « Coup de coeur des lectrices » de décembre du magazine Version Femina. C'est donc avec curiosité, l'esprit ouvert que j'ai abordé sa lecture.
Ce roman est le 2ème tome du cycle « Empires » dont le 1er s'intitulait «
Par les écrans du monde », paru en 2018. Il semblerait que les deux livres puissent se lire indépendamment l'un de l'autre.
L'action se déroule dans un futur proche, en Ligurie, l'arc méditerranéen qui s'étend de Marseille à Gênes, une des composantes de l'Union des Régions. Jean, 40 ans, dirige une entreprise de climatisation ; il est marié à Baya, 36 ans, juriste dans le domaine immobilier ; ils n'ont pas d'enfants et vivent dans une somptueuse villa, avec piscine, jardinier, entreprise de surveillance, qui surplombe la Méditerranée. Ils ne côtoient que des gens de leur monde, assez superficiels, aux vies se résumant à quel vin on va boire, quand va-t-on se baigner dans sa piscine, où va-t-on partir en vacances. Mais leur vie, en apparence idyllique, vacille avec l'apparition de menaces plus ou moins diffuses : des sangliers détruisent les espaces verts de leur propriété, des bandes rivales s'affrontent quelques kilomètres plus loin en zone périurbaine, une voisine bizarre s'installe près de chez eux dans une maison abandonnée. Cette tension sournoise qui s'installe autour d'eux mais aussi dans le couple ne peut que conduire à un climax violent.
Ce roman est un mélange de plusieurs genres imbriqués les uns dans les autres :
*une touche de dystopie avec la Ligurie, dont l'auteure fait une région franco-italienne puisqu'elle la fait aller de Marseille à Gênes alors que c'est une région italienne qui s'étend de San Remo à La Spezia et qui est membre de l'Union des Régions qui aura supplanté l'actuelle Union Européenne
* une touche de politique car l'auteure donne corps à l'idée de l'Europe des Régions, un courant politique bien réel, qui prône une fédération de régions qui remplacerait l'actuelle Union Européenne, union d'États-nations.
* une touche de roman social en nous donnant à voir deux classes sociales qui ne se rencontrent pas, chacune vivant dans son propre monde avec ses propres règles.
* une touche de fantastique avec la voisine bizarre, aux yeux phosphorescents, qui s'est installée dans une maison abandonnée près de chez Baya et Jean
L'auteure installe une atmosphère étrange, inquiétante avec l'irruption de la violence animale des sangliers qui détruisent tout sur leur passage mais aussi de la violence humaine avec l'affrontement entre bandes rivales de jeunes. le couple Baya-Jean, un moment déstabilisé, vacillant, se ressoude en répondant à la menace par la violence.
Ce roman est une critique, entre autres, de l'artificialisation de la nature qui ne laisse d'autres choix aux animaux que de pénétrer sur le territoire que les hommes considèrent comme le leur, de l'incommunicabilité entre des classes sociales étrangères l'une à l'autre.
Malgré l'originalité de ce roman, le talent de l'auteure pour créer une insidieuse tension et la qualité de l'écriture, je n'ai pas du tout été accrochée par ce roman ; je me suis ennuyée face à la description de la vie mondaine du couple Baya-Jean, à leurs préoccupations vides de sens ; je n'ai ressenti aucune émotion pour le couple que j'ai observé froidement se débattre face à leurs peurs, j'ai été déstabilisée par le mélange de trop nombreux genres, je n'ai compris ni le rôle de la voisine, ni celui du jardinier anglais distingué lorsqu'il ne jardine pas, ni la fin du roman.
Bref, un rendez-vous manqué.