Quand, au-delà des feux de l'actualité, on éprouve le besoin de comprendre l'esprit d'un pays ou d'une culture, il serait dommage de s'en remettre seulement aux articles de journaux, de magazines, aux multiples contributions sur internet. Je préfère chercher un bon roman.
La fiction passant par la plume d'un grand auteur n'a pas son pareil pour rassembler dans une histoire, des sons, des parfums, des couleurs, des paysages, des usages, des traditions, des sensations et des émotions humaines, universellement compréhensibles.
Pour comprendre ce que sont les Balkans, j'avais lu le pont sur la Drina, plusieurs recueils de nouvelles d'Ivo Andrić et des romans d'
Ismaïl Kadaré. J'ai procédé de même pour m'immerger en Russie, en Chine, en Turquie. Les grands auteurs passés et présents ne manquent pas. Leur lecture laisse des impressions bien plus fiables, plus profondes et durables que la prose des éditorialistes prisonniers du commentaire urgent de l'actualité.
Après la richesse du cinéma iranien, je viens de trouver une nouvelle porte pour voyager en Iran.
Debout sur la terre de
Nahal Tajadod . C'est une magnifique découverte que l'oeuvre de cette écrivaine, romancière, traductrice – notamment des poèmes d'
Abbas Kiarostami -, vivant en France depuis la fin des années soixante-dix.
Persanophone, de culture française, docteure en chinois, elle pratique trois systèmes d'écriture, l'alphabet latin, l'arabe et le chinois, ce qui lui a permis d'étudier les rapports historiques entre la Perse et la Chine. Elle est également une spécialiste du bouddhisme et du christianisme en Iran, ainsi que du poète perse Rûmî. Ralentir, femme puissante.
Dans
Debout sur la terre, sa plume est toujours alerte, légère, précise, sensuelle et agile. Jamais futile. Avec grâce, elle passe du poétique au lyrique, de la tendresse à l'incisif. Surtout, traitant des tumultes de l'histoire en Iran, elle n'oublie jamais l'importance de conserver humour et sens de l'ironie.
Magnifique roman !