Revue de ma bibliothèque (19)
J'ai lu ce livre essentiel en première édition. Une seconde parution, augmentée de 12 pages est parue en 2012.
2006 paraît lointain à l'aune de l'évolution technologique. Mais le corps de cet ouvrage a trois mains est toujours bien vivant puisqu'il démonte les moteurs de la passion des jeunes pour les écrans, décrit les effets de cet intérêt prononcé la socialisation de l'enfant ainsi que l'impact sur les fondements familiaux.
Un long chapitre est consacré aux jeux vidéos, moins sur le devant de la scène aujourd'hui, pourtant toujours très capteurs d'attention sur console, tablette ou téléphone.
Cet essai relève les accointances entre espace psychique et espace virtuel, un monde sans limites, où l'adolescent peut tester des identités, se rapprocher de l'autre sexe, se défaire de son corps en mue ou encore prendre ses distances avec les parents en nouant des relations à l'autre bout du monde.
Internet se substitue à la famille en chair et en os, notamment via les réseaux sociaux, peu évoqués à une époque ou seul Facebook avait fait sa percée. Une piste parmi d'autres : la relation avec l'ordinateur renoue avec le plaisir des premiers accordages; le bébé a faim de relations autant que de nourriture.
Les auteurs poussent loin la réflexion, usent d'analyses parfois ardues à suivre. Heureusement, le trio mêle clinique et conceptualisation et réussit ainsi à expliquer la dépendance précoce aux écrans, dès la grossesse, répétitions de virtualisation échographique de l'enfant à venir, dont les images sont postées sur le réseau social préféré de papa ou maman. La machine permet de rester uni à son objet privilégié sans s'y perdre et s'en séparer sans le perdre. "La source de la passion pour le virtuel pourrait biens e trouver dans l'accordage multisensoriel précoce."
Ne cherchez plus les bases d'une nouvelle psycho(patho)logie du virtuel.
Commenter  J’apprécie         100
Toutes les fois où une personne manipule une figure ou un numéro qui représente un être humain, elle est engagée dans une relation d'objet virtuelle avec celui-ci et court le risque d'oublier la réalité que recouvrent ces figues ou ces numéros.
Dans la plupart des structures en pédopsychaitrie, il y a une recrudescence d'enfants qui ne savent plus raconter d'histoires. Les seules histoires qu'ils ont envie de raconter sont celles qu'ils peuvent voir à la télévision. On constate ainsi une défense rigide face à l'émergence de leurs propres imaginaires.
La lecture de mots exige un travail de pensée plus complexe que celle des images dans lesquelles ils sont baignés. Lire demande en effet de pouvoir se représenter la chose lue en son absence.
Les images se donnent de moins en moins comme un miroir du monde et de plus en plus comme une matière première que chacun est invité à transformer avec un logiciel.
Les mondes virtuels ne font que nous rapprocher de la réalisation d'un vieux rêve, celui d'être "dans" les images.
État des lieux et enjeux
Avec la participation de Nora ABED, Gisèle APTER, Angélique BELMONT, Stéphane BOUCHARD Dana CASTRO, Nele DE WITTE, Bénédicte DEFONTAINES, Naomie DESIREE, Emmanuel DEVOUCHE, Haddia DIARRA, Philippe DRWESKI, Capucine DUBOIS, Quentin FRULEUX, Sara GABRI, Carlo GALIMBERTI, Richard GNASSOUNOU, Sarah HAMMAMI, Marianne JOVER, Gilbert LACANAL, Fredi LANG, Alice LECOQUIERRE, Andra LUNGU, Carine MILCENT, Sylvain MISSONNIER, Gladys MONDIERE, Clotilde PERREVE, Virginie PICCARDI, Fanny REDLINGER, Bertrand SCHOENTGEN, Serge TISSERON, Emmanuelle TRUONG-MINH, Inès UTRILLA, Tom VAN DAELE, Ilaria VERGINE, Xanthie VLACHOPOULOU
Un état des lieux sur les pratiques psychologiques à distance, en France et ailleurs, piloté par des acteurs majeurs de cette discipline.
Cet état des lieux des pratiques à distance des psychologues, en France et au niveau international, a pour objectif de nourrir les réflexions et les pratiques des professionnels et des chercheurs. En effet, les récentes et rapides évolutions de ces modes d'intervention facilitées par l'usage des TIC (technologies de l'information et de la communication) génèrent des débats éthiques et méthodologiques qui s'inscrivent dans les transformations du champ de la santé. Ainsi la télépsychologie, discipline encore assez nouvelle, est amenée à se développer de façon structurée grâce aux résultats de la recherche et aux apports des professionnels de terrain.
Si la pandémie COVID-19 en a généralisé l'utilisation pour permettre le maintien d'un lien ou d'une écoute dans une situation alors particulièrement anxiogène, elle a révélé la nécessité d'une meilleure formation des psychologues pour cerner les problématiques pratiques, techniques, méthodologiques, théoriques et déontologiques. Certains cadres existaient avant la crise dans le contexte scientifique plus large de la cyberpsychologie mais ils restent à enrichir voire à construire dans une démarche collective pour les inscrire dans le champ social, institutionnel et réglementaire. Les auteurs, acteurs majeurs de cette discipline, y contribuent.
Dans la collection
Cybercultures
+ Lire la suite