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Citations sur Roissy (75)

"Pour la nuit j'ai un bon plan si tu veux, et vaudrait mieux que tu dises oui parce qu'ils finissent toujours par les repérer les comme toi."
L'avait-il su par Liam, son frère à moitié dingue qui, lorsqu'il est en crise, voit parfois tout du passé ou de l'avenir d'une personne ? Par Joséphine, qui, bien qu'obèse, trouve la force de sillonner, matin et soir, les aérogares, observant tout, voyant tout, au point que l'oeil de Dieu ne ferait pas mieux qu'elle, ou alors par lui-même, Josias, un de ces jours de dispute avec les siens, où pour se calmer, il lui faut faire sept fois le tour des terminaux, sans discontinuer ?
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Mais comme tétanisé il n'avance plus. Dans un fracas proche de la nuit, l'avion s'apprête à toucher terre. Je me retourne, lui crie une seconde fois de me rejoindre. Il faut qu'il voie cela, qu'il entende cela, ce moment précis où les roues, dans un vacarme assourdissant, heurtent de plein fouet le sol et où la terre, sous les pieds, tremble, explosion du monde, furie du monde, la terre, nos corps, le chagrin de nos corps, percuté, scindé, freins, crissement des freins, gerbes de neige qui s'élèvent dans tous les sens. Ce que je l'aime, ce tumulte furieux...
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[Dans la rue] pas un jour sans être passé à tabac soit par les flics, soit par des voyous, par d'autres SDF. Sans parler du froid et de la faim qui lui tenaillaient le ventre. Comme tous, en débarquant ici [à Roissy], il a pensé la même chose : le paradis !
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Cette fois, tu m'écoutes, hein ?
A peine entré dans la boutique, un Asiatique, quarante, quarante-cinq ans, en partance pour Hong Kong, désigne le Château Petrus millésimé 1985. Thierry lui annonce la couleur : 1990 euros. Le passager réfléchit pas plus de trois secondes, répond que c'est parfait. Thierry demande si c'est pour un cadeau, et là, le type l'arrête, 1990 euros, c'est pas assez, il lui reste un peu plus. Il sort alors une liasse de billets qu'il se met à compter. Allez hop ! Va pour un Château Yquem 1996 ! Le type paie, et là, c'est le bouquet ! Juste avant de sortir, il se retourne et confie, tout heureux : "C'est pour ma soeur, elle adore le bon vin pour faire ses vinaigrettes." Elle est pas juste incroyable, celle-là ?
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Une à deux fois par ans, Emmaüs propose un 'séjour rupture' aux [SDF] permanents de l'aéroport avec l'idée de leur faire redécouvrir au vert tous les bienfaits de la vie 'normale'. De ce qu'on m'en a dit, la ferme est immense là-bas, et toute en pierres de taille. Les horaires des repas sont fixes comme ceux du lever et du coucher. La douche est obligatoire ainsi que les activités.
[...]
Dans le bus qui les ramène à l'aéroport, l'idée effleure parfois certains de revenir 'à la surface'. Ravis, les gars d'Emmaüs promettent aux volontaires quatorze mille aides. Peine perdue. Sitôt qu'ils sont revenus sur le site, les souvenirs des odeurs de pommes et des bonnes soupes s'effacent à la vitesse d'un songe.
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«  Marcher .Toujours marcher. Quarante - huit heures sur place ont suffi pour que j’intègre l’information .Marcher, oui.Sans cesse. Seul moyen de ne pas se faire repérer par l’un des mille sept cents policiers affectés à la sécurité ou par l’une des sept cents caméras qui, vingt- quatre heures sur vingt- quatre, filment les allées et venues de tous. Marcher, aller d’un bout à l’autre des aérogares , revenir sur ses pas »..
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Je reste encore un long moment à regarder le flot des passagers. J'imagine leur vie, leur métier, leur invente des destinées que j'aimerais coucher sur le papier, ce que je ne ferai pas par superstition, comme si écrire sur eux pourrait influer le cours de leur existence.
Tout est si confus en moi. Pour rien au monde, je ne voudrais provoquer un désastre. Le mien suffit.
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Au pas de course, j'atteins la grille qui délimite le bout de la piste, y plaque mon corps.
"Venez Luc"
Dans un fracas proche de la nuit, l'avion s'apprête à toucher terre. Il faut qu'il voie cela, qu'il entende cela, ce moment précis où les roues, dans un vacarme assourdissant, heurtent de plein fouet le sol et où la terre, sous les pieds, tremble, explosion du monde, furie du monde, la terre, nos corps, le chagrin de nos corps, percuté, scindé, freins, crissement des freins, gerbes de neige qui s'élèvent dans tous les sens. Ce que je l'aime, ce tumulte furieux, et lui, comme envoûté, s'avançant enfin, s'accrochant à la grille, pour se mettre à crier son nom : CATHERINE ! tandis qu'en bout de piste, dans un rugissement qui n'en finit pas, le Boeing disparait dans un tourbillon de glace.
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Marcher. Toujours marcher. Quarante-huit heures sur place ont suffi pour que j'intègre l'information. Marcher, oui. Sans cesse. Seul moyen de ne pas se faire repérer par l'un des mille sept cents policiers affectés à la sécurité ou par l'une des sept cents caméras qui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, filment les allées et venues de tous. Marcher, aller d'un bout à l'autre des aérogares, revenir sur ses pas. Tourner en rond, quoi, car ici l'ensemble des modules des terminaux ABCDEF forment un immense 8. Se fondre dans la foule en tournant sans fin pour me protéger des regards.
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Tracer un cercle dans la neige. M'asseoir en son cercle. Dresser tout autour une muraille transparente et rester là, sans plus bouger ni rien ressentir, parce que sentir fait trop de violence ici. Pendant ce temps, le monde brûlerait. Il brûle d'ailleurs, seulement je ne m'en souviens plus. Poser le menton en appui sur les genoux, tracer un deuxième cercle, à l’intérieur de soi cette fois, en retirer toute matière, puis entrer dans ce vide où les avions, les hommes, les petites filles, l’œil des vigiles, les hurlements, sans aucun bruit tournoient. Enfin, ne plus penser à rien, pas même à ceux qui, en ce moment même, face aux portiques de sécurité, vident leurs poches, dociles, et retirent leurs chaussures. Serrer les bras autour des genoux. Éteindre tous les écrans. Ne plus rien voir ni écouter. Plonger à l'intérieur de ce silence où jamais les avions ne s'écrasent, ni les maisons ne disparaissent, et où je m'enfonce à présent... p.196
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