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Citations sur Le Roi des Aulnes (187)

Mes mains aiment les chaussures. C'est en vérité qu'elles se consolent mal de n'être pas des pieds comme ces filles trop grandes qui regrettent toute leur vie de n'être pas nées garçons.
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il est clair que la photographie est une pratique d'envoûtement qui vise à s'assurer la possession de l'être photographié. Quiconque craint d'être « pris » en photographie fait preuve du plus élémentaire bon sens. C'est un mode de consommation auquel on recourt généralement faute de mieux, et il va de soi que si les beaux paysages pouvaient se manger, on les photographierait moins souvent.
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Et aussi bien le poisson est typiquement suradapté à l'eau. Ce qui veut dire que son bonheur est d'autant plus fragile qu'il est plus complet. Car si l'eau devient trop chaude, ou trop salée, ou si son niveau baisse... Alors, il vaut mieux être simplement et même médiocrement adapté à l'eau, comme le sont les animaux amphibies, lesquels ne sont tout à fait heureux ni dans l'humide, ni dans le sec, mais s'accommodent moyennement de l'un et de l'autre.
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ma vie fourmille de coïncidences inexplicables dont j'ai pris mon parti comme d'autant de petits rappels à l'ordre. Ce n'est rien, c'est le destin qui veille et qui entend que he n'oublie pas sa présence invisible mais inéluctable.
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«  Plus vous voulez vous élever, plus il faut avoir les pieds sur terre.
Chaque Arbre vous le dit » .
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Mgr Verdier s'agenouille et verse quelques gouttes d'eau sur un pied nu, il l'essuie avec un linge, puis, il s'incline pour le baiser, puis pour remercier le jeune garçon, il lui remet un petit pain et une pièce de monnaie.
Elle est entrée pour toujours dans mon cœur, l'image de ce vieil homme, courbé jusqu'au sol pour poser ses lèvres sur les orteils d'un enfant.
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Le bois ayant remplacé le charbon, il faut alimenter le feu toute la nuit pour porter l'eau à 40°C. Je suis descendu jusqu'à cinq fois pour recharger la chaudière. Il était convenu qu'à huit heures avant le petit déjeuner, les enfants seraient envoyés à la douche.
J'étais couché nu sous un jet bouillant, suffocant et aveuglé déjà, quand le musique de leurs voix claires mêlée au tapotement de leurs orteils sur la pierre a rempli l'escalier.
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Il est six heures, et déjà les premiers rayons du soleil enflamment les tuiles vernies des tours orientales. Sous sa caresse, les quatre cents pénis de l'hypnodrome s'émeuvent, dressent leur petite tête aveugle, rêvant d'une floraison possible, d'un avènement à la lumière, à la couleur, au parfum, au buisson capital de l'ange phallophore. Mais cet émoi matinal passé, ils retomberont dans leur torpeur, voués à l'ombre, à l'abnégation, condamnés à être jetés dans les oubliettes génitales, et à ne s'animer qu'au service obscur de la perpétuation de l'espèce. À moins que ... la phorie peut-être ? (L'Ogre de Kaltenborn - page 444).
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Ce qu'il vit le fit chanceler de surprise, et l'obligea à s'appuyer de l'épaule au chambranle de la porte : tout un grouillis de petites filles entièrement nues égayait le chêne sombre dont l'immense salle était lambrissée. Certaines étaient efflanquées comme des chats écorchés, d'autres roses et dodues, comme des cochons de lait, il y en avait des grandes, montées en graine, des boulottes, rondes comme des poupons, et les chevelures tressées, nattées, roulées en macarons, ou au contraire libres et flottantes entre les fragiles omoplates, étaient tout ce qui habillait ces petits corps, impubères, lisses comme des savonnettes. Sa survenue était passée inaperçue, et il repoussa doucement la porte derrière lui, afin de restituer à l'atmosphère la densité que seule une claustration hermétique totale lui assurait. Il ferma à demi les yeux en gonflant ses poumons avidement de ce fumet savoureux qu'il suivait depuis le début de la matinée, mais qu'il captait ici dans sa pureté naissante, et, malgré lui, ses grandes mains ouvertes se tendaient en avant, comme pour cueillir, pour recueillir toute cette provende tiède et follette, le dernier ton de la Prusse-Orientale.
- Vous n'avez rien à faire ici. Sortez immédiatement !
Serrée dans une blouse d'infirmière immaculée, une déesse Germania au visage sévère et régulier le fusillait du regard. Il recula, ouvrit la porte et amorça à regret un mouvement de retraite.
- Mais enfin, qui vous a fait entrer ?
- C'est l'odeur, balbutia-t-il. Je ne savais pas que la chair d'une petite fille sent le muguet…
Le fonctionnaire qui tamponna son Ausweis lui donna l'explication de ce charmant rassemblement. Chaque année, le 19 avril, tous les enfants de dix ans passaient un conseil de révision avant d'être incorporés dans la Jeunesse hitlérienne.
- Les petits garçons, ajouta-t-il, c'est de l'autre côté de la place, au théâtre municipal.
- Mais pourquoi cette date du 19 avril ? insista Tiffauges.
Le bonhomme le regarda avec incrédulité.
- Vous ne savez pas que le 20 c'est l'anniversaire de notre Führer ? Chaque année la nation allemande lui offre en cadeau d'anniversaire toute une génération d'enfants ! conclut-il avec exaltation en levant l'index vers le grand portrait polychromé d'Adolf Hitler qui fronçait le sourcil au-dessus de sa tête (L'Ogre de Rominten - pages 313-315).
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On parlait "élans", et il crut à propos de rapporter une anecdote qui se situait en Suède où chaque année le roi Gustave V continuait à présider la grande chasse à l'élan, malgré ses quatre-vingt-deux ans. On avertissait discrètement les invités que Sa Majesté ayant la vue basse, il était prudent, si l'on se trouvait à sa proximité au cours de la battue, de crier du plus loin qu'on l'apercevait : "Je ne suis pas l'élan !" C'est bien ce que fit un invité de marque à la fin de la chasse, mais à sa grande horreur, il vit aussitôt le vieux monarque épauler et tirer dans sa direction. Blessé légèrement, emporté sur une civière, il eut la possibilité après l'hallali de s'en expliquer avec le roi. Celui-ci lui fit ses excuses. "Mais, sire, s'étonna le blessé, quand j'ai vu Votre Majesté, j'ai crié pourtant Je ne suis pas l'élan ! Et il m'a semblé que c'est en m'entendant que Votre Majesté a tiré dans ma direction !" Le roi réfléchit un moment. Puis il lui expliqua : "Voyez-vous, mon ami, il faut m'excuser. Je n'ai plus l'oreille bien fine. Oui, je vous ai entendu crier. Mais j'ai compris Je suis l'élan. Alors naturellement, j'ai tiré !" (L'Ogre de Rominten - pages 289-290).
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