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Citations sur Dans l'oeil du démon (22)

Sonomura avait parlé d'un ton étrangement calme et tranquille.
Son flegme, voilà qui me faisait douter de l'état mental du bonhomme. Il en était encore au milieu de ses explications quand je fus pris de palpitations d'effroi. Non, mais tu n'es pas un peu malade de parler sérieusement de ce genre de choses ? Tu es devenu fou ou quoi ? J'étais si inquiet pour lui, j'avais si peur que cela lui arrive un jour, que dans un instant de panique le mot avait tout à fait pu franchir mes lèvres.
Sonomura vivait en décadent, ce que lui permettaient sa fortune et son oisiveté. Ces derniers temps, lassé des loisirs ordinaires, il montrait une passion coupable pour le cinéma et les romans policiers, ce qui l'amenait à passer le plus clair de son temps dans son imagination, dans un état de mutisme proche de l'hébétude. Nous voilà bien, me dis-je alors que se dressaient tous les poils de mon corps, à force de tirer sur la corde de son imagination, sa démence s'est déclenchée.
J'étais son seul véritable ami, ses parents n'étaient plus de ce monde, il n'avait ni femme ni enfant. Riche à centaines de milliers, sa vie était solitaire au point que, s'il devenait fou pour de bon, il ne se trouverait personne d'autre que moi pour le prendre en charge. Éviter autant que possible de le froisser et donc achever mon travail le plus vite possible pour me rendre auprès de lui, c'était la moindre des choses que je pouvais faire pour lui.
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La femme restait dans la même position, les yeux baissés. Et l'homme, debout comme un piquet, le regard fixé sur elle. Dans le silence nocturne, lourd comme une eau au repos, les prunelles de l'homme semblaient la seule chose vivante. Ces prunelles dévoraient la zone autour de la poitrine et des genoux de la femme et rien d'autre. Des mouvements d'yeux pour le moins étranges, comme s'il était en train de réfléchir à l'endroit où positionner son appareil. Pour en avoir le coeur net, je revérifiai le point exact sur lequel le regard de l'homme déversait son poison brûlant.
Mais j'eus beau vérifier, j'eus beau conjecturer, ce regard ne cessait de divaguer entre la poitrine et les genoux de la femme. Ce n'est pas tout. Alanguie sur le tatami, la femme avait conscience de ce regard sur son corps. Cela du moins expliquait l'apparition d'une certaine tension au niveau des coudes, et de ses mains qu'elle avait déplacées sur ses genoux comme pour effectuer un travail de couture, car elle tripotait quelque chose entre ses doigts. En effet, je remarquais maintenant quelque chose sur ses genoux, quelque chose de noir qui avait commencé à prendre de l'importance et semblait s'étendre devant elle, dans son ombre, une chose qui débordait maintenant jusque sur le tatami...
Mais... n'était-ce pas un homme, là, la tête posée sur les genoux de la femme ?
À peine m'étais-je fait cette réflexion... Soudain, avec la vibration tellurique qui accompagne l'action de traîner un corps excessivement massif, la femme se retourna face à l'appareil photographique. Sur ses genoux était posée la tête d'un homme, couché sur le dos, mort.
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Sonomura ne faisait pas mystère des troubles mentaux qui se transmettaient dans sa famille et je savais depuis longtemps la véritable mesure de raison et de folie qu’il y avait en lui. Son degré de « je fais ce qui me plaît », aussi. C’était donc en parfaite connaissance de cause que je le fréquentais. Mais ce matin-là, comment ne pas être effaré au coup de téléphone que je reçus de sa part. Cette fois, il était devenu fou, cela ne faisait plus aucun doute. La montée de sève de ce mois de juin maussade et étouffant – et l’on dit que c’est la période de l’année où se déclarent le plus grand nombre de maladies psychiatriques – avait dû lui porter au cerveau. Il fallait au moins cela pour expliquer ce coup de fil, et je le pris pour un fait acquis.
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Son chignon à la shimada était si lustré, les ailes de ses tempes nettes et gonflées comme la poitrine d'un oiseau, qu'on aurait pu croire qu'elle venait de se coiffer. Son chignon de derrière était si vif et engageant qu'il donnait presque envie de tendre la main pour le caresser, et sa courbe parfaite, sans un seul cheveu fou, d'un noir lumineux, pouvait faire croire à une perruque.
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Jour après jour, la relation entre Sonomura et Eiko ─ tel était le nom qu'elle se donnait ─ avait donc pris de l'ampleur et de la profondeur. Quand je passais chez lui à l'improviste, il était généralement absent. Mais je les vis à plusieurs reprises ensemble dans une voiture, dans une loge au théâtre, ou se promenant main dans la main à Ginza. Chaque fois, elle portait une tenue différente, un jour en yukata tissé-teint, manteau haori sur les épaules, un autre jour les cheveux noués comme une actrice avec une capeline, une autre fois encore en chemisier occidental de lin blanc et bottes à talons hauts. Sa beauté restait inchangée, mais selon les jours, l'expression de son visage pouvait être à ce point différente qu'on aurait pu croire une autre personne.
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Les lourds nuages de la saison des pluies qui allait commencer assombrissaient un bonne partie du ciel, laissant le reste à quelques étoiles ensommeillées.
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Mon principal étonnement, plus exactement, me vint de l'extraordinaire beauté de sa silhouette. Si jusque- là toute mon attention était accaparée par le crime, quelle ne fut pas ma stupéfaction en apercevant son visage!
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Je n'ai nul besoin d'un ami incapable de comprendre ce qui me fait vivre.
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Il aimait à répéter que "la geisha authentiquement belle est une vue de l'esprit"
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- Ce ne sont pas des choses à dire à haute voix au téléphone... Qui tuera qui, je l'ignore, d'ailleurs, je ne peux pas te donner les détails au téléphone. Mais il se trouve que j'ai appris que cette nuit, en un certain lieu, pour une certaine raison, une certaine personne va en assassiner une autre. Un crime qui ne me concerne en rien, cela va sans dire, je n'ai donc aucunement la responsabilité d'agir, ni pour l'empêcher, ni pour le dénoncer. Je souhaite simplement assister à la scène en secret. Or, si tu viens avec moi, d'abord je me sentirai plus à l'aise, et puis n'est-ce pas plus intéressant que de rester à la maison à écrire des romans ? (p. 8)
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