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Tout d'abord, j'ai envie de préciser que, pour moi, ce roman n'est pas à classer dans les polars comme mentionné, car faire ça (et lire la 4ème de couverture) c'est dévoiler toute la fin de l'intrigue ! J'avais compris de quoi il retournait après seulement quelques pages, rien qu'après avoir lu le résumé... C'est un roman rural, voire rural noir, mais pas un polar, ni un policer, ni un thriller.
L'histoire se situe sur 2 périodes : les années 30, les premiers congés payés et une bande de copains et collègues d'usines prennent leurs premières vacances d'été à la campagne. Victoire, qui en a plus qu'assez de sa vie en ville veut tout quitter pour rester en Aveyron.
Milieu des années 60, en été, l'auberge de Victoire qui est d'habitude pleine de vie, se trouve vide à cause de la vidange du lac qui attire normalement les touristes.
Ange, le neveu de Victoire est un jeune homme mentalement retardé, sa nièce Ève, à qui elle veut léguer l'auberge, ne rêve que de partir, et sa belle-fille Marie, la véritable héritière et bonne soeur est tiraillée entre le droit chemin et la vertu d'un côté, et la soif de vengeance de l'autre.
C'est un roman rural noir et sociétal où planent les non-dits, les secrets et les rancunes au fil d'un été où tout va basculer.
Entre le quotidien des femmes en ville, à l'usine, dans les années 30 et à la campagne dans les années 60, on suit celles qui ont voulu se libérer, s'émanciper, et peut-être se servir d'hommes pour mieux les effacer.
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En cette fin d'un été du milieu des années soixante, Victoire se meurt. Tenancière d'une auberge dans un village de l'Aveyron pendant trois décennies, elle s'interroge : qui lui succédera ? Et d'ailleurs, l'établissement, en perte de vitesse, lui survivra-t-il ? Cette auberge, elle l'avait créée de toutes pièces afin d'échapper au statut d'ouvrière à la chaîne qui était le sien avant ces premiers congés payés, au moment du Front populaire, au cours desquels elle s'était éprise de Joseph, le paysan veuf qui avait accepté qu'elle et ses amis installent leur tente sur ses terres. Un an plus tard Victoire et Joseph étaient mariés, en présence de Marie et Louis, les jeunes enfants de Joseph. Par la suite, Victoire, inféconde, avait recueilli Ève et son frère Ange, aux yeux de qui elle devint leur tante. Alors qui héritera de l'auberge ? Louis a disparu quand son père a vendu les vignes pour se consacrer à l'auberge ; Marie a pris le voile peu après ; Ange est un peu simplet. Reste Ève, que Victoire a formée, qui coche à peu près toutes les cases, sauf qu'elle est mineure pour quelques mois encore et qu'elle aspire à un autre destin. Dans une BD oubliée par un client, elle a découvert un modèle de femme émancipée qui lui parle : Barbarella. Guidée par des motivations assez semblables à celles de sa "tante", femme forte, insoumise, se servant des hommes plutôt qu'à leur service, Ève ne rêve que de partir. Pendant que Victoire s'éteint jour après jour en se remémorant des épisodes de son existence, le niveau de l'eau du lac réservoir que surplombe l'auberge baisse peu à peu en raison de la vidange du barrage, opération supervisée par un ingénieur falot, unique pensionnaire de l'auberge, autre figure masculine passablement inconsistante.
L'écriture de ce quasi huis clos, dans lequel la psychologie des rares personnages l'emporte de loin, quantitativement, sur les dialogues, est d'un grand classicisme. La chute est prévisible mais bien amenée, tout en ménageant une fin ouverte.
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1965, Aveyron. Un barrage que l'on vidange. La descente de l'eau semble faire écho à l'agonie de Victoire, qui la plonge dans ses souvenirs.
Victoire est née à Paris, où elle a vécu jusqu'à ses vingt ans. En 1936, elle y est ouvrière, une condition qui déjà lui pèse. A l'occasion des premiers congés payés, elle découvre ce coin perdu d'Aveyron qu'elle ne quittera plus. Elle y a rencontré Joseph, un viticulteur plus âgé qu'elle et père de deux enfants : Louis, grand adolescent, et la petite Marie. Elle le convainc de vendre ses vignes, qui réclament beaucoup, rapportent peu et que les gens d'ici disent mal acquises, pour acheter une auberge.

Trente ans plus tard, très affaiblie par la maladie, elle garde le lit. L'auberge dorénavant décrépite héberge comme unique client l'ingénieur hydraulique qui supervise la vidange du barrage. Trois autres personnes cohabitent dans cette atmosphère de mort prochaine, y ajoutant la tension de leurs rancoeurs ou de leurs désirs refoulés.

Marie, la fille de Joseph, est devenue Soeur Marie-Clément-Maurice. Elle revient chez elle pour la première fois depuis son départ, vingt ans auparavant, contenant difficilement sa haine envers une belle-mère qu'elle juge responsable de la mort de son père et du départ de son frère, qui n'a plus jamais donné de nouvelles, mais qu'elle espère pourtant toujours voir revenir. C'est une femme mal dans sa peau, que son obsession pour la nourriture a rendue obèse. Elle est déchirée entre un passé dont elle ne parvient pas à se libérer et la nécessité, pour survivre, de se projeter dans l'avenir, entre l'attachement à une terre qui définit les hommes et leur assure une place et son engagement religieux, qui constitue à la fois une fuite et un refuge.

Eve, la nièce que Victoire a adoptée après le suicide de sa soeur, lui ressemble. Différente des filles d'ici, pataudes et soumises, elle est belle et pleine de vie, avide de liberté et d'indépendance. Elle ne pense qu'à quitter ce trou perdu, où elle tourne en rond, pour partir à Paris. Comme sa tante qui découvrait, avec les congés payés, la possibilité d'un ailleurs et d'une émancipation, elle est stimulée par son jeune âge et les mutations de son temps, écoute les Rolling Stones, et rêve de ressembler à Barbarella, cette héroïne de bande dessinée sauvage et libérée.

Mais il y a Ange, son frère simple d'esprit et crasseux, habité d'une tension ravageuse que seul l'alcool permet de calmer. A la mort de Victoire, qui veut lui léguer l'auberge -et doit pour cela manoeuvrer habilement pour s'assurer l'accord de Marie-, il reviendra à Eve de s'en occuper. Comment concilier obligations familiales et soif de liberté ? Est-ce que ce jeune ingénieur qui loge à l'auberge ne pourrait pas servir ses projets de fuite ?

Isolés dans le huis clos que constitue l'auberge, à l'écart d'un village qui ne les apprécie pas et s'en méfie, abrutis par la chaleur estivale et le pullulement des mouches, chaque héros joue sa partition dans le compte à rebours qu'accompagne la descente de l'eau du barrage, dévoilant peu à peu les secrets du passé. La mécanique narrative est implacable, et en même temps progresse avec une sorte de lenteur torpide qui englue.
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Eté 1965. Un barrage se fait vidanger. le niveau baisse lentement. Trois femmes tourmentées. Victoire, à l'article de la mort, Eve, sa nièce qui n'a qu'une envie, partir et Marie, la belle-fille de Victoire, qui lui en veut de lui avoir voler son père.
Des secrets, des non-dits, une atmosphère pesante et lente. Ce n'est pas évident de se plonger dans cette ambiance malsaine. Elle est intrigante et répugnante à la fois. Victoire va bientôt mourir et ses souvenirs refont surface. Elle est prête à dire certaines choses à Eve et Marie. Marie personnage complexe qui inspire énormément de sentiments contrastés. Eve qui ne rêve que de liberté. Ajouté à ce trio de femmes Ange, le frère d'Eve, qui risque de l'enchaîner malgré elle dans ce trou perdu qu'elle veut fuir. J'ai trouvé ce livre lent, trop lent. le passé revient par vague mais n'est pas tellement exploité. Je m'attendais à avoir beaucoup d'explications. Explications sur leur animosité, sur leur non-dits. Mais je suis restée sur ma faim. Ce livre est bien plus axé sur leur état d'âme actuel. Et à force, ça m'a un peu lassé. Il faut dire qu'on est ici dans un roman noir et que ce n'est pas évident à supporter. Je n'ai pas choisi le meilleur moment pour le lire, ça a très certainement joué sur mon ressenti. Je ne doute pas que ce livre trouvera son chemin parmi certains d'entre vous.
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Premier lu des cinq romans en lice pour le Prix France Bleu/Page des Lecteurs, Effacer les hommes m'a fait forte impression dès les premières pages. le magnétisme se dégageant du lieu dans lequel Jean-Cristophe Tixier décide de poser sa plume dépasse les personnages pour emprisonner le lecteur lui-même dans ce quasi huis-clos.
Un roman inspiré dans lequel je me suis sentie aspirée.

Pitch (4ème de couv):
"Eté 65, quelque part dans l'Aveyron.
Trois femmes se déchirent autour de l'héritage d'une auberge. A proximité, un barrage qu'on vidange. Et l'eau du lac qui baisse inexorablement, dévoilant progressivement les secrets du passé..."

C'est l'histoire de trois femmes.
Victoire, sur le point de mourir, ne veut pas laisser sa belle-fille hériter de son auberge. Car cette maison est le symbole de sa liberté et de l'affranchissement du carcan dans lequel sont contraintes les femmes de l'entre-deux guerres. de l'affranchissement du pouvoir des hommes en général, qu'ils soient maris ou patrons. Depuis son lit, alors que sa lucidité la quitte peu à peu, elle mobilise ses dernières forces pour tirer les fils du destin.
Marie, elle, a vouée sa vie à Dieu, si tant est que ce soit une réelle vocation alors qu'elle est partie au couvent sur un coup de tête. Marie vide sa rancoeur. Puis se remplit de nourriture au gré de ses crises de boulimie. Elle oscille d'un extrême à l'autre. C'est sa façon d'exprimer sa colère et de tenter de se reconnecter avec sa famille disparue. Victoire lui a pris son père. Elle a fait fuir son frère. Marie veut comprendre et lui faire payer.
Eve se sent piégée. Elle rêve grand. Elle rêve tout court. Sa mère est morte. Et Victoire, sa tante est en train de mourir. Alors son modèle sera Barbarella. Une icone de la pop culture qui n'a peur de rien, qui ose tout. Eve ne veut pas hériter du fardeau de l'auberge. Elle veut fuir au-delà de la ligne d'horizon. Barbarella va l'aider dans cette quête de liberté.
L'une s'est construite en s'opposant aux hommes. L'autre en idéalisant ceux de sa famille. La dernière veut tracer son chemin seule.
Et au milieu de ce combat de femmes, silencieux et emplit de non-dits, il y a Ange. Ange n'a pas de filtre. C'est un homme-enfant avec un intellect cabossé. Il crie, il rit, il cogne. Il ne fait pas semblant. Et agit malgré lui comme un catalyseur pour donner à ces trois femmes la force d'aller jusqu'au bout de leur vengeance, de leur rêve, de leur vie.

Ce roman m'a renvoyé l'image d'un jeu complexe d'aimants. Un personnage entre dans une pièce, un autre en sort. L'un s'approche pour quémander la vérité, l'autre tourne le dos pour ne pas avoir à y répondre. C'est un ballet millimétré qui se joue entre les murs.
L'effet miroir entre l'environnement sonore et sensoriel qui entoure la bâtisse et ce qui s'y passe à l'intérieur est lui aussi finement travaillé. La musique, les couleurs, la météo, les alentours de ce lieu se mettent au diapason de l'atmosphère qu'il renferme. le lac se vide, les secrets se révèlent.

Effacer les hommes possède un pouvoir hypnotique qui emprisonne le lecteur aux côtés des personnages.
Lien : https://unlivredansmabaignoi..
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Victoire se meurt dans une vieille auberge au bord d'un lac de barrage en train d'être vidangé.
Marie, nonne et fille du feu mari de Victoire, séjourne dans l'auberge dont elle devrait hériter.
Eve et Ange sont les neveux de Victoire. Eve a 20 ans et tient l'auberge en attendant de quitter ce lieu. Ange est simple d'esprit.
Ajoutons un ingénieur du barrage, seul client de l'auberge, avec qui Eve fricote en espérant qu'il l'emmène loin d'ici, et la liste des personnage de cette espèce de huis clos est complète.
L'ensemble est sinistre, les personnages sont moches, le paysage boueux. Victoire est une garce qui a détruit la vie de Marie, Marie est une victime boulimique et impuissante, ...
Le livre est suffisamment bien écrit pour qu'on puisse le lire dans son intégralité, mais quel soulagement de le finir et de quitter cette misère affective.
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