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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est une épopée iranienne qui parcourt le XXème siècle, tambour battant en 448 pages.
C'est en une seule journée, de neuf trente le matin à vingt et une heure trente le soir, que le réalisateur Fereydoun Sardari va nous faire découvrir l'Iran d'hier et d'aujourd'hui, grâce à son rendez - vous avec un certain Monsieur V. qui veut le rencontrer pour adapter sa biographie sur Victor Hugo en série pour la télévision.
Un peu à la façon d'une pièce de théâtre, l'immense demeure de Monsieur V. va servir de décor à un scénario un peu vaudevillesque : Un monsieur V. introuvable, des gens qui rentrent et sortent des pièces à la recherche de quelqu'un ou quelque chose. Au milieu de cette agitation, Feyredoum Sardari attend tranquillement en écoutant les différents personnages qui hantent cette mystérieuse demeure : un jardinier, un électricien, une cuisinière, une joueuse de tennis…. En parallèle, il va regarder les photos qui retracent la vie de Monsieur V., conseiller du Shah d'Iran, en compagnie d'hommes illustres. L'histoire iranienne du vingtième siècle défile sous les yeux de Feyredoum qui va y mêler ses propres souvenirs et surtout sa rencontre avec l'époustouflante Ensiyeh Ilkan, la fille d' Issan Khan Ilkhan chef d'une tribu de guerriers kurdes, éduquée comme un garçon et qui va devenir une auteure reconnue de la société iranienne.
Mon avis : J'ai apprécié ce roman qui nous fait découvrir d'une façon très originale, l'empire Perse d'hier et l'Iran d'aujourd'hui. L'écriture enjouée et l'humour des personnages rendent la lecture de cette épopée aisée. j'ai beaucoup aimé le portrait très réussi de Kohan Banou la nounou kurde d' Ensiyeh, cette femme symbolise l'orient des traditions ancestrales, la gardienne d'un savoir millénaire et Mr Toumanians, le commerçant arménien et sa véritable « caverne d'Ali Baba » !.
J'ai souligné ce passage qui fait un peu écho à notre actualité :

Retrait du voile

A Téhéran, on ne parlait plus que du kashfé hedjab, du retrait du voile. La loi fut adoptée par le parlement. le 7 janvier 1936, jour où Reza Shah devait décorer les lauréats de l'Ecole normale supérieure, il se fit accompagner par la reine et deux des princesses – quel ne fut le choc ! – dévoilées, en tenue occidentale.

La vague était lancée. Pour commencer, les enseignants, les écolières et les épouses des militaires furent contraintes à sortir sans voile. Aucune femme tchadori ne pouvait désormais franchir les portes de l'administration, monter dans les bus, aller au théâtre ou au cinéma, se promener dans les parcs, se faire hospitaliser.(…) (extrait de Debout sur la terre p. 200)

Cette véritable révolution pris fin en 1979 où le tchador fut de nouveau obligatoire…

Nahal-Tajadod.jpg

Nahal Tajadod est née à Téhéran. Elle s'installe En france en 1977 et s'inscrit aux langues O. Elle est l'auteur entre autre d'une superbe biographie romancée du poète Roumi et de Passeport à l'iranienne. (extrait de la 4ème de couverture)




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La couverture de « Debout sur la terre » illustre idéalement le roman de Nahal Tajadod. Un kaléidoscope parcellise en de chaudes couleurs des cercles concentriques. Si le récit commence en avril 1976, le lecteur est entrainé dans l'histoire de l'Iran du XVIIIème au XXème siècle. Les personnages principaux incarnent une oligarchie dominante, sûre d'elle, fascinée par l'occident tandis que le nombreux personnel de maison (un jardinier, un électricien, une cuisinière, une nounou…) s'active à les servir. Ainsi l'auteure brosse une société fracturée où l'inconsciente frivolité des puissants surgit dans leurs conversations, leurs projets. Monsieur V. personnifie cette caste, conseiller du Shah, il est l'auteur d'une biographie de Victor Hugo. La centralité géographique de l'Iran, au coeur du l'Asie Centrale, s'impose dans l'origine des protagonistes : Ensiyeh est kurde , héritière d'un riche domaine du Mazandaran ( situé au nord sur la mer Caspienne). Tandis qu'un jeune réalisateur Fereydoun, proche et amoureux d'Ensiyeh, observe les blocages sociaux. Massoud, l'électricien, représente la conversion du travailleur pauvre à l'appel de la religion islamique, symbole de changements politique et social. le rythme de la narration paraît fragilisé par des ruptures chronologiques .Si la trame historique sert de toile de fond au récit, elle reste secondaire jusqu' aux évènements des années 1970. La narration elle-même paraît décousue ; si les conversations illustrent les états d'âme de l'époque, leur « apport» est inégal. La dernière partie relative à la chute du Shah, à l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeini apporte de la densité au récit. L'établissement du régime islamique, la fuite éperdue des puissants et leur condition d'exilés décrit efficacement la rupture que l'Iran a vécue.
L'avis est donc contrasté, à l'image du roman qui ne laisse pas le lecteur indifférent.
Merci à Babelio ( à l'opération Masse Critique ) et aux Editions Zelma pour cette découverte.
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« Debout sur la terre » est un conte épique qui raconte avec brio comment un pays aussi magnifique et riche que l'Iran a pu sombrer dans une révolution islamiste qui persiste encore aujourd'hui.

On découvre d'abord le pays à l'époque du Shah, Mohammed Reza Palavi, et de nombreux retours-en-arrière nous emmènent jusque dans les années 30, à l'époque de la première révolution, celle de l'occidentalisation brutale et forcée lorsque le port des costumes traditionnels est subitement interdit à Téhéran et qu'un peuple non préparé se retrouve contraint à adopter des moeurs qui ne sont pas les siennes.

Au fil des pages, le lecteur découvre trois personnages centraux et emblématiques des différentes populations qui composent le peuple iranien. Il y a d'abord Monsieur V., l'homme du pouvoir, parfaitement occidentalisé. Ensuite, on découvre Fereydoun Sardari, jeune cinéaste frivole qui enchaîne les conquêtes, mène une vie décousue et moderne, bien loin des préceptes de la religion. Ensiyeh Ilkhan enfin est la fille d'un Khan, un chef guerrier grand propriétaire terrien. Très attachée à ses terres et à sa tribu, elle se bat pour préserver ses traditions et son domaine malgré les différentes lois d'expropriation et tout en faisait partie du petit cercle des artistes cultivés de Téhéran. Tous trois font partie de cette société qui avance vers la modernité et bénéficie du formidable essor de l'Iran pré-révolution.

Mais cette société justement, laisse complètement de côté les plus démunis et la masse du peuple. L'auteure nous fait ainsi rencontrer le 4ème personnage clé : Massoud, l'électricien, qui doit faire vivre avec son maigre salaire, sa soeur, sa mère et ses grands-parents, tous entassés dans un minuscule sous-sol. On comprend parfaitement comment cet homme au coeur léger et amateur de feuilletons à l'eau de rose, se rapproche petit à petit des mouvements religieux et fini par complètement adhérer aux préceptes de l'Ayatollah en exil, Khomeini, notamment grâce à l'argent que les islamistes fournissent à ses oubliés du régime du Shah.

La Révolution islamiste prend alors tout son sens. Elle avance et brise au fur et à mesure le destin des trois premiers personnages. Comme une machine que l'on ne peut plus arrêter, on la voit sombrer à son tour dans tous les excès, comme par vengeance, pour s'assurer que plus rien ne subsiste de l'ordre ancien qu'elle a détruit.

Malgré la noirceur des évènements qu'elle décrit, la plume de Nahal Tajadod reste légère, vive, drôle et parfois burlesque. Les personnages virevoltent entre les pages, au rythme d'un récit décousu qui alterne entre présent et passé, suit un personnage puis un autre.

La lecture peut parfois semblée difficile mais le tableau qui se brosse petit à petit sous nos yeux en vaut vraiment la peine. Ce magnifique roman fait partir de ceux qui nous enrichissent et nous offre un nouveau regard sur le monde.

Lien : http://blog.elle.fr/des-page..
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J'aime ce pays mais généralement je trouve les livres qui en parle trop compliqués pour moi. Ceui là est simple : trois personnages qu'on va suivre avant, pendant et après la révolution. L'histoire se lit comme un conte cruel, drôle et poëtique.

Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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J'ai choisi de lire ce livre parce que le résumé de quatrième de couverture laissait présager d'intéressants personnages et surtout une découverte de l'histoire de l'Iran.

Je ne suis pas du tout déçue car ce roman retrace effectivement l'histoire d'une famille et d'un pays.

Je conseille ce livre à tous ceux qui aiment les grandes histoires et apprécient de ressentir la vie réelle d'un pays étranger.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Quand, au-delà des feux de l'actualité, on éprouve le besoin de comprendre l'esprit d'un pays ou d'une culture, il serait dommage de s'en remettre seulement aux articles de journaux, de magazines, aux multiples contributions sur internet. Je préfère chercher un bon roman.
La fiction passant par la plume d'un grand auteur n'a pas son pareil pour rassembler dans une histoire, des sons, des parfums, des couleurs, des paysages, des usages, des traditions, des sensations et des émotions humaines, universellement compréhensibles.
Pour comprendre ce que sont les Balkans, j'avais lu le pont sur la Drina, plusieurs recueils de nouvelles d'Ivo Andrić et des romans d'Ismaïl Kadaré. J'ai procédé de même pour m'immerger en Russie, en Chine, en Turquie. Les grands auteurs passés et présents ne manquent pas. Leur lecture laisse des impressions bien plus fiables, plus profondes et durables que la prose des éditorialistes prisonniers du commentaire urgent de l'actualité.
Après la richesse du cinéma iranien, je viens de trouver une nouvelle porte pour voyager en Iran. Debout sur la terre de Nahal Tajadod . C'est une magnifique découverte que l'oeuvre de cette écrivaine, romancière, traductrice – notamment des poèmes d'Abbas Kiarostami -, vivant en France depuis la fin des années soixante-dix.
Persanophone, de culture française, docteure en chinois, elle pratique trois systèmes d'écriture, l'alphabet latin, l'arabe et le chinois, ce qui lui a permis d'étudier les rapports historiques entre la Perse et la Chine. Elle est également une spécialiste du bouddhisme et du christianisme en Iran, ainsi que du poète perse Rûmî. Ralentir, femme puissante.
Dans Debout sur la terre, sa plume est toujours alerte, légère, précise, sensuelle et agile. Jamais futile. Avec grâce, elle passe du poétique au lyrique, de la tendresse à l'incisif. Surtout, traitant des tumultes de l'histoire en Iran, elle n'oublie jamais l'importance de conserver humour et sens de l'ironie.
Magnifique roman !
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( 01/04/2013 )

Voilà un livre qui montre qu'un bon auteur peut tout autant vous captiver avec une histoire à raconter que par la transmission de l'essence d'une époque historique.

L'histoire d'Ensiyeh m'a emportée mais c'est surtout l'Histoire de l'Iran au moment de la chute du shah qui m'a captivée!! Nahal Tajadod a cette intelligence de prendre distance que pour saisir l'essence de ce moment avec un oeil à la fois extérieur et intérieur qui nous livre la montée vers le croisement de son Histoire et ensuite vers le choix que nous connaissons, l'Iran et son peuple bien plus riche que ce que la télévision nous en montre!

Il n'y a pas un Iran mais des Irans. Il n'y a pas un peuples mes plusieurs ethnies qui ont été en un moment donnée la fierté du régime. Seulement le contact avec le monde occidental est venu tout chambouler! Venant casser les croyances, les mythes, les pratiques et les fiertés de chacun pour les mouler dans une nouvelle forme de penser... Ce fut la naissance d'une fracture profonde avec une frontière qui va séparer ceux qui ont vraiment accès à ce changement même s'ils ne le comprennent pas toujours et qui généralement vivent dans une opulence indécente et les autres. Ces derniers ont résisté aux changements qui leur demandaient d'oublier leur appartenance à un groupe, une histoire et qui dès lors étaient mis au ban de la société, voir même maltraité... le tout ne pouvait que créer un cocktail molotov prêt aux changements! Mais qui dit changement ne dit pas toujours le sens qu'il va prendre....
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