Difficile d'ajouter une nouvelle contribution à ce monument de la littérature du 20ème siècle qu'est
Tolkien.
Il y a tellement de choses à dire sur cette oeuvre pour la jeunesse, simple en apparences, mais on y voit très bien l'ébauche de réflexions bien plus poussées qu'on trouvera dans le Seigneur des Anneaux. Sans oublier le génie de
Tolkien et sa passion pour les langues et les légendes.
Le motif qui domine est bien sûr celui de la narration (avec les chants) qui permettent la transmission et la mémoire. Toutefois, c'est vrai que l'ingérence de l'auteur dans son récit par des phrases très simplistes (du style 'mais bien sûr que notre héros va gagner') a de quoi agacer. Cette apparente légèreté se retrouve aussi dans le vocabulaire, comme celui pour décrire les mouvements, ne doit quand même pas tromper le lecteur sur la portée réelle de ce roman.
En effet, le lecteur attentif se rendra compte qu'il s'agit d'un récit initiatique avec une valeur quasi biblique. Bien sûr la quête de Bilbo est avant tout une quête de soi - c'est d'ailleurs précisément ce qui permet au récit d'avoir une portée universelle et intemporelle.
Ainsi, on verra notre hobbit forcé de jeûner pour se purifier et devenir différent du hobbit qu'il était, bien au chaud dans son trou douillet. Chaque nouvelle épreuve est un test de bravoure qui le met sans cesse face à des choix - thèmes très important chez
Tolkien aussi. Ce voyage signe la fin de l'insouciance car c'est dans la rencontre avec ces créatures différentes de lui (et dans l'adversité qu'ils rencontrent ensemble) que (le nouveau) Bilbo se construit. Bien sûr, Bilbo ressort transformé car il s'est dépassé, mais exubérance des célébrations "made in Hobbits" n'est pas de mise car à l'issue de ce voyage "mystique" il reste à Bilbo le goût amer de la vie (ou plutôt de la mort) au même titre que la douceur des nouvelles valeurs qu'il a apprises (la solidarité, l'amitié et l'honneur). Heureusement, comme
Bilbo le hobbit est un Juste : la Chance/Providence est avec lui tout au long du chemin - là aussi, cet aspect donne un ton très 'jeune' au récit. Mais malheureusement pour lui, lorsqu'il revient chez lui, son entourage qui n'a pas partagé son expérience ne le 'comprend' plus : voilà bien les deux versants de l'expérience et de la connaissance ! le Bien et le Mal, la lumière et l'obscurité : et rebelote, un thème dominant dans l'oeuvre de
Tolkien.
Pour cela,
Bilbo le Hobbit constitue une bonne introduction à cet auteur incontournable. Ceci dit, s'il est vrai qu'il est impossible de ne pas admirer le génie de
Tolkien, je ne peux pas dire que j'ai trouvé cette lecture particulièrement agréable. J'ai beaucoup aimé les premières pages, les dernières et quelques passages "clés" particulièrement délectables comme les rencontres avec Gollum et Smaug.
Une lecture qui me paraît quand même incontournable.