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C'est dingue, je me suis laissée embarquer dans cette histoire, violente et cinglée, avec cette équipe de fous furieux de tous bords. Ils sont tous malades, et pourtant il y a quelque chose qui supplante la folie ambiante. La volonté de réussir : tuer pour certains, sauver pour d'autres. C'est un livre très bizarre et qui emporte dès les premières lignes car les dialogues sont piquants. Tout est insensé, même les chaises si hautes qu'elles vous font paraître nabot… c'est dire si on en perd ses repères. D'ailleurs les vrais toqués ne sont-ils pas en liberté, autour de nous ? Mince, j'en suis..? sûrement.
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Ô mystérieux, Ô poétique et accrocheur est le titre. le scénario est plus classique alliant poursuite, flingues et finitude de la vie. Un roman qui se veut fidèle au genre mais les personnages sont assez originaux.

Un jeune et riche architecte, Michel Hertog, recrute Julie une jeune babysitter pour garder son pénible neveu orphelin. Ce qui étonne c'est le lieu où il la recrute: parmi les patients d'une clinique psychiatrique.
Et la philanthropie du bonhomme n'a pas de limites: tout son personnel présente un handicap avec une cuisinière atteinte de troubles neuros, une secrétaire muette, un conducteur boiteux...
Ce recrutement loufoque s'accompagne de tueurs aux trousses, de qui vous saurez, présentant des troubles bien plus inquiétants.

La fin est attendue, l'on se doute de l'organisateur de ces choses sensées nous échapper. Mais ce n'est pas si grave.
Les descriptions de la poursuite dans la nature hostile, tout en étant magnifique, du Massif Central, sont une des réussites.
Tout comme le style de mon premier Manchette. Percutant.
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Michel Hartog a hérité d'une fortune colossale à la mort son frère et de sa belle-soeur. L'homme a la réputation de faire le bien. Par exemple, le personnel de sa propriété cossue de Neuilly-sur-Seine n'est composé que de personnes en situation de handicap. Et lorsqu'il doit embaucher une nouvelle nounou pour son neveu, un garçon dénommé Peter, il va la chercher à la sortie d'un hôpital psychiatrique. Julie y a passé cinq années. Sans liens familiaux, de condition modeste, elle est surprise par le luxe qui s'offre à elle. Ses premiers contacts avec ce garçon gâté et capricieux sont compliqués. Elle décide un matin de l'emmener au parc. Après quelques minutes, la nurse et l'enfant sont kidnappés par trois individus patibulaires. Qui sont ces mystérieux ravisseurs ? Ont-ils un lien avec l'ennemi de Hartog qu'elle a croisée à son arrivée dans l'hôtel particulier ? C'est le début pour Julie et Peter de périples qui vont les mener aux quatre coins de la France…

Une jeune fille déséquilibrée et un enfant capricieux poursuivis par toutes les polices de France et un tueur à gages accompagné de deux hommes de main…. Qui est leur commanditaire ? L'histoire est chargée d'action avec des scènes qui rendraient parfaitement au cinéma. Je pense au prologue mais aussi à la pétarade du Prisunic ou la scène finale dans la Tour au Maure… Cette intrigue animée est servie par une écriture travaillée et nerveuse. L'histoire n'a pas pris une ride si ce n'est quand l'auteur mentionne des modèles de voitures : Ford Capri, Renault 4 & 16, Simca 1500, DS, etc. Et Manchette s'est amusé à citer le titre de plusieurs quotidiens ou hebdomadaires au cours du récit. Je ne sais pas s'il l'a fait par jeu ou après avoir perdu un pari...
Le roman est peu politisé. Il y a peut-être une dialectique entre Fuentès, l'architecte fantasque, et Hartog, l'architecte utilitariste, mais il n'st pas aussi marqué que les autres titres. le roman convient parfaitement au format « Série noire » de cette époque : court, rythmé et remuant. Il est agréable à lire mais pas inoubliable.
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"Ô Dingos, Ô Châteaux": Grand Prix de la Littérature Policière 1973.

En 1975, Yves Boisset, sous le titre "Folle à tuer", réalise une adaptation cinématographique de "Ô Dingos, Ô Châteaux", un néo-polar de Jean-Patrick Manchette paru en 1972 dans la mythique Série Noire.

le titre du film, "Folle à tuer", dévoile plus l'intrigue que ne le fait celui, pour le moins énigmatique*, du roman initial. Ce sont bien de tentatives d'assassinats dont il s'agit, celles perpétrées sur Julie Ballanger, une jeune nurse et sur l'enfant dont elle s'occupe. C'est une jeune fille ordinaire et solitaire, en rupture légale de clinique psychiatrique, qui vient de contrecarrer un kidnapping d'enfant et de prendre la fuite en sa compagnie.

Sans passer par la case Police, s'engage une longue traque sanglante.

Un huis clos tripartite se dessine:
_le tueur à gages à ses trousses, froid, distant, colérique, psychopathe;
_les proies, traquées, apeurées mais déterminées à survivre;
_le(a)(es) commanditaire(s), dans l'ombre, aux aguets.

La police est en background lointain, n'apparaît que succinctement via les faits divers des journaux. Sa quasi absence place le roman en terre de Polar.

Le style d'écriture est minimaliste, empreint du "comportementalisme" cher à Manchette: les actes expliquant à eux seuls les psychologies, décrire les secondes devient inutile. L'intrigue ainsi dynamitée, s'ancre davantage dans les péripéties et les coups de théâtre. L'action est omniprésente, il n'y a plus de temps mort. le Polar devient ainsi Néo-Polar à la Française.

Une nouvelle fois chez Manchette, le personnage principal prend la fuite sans vraiment s'expliquer son geste**, sur une simple impulsion de survie. La raison n'est plus de mise, l'instinct seul parle. Réfléchir et se rendre aurait été la seule solution. Tout au plus, mais c'est discret, entrevoit t'on une explication psychiatrique dans son aversion pour les forces de l'Ordre. Résurgence d'un passé enfui ? Manchette ne donne que peu d'informations sur le sujet, se contente du fait. Et le lecteur de faire avec...

Julie fuit et tue ceux qui la traquent; fait passer un sale quart d'heure à ceux, pourtant innocents, qui croisent son chemin mais l'entravent.

Seul subsiste cet enfant à sauver. Peu importe les raisons qui la guident sur un chemin qui ressemble à une rédemption. Julie avance en anti-héroïne que seules les circonstances guident, obstinée à survivre, comme attirée par un règlement de compte entre elle-même et la soi-disant normalité des autres.

La victime et son poursuivant dans les premiers rôles, l'architecte philanthrope et son neveu kidnappé dans les seconds, les sbires du tueur en arrière-plan: un casting serré se met rapidement en place. Il est manichéen et archétypal. Si ce n'est que la démarcation bien/mal glisse, comme une plaque tectonique le fait, de la gentille névrosée sortant de clinique psychiatrique vers encore plus malade qu'elle: trois tueurs à gages implacables, fous dans leurs têtes, le flingue comme une extension corporelle innée, le décès de la cible comme une finalité que rien ne doit contrarier. Comme dans "Le petit bleu de côte ouest", les marginaux et les déclassés font ce qu'ils peuvent face à plus dérangés qu'eux.

Paru en 1972, "Ô Dingos, Ô Châteaux" s'inscrit dans son époque, la dernière décennie des trente glorieuses florissantes, en traitant à sa manière le thème du consumérisme. Une des scènes sanglantes, sans doute la plus marquante, prend place dans un haut lieu de la société de consommation: le supermarché. Tout y sera saccagé, brûlé, rendu à l'inutile; de la même manière que dans "Le petit bleu de la côte ouest" une station service détruite se fera l'écho des toutes proches crises pétrolières.

Manchette n'hésite pas, dans son minimalisme de style, à lister les objets design du quotidien, la réalité s'y renforce. L'auteur ne décrit pas les voitures et les armes mais les cite simplement (et complaisamment).

Un exemple du minimalisme d'écriture utilisé par Manchette. Une partie de l'action se déroule sur un axe routier entre Saint-Etienne et Roanne: Montbrison, Feurs, Boën. Il se trouve que je connais bien. Manchette ne décrit rien, mentionne seulement des noms de villes, d'hôtels, de bistrots; parle des petits ponts du centre-ville historique montbrisonnais, du gros marché du samedi matin qui y a lieu.
.... déception. Mais il faut reconnaître que quand peu suffit pourquoi alourdir.

Manchette taille sa prose dans des phrases simples, apparemment peu travaillées; mais ses mots ont été soigneusement agencés pour le maximum d'efficacité. Les personnages sont allégés de leurs mécanismes psychologiques internes, le lecteur ignore ce qu'ils pensent mais de ce qu'ils font déduit ce qu'ils sont. L'auteur se fait volontiers représentant en images-choc, flashs rapides, en déroulés cinématographiques; la BD (Tardi, Cabanes ...) et le cinéma ("Nada", "Trois hommes à abattre", "Laissez bronzer les cadavres"...) y ont trouvé leur compte.

* le titre semble être un emprunt à une poésie d'Arthur Rimbaud:
"Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?..."
On peut trouver un semblant d'explication dans la 4 de couv. de la réédition en "Carré noir" de 1975:
"Par les monts et les routes, fuyaient Julie la folle et l'enfant menacé d'un bien bizarre kidnapping. Dans la tête de Julie, des souvenirs d'incendies, de fusillades. Au coeur, un espoir: découvrir le château fabuleux où l'attendaient la délivrance et le repos. Mais les trouverait-elle ? Savait-elle, Julie la pitoyable étoile de ce ballet macabre, que les autres danseurs étaient bien plus fous qu'elle ?"

** Cf le comportement troublant de Gerfaut, le héros de "Le petit bleu de la côte ouest"
Lien : https://laconvergenceparalle..
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"J'ai fini La Proie Facile" [titre initial de ô dingos, ô châteaux ] "En tout cas, j'ai écrit la dernière ligne. Avant relecture et corrections, je n'en suis pas satisfait dans l'ensemble. J'ai manqué le personnage central - Julie - parce qu'il ne m'intéressait guère. Pour la même raison, j'ai manqué les rapports Julie/Peter et appauvri les rapports de Julie et des autres personnages. J'ai dû modifier ma construction au milieu du gué, renforcer le personnage de Thompson, recourir à de grandes outrances à son sujet dans la dernière partie et organiser une véritable boucherie dans les 20 dernières pages. Il reste que j'écris bien - du moins au dire de Mélissa - et que le bouquin devrait tenir en l'air grâce au style. A l'avenir, toutefois, il faudra pondre des scénarios plus soigneux, très précis."

Jean-Patrick Manchette ( Journal, jeudi 18 novembre 1971)
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Manchette JP. ô dingos, ô chateaux ! 1972. Gallimard 1972. 4,5 étoiles.
C'est l'histoire d'un petit garçon et de sa bonne fée…sortie d'un asile psychiatrique.
L'auteur ne dévoile le moteur de l'intrigue qu'au chapitre 34 (les chapitres sont très courts).
Mais la tension reste soutenue jusqu'à la fin (chap 41 !).
Beaucoup d'humour et de suspense. Des personnages attachants, les bons et les mauvais (qui en souffrent).
Un roman sur l'effet du hasard sur le destin (de la chance pour les personnes dénuées d'égoïsme).
Manchette JP. ô dingos, ô chateaux ! 1972. Gallimard 1972. 4,5 étoiles.
C'est l'histoire d'un petit garçon et de sa bonne fée…sortie d'un asile psychiatrique.
L'auteur ne dévoile le moteur de l'intrigue qu'au chapitre 34 (les chapitres sont très courts).
Mais la tension reste soutenue jusqu'à la fin (chap 41 !).
Beaucoup d'humour et de suspense. Des personnages attachants, les bons et les mauvais (qui en souffrent).
Un roman sur l'effet du hasard sur le destin (de la chance pour les personnes dénuées d'égoïsme).
Un auteur excellent à (re-)découvrir pour notre plus grand plaisir.
Lire aussi le jouissif « Laissez bronzer les cadavres ». Un polar brutal et désopilant car « new age peace and love - 1968» :
https://www.babelio.com/livres/Manchette-laissez-bronzer-les-cadavres-/37495/critiques/3549955

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Manchette Jean-Patrick (1942-1995) – "Ô dingos, ô châteaux !" – Gallimard / Folio-policier, 2018 (ISBN 978-2-07-042296-8)
– réédition du roman publié en 1972.

Un roman qui, à sa sortie, connut un succès considérable. La trame du récit est portée par le thème de la traque : Julie (qui était soignée dans un asile psychiatrique moderniste – mais on avait déjà plus le droit d'appeler ça de cette façon), doit fuir pour sauver l'enfant qui lui a été confié. Elle est poursuivi par un tueur professionnel (et ses séides), embauché par on ne sait qui, ayant pour mission d'assassiner l'enfant. Elle traverse le pays en croyant trouver un havre de tranquillité au bout de sa route...

L'intrigue est incontestablement bien menée, soutenue par cette traque incessante.

Pour le reste, le roman présente certaines faiblesses, à commencer par la complète invraisemblance des situations : le tueur est victime de maux d'estomac de plus en plus virulents, Julie se tire athlétiquement de situations improbables, les personnages sont caricaturaux. Mais bon, la mécanique fonctionne pour les amateurs de ce genre littéraire.

Ce roman comporte au moins deux aspects qui feront date.
D'abord, la mise en scène détaillée de scènes de violence et de cruauté abondamment décrites : à l'époque de la parution, c'était un phénomène relativement nouveau pour des textes de large diffusion publique ; depuis, c'est devenu une véritable mode, et l'escalade ne cesse d'empirer. Dans une société aussi aseptisée que la nôtre, un certain public semble apprécier d'étancher ses soifs sanguinaires dans ce type de récits (sans parler des jeux vidéo et autres spectacles mis à disposition de la jeunesse le plus tôt possible).
Ensuite, la mise en scène de personnages complètement déjantés, complètement "hors norme", littéralement sans foi ni loi, dépourvus de tout vernis moral, ne poursuivant que leurs objectifs personnels sans aucun scrupule, sans aucun recul, leur horizon se limitant à eux-mêmes.
En tant qu'auteur se proclamant d'extrême-gauche, Manchette met en vedette des "anti-modèles" très vilains et tout plein méchants, mais l'héroïne Julie vient assurer le contrepoint, dans une posture un peu à la zorro, tout de même assez peu convaincante, en tout cas plutôt caricaturale.
Cela tient un peu du conte de fées, revu à la sauce thriller.

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A lire et a relire, l'intrigue semblera un peu désuète (roman écrit en 72) à l'heure d'internet, des smartphones et des chaines d'info en continue, mais c'est ce roman qui m'a vraiment fait adorer le polar, c'est lui qui m'a fait basculer du côté obscur.
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