Un amour insensé

L'amour a-t-il un sens ?
Ce Jôji Kawai, ingénieur de trente ans qui s'entiche follement de la si jeune Naomi aime-t-il ? Ou est-il pris par cette folie des sens et de la raison qui finit par le perdre ?
On a tendance à évoquer le masochisme de Jôji car Naomi qu'il veut façonner, modeler à l'apparence d'une jeune occidentale le bafouera, l'humiliera en se comportant comme une prostituée.
Mais est-ce bien du sadisme de sa part ? Se venge-t-elle de s'être laissée épouser pour sa beauté et sa jeunesse ou se livre-t-elle à toutes ses passions par ennui, goût de lucre ?
Jôji aime-t-il ou se livre-t-il à une sorte de fétichisme sur la personne de cette adolescente qu'il apprête et manipule comme une poupée qui ne fait au fond qu'exprimer son autonomie et sa liberté. Naomi...Pinocchio ? Une poupée qui devient chair et vit hors de l'emprise de son créateur ?

Ce roman de Tanizaki est fort complexe et si l'on veut en plus y voir une dimension allégorique, le Japon s'offrant à l'Occident comme Naomi à ses amants, il offre matière à bien des questionnements.

Une légère critique toutefois, son étirement et l'insistance morbide de l'auteur sur les retournements répétés et bien prévisibles de son piètre héros.

"Un amour insensé" ou quand la passion vous empoisonne, vous emprisonne et vous dévore.
Jôji, ingénieur de trente ans, peu sûr de lui, tombe sous le charme de la beauté de Naomi, jeune serveuse de 15 ans. Il devient d'abord son pygmalion puis l'épouse.
Mais la jolie Naomi est rusée, cruelle, infidèle, dépensière, fascinée par l'occident et sa modernité . Elle exerce un pouvoir érotique sur Jôji, complètement soumis qui pardonne tout.
Malgré la personnalité machiavélique de Naomi, je n'ai pas vraiment ressenti de compassion pour Jôji, trop faible, submergé par ses désirs, facile à manipuler. Il a le choix de mettre fin à cette relation destructrice mais il s'y accroche et s'y complait.
...Bon, finalement il n'a que ce qu'il mérite. (sourire)
Une chronique facile à lire, sur une vie conjugale peu tranquille.
Dans ce roman, Tanizaki s'interroge également sur le passage des valeurs traditionnelles à une occidentalisation à l'excès.

N'étant pas très friande d'histoires d'amours passionnées et destructrices, je n'ai pas été conquise par ce roman. J'ai eu une envie de distribuer des claques au narrateur tant il est faible face à sa femme et à ses résolutions.
Attention, je vais parler de la fin :
On est même content de la fin, puisque le narrateur finit par n'avoir que ce qu'il mérite : une femme qui le trompe sans cesse, le tient à distance, le méprise et ne reste manifestement que par intérêt financier. Cette femme, malgré sa beauté et ses toilettes recherchées, n'est absolument pas la femme élégante, pure et raffinée dont il rêvait en se mariant. Et même s'ils finissent par fuir Tokyo, on peut se douter que leur entourage est aussi médisant à leur propos que ne l'était le premier cercle d'amants de Naomi.

Quelqu'un plus bas a parlé de Belle du Seigneur, c'est moi aussi un ouvrage qui m'est venu à l'esprit en lisant Un amour insensé.

Néanmoins, le style est fluide et agréable, sans trop de longueurs, et le témoignage du quotidien au Japon des années 20 est intéressant.

Kawai, âgé de 27 ans, rencontre dans un bar à hôtesse une jeune fille de 15ans réservée appelée Na-o-mi. Passionné par la culture occidentale, il est charmé par l'apparence physique et par ce prénom original qui lui rappellent les actrices européennes ou américaines. Il décide donc de subvenir de ses besoins et de l'instruire afin qu'elle réponde à son ambition de devenir une femme distinguée et intelligente. Mais peu à peu, les relations deviennent de plus en plus intimes et le couple finit par se marier. Pourtant, Naomi développe un caractère de plus en plus capricieux et futile, tandis que Kawai est totalement envoûté par sa beauté. Leurs relations vont devenir de plus en plus complexe, faites de manipulation et de mensonge.
Une très étrange histoire où homme, amoureux fou, perd peu à peu toute fierté et estime de soin face à une femme immature et manipulatrice. On espère tout au long du récit que Kawai va pouvoir ce défaire de cet enchantement, mais Naomi se révèle être une redoutable stratège, sûre de la passion de Kawai pour elle. le récit ne manque pas d'humour voire de dérision, mais en même temps cette histoire d'amour malsaine interroge. Jusqu'où peu-t-on aller par amour? Qu'est ce qu'on peut accepter de l'autre? Comment vivre un amour absolu? Cette histoire montre l'évolution d'un homme, où l'amour mêlé à la manipulation, le détruit peu à peu. C'est très bien construit, la tension est de plus en plus intense et le denouement est surprenant. Pour autant L'écriture est toujours très agréable à lire, vivante, dynamique mais j'avoue avoir été de plus en plus exaspérée par cet homme qui accepte tout jusqu'à perdre son honneur, son argent et tout discernement. Enfin aujourd'hui, cette relation entre un adulte et une enfant, ainsi que cette volonté de modeler une personne selon ses propres envies sont particulièrement malsaines. Malgré que Tanasaki soit un auteur que j'affectionne, j'ai un avis mitigé de ce roman.

La lecture de cet ouvrage est intéressant d'un point de vue historique car il plonge le lecteur dans le Japon des l'entre-deux-guerres avec son urbanisation croissante, la montée des classes moyennes et du consumérisme.

Toutefois quelle histoire ! L'adjectif « insensé » attribué à cet amour est parfaitement choisi ! Naomi est le diable incarné : venimeuse, sans scrupules, dépourvue d'amour et Jôji est l'incarnation même de la stupidité et de la faiblesse de la chair. La fin de l'histoire laisse un goût franchement amer...
Nos émotions sont chamboulées entre colère, pitié et épuisement. L'auteur a réussi son coup en tout cas !

Un homme, ingénieur de 25 ans, rencontre une serveuse de 15 ans dans un café. Il décide de lui offrir la possibilité d'étudier l'anglais et le chant afin qu'elle devienne une japonaise occidentalisée et que cette transformation soit son oeuvre.
Il est très intéressant de voir le processus de l'occidentalisation de cette jeune femme et de l'impact sur son devenir. Ce qui se passe en Chine présentement doit ressembler beaucoup à ce qui est décrit dans ce roman.
Malheureusement pour lui, il ne sait pas, au départ, ce qu'il l'attend.
- « Quand on n'a plus confiance en soi, c'est sans remède ».