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EAN : 9782957879021
516 pages
Le chant du cygne (13/09/2023)
4.09/5   11 notes
Résumé :
À l’aube du XXe siècle en Atlantide, île mystérieuse au cœur de toutes les convoitises, survit le spectre de la domestication des esprits et des corps. Les ombres de l’oppression coloniale règnent encore, lustrant les progrès technologiques d’un sinistre vernis de sang et de larmes. Madeth, une jeune femme ballotée par des vents contraires, est prête à tout pour éviter d’être engloutie dans ce chaos ambiant.

Le Chemin de la Mort poudreuse est une uch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Quand la maison d'édition m'a proposé de découvrir leur nouvelle parution, je n'ai pas hésité une minute. Et quand une lecture commune avec Alexandra et Steven s'est profilée, j'ai exulté à l'idée de partager nos ressentis sur un texte que j'anticipais déjà puissant. Il faut dire qu'après Gestalt (l'un de mes rares coups de coeur) et La Dimension Heisenberg, j'avais une totale confiance en la capacité de la maison d'édition à proposer des textes qui bousculent intelligemment ses lecteurs. Et je peux d'ores et déjà dire que ma confiance a été récompensée !

Et pourtant, je ne peux nier qu'étant dans une période où j'ai besoin de légèreté, le prologue m'a inquiétée. Ardu bien qu'intrigant, il m'a laissé craindre un roman à décrypter la tête reposée plutôt qu'à vivre depuis son canapé. Si je ne peux nier que la complexité de l'histoire, enchevêtrement de destins et de destinées à dompter à bras le corps, rend la lecture exigeante, la plume affirmée de Francesca Theosmy rend la lecture captivante. J'ai ainsi été séduite par cette alliance de brutalité maîtrisée, de sens de l'a propos consommé, et d'élans poétiques qui cernent à merveille le pire tout en sublimant le meilleur.

Évitant tout manichéisme et toute dichotomie entre héroïsme naïf et cruauté maniaque, l'autrice a su développer des personnages forts qui se construisent en dépit des circonstances, à moins que ce ne soit grâce aux circonstances. Trahisons, coups durs, quête de soi et d'identité, violence inhérente à un monde où la vraie liberté est une denrée rare et donc précieuse, Madeth, Aibel, le Gamin et les autres sont en lutte permanente. En lutte contre mais aussi pour, Madeth finissant par découvrir que l'un ne va parfois pas sans l'autre. À cet égard, j'ai aimé suivre l'évolution probante de cette figure féminine telle que j'aimerais en trouver plus souvent ; une femme que les épreuves auraient pu casser, mais qui ont finalement contribué à devenir celle qu'elle est.

Aussi casse-cou que poissarde, mais étrangement chanceuse dans son malheur, Madeth est une héroïne dont les aspérités et les fêlures, nourrissant son caractère de combattante, exercent une étrange attraction sur le lecteur, mais pas que. Autour d'elle, vont graviter différentes figures, certaines plus bienveillantes que d'autres. Même une étrange et malaisante réminiscence d'une figure de notre monde semble attirer par cette jeune femme, qui a longtemps choisi la fuite avant d'opter pour la liberté. Une liberté pour laquelle elle va devoir lutter contre vents et marées…

J'ai développé une admiration sincère pour Madeth, mais mon coeur s'est avant tout attendri devant Aibel, hybride dont l'histoire familiale m'a percutée, tout comme la puissance de ses sentiments. Lui dont la condition et le statut le mettent du côté des oeuvres d'art, des objets que l'on peut s'échanger, quand il nous éblouit et impressionne par sa sincérité désintéressée et ses idéaux. Un hybride qui est probablement plus humain que bien des hommes et femmes de cette uchronie, dont les différences avec notre réalité n'occultent pas ses dérangeantes similitudes : ambition politique au détriment du peuple, colonialisme décomplexé et ancré dans un racisme révoltant, cynisme militaire, capitalisme dans sa plus vile expression… Au coeur du récit, également, des enjeux géo-politique particulièrement bien développés et utilisés avec une redoutable efficacité.

Texte riche et intelligemment découpé/construit, le chemin de la mort poudreuse évoque également une science poussée dans ses extrêmes, et dont les avancées intriguent, émerveillent et effraient, voire révoltent... J'ai adoré découvrir des notions qui m'ont parfois semblé abstraites, avant de m'apparaître avec une désarmante clarté, autant dans leur fondement que dans leurs conséquences et leurs implications éthiques. Si le transhumanisme et les questions autour de la mémoire vous intéressent, ce roman devrait vous plaire, Francesca Theosmy explorant ces thèmes avec une saisissante brutalité.

En effet, elle nous laisse entrevoir un monde où l'on peut automatiser des humains comme s'ils n'étaient que de simples choses à remodeler, et procéder à l'hybridation d'autres ! Un monde où les enjeux autour de la mémoire sont de taille, ce flux précieux pouvant être stocké et réimplanté dans des corps. Moyen d'atteindre l'immortalité, merveilleuse avancée scientifique ou témoignage de la dépravation humaine, chacun se fera sa propre opinion, mais pour ma part, j'ai trouvé que l'autrice s'était magnifiquement emparée du sujet. Cela renforce le côté sombre, riche et travaillé de ce monde où la science sans conscience ruine bien des âmes, à condition d'estimer que tout le monde en possède une… À la découverte des méfaits de certains, on en vient à en douter, même si l'autrice ne tombe jamais dans la caricature.

Oui, il y a des gens abjects et brutaux, des êtres corrompus, mais pour chacun d'entre eux, elle arrive à apporter ce détail qui les ancre dans la réalité. Un procédé qui rend leurs actes encore plus condamnables, mais qui renforce également ce sentiment de tension qui monte à mesure que les pages se tournent. Ainsi, après une première partie que j'ai lue avec intérêt mais un certain détachement, la suite m'a prise dans ses filets, appréciant d'être plongée avec force dans un complot, de me sentir ballotée de l'histoire personnelle difficile de l'un à l'histoire familiale poignante de l'autre, et de suivre des révélations soulignant à quel point la quête d'identité de nos personnages est une tâche ardue... Rien n'est finalement aisé quand l'enjeu est la vérité mais aussi la survie, qu'elle soit physique ou psychique.

J'ai aimé être dans le coeur de la tempête, être angoissée par des retournements de situation parfaitement orchestrés, suivre des scènes d'action le coeur battant à cent à l'heure, et d'avoir ce sentiment que le moindre grain de sable pourrait avoir de bien sinistres conséquences. Rien ne semble jamais acquis et beaucoup est à conquérir, mais heureusement Madeth pourra compter sur son groupe de compagnons atypiques, et sa force de caractère mise au service d'une destinée pour laquelle elle est enfin prête à se battre. Une destinée à l'image de l'Atlantide, île mystérieuse qui s'est emparée des hauteurs, et dont l'aura possède un fort pouvoir d'attraction et semble susciter bien des ambitions !

En conclusion, j'ai adoré explorer les contours de cet univers steampunk, fait de chairs et de métal, qui emprisonne ses personnages dans une âpre et brutale société, et enferme les lecteurs sous un voile opaque dont on lève progressivement le voile. Un voile qui laisse à nu une société qui vit en hauteur sans pour autant renoncer à la bassesse humaine ; une société corrompue où les uns imposent leur loi aux autres, avant de devoir affronter ce que toute oppression finit par inexorablement soulever, la révolte ! Fort d'un univers riche et détaillé, implacable et pourtant empreint d'une humanité qui ne demande qu'à s'exprimer, le chemin de la mort poudreuse est un roman qui interpelle, notamment sur cette question de la mémoire, sujet en filigrane de cette aventure dans laquelle les destins s'affinent et s'affirment au gré des événements, des révélations, des douleurs du passé, des coups durs et des amitiés.
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Depuis leurs débuts, j'ai la chance que les éditions du Chant du Cygne, me laissent lire leurs publications afin de vous en parler. Et après un premier roman qui m'avait laissée un peu mitigée Gestalt, un deuxième déjà plus à mon goût avec son uchronie SF sur fond de nazisme : La Dimension Heisenberg, je tiens enfin avec le troisième mon préféré à ce jour. Avec son histoire de révolte dans un univers steampunk crasse et crapuleux, Francesca Theosmy m'a totalement embarquée et je ne fus pas la seule passagère de ce voyage, mes co-lecteurs Audrey (Light and smell ) et Steven (Mavenlitterae) furent également emportés !

Ce fut donc avec un vif plaisir que j'ai retrouvé à nouveau le roman annuel du Chant du cygne qui, une fois n'est pas coutume, change de registre pour explorer de nouveaux horizons, mais toujours dans cette belle et sombre charte graphique qu'on leur connaît. Et c'est en charmante compagnie, de plus, que je me suis embarquée dans ce nouvel univers qui promettait d'être aussi riche que complexe : celui d'une uchronie où l'Atlantide, connue de tous sur Terre, est objet de bien des convoitises à l'aube du XXe siècle.

Qui dit Atlantide, dit bien sûr lecteurs avides et curieux de cette légende, c'est certainement ce qui nous a attirés tous trois, Audrey, Steven et moi. J'avoue que mon goût pour les uchronies et les univers steampunk a fait le reste, mais je sais que ce n'était pas le cas à l'origine de l'ensemble de notre trio, cependant l'autrice a su convertir tout le monde ! Pourtant les premières pages furent un peu rudes, pleines d'informations géopolitiques à en faire tourner la tête et se perdre, mais c'est aussi ce qui en a fait la saveur d'emblée. On avait envie d'être dépaysés avec cette Atlantide dans le paysage de notre réalité et du coup, tous ces éléments nous ont mis l'eau à la bouche. J'ai regretté par la suite qu'ils fussent au final si peu exploités et si tardivement.

Car avant d'être une histoire sur l'Atlantide, le chemin de la mort poudreuse fut un récit dystopique, reprenant les mécanismes de celles-ci, dans un univers de steampunk crade et populeux, où nous allions suivre une jeune femme, Madeth, qui semble être un vrai aimant à ennuis, surtout pour elle, et qui va connaître bien des déboires, dans cet univers riche en innovations techniques et pourtant encore tellement en retard en matière de droits humains. Ce sera donc avec fougue mais douleur, avec envie mais rudesse que nous allions vivre l'aventure de ces Atlantes.

L'histoire se découpe en trois parties distinctes et qui en même temps s'emboîtent à merveille les unes dans les autres pour former une toile riche et explosive. La première est probablement la plus rude, avec un récit très dark-initiatique où notre héroïne, comme dans un roman de Sade, ne connaît qu'épreuves et encore épreuves douloureuses. La deuxième leur ouvre une porte de sortie mais l'entraîne en même temps vers des horizons qui pourraient être bien tumultueux pour elle. Et enfin, le dernier permet de faire se rejoindre le tout mais aussi d'enfin approfondir la question atlante et de nous permettre en apprendre plus sur cet endroit, sa gouvernance, son origine et sa destinée.

Pour nous conduire dans cette riche aventure, qui ne se dégonfle pas au fil des chapitres, nous avons trouvé que Francesca Theosmy faisait preuve d'une plume très âpre et rugueuse, parfois même réellement crue. Son héroïne va connaître abandon, tentative de viol, incarcération, prostitution et j'en passe, l'autrice n'édulcore rien de tout cela, vous voilà prévenu ! Mais est-ce que ce fut pour autant un frein pour nous ? Nullement car Francesca Theosmy ne fait pas ça gratuitement, qu'il n'y a rien de voyeuriste ou aguicheur là-dedans mais juste la description d'un univers réellement sombre et malveillant. Ainsi voir l'héroïne résister, lutter, parfois sombrer, mais se relever, n'en fut que plus riche. Elle fit en plus des rencontres étonnantes où la plume à nouveau très marquante de l'autrice a permis de vraiment noter et retenir ses personnages singuliers et les milieux où ils évoluent.

L'action a en effet lieu aussi bien dans une campagne encore pétrie de préjugées et un peu arriérée, une ville crasse et populeuse où le crime règne, et plus tard dans les airs auprès de créatures surprenantes, pour finir dans un palais où des enjeux colossaux vont nous éclater à la figure. L'univers du Chemin de la mort poudreuse est riche, parfois un peu trop même, les débuts ont un peu trop enchaînés les événements pour moi, au point de les rendre anecdotique et de me perdre, alors que j'ai préféré la concentration finale autour de l'idée d'une révolution contre l'ordre établi corrompu. Mais en tant que lecteurs, mes compagnons et moi, ne nous sommes pas ennuyés une seconde au cours de cette Odyssée dystopique.

Il faut dire que le rythme addictif de l'autrice ainsi que l'univers riche et foisonnant qu'elle a imaginé ont de quoi accrocher. Très (trop ?) centré sur Madeth et ses déboires au débuts, qui auraient pu prendre place dans notre réalité, ils prennent une tournure bien plus fascinante à la suite d'une sacrée proposition pour elle descentrant un peu l'action. Nous voilà alors transportés, en tant que lecteurs, à bord d'engins comme l'escargoptère ou l'octophar, qui utilisent des animaux vivants comme moyens de transport ! Ça parle aussi d'être humains hybrides / androïdes, fabriqués / guéris à l'aide de la fameuse orichalque. Il est question d'une Atlantide, île mystérieuse volant grâce à un moteur à âmes : le Numen et créé à l'origine par des Visiteurs Élémentaires. Il y a aussi des tatouages en duo qui permettent de communiquer entre membres d'une même famille et j'en passe. J‘ai vraiment adoré tout l'imaginaire de Francesca Theosmy au cours de cette lecture et j'ai été d'autant plus frustrée que ça n'en reste, le plus souvent, qu'au stade du décor sympathique, alors qu'il y avait tellement à faire dessus.

C'est un peu pareil du côté de l'intrigue. J'ai beau l'avoir trouvé très entraînante, sombre et torturée à souhait, avec des histoires de famille dramatiques comme j'aime, dont les liens nous apparaissent et ravagent en cours de route. N'est-ce pas Madeht et Adial ? 😉 Je trouve aussi qu'il y a un sentiment d'improvisation et de course non-stop de la part de l'autrice. Elle a posé presque d'entrée la finalité de son histoire, mais elle semble ensuite raccrocher des bouts d'histoires qu'elle a écrit par côté sur cette Atlantide et la Révolution en marche en son sein, avec lesquels elle vient percuter celle de Madeth qu'on suit depuis le début. Cela peut faire un drôle d'effet, en tout cas, ce fut le cas chez moi et il me semble que Steven l'a ressenti aussi.

Heureusement cela n'enlève rien au très beau travail de l'autrice sur cette quête de soi et d'identité de son héroïne ballottée par la vie, ainsi qu'au fascinant univers qu'elle a développé et qui interroge sur la mémoire et l'identité dans un monde source perpétuelle de douleur physique comme psychologique. Cette revisite des soubresauts des premières décennies du XXe sous le prisme atlante est vraiment une belle trouvaille stylistique et nous l'avons tous adorée !

Lecture commune à trois parfaitement réussie, le chemin de la mort poudreuse nous a vraiment emmenés sur des sentiers fascinants de noirceurs et d'ingéniosité, autour de questions à jamais d'actualité, auprès de personnages torturés et marquants, dans un univers steampunk entraînant. J'aurais peut-être aimé une plus grande exploitation de l'Atlantide et ses mystères mais la dynamique narrative et les questionnements m'ont fascinée et tenue en haleine jusqu'au bout, ce qui est déjà parfait !
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J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la dernière masse critique Mauvais genres de septembre. Un grand merci à babelio et aux éditions le chant du cygne. le chemin de la mort poudreuse est une uchronie steampunk dans un univers très sombre et violent, et j'avais très envie de découvrir les publications de cette petite maison d'édition.

L'ambiance très sombre et brutale est ce que j'ai aimé d'emblée et que j'ai trouvé très réussi. L'ambiance de ce roman est très bien rendue, et originale. On est sur un roman steampunk, mais ici point de légèreté ni de douceur amère, encore moins d'aventures tarazimboumantes et légères. Non, on est plutôt sur un steampunk très sombre, très crasseux, très dur. Je n'avais jamais lu une uchronie steampunk aussi sombre et désespérée. J'ai beaucoup aimé la multitude d'humanoïdes et leur fonctionnement, ainsi que celui de l'Atlantide. L'univers est cohérent et passionnant.
Cet Atlantide est loin d'être un paradis. C'est un îlot flottant de boue, de sueur et de larmes. Des personnages d'une brutalité féroce le peuplent. D'ailleurs, le récit est difficile, noir, violent. L'éditeur avait communiqué sur les raisons de l'absence de trigger warning. J'avais bien apprécié cette transparence et ce choix. En attendant, ne prenez pas les mots de l'éditeur à la légère ! Car le chemin de la mort poudreuse est effectivement un récit parsemé de sang, de violence et de poudre encore chaude. Avec la mort au bout. Pile poil dans la ligne édito de la maison.

Pour accompagner l'ambiance, la plume se fait tout aussi violente. C'est remarquable : le roman est incroyablement riche sur le plan des registres de langue et du vocabulaire. L'autrice manie les mots et les styles avec brio. La plume est crue, directe. La violence sort de la plume de l'autrice comme elle sort des personnages et des corps trucidés. C'est percutant, incisif, dur. Je regrette en revanche certaines scènes pas forcément utiles et qui semblent aller dans la surenchère de violence gratuite. Mais enfin, le ton est donné et c'est réussi.


En revanche, la structuration du récit a été un gros point noir pour moi. le chemin de la mort poudreuse se constitue de trois parties, assez égales en taille. le récit est linéaire, mais j'ai eu la sensation de lire trois romans courts à la suite. Si j'ai beaucoup aimé la 1e partie, les deux suivantes ont été très longues et pénibles à avaler. Pas parce que c'est sombre et pesant. Non, je regrette plutôt que certains enjeux ne se dévoilent que tardivement. C'est par exemple le cas du sort de l'Atlantide, qui n'apparait qu'en toute fin de roman. Il était bien temps…
Ce n'est pas que la vie de Madeth ne me passionnait pas. Mais on passe une bonne moitié du roman sur sa seule survie et sa fuite permanente. Viennent seulement ensuite les complots, trahisons et affaires d'espionnage. Il faut donc attendre un bon moment pour décoller et prendre de la hauteur, pour voir l'histoire de Madeth s'intégrer dans des enjeux plus larges. Ca arrive vraiment en fin de roman, mais il était trop tard pour que je me reconnecte totalement au récit.
La double trame ne m'a pas convaincue non plus. En effet, le récit principal est englobé dans une histoire postérieure que nous raconte le narrateur Guillermo (dont je n'ai pas compris ses liens avec les personnages du récit). Sauf qu'il n'intervient qu'en début de chaque partie. Il raconte alors de manière résumée les événements entre chaque partie et ce qui advient à la toute fin du récit, un peu à la manière d'une prolepse. Je n'ai pas trouvé que l'enchaînement des deux trames coulait de source. Cela m'a également semblé déséquilibré. En plus, le blabla de Guillermo spoile selon moi pas mal la fin de l'histoire. Je perdais alors l'envie peu à peu de découvrir la suite.

Autre point qui m'a beaucoup ralentie : le nombre faramineux de personnages pas forcément bien développés. Autour d'une pincée de protagonistes et de méchants récurrents, il y a tout un lot de figurants. Qui ne font que passer ou qui arrivent en cours de route. Et encore d'autres en toile de fond, sur la scène politique. Leur introduction et leur développement ne m'ont pas toujours permis de bien les identifier, et j'ai passé un temps fou à tenter de me rappeler qui était untel ou untel, et quel était le rôle de chacun dans le récit. Non sans mal. Et forcément, quand on zappe des liens, c'est embêtant pour la suite.
Alors il y a de belles réalisations quand même. Par exemple, le personnage de Madeth est remarquablement dessiné, celui de Seawood très surprenant, c'est le mot. Bon, pas très fan d'Aibel mais ce n'est pas très étonnant, la romance n'a jamais été trop mon truc. En revanche, d'autres sont plus stéréotypés (surtout les méchants, qui sont… très méchants, des vraies pures brutes sans nuances). Il y a une foule de personnalités et de caractères, cela aurait pu être assez chouette, mais certains personnages ne font que de la figuration, ne sont pas très présents. C'est surtout le cas pour toute la troupe autour de Seawood et du voile d'ébène. Je ne parle même pas de Guillermo, dont je n'ai absolument pas compris qui il est.

La lecture s'est donc révélée pesante; non pas à cause de l'ambiance que j'ai beaucoup aimée, mais parce que son histoire tire en longueur. J'ai fini par tourner les pages avec grand peine, arrivant au bout essoufflée et sans avoir tout bien saisi en plus. Il faut dire que les 50 dernières pages se précipitent dans un déluge d'actions, le rythme s'emballe quitte à survoler des points d'importance; on s'y perd en route. Je suis parvenue à la fin dans un brouillard total, un certain nombre d'enjeux m'ayant échappé. C'est un peu dommage d'autant que je ne me vois pas le relire.
Alors j'ai apprécié le fond de l'histoire et le sous-texte très engagé, portant sur le despotisme, la corruption des élites politiques, ou encore la lutte des peuples pour leur liberté. L'humanité des hommes mécaniques aussi était une belle histoire de conquête. Mais j'ai trouvé la manière de les aborder très laborieuse. Et je ne sais toujours pas pourquoi ni comment cet Atlantide disparait.

Un rendez-vous un peu manqué avec ce roman de Francesca Theosmy. le chemin de la mort poudreuse ne manque cependant pas d'atouts. Je garderai en tête la plume remarquable de l'autrice et l'ambiance de ce roman pesante, violente et crue, incroyablement vivante, percutante et qui prend aux tripes.
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Le Chemin de la Mort poudreuse fait partie de ces oeuvres dont la personnalité détone et qui ne laissent pas indifférent.

On suit l'histoire de Madeth Ryan, tornade sans cesse pourchassée par les catastrophes quand elle ne les provoque pas elle-même ; et son implication dans la disparation de l'Atlantide. Oui, parce que dans cette uchronie, l'Atlantide est une île volante, colonisée par les Français, les Anglais (le petit monde habituel qui fout la merde x) ) et traversée de graves crises politiques avant de tout simplement se volatiliser en 1916.

On ne va pas se le cacher, l'immersion dans l'univers du Chemin de la mort poudreuse a été périlleuse. Entre la narration atypique et les names dropping qui ne faisaient pas écho, il m'a bien fallu une centaine de pages pour rentrer dedans, pleinement.
« 100 pages ?? Mais c'est super long ! »
En fait, je les ai pas senties. Étrangement, il y avait ce petit quelque chose, cette magie, alchimie entre le style et le rythme effréné qui a fait que je me suis retrouvé piégé dans cette histoire sans même le réaliser.

D'habitude, je redoute la narration omnisciente qui me donne l'impression de regarder l'histoire par un hublot. Ici, cela n'a pas du tout cassé mon immersion ni mon empathie pour les personnages. Chaque mot était mesuré. On se perdait dans une symphonie ininterrompue de détails et d'anecdotes dont on ne voit pas l'intérêt de prime abord, jusqu'à ce qu'une petite phrase, un mot plus acéré qu'un autre, fasse sens sur tout ce qu'on lit. Il y avait une efficacité troublante dans cette manière d'enchaîner l'action sans respiration et d'y glisser des aveux dans les non-dits. J'ai adoré ce recours massif au foreshadowing et cette satisfaction de saisir à rebours que chaque détail a son importance. Cette narration avait aussi cette faculté de nous confronter à la violence sans filtre, de l'exposer sans jugement moral dans sa plus glaçante factualité.

L'univers du Chemin de la Mort poudreuse mélange inspiration steampunk, dérives de la science, guerres et magouilles politiques, surtout le crime dans toutes ses formes, celui qui a pignon sur rue et qui s'échange par liasses de billets souillés ou celui qui se tait dans l'obscurité d'une chambre. On ne nous épargne aucune vilénie de l'être humain, tout en se gardant de misérabilisme.

Les personnages sont rarement bons : ils font ce qu'ils peuvent avec les cartes qu'ils ont en main. Je reconnais m'être attaché à certaines crapules que n'importe qui — doté d'un minimum de morale — fuirait.

C'est surtout Madeth qui porte l'histoire sur ses épaules (pas si frêles que ça). C'est une héroïne extraordinaire sur laquelle, pourtant, personne de sensé ne parierait sa vie : elle se montre le plus souvent égoïste, cupide, adepte de la fuite, tout en faisant montre d'un sang-froid hors pair pour déblayer les obstacles de son chemin.

Bien sûr, l'amour arrive là-dessus, et ça, ça change la donne. Pour le mieux.

J'ai beaucoup aimé la manière de traiter les traumatismes. Madeth est confrontée à un flot de violences et d'horreurs insupportables, alors des fantômes la hantent, voire prennent possession de son corps en pleine nuit. Sous ses dehors barricadés, ses failles transpercent.

J'ai parlé de ses défauts, mais Madeth a quand même une qualité majeure : son franc-parler. Les dialogues sont rares dans le Chemin de la Mort poudreuse, mais chaque fois incisifs et succulents.

Les autres personnages ne sont pas en reste, surtout la bande de Reynolds à laquelle je me suis attaché (alors que je craignais qu'ils m'insupportent avec leurs « superpouvoirs », ils m'ont eu quand même x) ).

Pour ce qui est de l'intrigue, elle est si dense et foisonnante que je me suis demandé comme l'autrice allait pouvoir conclure en évitant le chaos. Spoiler : on a clairement plongé dans le chaos. J'ai manqué la crise d'épilepsie dans la dernière partie, à force de switcher d'une scène à l'autre, mais j'ai survécu. Et finalement, je suis plutôt satisfait du dénouement : les idées sont riches, je n'ai pas venu venir la plupart des twists, et malgré quelques abus sur les capacités de certains persos ou les miracles technologiques, je reconnais que l'histoire est admirablement et intelligemment construite. Je me suis laissé charmer par ce feu d'artifice éblouissant et submerger d'émotions devant certaines retrouvailles.

Bref, c'était trop bien.
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Alors que je n'étais nullement prédestiné à réaliser cette lecture, je tiens à remercier Audrey qui a gentiment proposé à l'éditeur de me faire participer à la lecture commune programmée entre celle-ci et Tachan et dont les avis seront prochainement disponibles. Invitation que j'ai accepté avec plaisir tant je désirais découvrir à mon tour le singulier catalogue que semblait être celui de la maison d'édition, le Chant du Cygne.

Une singularité baignant pleinement l'oeuvre de Francesca Theosmy qui est parvenue à m'emporter aisément dans son univers de science-fiction, à l'inspiration steampunk des plus justement dosée. En effet et n'étant pas friand du genre, je ressors plus que convaincu de mon aventure au sein de cette uchronie visitant à merveille et avec intérêt le célèbre mythe d'Atlantide. Dès le prologue, assez complexe à sa découverte, j'ai su que je faisais face à un récit percutant et j'ai pris un important plaisir à être bousculé par l'entraînante et vive plume de l'auteure. L'intrigue se veut fournie et, malgré parfois, un manque d'homogénéité – ressenti également chez mes collègues – le résultat se dessine fort séduisant et pertinent. Ainsi, j'ai été à la fois plus que diverti ou bien dérangé par certains aspects de ce voyage qui m'aura fait vivre de vives et saisissantes émotions.
Qu'il s'agisse de la période visitée ou de l'univers en lui-même, rien est laissé au hasard par Francesca Theosmy et j'ai aimé découvrir et voir prendre vie les quelques contrées visitées et merveilleusement esquissées. Certaines découvertes m'ont d'ailleurs bien fait sourire et j'ai été séduit par les quelques références effectuées, tant sur le point historique que sociétaire permettant une certaine modernité ainsi qu'une familiarité des plus ancrante.

Néanmoins et malgré les attraits du monde dépeint, j'admets avoir trouvé l'Atlantide et ses coutumes parfois un brin timides en comparaison de l'exposition des péripéties concernant l'attachante et fougueuse Madeth. Ce sentiment s'efface quelque peu dans la troisième et dernière partie composant cette oeuvre où bien des réponses sont apportées et que j'aurais apprécié découvrir au préalable afin de réaliser certains liens utiles à l'avancée de l'intrigue et son conflit géopolitique. Fort heureusement et comme je l'évoquais, j'ai été séduit par le portrait de notre héroïne que le lecteur rencontrera et accompagnera dans son parcours à l'évolution saisissante. Il faut dire que cette dernière part d'assez loin et bien des malheurs croiseront la route de Madeth. Je ne sais encore si c'est un coup du destin ou si, tout simplement, cette dernière apprécie également foncer sans réfléchir aux conséquences de ses choix et autres actes, dévoilant de violents et sombres moments. Une violence parfois certes malaisante, mais également justement dosée pour ne jamais tomber dans l'excès et pourtant certaines scènes sont assez explicites et mettent en action de singulières pensées offrant un savoureux contraste en mes attentes et les faits exposés par l'auteure.

Des péripéties permettant à Francesca Theosmy de dessiner deux pertinents et succulents parcours de vie des plus atypiques. Qu'il s'agisse de Madeth ou d'Aibel, principalement, chacun d'eux m'a régalé pour les épreuves qu'ils ont et devront traversé dans leurs différents cheminements. Plus que les intrigues autour des automates et les thèmes abordés, la psychologie de ces protagonistes, finement élaborées et profondément développées, reste l'élément auquel j'ai été le plus sensible et que je retiendrais de cette savoureuse lecture. D'autant plus que cette appréciation ne s'arrête nullement à ces deux protagonistes principaux et confortent l'idée que l'auteure signe un premier récit de qualité avec des personnages profondément ancrés et campant de séduisants rôles.

Finalement et malgré mes craintes quant au genre, je ressors plus qu'agréablement surpris de cette réussie et pertinente découverte. Bien que l'univers se révèle assez lisse et timide, c'est tout l'inverse en ce qui concerne le funeste destin de Madeth et Aibel que j'ai adoré découvrir, suivre et voir évolue au fil des chapitres. J'ai adoré être bousculé autant que touché par ces derniers.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion de mon partenariat avec le Chant du Cygne.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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Thèmes : temps qui passe , temps , uchronie , science-fiction , voyage dans le temps , steampunk , paradoxe temporel , sfffCréer un quiz sur ce livre

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