Quel est le rôle de la science-fiction ? Nous divertir me direz-vous, nous permettre d'échapper à notre quotidien le temps de la lecture mais pas uniquement, la science-fiction a toujours été un genre réputé pour questionner, pour interroger l'avenir de l'humanité, ses choix et nous faire prendre conscience de nos égarements. L'ouvrage dont je vous parle aujourd'hui en est l'exemple parfait.
De manière simple et généreuse l'auteur tente de répondre à l'une des questions que se pose l'humanité depuis des générations. Comment continuer à s'écharper lors de guerres stupides sans pour autant faire trop de victimes humaines, en tout cas dans l'un des camps? La réponse que nous apporte la recherche militaro-industrielle tend vers une mécanisation progressive des corps d'armée, à l'aide de drone et d'avions furtifs pilotés à distance.
Mais l'auteur a désiré imaginer une réponse différente. À partir d'un postulat peu probable, Dieu merci, il brode un récit touchant qui brasse de nombreux thèmes bien connus par les objecteurs de conscience, l'humanité et sa tendance à l'ethnocentrisme, et d'autres plus actuels tels que notre relation aux nouvelles technologies et les intelligences artificielles plus particulièrement. Si le récit reste optimiste quant au sort de nos protagonistes il reste réaliste sur la nature humaine, toujours aussi imprégnée de cupidité et de désir de destruction.
Toute l'intelligence du récit est de nous placer dans la tête du personnage de Rex, les personnages humains sont rares et occupent une place secondaire. Tel un enfant à qui on a montré que le pire de l'espèce humaine, Rex va évoluer au fil des chapitres et passer d'outils meurtrier à être humain pensant et capable de ressentir plus de sentiments que la plupart des hommes dit civilisés. On prend plaisir à le voir grandir, son vocabulaire s'étoffe, sa réflexion se complexifie. le fait de suivre la progression de l'intrigue par ses yeux canins et terriblement humain permet de se rendre compte de la complexité des questions soulevées par le récit.
D'abord récit de guerre, l'intrigue bascule rapidement vers un récit à la réflexion plus profonde sans pour autant renier l'aspect divertissement. L'équilibre est maintenu entre scènes d'action et début de réflexion sur notre rapport aux technologies. L'auteur bouscule nos convictions sur l'intelligence et la nature humaine et nous interpelle sur notre capacité à faire face aux défis technologiques qui nous attendent dans les années à venir.
Comme dit plus haut le récit reste optimiste dans son ensemble mais pas simpliste. L'auteur s'attarde sur la complexité de trouver un responsable dans une société mondialisé et dématérialisé et nous rappelle que la célèbre citation de
François Rabelais "science sans conscience n'est que ruine de l'âme” trouve encore une résonance de nos jours.
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