Alors que j'avais eu un petit coup de mou au tome précédent, j'ai retrouvé ici l'émotion que j'aime tant dans le titre, le tout assortit d'un travail narratif expressif assez incroyable surtout au vu du trait de l'auteur. Comme quoi on peut transmettre beaucoup même avec un dessin vu comme maladroit.
Voici le temps des retrouvailles ! Bojji et Hiling étant mes personnages préférés, j'attendais énormément du moment où ils allaient se revoir. L'auteur a très bien fait les choses faisant monter la tension jusqu'à ce moment grâce à un superbe combat de Dorshe contre les sbire de Miranjo. Un modèle de combat ultra prenant derrière son classicisme et ses effets qui semblent sortis tout droit des effets spéciaux d'un vieux film kitch. Mais avec sa narration sobre et efficace l'auteur nous fait bien saisir tous les enjeux de ce combat et ce sera le cas tout au long de ce tome.
Un tome centré sur les relations humaines de chaque duo. On est d'abord touché par le dévouement extrême de Dorshe et jusqu'où il va pour Hiling, le tout orchestré dans un combat dantesque aux inspirations bibliques. Puis on reprend une couche d'émotion quand on voit également l'attachement qu'Hiling ressent envers lui, quand elle fait tout pour le sauver. Et l'auteur nous achève pour finir avec l'arrivée de Bojji et ses retrouvailles avec sa mère de coeur. Ça fait beaucoup. C'est fort. C'est puissant.
Et le plus fort, c'est la façon dont c'est mis en scène à grand renfort d'économie. Il y a de nombreuses pages sans mots, avec juste des sons, ce qui nous met à la place de Bojji. C'est très surprenant. On se concentre alors non pas réellement sur les dessins en tant qu'objet graphique, mais sur ce qu'ils racontent, sur les émotions qu'ils soulignent, les sentiments qu'ils font exploser, et on se prend une vraie claque. J'ai adoré le combat héroïque de Dorshe, le courage sans faille d'Hiling, la maturité et la force gagnées par Bojji et la beauté DU moment de leurs retrouvailles. C'était parfait !
Le récit avance toujours aussi lentement en revanche avec ce focus. Les intentions de Miranjo et surtout du Roi restent floues et souvent contradictoires pour moi. Seule petite nouveauté, le Roi des enfers passe à l'attaque, ce qui met en avant des personnages un peu en périphérie pour le moment et risque de propulser notre petit Prince sur le devant de la scène avec les nouveaux alliés que son grand coeur lui a trouvé. Il faut dire que l'auteur fait dans le classicisme le plus pur avec lui. Un héros maltraité mais toujours prêt à aider les autres, ce qui lui vaut des ennemis qui se transforment en amis / alliés. Simple mais efficace.
Tout respire la chaleur humaine dans ce tome vraiment très beau auquel je peine à rendre hommage. Entre un Dorshe aux inspirations sacrificielles, une Hiling aux airs de Madone et un Bojji, héros raté sur le retour, tout est parfaitement orchestré pour nous toucher dans le sens le plus classique du terme. Pas besoin d'effet de manche, le plus simple suffit et
Sosuke Toka démontre s'il en avait besoin que derrière ses dessins maladroits se cache surtout un conteur hors pairs. Je suis on ne peut plus séduite !
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