"L'écriture peut-elle redonner vie à ce qui n'est plus ?"
Les choses les plus importantes sont-elles celles que l'on sait, ou celles que l'on cherche ?
La couleur bleue :
"Je choisis ma robe préférée, une robe de coton bleu. Comme chaque fois que je la mets, je pense à ma mère : dans les rares images qu'il me reste d'elle, je la vois en bleu. ... seulement une grande tâche bleue sur le corps de ma mère. Un mouvement bleu qui avance vers moi ...Me suis-je endormie avec ce bleu au creux de moi ?"
"Alors nous nous étions baignés, tous les jours, dans cette mer bleue et radieuse qui nous apaisait...
... J'ouvrais les yeux, juste un instant, et j'apercevais le ciel au-dessus de moi, vaste et bleu, éblouissant."
... "Je me lève. Voilà, je me lève. Ce n'est pas difficile après tout. Même en robe bleue ce n'est pas difficile."
..."Je viens vers vous. Je n'ai pas changé de tenue : j'ai gardé ma robe bleue."
..."Le ciel est immense, rien qu'à le contempler, il me semble que je pourrai m'y perdre."
...j'enlève ma robe, j'enlève le bleu...
... J'écris sur un cahier bleu, un cahier d'écolier à grosse spirale.
...Les dimensions du tableau doivent approcher les deux mètres sur trois. Je me perds dans la contemplation de ce bleu que rien ne semble pouvoir troubler. Cela ressemble à une image du bonheur
... Je préférais rapporter le bleu vaste, apaisé et éclatant de la mer.
...Le mouvement bleu, flou, fantasmagorique, s'était transformé en une réalité : un corps, des gestes, des paroles, aujourd'hui disparus, mais qui, de manière certaine, avaient existé.
...Il portait une chemise bleue pâle que je ne lui connaissais pas et qui donnait à son visage une douceur singulière.
Tout nous échappe sans cesse, même les êtres qu'on aime. Mais reste la certitude que certains moments ont été ce qu'on appelle le bonheur.
Si un jour j'aimais un homme, s'il venait à disparaître, je sais bien que ma mémoire peu à peu nous trahirait, qu'elle effaceraient des images, des instants, des paroles. Mais moi, je n'effacerai rien. Tant que les traces seront là, je viendrai les contempler. Je m'en émerveillerai.
Est-ce que la vie est une histoire ? La vie se nourrit de rêves, les rêves nourrissent la vie. Quel est le premier rêve, quel est le dernier rêve ?
Je m'appelle Alice Grangé. J'ai trente ans. Je cherche ma mère.
"Les enfants savent tout très jeunes. Ils savent la gravité, la peur, l'abandon. Ils savent le bonheur, aussi ; la plénitude. Plus tard, l'expérience ne fait que confirmer les manques et les promesses."
Il n'y a rien à dire face à la mort. Les mots, tous les mots, sont impuissants : aucune parole, aussi douce soit-elle, ne peut grand-chose face à l'absence soudaine.
On peut être perdu mais garder la possibilité d'un refuge. Ne plus pouvoir se réfugier, c'est se perdre indéfiniment. C'est être dans l'errance.