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Louise Bartlett (Traducteur)
EAN : 9782381980133
200 pages
L'Arche (06/05/2021)
4.2/5   27 notes
Résumé :
Un jeune garçon, baskets aux pieds et écouteurs sur les oreilles, se promène en forêt. D’un coup de bâton, il délace l’union de deux serpents. Il est aussitôt transformé en femme. Ainsi débute son errance sublime d’être en être, se délestant de sa peau pour une renaissance à soi. Entre influences mythologiques et rythmes hérités du hip-hop, Kae Tempest déploie une traversée de l’être humain dans ce poème inspiré de la vie de Tirésias. Un conte contemporain, sensuel ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On a beau nous refaire souvent le coup de la mythologie grecque revisitée minou tu sais quoi ? ça marche. Ou alors c'est moi qui suis un peu trop client, mais je plonge dedans comme si je me fardais une Odyssée que j'avais jamais lu (j'ai jamais lu l'Odyssée mais un jour je le ferai).

Lu très peu de temps après son essai sur l'art et la relation aux autres (Connexion, éditions de l'Olivier), ce nouveau recueil de Kae Tempest renoue avec ce que l'auteur manie avec des uppercuts de grâce, la poésie.

Le premier poème s'inspire donc de Tirésias, figure aveugle et pourtant lucide sur le monde à voir tel qu'il est. Pris entre une bataille de cul entre Zeus et Héra, les réduisant à ce qu'ils ont de plus mauvais en eux ; l'humain. Tirésias qui après avoir séparé deux serpents passe d'une enveloppe physique de jeune adolescent à celui de jeune adolescentE. Boum (il m'en fallait pas plus tu sais).

Mais Kae aime la nature humaine et c'est au travers de ces poèmes qu'il embellit ce qu'une majorité trouve dégueulasse - la plupart du temps leur confrontation avec les minorités.

On en sort sonné. Ça tombe bien, la poésie de Kae est aussi sportive que musicale. À trop côtoyer la mythologie (parce que ce n'est pas sa première fois), il faut s'attendre à devenir pythie.

Sans vouloir ignorer le travail de la traductrice, si vous le pouvez, lisez ce texte dans sa langue originale (pas besoin de chercher très loin, l'édition propose une page VO/ une page VF) ; plus intense encore, un slam renversant qu'on aurait envie de sampler sans jamais s'arrêter).

Encore ! parce que c'était vraiment (trop) bon !
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Un livre intéressant, quelques poèmes assez opaques pour moi malgré tout.
Par contre, je préfère largement le lire en langue originale, je n'ai pas aimé la traduction. Et c'est encore mieux en lisant à voix haute ; les textes de l'auteur.e me semblent vraiment faits pour être clamés et écoutés.
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Kae Tempest explore sa non-binarité et la fluidité des genres dans ce recueil poétique sur fond de mythologie. J'ai adoré certains poèmes mais, pour le reste, je me suis senti confus. Ses mots sonnent comme de véritables coups de poings que j'aurais aimé saisir entièrement.
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J'avais envie de lire du Tempest depuis un moment.

Coup de foudre complet pour ce texte. Je connaissais Tempest via ses albums et quelques déclamations, découvrir son écriture sur la page a été une révélation toute aussi bouleversante.

Un·e artiste phare, à suivre.

ps, je lis ses textes en VO.
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ner voix à Tiresias, à tous ceux qui se débattent avec des moi multiples, des identités fluides, des genres qui indiquent seulement un passage, la permanence du désir. Dans une langue d'autant plus sonore que l'on peut l'apprécier dans sa version originale et dans sa traduction, Kae Tempest fait entendre une voix du maintenant: Étreins-toi ou les éclats de nos vies entre aveuglements et prophétie.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
25 mai 2021
L’artiste non binaire, grande figure du « spoken word » anglo-saxon, revisite le mythe de Tirésias, né homme et devenu femme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Au début elle était inquiète, bien sûr.
Traînait sa carrure comme des chaînes.
Était-ce réel ou magie ?
Elle se regardait dans les vitres des voitures.
Elle entendait les conducteurs l’appeler chérie.

Elle s'est jetée dans les rituels.
A tenu la caisse pour lit et victuailles.
A travaillé comme si elle était née pour travailler
Et bientôt elle a senti, comme on le sent tous :
Que si c’est arrivé, alors c’est pour de vrai.

À quoi sert un corps en des temps comme ceux-ci
C’est à toi de le deviner ou de le savoir.
Son corps, un rite nouveau et ancien
Elle sentait son désir enfler.
Mais ne pouvait concilier ses désirs
Avec ce qu’elle se savait être.
Elle se laissait toucher
Mais pas pour le plaisir. Juste comme ça.

Nouvelle chair pour l’ancienne,
Elle a appris à connaître ses limites, à contrôler
Ses plus profondes agitations.
Chercher la richesse pour se remonter.
Elle refusait de se sentir coincée.
S’en sortir suffit à certains
Mais elle cherchait meilleure fortune.

Assise dans les meilleurs bars à vin
Sirotant un verre scintillant
Elle se souvient des temps anciens
Lorsqu'elle était jeune, un garçon qui grimpait
Sur les filles pour les sentir se frotter.
Et comment elle a lutté pour
Dominer. Ces jours-là, divins.
Tout dur et cru, et couvert de crasse.

Ces jours sont en elle, hurlant encore,
Oui elle est calme et humble maintenant,
Mais cette musique obscure, sauvage et stridente
Retentit encore dès que la nuit tombe.

Ces jours la suivent encore
Titubent lubriques dans les rues
Grognant sur elle, gagnant du terrain,
Tandis qu’elle ouvre les bonbons chics et roses
Offerts par des prétendants qui méprennent ses charmes
Pour quelque chose d’étrange qu’ils voudraient pour eux.
Ces simplets qui pensent partager
Un pas que personne n’a jamais dansé.

Son corps pique, elle serre les dents,
Combien de nous devons-nous être ?
Elle sait qu’elle est pleine de quelque chose
De nouveau ignoble libre et profond.

Le garçon en elle est fort parfois
Et réclame une fille à toucher
La fille en elle est pleine de rage
Et désire intensément les choses qu’elle hait tant.

Elle doit valoir mieux que sexe et corps ?
Le sexe et son corps c’est tout ce qu’elle a.
Comme toute âpre leçon, apprends-la doucement.
Âpre, jusqu’à ce qu’elle ne le soit pas.

- La femme Tirésias
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C‘était assez drôle en réalité.
On était assises à la table de la cuisine,
une sororité,
buvant du vermouth.

J‘ai ouvert la fenêtre,
craché ma fumée dans la nuit,
passionnément ivre.
Amoureuse de deux femmes et séductrice du mieux que je le pouvais.

À un moment
je t’ai demandé de graver ton nom dans la chair de mon bras
avec la lame d’un cutter.

Tu as demandé si j’étais sûre.
J'ai dit oui je l’étais.
Je t’ai regardée et c’était un oui profond.
Tu étais excitée
comme tu l’es
quand les choses sortent du commun.
Alors tu as fait pénétrer la lame et tu m’as saignée
et ça a fait mal comme tout faisait mal avec toi.

J'ai souri charmeuse
et j’ai mis du sang partout.

L’autre femme dont j’étais amoureuse
a rempli d’encre ma plaie ouverte
et ensemble
vous avez frotté des cendres de clope sur les lettres encore saignantes.
En vous souriant.
Et en me souriant.

— India
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Toute son enfance est passé en un éclair
Lorsqu'elle s'est réveillée sur le dos dans une clairière.
Maintenant il est temps d'être moi

Combien de toi vas-tu porter,
Pleurant, voulant à tout prix se marier ?
Combien de toi vas-tu pondre à la chaîne ?
Éteins la lumière pour la nuit.
Elle s’est consumée mais ça va aller.
Elle se lève.
Enfant de son temps.

Matin rouge.
Sang sur les pointes des ronces,
Et sur l’auvent s’écoule
Tout notre mépris. Nous sommes nés en des
Jours qui te gaveront de porno et d’ennui
Petits visages gris défilant en escadron au son de chants de guerre
Écrits par des monstres cyniques,
Le dernier tube qui cimente la routine.
Vends-nous le fichier.
Et tue tous nos rêves.

Elle s’élève.
Elle verra à travers les déguisements.
Ils enfoncent des poignards dans ses cuisses.
T'as vu le gonflement de son iris ?
Elle survit.
Elle courra jusqu’à ce que les villes soient vaincues.
Et que tous les enfants soient de nouveaux des dieux.

- Etreins toi
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Tu es le fou au coin de la rue
Le vieux, qui sent mauvais
Qui fait la queue pour de l’éléctricité
Avec des os d’oiseaux dans ta barbe.

Tu avances malgré tout, titubant,
Chancelant dans la rue
Convoquant un oracle
Trop flemmard pour se présenter.

Alors qu’on se compose en ligne
Les yeux rivés sur nos téléphones,
Toi, tu es lumineux et terrifiant,
Souffle et chair et os.

Tirésias – tu nous enseignes
Ce que cela signifie : de tenir bon.

(pp.59-61)
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Je n’ai pas écrit depuis une éternité
parce que je préfère te regarder toi plutôt que des feuilles de papier.

Mais ce qui serait génial ce serait
d'écrire un poème qui pourrait avoir la moitié de ton courage

quand tu es nue.
j’essaye une minute —

Ton amour est mon métal, tes baisers mes rivets.
Tu es comme l’océan sous une nappe de pétrole.

Rien à foutre du poème.

Il y a un lit ici
et tu me veux dedans.

— Rien à foutre du poème.
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Videos de Kae Tempest (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kae Tempest
Lecture par l'autrice & Julia Kerninon Rencontre animée par Jennifer Padjemi Années 80 dans le nord de l'Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l'Église Adventiste du 7e jour. Au fil des ans, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l'emprise des hommes sur son corps transformé.
Le récit d'Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante d'une enfant, d'une soeur, d'une ado, d'une escort, d'une poétesse dans l'âme, d'une femme en plein empowerment. La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest. Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Elle a par ailleurs collaboré avec Beyoncé en 2020 pour le film et l'album Black is King.
+ Lire la suite
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