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EAN : 9782715257375
160 pages
Le Mercure de France (19/08/2021)
3.33/5   59 notes
Résumé :
« Je ne pouvais plus échapper à mon histoire, sa vérité que j'avais trop longtemps différée. J'avais attendu non pas le bon moment, mais que ce ne soit plus le moment. Peine perdue. La mienne était toujours là, silencieuse, sans aucune douleur, elle exigeait d'être dite. J'ai espéré un déclenchement involontaire qui viendrait de cette peur surmontée d'elle-même. La peur n'est pas partie mais les mots sont revenus. »

En 2005, la narratrice a dix-neuf ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,33

sur 59 notes
Elsa a été victime d'une « tournante » à l'âge de 8 ans et d'un viol à 19 ans, en 2005. Douze ans plus tard, le criminel est identifié, jugé, condamné et la romancière, maman d'un second enfant trouve les mots pour raconter son drame.

Sa situation diffère fondamentalement, sur un plan juridique, de celle de Christine Angot dont les diverses dénonciations n'ont pas abouti à la condamnation de son « agresseur », aujourd'hui décédé, et donc présumé innocent conformément à l'article 9 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Avec franchise, pudeur, sincérité et beaucoup de talent, Elsa Fottorino décrit le contexte des deux agressions, leurs blessures et les années d'enquête avec une police manquant parfois de tact et une justice pauvre en moyens et en empathie pour les victimes. La description du procès est cruelle et riche de leçons à tirer.

Elle analyse les sous entendus guidant encore l'éducation des garçons et des filles et les postures familiales qui en découlent. Elle revient sur sur ses études d'abord provinciales puis parisiennes et la détermination avec laquelle elle a imposé sa vocation à ses parents.

Outragée, mais jamais brisée, puis libérée grâce aux années et à l'affection des siens, la romancière offre un regard salvateur sur son cas, qui est celui de milliers de femmes, et rédige des pages sublimes où le lecteur voit comment la nature l'a aidée à retrouver sérénité, confiance et foi en l'avenir.

Cent cinquante pages éducatives à lire particulièrement par les lycéens et lycéennes afin d'éveiller les consciences au respect des personnes et rappeler que « le désespoir n'a jamais empêché personne d'être heureux. Ceux qui en ont ne serait-ce que le souvenir savent. »

Parler tout bas transmet un message fort et salvateur !
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« Je vais vous parler de l'horreur. L'horreur banale, anodine, qui nous cueille sur le sentier de l'ordinaire et nous rend à lui sans laisser de trace » Ainsi débute ce témoignage d'une jeune mère qui revient sur ce viol subit il y a douze ans alors qu'elle avait 19 ans.
Difficile de raconter l'indicible, surtout lorsqu'on a préféré mettre tout cela entre parenthèses pour continuer à vivre, parce qu'il le faut bien.
« On disait que j'allais bien. Je le disais à mon tour pour ne pas décevoir. Et aussi, je crois, parce que c'était vrai »
Mais la réalité rattrape Elsa Fottorino lorsque, douze ans après les faits et l'affaire classée sans suite, le coupable est enfin identifié. La jeune mère, qui attend son second enfant, voit l'histoire de ce viol la submerger à nouveau.
C'est avec pudeur et délicatesse qu'elle revient sur ce drame et sur l'enquête, les interrogatoires et le procès auquel elle ne veut pas assister.
C'est alors qu'elle décide de prendre la plume pour dire vraiment ce qui lui est arrivé et ne plus se contenter de parler tout bas.
Ce témoignage est davantage un cheminement intérieur qui s'attache à raconter le mal-être, la peur, le vide causé par le traumatisme, la culpabilité et ce déni de sa souffrance qu'elle enfouie. Il lui faut cinquante pages pour se raconter dans l'intime avant de pouvoir parler du viol, de sa violence et de la sidération qui a suivi, cinquante pages avant d'aborder l'horreur et toute la procédure qui suivra.
Il y a une certaine lenteur dans le récit, l'auteure prend le temps avant d'affronter à nouveau ce passé et on la comprend, on l'admire pour sa sincérité, sa mise à nue. Faut-il en passer par là pour, enfin, en avoir terminé avec ce poids ?
Elsa Fottorino nous raconte aussi la vie, avec ses souvenirs d'enfant, et le bonheur d'être mère.
L'écriture est sobre, avec une mélancolie qui affleure souvent, et on ne peut qu'être touché par ce récit émouvant et vrai.
Je remercie Lecteur.com et les éditions Mercure de France pour la découverte de ce roman émouvant.



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Un jour d'hiver, la narratrice, 19 ans, est violée dans un bois, à quelques centaines de mètres de chez ses parents. Douze ans plus tard, son agresseur est arrêté. Convoquée pour le procès qui va suivre deux années après, elle découvre que l'homme a fait onze autres victimes.

Dans « Parle tout bas », la narratrice qui est aussi l'auteure du livre, Elsa Fottorino, revient sur cette déflagration dans sa vie. Mais contrairement à de nombreux autres ouvrages qui abordent ce thème de manière très détaillée, « Parle tout bas » nous livre ici la confession intime d'une femme qui a pris le parti de transformer une chose monstrueuse en exercice littéraire. Prenant de la distance par rapport à ce qui a été et à son statut de victime, l'auteure s'applique à travailler son style. Non, elle ne dira presque rien sur l'agression elle-même. Elsa Fottorino se protège, protège son nom aussi – elle est la fille d'Eric Fottorino, journaliste au "Monde" puis fondateur du magazine hebdomadaire « Le 1 ». A-t-elle le choix ? Pas vraiment de ce qu'elle en dit. Ce viol, très vite ses proches l'ont amenuisé. « Plus de peur que de mal » lui disait-on… Alors en jeune fille sage qu'elle était, elle a suivi le mouvement. Pourtant, la honte est toujours là, le traumatisme bien présent même s'il est caché. Quand on lui annonce le procès alors qu'elle est enceinte et heureuse, c'est finalement la ramener à cet état d'objet, de corps sans être, qu'elle a enduré dans cette forêt de février. Mais une fois encore, elle ne cédera pas au rôle qu'on voudrait lui assigner.
En nous parlant du procès auquel elle n'a pas voulu assister, elle raconte les différentes étapes qu'elle a traversées, de la sidération à la mémoire traumatique, de l'enquête et des démarches, du procès à la reconstruction. Elle montre d'ailleurs qu'on peut se « réparer » psychologiquement autrement que par la justice et se défaire de l'identité de « victime » , en gardant ainsi une forme de dignité aux yeux des autres, tout en reconnaissant que ce fameux statut est nécessaire pour que justice se fasse.

Par l'écriture, Elsa Fottorino a voulu explorer la complexité des sentiments et les états contradictoires qui nous traversent dans pareille situation. Ses mots sont choisis, son style est sobre et sans fioritures. Je regrette juste parfois un manque de clarté dans sa narration qui, à force d'introspection, perd un peu le lecteur. La chronologie y est très confuse. Mais ce sera mon seul bémol à ce récit tout en pudeur.
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Subir un viol, c'est un drame dont on se remet difficilement, ou jamais. Il faudra douze années à Elsa Fottorino pour, enfin, réussir à écrire son histoire, revenir sur les faits, l'enquête et la procédure, longue' qui ont suivi son agression jusqu'à voir l'affaire classée sans suite en l'absence de coupable. Et puis, alors qu'elle attend son second enfant, il y a un rebondissement de l'affaire avec un suspect et dix autres plaintes. Toute l'horreur de ce traumatisme refait surface
« Pour la première fois depuis le début de l'histoire, je peux dire « j'ai mal » et je sais précisément où. »
C'est avec pudeur et simplicité qu'Elsa Fottorino raconte ces longues années de peur et cette éclaircie, enfin, lorsqu'elle s'autorise à écrire son histoire, parlant pour toutes ces victimes silencieuses car un viol, comme le dit si bien l'avocate générale, est un « meurtre de l'âme ».
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Alors qu'elle avait séché une épreuve de français pendant sa première année de classe préparatoire, en 2005, la narratrice, 19 ans, part faire du vélo en forêt de Saint-Germain et elle y est violée. Elle porte plainte mais son agression, ainsi que celle de 11 autres femmes ne sera résolue que douze ans plus tard.
Pendant tout ce temps, elle a enfoui le traumatisme, refusant que les autres ne la réduisent qu'à une victime; elle a un enfant et en attend un deuxième. Elle refuse de témoigner au procès du violeur mais accepte que son témoignage écrit soit lu par son avocate devant une photo d'elle projetée sur un écran dans la salle d'audience. Seule l'écriture lui permet de se libérer, d'expectorer les non-dits, de sortir de la stratégie d'évitement : ce qu'on ne dit pas, n'existe pas.
Ce roman est une auto-fiction qui lui permet probablement de se réapproprier sa vie pendant les 12 ans écoulés, car la jeune fille de 19 ans, c'était elle; encore aujourd'hui, elle ne peut prononcer ou écrire le mot "viol", elle refuse de nommer l'innommable; d'ailleurs, elle ne raconte pas son agression, elle en livre des bribes (peur, sidération mais aussi tentative de garder un certain contrôle en parlant à son agresseur, en essayant d'établir un contact).
Un passage m'a interpelée, celui où elle revoit tous les micro-évènements de cette journée fatidique qui se sont conclus par son agression; et si, un d'entre eux n'avait pas eu lieu? Et si? Et si? La narratrice tente d'insuffler une sorte de rationalité à ce qui n'en a pas. C'est une stratégie de protection qui est familière à certains d'entre nous.
Ce roman, c'est aussi le parcours déshumanisé du dépôt de plainte, des questions intimes, des examens médicaux, de l'obligation de voir et revoir la scène ad nauseam.
Malgré le thème très fort qui m'a touchée, j'ai été perdue dans les temporalités changeantes; l'écriture parfois confuse, qui est probablement la retranscription du maelstrom de sentiments qui ont envahi l'auteure, a fait de ma lecture plus un exercice de compréhension du texte qu'un pur ressenti d'émotions.
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Enfant, on me répétait que j'étais jolie. Je comprenais « sois jolie, il faut être jolie, tu dois être jolie. Tu dois faire plaisir à ceux qui t'entourent, à ceux qui te regardent. Seul ce regard compte ». Un compliment qui devient une injonction. Il y a d'autres choses aussi. La sagesse. Pas au sens de la maturité, non. Être sage n'a rien d'être « un » sage. Etre sage donc. Discrète. Les autres d'abord et moi après. Jolie dans son coin. Pas besoin de l'entendre. Agréable à regarder. Décidément parfaite cette enfant. Elle ne dérange personne. Douce et polie. Elle ne se fait pas remarquer. Rien qui viendrait perturber l'ordre des choses. Ce n'est pas comme sa sœur. Elle fait tout voler en éclats. L'autorité, les robes et les souliers vernis. On dit d'elle : un garçon manqué. Pour un garçon, je n'ai jamais entendu l'expression « fîlle manquée ». Il faut bien que l'une de nous deux investisse le rôle de l'enfant modèle.
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Comme souvent avec les enfants, ça avait commencé comme un Jeu. La maîtresse ne s'était pas inquiétée de leurs rires. Qui s’inquièterait d'un rire d'enfant ? La cruauté des enfants n’a pas le visage monstrueux de celle des adultes. Ce n'est pas aux enfants que j'en ai voulu. Mais à la banlieue. Son désœuvrement. Ces mots que l'on découvre, « tournante », dans la bouche d'enfants de huit ans. Au début, je croyais qu'ils parlaient d'une partie de ping-pong. C'est de là que provient, je croîs, mon aversion pour la banlieue.
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J'avais cru à un évènement. Un jour comme celui-là qui agirait comme un point de bascule. Un drapeau rouge à l'horizon du passé, le grain de sable dans le rouage, la rouille, le mildiou. En réalité, le onze février est devenu une date sans plus de valeur qu'une autre dans la longue succession des jours d'hiver.
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On me dit : « Vous connaissez les chiffres noirs du viol ? Pour onze plaintes, il faut compter cinquante viols. »

LS, trente-huit ans né à Reims, n’a plus de nom. C'est un numéro d'écrou.
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J’avais connu cet homme aussi, très grand, avec des yeux bleus perçants
et le front légèrement dégarni. Il s’appelait Gary.
Quand je l’ai rencontré pour la première fois, je n’arrivais plus à poser un pied devant l’autre. Une séance avait réglé le problème. Je n’ai cependant jamais retrouvé mon pas léger et aérien. J’étais tout de même revenue le soir des semaines après, par sécurité. En battant la mesure sur mes genoux, il avait comparé la mémoire au disque dur d’un ordinateur. Il s’agissait non pas de supprimer les données mais de les modifier. De transformer les souvenirs. De court-circuiter la réalité, faire naître de nouvelles images. C’est peut-être pour cela que tout m’apparaît si flou à présent.
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Vidéo de Elsa Fottorino
Elsa Fottorino vous présente son ouvrage "Parle tout bas" aux éditions Mercure de France. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545378/elsa-fottorino-parle-tout-bas
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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