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Dans un futur proche, les humains ont su faire évoluer leurs biotechnologies. Les biomorphes sont des créatures à base animale, mais « améliorées » jusqu'à obtenir de parfaits soldats. Intelligents, obéissants (enfin… apparemment les biomorphes chats, ça fonctionne pas trop de ce côté là), capables de parler, et surtout, de parfaites machines à tuer. Presque littéralement pour le coup, car les biomorphes semblent un mélange d'animaux, d'humains et de technologies.

Le récit nous propose plusieurs points de vue, mais l'un s'avère plus marquant que les autres. Celui de Rex, biomorphe chien qui accomplit ses missions avec rigueur (c'est un bon chien !), et qui s'exprime au présent, à la première personne, dans un langage presque enfantin, ce qui donne l'impression d'un enfant qui écrirait sa journée et ses pensées dans un journal intime. Une narration qui vient apporter un contraste saisissant à l'action : Rex ne conscientise pas ses actes, le maître a demandé, il fait, parce que c'est un bon chien et qu'il veut faire plaisir au maître. Sauf que le lecteur comprend que Rex et son équipe sont des soldats en zone de guerre, et qui dit guerre, dit massacres. Je trouve ce contraste entre la façon de raconter et ce qui est raconté particulièrement efficace, alors même que les récits militaires, c'est pas forcément mon truc (oui, j'adore le Livre des Martyrs et la Compagnie Noire, mais c'pas pareil !).

Rex est le leader de son équipe, probablement en raison justement de cette obéissance naïve. Il est accompagné de Miel, une ourse extrêmement intelligente, au point qu'elle soit capable de réfléchir sur la portée et la moralité de leurs actes, de Dragon, un lézard plutôt indépendant, et Abeilles, qui est probablement mon biomorphe préféré, puisque Abeilles est un essaim (d'abeilles, donc). La narration, et cette équipe de personnages, rendent la première partie intéressante à suivre, mais on réalise assez vite que la dimension militaire ne sera pas le seul propos du livre.

Sans entrer dans trop de détails pour ne pas spoiler, la suite part dans une autre direction, nous proposant plusieurs axes de réflexion. Les crimes de guerre, bien sûr, comment considérer les crimes commis par Rex et son équipe alors que leur conditionnement les a privés de libre arbitre et de sens critique ? Sont-ils réellement responsables ? Comment intégrer de tels êtres dans société ? Faut-il seulement les y intégrer ? Et les biotechnologies, alors, qu'en penser ? Jusqu'où l'humain est-il capable d'aller ? Que devient-on quand on est soudain confrontés à nos erreurs et à la liberté de choix ? Quelle est la frontière entre l'humain et l'animal ? Quel est le PIB du Mexique ?

Au-delà de ces questionnements, l'auteur confronte aussi certains travers de nos sociétés actuelles, telle que les discriminations subies par les « minorités » à travers le traitement des biomorphes, ou encore la cupidité meurtrière des puissants.

Bilan
Si le livre me faisait « peur » en raison de sa catégorisation militaire, cela ne concerne finalement que la première partie du livre, le reste étant plutôt consacré à la réflexion sur l'identité, le libre-arbitre, la moralité etc, ce qui, personnellement, m'a davantage intéressée. Les biotechnologies qui y sont présentées sont à la fois fascinantes et terrifiantes, et malgré leur nature (ou grâce à ?) je me suis vite attachée à ces personnages atypiques qui cherchent leur place. Je n'ai pas tellement de référence puisque je lis peu de SF, mais j'ai beaucoup apprécié cette lecture, que j'ai trouvé originale et très riche dans ses thématiques.
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Dans un futur proche, les hommes utilisent des animaux génétiquement modifiés comme armes de guerre, dont Rex, qui est un bon chien.

Ça commence comme de la SF militaire. Une escouade de biomorphes dirigée par un colonel taré est envoyée en pleine jungle d'Amérique centrale pour lutter contre des guérilleros. On est pas loin du début de Predator, mâtiné d'Apocalypse Now (référence d'ailleurs citée et assumée par l'auteur). le livre quitte toutefois rapidement les champs de bataille et se montre plus subtil que cette entrée en matière virile et velue ne le laisse croire.
Fuite, procès, prison...nous suivons le questionnement existentiel de Rex au gré de son parcours. L'animal prend peu à peu conscience de sa liberté de mouvement et de penser. Est-il un bon chien oui ou non ?

Chiens de Guerre explore et interroge sur de nombreux sujets tels que l'utilisation des nouvelles technologies, le transhumanisme, la cohabitation entre espèces, les rapports hiérarchiques et la soumission aux figures d'autorité, les droits des autres (IA, animaux, non-humains,...) et leur intégration dans la société...

Toutes ses pistes de réflexion sont très intéressantes tout en restant hyper accessible, Chiens de Guerre ne sombrant pas dans la Hard SF nébuleuse. L'écriture est fluide et ça se dévore rapidement. Je regrette toutefois que le langage lors des chapitres centrés sur Rex soit souvent simpliste et répétitif, le chien étant plutôt (Pluto ?) limité intellectuellement, pour rester poli.

Chiens de Guerre ne révolutionnera pas le genre. La faute à une histoire assez classique peut-être ? On en retiendra les thématiques, mais pas forcément l'intrigue ou les personnages. Cependant cette première lecture d'Adrian Tchaikovsky était passionnante, m'a fait réfléchir et me donne envie de lire ses autres livres.
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« Chiens de guerre » surnom des soldats mercenaires est particulièrement adapté car le mercenaire ici est …un chien. Issu de manipulations génétiques et bardé d'implants informatiques Rex exécute (avec ses collègues Ours, Abeille et lézard) comme un « bon toutou » les basses oeuvres de multinationales au Mexique dans un futur très proche. Je connaissais le talent de Tchaikowski dans le space opera ( normal avec un nom pareil ) mais il n'est pas moins intéressant dans l'anticipation militaire et technologique . de l'action , une construction sophistiquée ( un récit choral) et des thèmes plutôt d'actualité : biotechnologie, couplage humain/IA , rapports humain /animal , armées privées et un thème plus classique , les rapports du créateur et de la créature . A tout cela il est bon de réfléchir (on le fait beaucoup dans la Silicon Valley )par le biais d'un récit passionnant. de la très bonne SF.
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L'intrigue :
L'action se situe en premier lieu dans le Campeche, au Mexique, région du Yucàtan. La société Redmark fait partie des boites qui ont investi dans la guerre via animaux biogénétiquement modifiés d'un nouveau genre, après l'échec des robots et le succès des chiens modifiés, la Redmark a une équipe de guerriers multiformes à la pointe de la technologie sous la direction du Maître, Jonas Murray. Rex est le chef de cette équipe, c'est un bon chien, il dirige Miel, Dragon et Abeilles et obéit lui-même au Maître.

Ellen Asanto arrive au camp pour le compte des investisseurs afin de voir ce qui est fait avec leur argent. Rex sent de drôle de choses avec cette femme qui se révèle rapidement être une espionne pour le compte de l'ONU enquêtant sur l'utilisation d'armes chimiques.

Une fois la guerre finie, que faire de ses êtres fabriqués/trafiqués qui ont une conscience, les détruire ? Les intégrer à la société ?

Les personnages :
Les soldats multiformes sont à mi-chemin entre androïdes, humains et animaux. Les chiens ont été un véritable succès et toutes les entreprises dans l'armement ont investi dans ce type de soldats. La société Redmark est la plus à la pointe et d'autres ADN animaux ont rejoint les rangs des expérimentations. le stratège de guerre Jonas Murray est un humain qui dirige le groupe de Rex.

Rex est un biomorphe de chien, dressé sur 2 jambes il fait 2m40, ses épaules sont surmontées de fusils, le tout connecté à son cyber-cortex. Il est relié également électriquement à ses collègues pour répartir les ordres. Miel est son bras droit, c'est une ourse, encore plus gigantesque que lui quand elle se dresse sur ses pattes arrières. Elle est extrêmement connectée et améliorée au niveau de son cyber-cortex, elle pense même que les scientifiques qui l'ont amélioré ne se doutent pas une seconde de ses capacités, Miel est extrêmement intelligente et sera un soutien sans faille et une aide précieuse pour Rex. Dragon est un lézard qui a le rôle de sniper, il a la compétence de disparaitre dans le décor comme un caméléon et enfin, il y a Abeilles, une entité multiple, un essaim à la conscience unique qui est très efficace pour l'espionnage.

Les thématiques :
Hart est le programmateur et il déteste Jonas Murray qu'il appelle la Murène. Cette animosité était partagée, lors d'un réglage dans le camp de son équipe biogénétique, une interférence survient dévoilant les intentions réelles d'Ellen Asanto, sentant que cela allait déraper il a supprimé la hiérarchie de Rex et de son équipe leur octroyant la liberté.

Première thématique de ce roman, le libre-arbitre. Rex n'est pas habitué à faire des choix, il a besoin de son maître, qu'on lui dise qu'il est un bon chien, l'absence de hiérarchie le plonge dans une grande détresse, devoir faire des choix et affronter les conséquences en son propre nom a quelque chose d'effrayant, le questionnement sur les notions de Bien et de Mal, sur nos propres actes et par extension sur les soldats qui combattent pour un idéal d'autres, laissant la responsabilité de leurs actes sur leurs dirigeants.

Après la guerre, vient le procès pour tenter d'enfermer les criminels de guerre et sur ce qu'on fait de tous ces êtres modifiés une fois que celle-ci est terminée. Il faut légiférer pour donner des droits mais ils sont fabriqués pour la guerre alors comment les habiliter à la vie civile et pourront-ils s'y intégrer ? Les humains accepteront-ils de les côtoyer ?

La dernière grosse thématique, c'est sur la modification biogénétique, dans ce roman les animaux sont en première ligne mais vu le succès évident, il y a forcément un moment où les humains voudront potentiellement s'améliorer de cette façon, peut-être même est-ce déjà le cas…

En bref, un roman qui aborde plusieurs thématiques intéressantes et qui m'a plus même si j'ai trouvé la fin un peu longue à venir, le côté militaire n'est toujours pas mon truc ^^
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Chiens de guerre est un roman qui interroge les limites des biotechnologies, mais aussi les frontières entre les machines, les animaux, et l'humanité.
Adrian Tchaikovsky décrit ainsi la naissance des biomorphes, des animaux modifiés génétiquement et cybernétiquement pour la guerre et les missions ingrates. Les biomorphes apparaissent exploités et aliénés par les humains malgré leur intelligence et leur conscience, puisque leurs Maîtres les conditionnent à leur obéir à travers leur cybercortex, un cerveau technologique au sein duquel des injonctions comportementales sont implantées.
L'auteur montre alors, à travers le point de vue du biomorphe Rex, comment une forme de vie créée par l'Homme pour le servir peut se détacher de son influence, et acquérir la liberté pour trouver une véritable place dans la société.
J'ai découvert la plume d'Adrian Tchaikovsky avec ce roman, et je compte bien poursuivre l'expérience !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Après les araignées, (demain) les chiens ! Enfin, pas que… On se rendra rapidement compte que si Rex, le bon chien, est le héros de ce roman, ce n'est en fait qu'un des animaux génétiquement et cybernétiquement modifiés qui peuplent ce récit situé dans un futur proche. Plutôt que de perdre des soldats, avec tous les traumatismes que cela engendre (et on le voit régulièrement dans les actualités), plutôt que d'utiliser des robots toujours prêts à buguer ou se faire pirater, pourquoi ne pas utiliser des animaux que personne ne pleurera ? C'est ce que ce sont dit les armées du monde et leurs sous-traitants, travaillant chacune plus ou moins officiellement sur le sujet et testant leur « armement » sur des conflits un peu éloignés et moins médiatisés.

Rex, tout dévoué à son maître, est un bon chien, énorme, à la voix trafiquée pour effrayer et pourtant toujours soucieux de plaire. Et peu importe qu'il faille massacrer, démembrer ou mitrailler puisque son module de rétroaction le flatte et que ses coéquipiers, Miel l'ourse, Abeilles la nuée de drones ou Dragon le snipper, comptent sur lui pour mener à bien leur mission. Jusqu'au jour où la voix de son maître est coupée. Rex et les autres doivent alors improviser et découvrir qu'il y a un monde complexe au delà de leurs missions guerrières.

Adrian Tchaikovsky rend très crédible les motivations et les errements de ces animaux asservis, conditionnés pour obéir sans se poser de questions (et heureux comme ça !), tout en étant redoutablement efficaces. Il dénonce vertement les actions des gouvernements et des sociétés d'armement privées, mais aussi de l'opinion publique au comportement pour le moins ambiguë. Mais surtout, il dépeint des êtres réalistes, sur le chemin entre l'animal et une intelligence supérieure (voire plus), et interroge sur les manipulations ou l'évolutions que l'humanité peut (ou doit ?) leur apporter. Mais aussi sur la place à leur laisser ensuite aux côtés des humains et à la nature des interactions entre les espèces conscientes. Sommes-nous prêts à assumer nos actes et à partager ? Avons-nous vraiment le choix ?

Après un récit guerrier bourré de cyborgs animaux, Chiens de Guerre se tourne donc avec réussite vers une interrogation concernant les manipulations génétique et l'évolution. Dans un style direct mais efficace, Tchaikovsky rend passionnante cette saga et Rex devient un personnage particulièrement attachant. Malgré sa brutalité et sa dépendance à son maître dans un premier temps, puis grâce à sa prise de conscience et à son évolution.
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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Ça faisait longtemps que j'avais envie de lire un livre de cet auteur : j'ai plusieurs fois hésité à acheter Dans la toile du temps, avant de me raviser (j'avais peur que ça soit chiant). C'est une story sur bookstagram qui m'a décidée à me lancer avec Chiens de guerre. Deux jours après l'avoir vu passer, je découvre tout à fait opportunément ce roman en poche dans une librairie de ma ville, Antiope (dédiée aux livres féministes, écologistes et à la SF qui fait réfléchir). Souvent, quand j'hésite à me lancer dans un livre, le voir disponible dans la librairie de mon quartier, juste sous mes yeux, en version poche, suffit à me décider !

Toujours est-il que je l'ai acheté et lu dans la foulée. C'est de la SF à la fois profonde et absolument pas prise de tête, qui suscite beaucoup de réflexions, un peu proches de celles de Demain, les chiens de Clifford D. Simak : que deviendront nos créations sentientes et devenues autonomes après nous ? Mais également un plus éthiques : avons-nous le droit d'exploiter jusqu'à la mort d'autres organismes vivants, sensibles, qu'ils soient humains, animaux ou robots ? Quel est le prix d'une vie ? Beaucoup de problèmes sont évoqués dans ce roman court : la guerre, les génocides, l'intelligence artificielle, l'écologie etc.

C'est une lecture dure par son sujet, mais pas insoutenable : sans être édulcorée, la violence exercée par un chien par nature innocent (il ne fait qu'obéir aux ordres et se croit dans son bon droit) qui raconte tout d'un point de vue neutre (mais jamais froid) passe plus facilement.

Rex est un personnage très attachant qu'on prend plaisir à voir évoluer et pour qui on s'inquiète : l'auteur a réussi à le rendre est à la fois différent et familier, comme un chien domestique justement ! Il m'a un peu fait penser au replicant Roy Batty dans Blade Runner. Son apparence est décrite comme très effrayante, mais puisque le lecteur voit (presque) tout du point de vue du chien, Rex ne tombe jamais dans l'uncanny valley et ne suscite pas le malaise. Les autres animaux sont également attachants et intéressants, même les moins humains.

Le sujet de la créature qui s'émancipe n'est pas nouveau et a été traité dans de nombreux classiques depuis les débuts de la SF (Frankenstein...), mais c'est toujours bien de le voir réactualisé du point de vue des animaux modifiés et exploités, dans une vision plutôt optimiste de leur rôle et du futur qu'ils peuvent avoir à nos côtés, mais aussi de leur importance par rapport à l'avenir de l'humanité. Ce roman mérite le détour ! J'en lirai d'autres de cet auteur.
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C'est un roman très prenant et qui se lit facilement.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et j'ai été très agréablement surpris par la teneur du récit qui évolue au fil de la lecture.
On a une première partie haletante qui fait la moitié du livre ensuite le rythme se fait plus lent, on rentre dans une partie basée sur de l'éthique.
L'auteur nous fait réfléchir sur ce qu'est Rex, son devenir, sa place dans la société.
Une très bonne lecture.
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« Rex est un bon chien » ! Rex est un biomorphe : un chien génétiquement modifié, afin de servir au combat et tuer les ennemis que son Maître lui désigne. Jusqu'au jour où il est libéré de sa hiérarchie.
.
C'était très perturbant au départ car nous sommes souvent dans la tête de Rex, donc on a la retranscription de ses pensées. Et c'est là qu'on peut se demander : ses pensées ? Rex pense, communique, apprend… et on le voit à chaque chapitre où nous sommes dans la tête de Rex. Ses paroles, ses pensées, ses réflexions se font de plus en plus humaines. Mais alors qu'est-il ? Animal ? Humain ? Machine ?
.
Ce sont les principales grandes questions de ce roman : Est-ce que les biomorphes sont-ils vraiment les monstres de combats que l'on croit ? Ou peuvent-ils devenir plus que ça ? Ont-ils un libre arbitre ? Doit-on les garder sous contrôle ?
.
C'est un roman qui m'a fait énormément réfléchir sur la conscience et les sentiments que pouvaient ressentir ces entités génétiquement modifiées, sur leurs conditions dans la société et de comment les humains les dominent parce qu'ils les ont créés. Ils en ont peur, et en même temps, ils se doivent de leur offrir une place dans la société puisque ce ne sont pas de simples animaux ou de simples machines. Mais il y aussi tout une part sur des réflexions autour des humains qui souhaitent « s'améliorer » avec des cybercortex qui est tout autant importantes et intéressantes.
.
J'ai beaucoup de mal à vous parler de ce roman en peu de mots. Sachez juste qu'il est excellent, qu'il fait réfléchir, et que Rex est un bon chien ! Mais pas que.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Rex est un bon chien. Un chien génétiquement modifié de 2m40, qui parle avec une voix d'outre-tombe, peut marcher sur deux pattes, possède des griffes rétractibles, sait utiliser des fusils d'assaut et se connecter aux réseaux informatiques plus sûrement qu'une connexion 5G chez Free, alors, il pourrait manger ma voiture ou me pisser sur la jambe, c'est un bon chien. Accompagné des membres de son escouade multiforme - Dragon, Miel et Abeilles -, il est en première ligne sur les champs de bataille quand gouvernements, milices ou compagnies privées n'envoient plus de soldats humains, et obéit aveuglément à son Maître, qui lui désigne les ennemis à éliminer. Jusqu'au jour où la bête est libérée…

Adrian Tchaikovsky m'avait déjà fait forte impression avec son précédent Dans la toile du temps, dans lequel il explorait le développement d'une civilisation arachnide intelligente et sa coexistence avec l'humanité. Dans Chiens de guerre, l'auteur poursuit ses réflexions sur le rapport de l'humain aux autres intelligences, et y ajoute quelques questions contemporaines liées à la bioéthique, au développement des technologies ou au pouvoir, que celui-ci soit politique, ou étudié à un niveau plus individuel (nous parlerons ici davantage d'emprise).

Ainsi, quelques années dans le futur, Tchaikovsky imagine un monde dans lequel la guerre robotique a eu lieu… mais n'a pas fonctionné, la faute au manque de fiabilité des armes de guerre mécatroniques. Une nouvelle piste a été étudiée, consistant dans un premier temps à modifier, améliorer et conditionner de jeunes chiens pour en faire des armes ultimes de combat : obéissants, infatigables, non piratables… et dont la mort au combat est moins choquante pour l'opinion publique que des pertes humaines. Progressivement, les recherches et applications militaires sont étendues à d'autres espèces animales (mais pas les chats… sales bêtes !)

A partir de ce postulat, Tchaikovsky pose la question des limites de la bioéthique, constatant les dérives possibles de ces technologies sur un terrain militaire, mais aussi dans un cadre civil. Dans la première partie, il interroge sur la question de l'exploitation animale et l'utilisation d'autres espèces intelligentes en tant qu'armes dans la résolution des conflits de ce monde.
Il est également question de pouvoir. Ou plutôt, avec un regard désabusé sur l'humanité, de rapport de domination. Dans la toile du temps explorait déjà la confrontation entre l'humanité et une civilisation fondamentalement différente et dénonçait la propension humaine à vouloir écraser l'autre plutôt qu'à rechercher des synergies bénéfiques à tous. Son constat n'est pas différent dans Chiens de guerre, au détail près que le rapport entre humains et autres espèces est dès le départ biaisé par un rapport de domination entre les "maîtres" humains et leurs soldats animaux. Il interroge sur la toxicité de l'humanité, sur la responsabilité des actes de leurs "armes" biomorphiques, ainsi que sur la question des droits de ces êtres au statut indéterminé : animaux ? Machines ? Humains ?
Les dérives politiques, capitalistes et leurs conséquences militaires sur les populations civiles sont également dénoncées dans un propos toujours intelligemment amené.

Les réflexions sont toujours passionnantes, suffisamment développées sans que cela ne ralentissement le rythme soutenu d'une oeuvre aux indéniables qualités cinématographiques. En effet, à une époque où l'on peut regretter le manque d'ambition narrative des blockbusters au cinéma, nous avons avec Chiens de guerre un récit à la fois spectaculaire, extrêmement visuel, tout en conservant du fond et un propos intelligent. Si un producteur me lit…

Enfin, ajoutons à ces multiples qualités une narration "protéiforme" très réussie, Tchaikovsky alternant avec un talent certain entre le point de vue de Rex, dont les qualités intellectuelles se développent au fil des pages en même temps que la richesse du vocabulaire, et celui d'autres intervenants du livre, humains, animaux ou artificiels.

Il n'en faudrait pas plus pour que la photo soit parfaite, pourtant deux points nuancent un peu l'impression finale : premièrement une fin légèrement en-deçà en termes d'intensité et d'enjeux, et un manque indéfinissable, l'absence de ce "petit truc en plus", peut-être en termes d'émotions ou d'originalité, je ne sais pas, qui aurait permis au livre de marquer davantage son lecteur.

Reste une excellente lecture, tout à fait recommandable, et qui a le mérite de proposer, entre deux scènes d'action parfaitement menées, de vraies réflexions sur l'humanité et son rapport au monde qui l'entoure. Sujet toujours plus d'actualité…

Chiens de guerre est fait pour toi si… tu aimes la SF militaire, les livres simples et efficaces mais qui n'oublient pas l'intelligence du propos et les bons chienchiens

J'ai aimé :
- Réflexions passionnantes (bioéthique, rapport aux autres intelligences, pouvoir…)
- Narration protéiforme
- Style "cinématographique"

J'ai moins aimé :
- La fin en-deçà du reste du roman
- Manque du petit "truc en plus"
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