AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,08

sur 61 notes
5
3 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici ma première lecture pour le prix du Livre France Bleu – PAGE des libraires 2021, autant vous dire que j'avais un peu de pression en commençant ma lecture ! Un peu à l'image du jeune poilu qui partait à la guerre en 1914 et qui pensait être de retour chez lui pour Noël, j'ai naïvement pensé que cette lecture, je n'allais en faire qu'une bouchée !

Vous commencez à me connaitre, je suis une personne qui se soucie des autres et qui est très sensible. Alors en lisant le résumé en quatrième de couverture, le doute n'était pas permis : cette histoire de femmes brisées, attachées à leur terre, dans une vie sans couleurs, allait me toucher et même m'émouvoir…

Jean-Christophe Tixier nous offre ici un roman noir où il décide de mettre en évidence la complexité de l'âme humaine et des relations entre les hommes et les femmes. C'est dans une ambiance miteuse qui sent limite la poussière et le moisi que l'auteur nous embarque, dans une vie sans couleur et terne où les jours passent lentement et se ressemblent tous.

Pendant plus d'une centaine de pages, j'ai trouvé ça long, très long et plat, beaucoup trop plat. Certes le cadre du huit-clos est posé et on ressent parfaitement la chape de plomb nous étouffer, nous bloquer dans ce village austère, dans cette auberge qui date d'une autre époque. Mais pour ma part, j'ai trouvé cela trop plat, au fil des pages je savais que l'une de ces trois femmes allait dégainer, allait déverser sa haine, sa rage et sa colère mais j'ai trouvé la montée en tension trop longue pour dévoiler une fin que j'avais très rapidement pressentie. Dommage car cela me laisse l'impression de passer à côté de quelque chose.

En revanche, là où je veux souligner le coup de maître de l'auteur, c'est d'avoir réussi à dépeindre avec brio cette société du milieu du XXème siècle où la femme se trouvait le plus souvent sous le joug de son mari, sans avoir d'existence propre en dehors de celui-ci. Ici, on a affaire à des destins de femmes qui sont des féministes de la première heure qui prouvent que l'on peut faire sa vie sans s'appuyer sur un homme.

J'ai également apprécié la place qu'occupe la nature dans cette histoire, j'avais l'impression de sentir l'air frais de la montagne sur ma peau et d'entendre le bruit de l'eau en tournant les pages de ce roman ! Pour oublier la grisaille et le bruit de la vie parisienne, il n'y a pas mieux !

Je referme ce livre avec un petit sentiment d'amertume. C'est typiquement le livre que j'aurai aimé adorer, mais malgré l'histoire touchante de ces trois femmes, je n'ai pas quitté le bord de la route… Dommage !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
Commenter  J’apprécie          250

1965 dans l' Aveyron, une auberge près d'un lac artificiel.

Victoire, la propriétaire, est train de mourir et veut régler sa succession et se libérer du poids de ses secrets.
Autour d'elle, gravitent une bonne soeur torturée et boulimique, et Ève une jeune fille elevée par Victoire, avec ses rêves d'évasion et de liberté.

Ces trois femmes vont se disputet l'héritage d'une auberge.

À proximité de l'auberge , un barrage qu'on vidange. Et l'eau du lac qui baisse inexorablement, dévoilant progressivement les secrets du passé...

Au fur et à mesure que le lac se vide, le passé remonte lui, lentement à la surface ...

Remarqué pour son excellent premier roman pour adultes "Les mals aimés" , l'auteur jeunesse Jean Christophe Tixier continue à sonder les trafonds de lame humaine. Dans ce roman noir, où tradition et modernité livrent un conflit quotidien dans un village un peu renfermé sur lui même, trois femmes tentent de s'imposer sur une vie menée par les hommes. .

Très belle psychologie des personnages ( notamment le personnage de religieuse qui trouve dans la bouilimie une sorte d'excuse à sa vie ratée), et belle description d'un environnement étouffante, âpre et pleine d'une violence plus ou moins contenue, Sa facon d'ancrer dans la grande histoire et l'évolution d'une société alors en plein bouleversant des personnages somme toutes assez modestes est subtile car elle facilite les non dits et lessecrets enfouis,

Un roman noir comme la terre, autour du portrait de trois femmes, et de la place des hommes dans l'accomplissement de leur vie.

C'est avec adresse et talent que le romancier plonge le lecteur dans un huis clos féministe éprouvant au contexte socio-historique passionnant et pertinent.

Touché au coeur le lecteur ne peut que saluer ce beau travail.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          190
Jean-Christophe Tixier, auteur que je découvre à travers ce titre, campe trois personnages de femmes dans un huis-clos magistral, au suspense habilement maintenu jusqu'au dénouement final.

Trois femmes qui ont, ou vont, profiter de l'évolution de la société pour tenter d'échapper à leur destin. Victoire, en 1936, a bénéficié pour la première fois des congés payés et a ainsi pu partir camper avec sa bande de copains dans ce petit village reculé de l'Aveyron. Elle y a alors rencontré Joseph, un veuf, propriétaire de vignes. En l'épousant, il a accepté de vendre ses parcelles pour investir dans une auberge, lui assurant ainsi un avenir loin de la conserverie où elle était ouvrière. Marie, la fille de Joseph, n' a pas supporté l'arrivée de cette jeune belle-mère. Son destin, elle l'a confié à Dieu en devenant religieuse.
Les voilà à nouveau réunies dans l'auberge presque 30 ans plus tard. Soeur Marie-Clément-Maurice, espérant sans doute un juste retour de l'héritage, est venue au chevet de Victoire qui, atteinte d'une maladie incurable, se meurt à 52 ans. A leur côté, Ange et Eve, les neveux que Victoire a recueillis alors qu'ils étaient enfants. le seul désir d'Eve, 20 ans, est de partir loin de ce coin perdu. Un nouveau monde l'appelle, la vieille radio diffuse les Rolling Stones et elle a découvert dans une revue oubliée par un client, celle qui allait devenir son héroïne, Barbarella. En cette année 1965 où les femmes ont enfin le droit d'ouvrir seule un compte bancaire, va-t-elle savoir saisir sa chance ?

A travers ce titre, plus roman noir que polar, Jean Christophe Tixier emprisonne rapidement son lecteur dans une atmosphère de plus en plus oppressante. Au fur et à mesure que l'eau du lac voisin baisse pour la vidange du barrage, mettant à nu les vestiges de l'ancien village englouti, l'histoire se dévoile, lourde d'une violence contenue. L'auteur met en scène trois personnages de femmes fortes dans un univers fermé où les hommes ne servent que d'instruments vers la liberté, alors qu'en filigrane, on perçoit la lente évolution de cette société jusqu'alors dirigée par et pour les hommes.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Jean-Christophe Tixier qui encre sa plume dans la terre de cet Aveyron rural pour nous parler d'émancipation féminine. Entre passé et présent qui s'entremêlent indéfiniment au fil des pages, peut-être ai-je ressenti à un moment une légère impression d'enlisement de l'histoire ? Malgré cela, j'accorde un 16/20 à ce roman au titre très évocateur.
Commenter  J’apprécie          170
Années 65/66, dans un coin perdu de l'Aveyron. Dans une auberge quasi-désaffectée, Victoire se meurt lentement, seule dans sa chambre où Eve, Ange et Marie, neveux recueillis et belle-fille, apportent des repas qu'elle n'a plus la force de manger, et assurent ses soins d'hygiène élémentaire, tout en attendant de la part de la mourante des confidences, des révélations sur des évènements du passé restés inexpliqués. Victoire est-elle prête à parler ? Et d'ailleurs a-t-elle quelque chose à dire ? Son agonie progresse en même temps que le lac artificiel tout proche se vide pour contrôler l'état du barrage qui a entraîné lors de sa construction, la submersion du village et des vignes qui le cernent. L'ingénieur responsable des travaux d'assèchement est le seul client de l'auberge.


Qui va hériter ? Marie ? Bonne soeur boulimique entrée au couvent par provocation ; Ange ? Jeune homme plein de vigueur, dont l'âge mental est resté bloqué dans l'enfance ? Ou encore Eve, qui rêve comme son héroïne Barbarella d'aventures merveilleuses. Jean-Christophe Tixier - surtout connu et apprécié dans le domaine littéraire dédié à la jeunesse - met le focus sur Eve. Eve qui, comme tous ceux qui n'ont jamais quitté leur patelin, comprend la puissance du verbe « partir », de la même manière que les prisonniers mesurent le poids du mot « liberté ». Née à une époque où les femmes sont encore inféodées aux hommes, où un semblant d'indépendance nécessite leurs autorisations, où elles sont uniquement cantonnées dans des activités de reproduction ou exploitées comme des bêtes de somme dans leur foyer ou à l'usine, Eve veut s'évader, mise sur l'ingénieur pour l'emmener loin, fait ce qu'il faut pour qu'il s'intéresse à elle. Est-ce le cas ? Et puis faut-il compter sur un homme pour affranchir une esclave ?


Effacer les hommes raconte la belle et tragique histoire d'une famille faite de bric et de broc, au gré des drames vécus au cours des générations, ensevelis sous le silence et transformés en secrets. L'enclavement du petit morceau d'Aveyron où se situe l'intrigue aggrave les difficultés, les solitudes. L'isolement est propice à la propagation des rumeurs, enkyste les haines. L'attachement à la terre génère des luttes mortifères et l'âpreté du climat et les conditions de vie rudimentaires n'arrangent rien. Roman à la lenteur hypnotique, effacer les hommes est aussi, et peut-être surtout le récit de l'émancipation d'une jeune femme qui refuse le déterminisme social, familial, géographique et culturel, et lutte pour sa liberté, sa survie. Un roman féministe, sans aucun doute.
Commenter  J’apprécie          50
Si ce roman de Jean-Christophe Tixier m'a un peu moins plu que "Les mal-aimés" du même auteur, il n'en est pas moins vrai que c'est une bonne lecture.

N'attendez pas un rythme soutenu et de l'action. Là, c'est une certaine lenteur qui domine.
L'auteur prend son temps pour planter son décor, on avance doucement, et les révélations arriveront, oui, n'ayez crainte, mais au compte goutte.

Personnellement ça ne m'a pas dérangée puisque j'aime ce procédé, mais je comprends que certains aient pu s'ennuyer.

Le titre du roman, qui me semblait beau mais un peu neutre, prends finalement toute sa signification. Je dirais même qu'il peut être pris au sens littéral des mots !

Un livre qui saura vous surprendre si vous êtes patient et qui offre une image de la femme assez déstabilisante mais intéressante.
Commenter  J’apprécie          40
En cette fin d'un été du milieu des années soixante, Victoire se meurt. Tenancière d'une auberge dans un village de l'Aveyron pendant trois décennies, elle s'interroge : qui lui succédera ? Et d'ailleurs, l'établissement, en perte de vitesse, lui survivra-t-il ? Cette auberge, elle l'avait créée de toutes pièces afin d'échapper au statut d'ouvrière à la chaîne qui était le sien avant ces premiers congés payés, au moment du Front populaire, au cours desquels elle s'était éprise de Joseph, le paysan veuf qui avait accepté qu'elle et ses amis installent leur tente sur ses terres. Un an plus tard Victoire et Joseph étaient mariés, en présence de Marie et Louis, les jeunes enfants de Joseph. Par la suite, Victoire, inféconde, avait recueilli Ève et son frère Ange, aux yeux de qui elle devint leur tante. Alors qui héritera de l'auberge ? Louis a disparu quand son père a vendu les vignes pour se consacrer à l'auberge ; Marie a pris le voile peu après ; Ange est un peu simplet. Reste Ève, que Victoire a formée, qui coche à peu près toutes les cases, sauf qu'elle est mineure pour quelques mois encore et qu'elle aspire à un autre destin. Dans une BD oubliée par un client, elle a découvert un modèle de femme émancipée qui lui parle : Barbarella. Guidée par des motivations assez semblables à celles de sa "tante", femme forte, insoumise, se servant des hommes plutôt qu'à leur service, Ève ne rêve que de partir. Pendant que Victoire s'éteint jour après jour en se remémorant des épisodes de son existence, le niveau de l'eau du lac réservoir que surplombe l'auberge baisse peu à peu en raison de la vidange du barrage, opération supervisée par un ingénieur falot, unique pensionnaire de l'auberge, autre figure masculine passablement inconsistante.
L'écriture de ce quasi huis clos, dans lequel la psychologie des rares personnages l'emporte de loin, quantitativement, sur les dialogues, est d'un grand classicisme. La chute est prévisible mais bien amenée, tout en ménageant une fin ouverte.
Commenter  J’apprécie          20
1965, Aveyron. Un barrage que l'on vidange. La descente de l'eau semble faire écho à l'agonie de Victoire, qui la plonge dans ses souvenirs.
Victoire est née à Paris, où elle a vécu jusqu'à ses vingt ans. En 1936, elle y est ouvrière, une condition qui déjà lui pèse. A l'occasion des premiers congés payés, elle découvre ce coin perdu d'Aveyron qu'elle ne quittera plus. Elle y a rencontré Joseph, un viticulteur plus âgé qu'elle et père de deux enfants : Louis, grand adolescent, et la petite Marie. Elle le convainc de vendre ses vignes, qui réclament beaucoup, rapportent peu et que les gens d'ici disent mal acquises, pour acheter une auberge.

Trente ans plus tard, très affaiblie par la maladie, elle garde le lit. L'auberge dorénavant décrépite héberge comme unique client l'ingénieur hydraulique qui supervise la vidange du barrage. Trois autres personnes cohabitent dans cette atmosphère de mort prochaine, y ajoutant la tension de leurs rancoeurs ou de leurs désirs refoulés.

Marie, la fille de Joseph, est devenue Soeur Marie-Clément-Maurice. Elle revient chez elle pour la première fois depuis son départ, vingt ans auparavant, contenant difficilement sa haine envers une belle-mère qu'elle juge responsable de la mort de son père et du départ de son frère, qui n'a plus jamais donné de nouvelles, mais qu'elle espère pourtant toujours voir revenir. C'est une femme mal dans sa peau, que son obsession pour la nourriture a rendue obèse. Elle est déchirée entre un passé dont elle ne parvient pas à se libérer et la nécessité, pour survivre, de se projeter dans l'avenir, entre l'attachement à une terre qui définit les hommes et leur assure une place et son engagement religieux, qui constitue à la fois une fuite et un refuge.

Eve, la nièce que Victoire a adoptée après le suicide de sa soeur, lui ressemble. Différente des filles d'ici, pataudes et soumises, elle est belle et pleine de vie, avide de liberté et d'indépendance. Elle ne pense qu'à quitter ce trou perdu, où elle tourne en rond, pour partir à Paris. Comme sa tante qui découvrait, avec les congés payés, la possibilité d'un ailleurs et d'une émancipation, elle est stimulée par son jeune âge et les mutations de son temps, écoute les Rolling Stones, et rêve de ressembler à Barbarella, cette héroïne de bande dessinée sauvage et libérée.

Mais il y a Ange, son frère simple d'esprit et crasseux, habité d'une tension ravageuse que seul l'alcool permet de calmer. A la mort de Victoire, qui veut lui léguer l'auberge -et doit pour cela manoeuvrer habilement pour s'assurer l'accord de Marie-, il reviendra à Eve de s'en occuper. Comment concilier obligations familiales et soif de liberté ? Est-ce que ce jeune ingénieur qui loge à l'auberge ne pourrait pas servir ses projets de fuite ?

Isolés dans le huis clos que constitue l'auberge, à l'écart d'un village qui ne les apprécie pas et s'en méfie, abrutis par la chaleur estivale et le pullulement des mouches, chaque héros joue sa partition dans le compte à rebours qu'accompagne la descente de l'eau du barrage, dévoilant peu à peu les secrets du passé. La mécanique narrative est implacable, et en même temps progresse avec une sorte de lenteur torpide qui englue.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (129) Voir plus




{* *}