L'histoire en direct [n° 6, novembre 1968] la Révolution française : Massacre aux Tuileries

Nous sommes le 12 juillet 1789. La veille au soir, le roi a renvoyé Necker, son premier ministre. Une sourde inquiétude angoisse le peuple de Paris. De tous côtés, on accourt aux nouvelles. Au Palais-Royal, la foule commente avec animation les projets supposés de la Cour. Écoutons un témoin du temps : Un jeune homme [Camille Desmoulins], couvert de poussière, haletant, fend la foule et monte sur une des tables du café de Foy:
- Citoyens, s'écria-t-il d'une voix tonnante, j'arrive de Versailles ; il n'y a pas un moment à perdre Necker est renvoyé ; ce renvoi est le tocsin d'une Saint-Barthélémy de patriotes. Ce soir, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champs-de-Mars pour vous égorger. Il ne nous reste qu'une ressource : c'est de crier « Aux armes » et de prendre une cocarde pour nous reconnaître !
[...]
Des vivats et de bruyants applaudissements accueillent ces paroles.
- Quelle couleur la voulez-vous ? Choisirez-vous le vert, couleur de l'espérance ? ou le bleu de Cincinnatus, couleurs de la liberté d'Amérique et de la démocratie ?
- Le vert ! le vert, répètent mille voix.

1830 - [p. 167]