Retour dans la Rotten Apple de la fin des années 1970: décadence urbaine, effervescence artistique. Tout est censé y être : les fantômes de
Rimbaud et Kerouac, les lectures de Ginsberg, le Chelsea Hotel, les "parties", le crime, la drogue, le stupre, le "dérèglement de tous les sens". Pourtant rien n'y est, car tout est figé, neutralisé, comme sur papier glacé (belle mise en page et belles photos propres de murs sales), par une mémoire et une prose sans drame, sans trous, lisses (y compris quand le récit se hérisse de quelques mots crus: branler, niquer…), complaisantes, sans même l'arrière-fond de tristesse qui peut parfois rehausser les souvenirs bohèmes des grands bourgeois installés. Un livre gentrifié, en quelque sorte. Reflet fidèle, au moins en cela, de l'histoire d'East Village.