AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 45 notes
5
2 avis
4
11 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Récits ultimes de Olga Tokarczuk

Mon histoire avec Olga Tokarczuk a connu des hauts et des bas. Tout a commencé par une rencontre ratée.

En mars 2011, j'ai lu Les Pérégrins et j'écrivais dans une critique rédigée à l'époque :

« J'ai enfin fini les Pérégrins de Olga Okarczuk. Quel soulagement, je comptais les pages restantes….

Je vais être de très mauvaise foi mais même sa première phrase est plate : « J'ai cinq ou six ans »

Pour un roman sur le voyage (ou plutôt sur les gens qui voyagent) je ne peux pas dire qu'il m'ait vraiment transporté (dans le sens de ravie)… J'ai failli laisser tomber au bout de 50 pages.

Ce roman est une suite de personnages différents ayant en commun le fait qu'ils voyagent, et l'intérêt, plus ou moins prononcé, pour la plastination (technique d'embaumement du corps humain / animal). Certains de ces personnages apparaissent, disparaissent, on ne sait pas trop pourquoi. Cela peut être des voyages temporels (retour historique) et géographiques.

J'ai aimé cette Polonaise immigrée aux antipodes, par contre les autres m'ont souvent laissé indifférent. C'est poussif. J'y ai retrouvé l'idée de l'Homme qui parle de Llosa dans cette secte russe qui doit voyager pour ne pas se laisser emporter par l'adversité. Mais franchement cela n'a pas l'intérêt d'un Llosa.

Mme Olga Okarczuk, je ne vous relirai pas. »

En 2019, avec ma mémoire de poisson rouge, je ne me souviens pas avoir déjà lu Olga Tokarczuk. On m'offre à Noël son livre : « sous les ossements des morts ». Ce roman deviendra mon coup de coeur de 2020. Il faut signaler que ce roman est très différent des Pérégrins. Une sorte de roman policier, une sorte de traité philosophique, écologique, un ouvrage vraiment en dehors des sentiers battus. Un style superbe. Bref en 10 ans je passe de « Beurk » à j'adore…

Cette année, je réitère mes lectures de Mme Tokarczuk. Cette fois je lis « Récits ultimes ». Un roman en trois parties. Une histoire de femmes à travers 3 générations.

Dans le premier récit, c'est l'hiver en Pologne. Ida est sur la route pour revoir la maison de ses parents décédés. Elle a un accident et se retrouve hébergée dans une vieille maison avec un couple de personnes âgées. Ces personnes âgées abritent / accueillent des animaux qui vont mourir. Ida est hypocondriaque. Elle appréhende la mort. Durant ce séjour forcé, elle va se remémorer ses parents et son couple. La description de son accouchement dans la Pologne communiste, m'a rappelé le récit d'une de mes ex-collègues. La chute de cette partie est… intrigante.

Dans le second récit, on découvre Parka (diminutif de Paraskewia). Parka est vieille. Elle vit en Pologne mais est née en Ukraine. Elle a épousé un Polonais dans l'Ukraine d'avant la guerre. Envahi par les russes et les Allemands, elle va devoir fuir avec ce mari, Pétro, le père de Ida. Parka a eu une vie difficile, faite de malheurs, de fuites, de renoncements. Mais étrangement cette partie est sans doute la plus« allègre » des trois. Car si Parka raconte ses souvenirs, et dieu qu'ils sont tristes ses souvenirs, elle le fait de façon truculente. Et cette femme qui est morte lorsque les deux autres récits sont écrits, est la plus vivante des trois. Et la fin de cette partie est… exclamative.

Dans le dernier récit, Maya, fille unique d'Ida et unique petite fille de Parka est en voyage avec son fils en Malaisie. Elle rédige des guides de voyage. Elle sort d'une mésaventure amoureuse dont on ne sait que peu de choses. La plus grande partie de ce récit se passe dans une île sans doute pas aussi paradisiaque que les photos peuvent le laisser penser. Maya et son fils de onze ans vont côtoyer différents clients de cet hôtel. Il semble que le nom de ce fils ne soit jamais mentionné. Un magicien, en fin de vie, va fasciner le fils de Maya mais cela n'est pas du gout de sa mère. Cette partie, comme les trois autres, termine par un mort… et comme dans les trois autres partie, cette mort est libératrice.

Plus que l'histoire ou les histoires, c'est le style qui m'a emporté. Quelle splendide écriture. Madame Tokarczuk, dix ans après, je vous lirai et relirai avec un grand plaisir. J'espère que notre histoire commune, dont vous n'aurez jamais connaissance, se poursuivra longtemps.

Pour vous donner un aperçu de ce style, voici deux extraits. le second est à la fois drôle et déchirant.

« Nous devrions créer des associations qui assisteraient les mourants et aussi fonder des écoles pour apprendre à mourir, pour éviter, ne serait-ce qu'une dernière fois dans la vie, de commettre des erreurs irréparables. Il devrait y avoir des travaux pratiques avec démonstrations. En cours de gym, par exemple, on devrait apprendre à s'exercer à mourir ; comment s'enfoncer tout doucement dans les ténèbres, comment perdre connaissance et comment garder un maintient irréprochable dans le cercueil. On ne manquerait pas de volontaires pour mourir en direct devant l'objectif d'une caméra, histoire de tourner des films éducatifs sur la question. Cette formation devrait aussi aborder le problème de la mort sous un angle ethnographique et historique afin qu'on sache comment elle était perçue dans les temps anciens, quelle idée on s'en faisait alors, pourquoi elle était représentée tantôt sous les traits d'une femme, tantôt sous ceux d'un homme et surtout – question essentielle, où l'on va après la mort, si tant est que l'on aille quelque part. de même que l'on passe un examen de biologie au baccalauréat, de même on devrait en passer un en thanatologie, assorti de tests pour valider chaque semestre et de notes sur le certificat de fin d'études. » P63 et 64.

« Il y a une chose qui me tarabuste depuis longtemps : comment se fait il qu'on puisse voir une chose tout à fait différemment que les autres ne la voient ? Pourquoi le regard que nous portons sur les choses et les faits différent selon la personne qui les regarde ? Comme si chacun regardait le monde à travers un filtre. Comment alors se mettre d'accord à propos du passé ? Et même si l'on décidait de laisser de coté le passé, le jugeant trop compliqué, trop embrouillé, histoire d'adopté une seule et unique version des faits, commune à tous, cela ne résoudrait pas pour autant le problème du présent. Lui aussi est soumis à la loi du filtrage. On a beau regarder la même chose, chacun y voit autre chose. C'est en lisant les journaux du lendemain qu'on apprend ce que l'on a réellement vécu la veille. Pour nous, c'est après coup que des gens savants nous ont expliqué dans leurs gros bouquins pourquoi nous avions dû plier bagage et vivre ces adieux déchirants. Nous, à l'époque, on l'ignorait. Les journaux et la télévision qui détiennent le privilège de régir l'ordre du monde se substituent à nous et fixent le sens de chacun de nos faits et gestes, de chacune de nos décisions. » p171
Commenter  J’apprécie          242
Olga la douce exploratrice des abymes de l'âme s'en vient ici nous en dépeindre trois: celle d'Ida la mère, qui à la faveur d'un petit accident sur la route de sa vie contemple sa décrépitude à venir dans l'oeil d'animaux malades; celle de Parka la mère, étendue comme une ancre sur sa couche aux côtés de son mari décédé, qui rembobine le film de sa vie; Maya la petite-fille, suspendue sous le soleil mordant de Malaisie entre deux escales de sa vie sans ancrage.

De ces trois récits, très voire trop indépendants es uns des autres, c'est de loin celui relatif à Parka qui m'a embarquée et dans lequel j'ai retrouvé ce ton et cet univers si particulier de cet auteur que j'adore : cette femme tirant sa force de sa vieillesse et dessinant dans la neige un "Petro est mort!" à destination des imbéciles du village d'en bas, outre qu'elle rappelle le personnage puissant de Sur les ossements des morts, contient tout le charme un peu magique de l'auteur et parle de la femme dans ce qu'elle a de plus authentique.

Pas mon préféré d'Olga Tokarczuk, mais l'occasion tout de même de belles plongées dans l'intimité profonde de trois femmes.
Commenter  J’apprécie          231
Les récits se suivent et ne se ressemblent pas. J'ai adoré le premier et le second. Je n'ai pas du tout accroché au dernier. Dommage car c'est le sentiment qui reste.
Commenter  J’apprécie          110
Trois femmes. Trois générations. Chacune se retrouvant confrontée à la mort, au temps qui passe. 

A partir de ce point de départ, somme toute classique, Olga Tokarczuk livre une nouvelle fois un récit très différent de ce que l'on pourrait attendre, mais dans lequel sa touche incomparable se retrouve. 

La grand-mère, Paraskewia, se retrouve coincée, en plein hiver, dans sa vieille maison isolée avec son mari qui vient de mourir. L'occasion pour elle de se remémorer son passé et son mariage avec Petro.

Ida, sa fille, vient d'avoir un accident de voiture. Elle se réfugie dans la maison d'un couple de retraités qui a pour occupation principale de recueillir de vieux animaux pour s'en occuper jusqu'à leur mort.

Enfin, Maya, la petite-fille est en voyage avec son fils en Malaisie, sur une île à l'étrange atmosphère…

Chacun de ces récits se lit de façon indépendante, je dirai même que chacun a son propre rythme mais tous sont liés par la mort et la déliquescence. 

Le récit central, celui d'Ida, est le plus « cartésien » des trois mais il n'échappe pas, comme les deux autres, à une touche d'onirisme, voir de fantastique. 

Ce court roman est plaisant à lire même si exigeant. Probablement pas celui que je recommanderai à quelqu'un souhaitant découvrir l'oeuvre d'Olga Tokarczuk. Mais pour ceux qui l'ont déjà lue, ce roman ne sortira pas des thèmes chères à l'autrice qui révèle, une fois encore, son talent de conteuse.
Commenter  J’apprécie          80
Deuxième livre d'Olga Tokarczuk que je lis.
Elle a indéniablement une écriture superbe et une façon de construire ses histoires qui me laissent pantoise.
Trois récits, trois femmes : la mère, la grand-mère, la fille.
Il se passe si peu et tant est dit. Je trouve ça fabuleux.
Des vies racontées au détour d'autre chose... un accident de voiture, la mort d'un mari, un séjour sur une île.
La mort surgit sans drame mais comme un coup de fouet : une tortue morte quand on espérait voir des tortues géantes, un chien en fin de vie puis celle du mari mais comme une évidence.
Tout est sujet à réfléchir sur soi, à faire le point dans une espèce d'ambiance ouatée ou enneigée ou accablée de soleil.
Les pensées et l'introspection se déroulent doucement, avec une finesse d'analyse que j'adore.
Une sacrée bonne femme, cette Olga Tokarczuk !
Commenter  J’apprécie          50
Cette année, j'ai décidé de ne pas attendre la dernière minute pour renseigner l'item "Lire un roman d'un auteur nobélisé" de mon challenge de lecture ... Alors, quand j'ai aperçu cet ouvrage d'Olga TOKARCZUK sur les rayonnages virtuels de la bibliothèque numérique de la Ville de Paris, je n'ai pas hésité une minute pour emprunter ce court roman d'une auteur tout juste primée (au titre de l'année 2018). 

Cet ouvrage est composé de trois récits - apparemment indépendants -  où trois femmes sont confrontées à la mort, et qui partagent leurs ressentis. 

Au fil des histoires on découvre qu'Ida (1er récit), mère de Maya (3ème récit) est la fille de Parka (2ème) 

Récits indépendants, mais où chacune évoque sa vie, ses choix, sa solitude.

La grand-mère, Parka, née ukrainienne, a épousé un polonais, mais la Pologne a été successivement envahie par l'Allemagne puis la Russie, et pour vivre, différentes compromissions ont été nécessaires.

Ida, a toujours préféré son père à sa mère. Mais l'âge approchant, elle décide de refaire un tour dans la maison de son enfance. Un accident sur la route, l'en empêchera.

Maya, auteur de guides de voyage parcourt avec son fils des îles paradisiaque. Seule, elle se remémore ses dernières amours et ne vit plus que pour protéger son fils ... 

Trois femmes liées par le sang, mais rien d'autre ! Les seules traces d'amour maternel sont entre Maya et son fils.

Trois femmes dont sa solitude est immense, mais trois femmes qui ne renient rien de leur passé. 

Trois réflexions sur la mort, sur la vie ... 

Un roman qui m'a éclairée sur l'histoire de la Pologne, un roman qui fait réfléchir sur les traces laissées de génération en génération.  

Une très belle écriture 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
Commenter  J’apprécie          40
Découverte de la littérature contemporaine polonaise avec ce roman composé en triptyque. L'histoire de 3 femmes, qui à travers un événement extra-ordinaire qui leur arrive, reviennent sur leur existence. Les récits de cette femme, de sa mère puis de sa fille, sont reliés par un discours sur la vie et la mort, élevant le tout à une réflexion philosophique. Un thème universel qui fait de ce roman un essentiel de la littérature-monde.
Commenter  J’apprécie          20
Trois récits, trois femmes confrontées à la solitude.

Après un accident de voiture, Ida trouve refuge chez un couple de personnes âgées qui habitent une maison isolée et l'hébergent le temps qu'elle reprenne ses esprits. Dans ce lieu comme hors du temps Ida revoit des épisodes de sa vie. En rêve elle croise sa mère et sa fille. Elle pense à son mariage raté, à son ex-mari qu'elle revoit de loin en loin malgré leur divorce, non par envie mais par habitude et faute d'avoir su lui dire non.

Paraskewia, dite Parka, la mère d'Ida, vit dans une maison isolée au dessus d'un village de montagne et aujourd'hui coupée du monde par la neige alors que son mari, Petro, vient de mourir. Tout en s'activant pour signaler la situation au village, Parka se souvient du passé. Parka et Petro sont des exilés qui ont dû quitter leur région d'origine suite aux changements de frontières de la Pologne après la seconde guerre mondiale. Enceinte jeune fille Parka a dû épouser un homme qu'elle n'aimait pas. Ses sentiments pour le mort sont un mélange de colère, d'agacement mais aussi une forme de tendresse due à une longue vie commune.

Maya, la fille d'Ida, séjourne en Malaisie avec son fils de onze ans. Officiellement c'est pour écrire un guide touristique mais Maya semble surtout tenter de fuir un grand mal être.

Même si ces trois femmes sont liées par des relations de parenté, les trois récits sont indépendants et pourraient se lire séparément. le point commun ici est la réflexion sur le sens de la vie. L'autrice excelle à transcrire les pensées de ses personnages, la façon dont elles vagabondent. Il y a aussi de très belles descriptions des paysages et de la nature, nature enneigée de Pologne, fonds sous-marins de Malaisie. Ida et Parka sont plus attachantes que Maya dont le lecteur reste un peu à distance. Son récit est d'ailleurs rédigé en focalisation externe alors que celui de ses mère et grand-mère l'est en focalisation interne. C'est un ouvrage que j'ai apprécié, plus particulièrement les deux premiers récits, donc.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          20
Trois femmes de la même famille , trois générations qui se racontent , qui racontent lors immense solitude
Ida heroine du premier récit se retrouve seule suite à un accident de voiture , hébergée par un couple ,elle se penche sur son existence
Le second récit mettant en scène la mère seule dans son chalet isolé en haut de la montagne et appelant à l'aide lors de la mort de son mari
Le troisième récit met en avant la fille partit loin afin de se ressourcer .
La nature est toujours très présente et les trois histoires indépendantes, autant j'ai apprécié les deux premières, autant la troisième m'a laissé sur ma fin
Par contre ,quelle belle écriture.
Commenter  J’apprécie          20
Un récit déroutant et touchant à la fois mais qui ne me restera pas forcement en mémoire longtemps. La découverte de l'auteure est intéressante. L'écriture est bien maitrisée rien à redire de ce côté-là. Ce serait plus dans les liens qu'ont ces trois femmes où j'ai eu le plus de mal à me projeter.

Ida, femme mûre, subit un accident de la route et se perd, physiquement et psychologiquement. Parka, sa mère, très vieille femme qui vit en Pologne lutte contre le temps aussi bien climatique que celui qui lui reste à vivre et Maya, jeune mère, fille de la première, qui elle se détourne de son projet touristique.

Nous avons donc trois récits contre le temps, et au bout la mort, comme pour tous. Pendant ce lapse de temps, elles ont chacune des reflexions sur leur vie, leur projet, leur passé, des chemins de vie différent, qui dévient.

J'ai lu ce roman dans le cadre du prix des lecteurs "Lectures Étranges" par la bibliothèque municipale de Saint Geyrac. Littérature polonaise pour ce titre, une découverte plaisante mais un peu ambiguë.

Lien : https://passionlectureannick..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (94) Voir plus



Quiz Voir plus

Hungers games (tome 1, 2 et 3)

qui est le styliste de katniss?

Effie
Cinna
Snow
personne, elle se prepare toute seule

13 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Suzanne CollinsCréer un quiz sur ce livre

{* *}