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Citations sur Le Roi des Aulnes (187)

Le bonheur ? Il y a là-dedans du confort, de l’organisation, un stabilité construite qui m’est tout à fait étrangère. Avoir des malheurs, c’est sentir l’échafaudage bonheur ébranlé par les coups du sort. En ce sens, je suis tranquille, je suis à l’abri du malheur, car je n’ai pas d’échafaudage. Moi, je suis l’homme de la tristesse et de la joie. Alternative tout opposée à l’alternative malheur-bonheur.
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Là, je brame. C’est comme un rot profond et prolongé qui semble monter de mes entrailles et qui fait longuement vibrer mon cou. En lui s’exhale tout l’ennui de vivre et toute l’angoisse de mourir.
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Dieu m'est témoin que je n'ai jamais prié pour une apocalypse ! Je suis un géant doux, inoffensif, assoiffé de tendresse qui tend ses grandes mains, jointes en forme de berceau.
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J'avais mal dormi, le poil de mon menton râpeux grattait douloureusement sous ma paume, un dépôt verdâtre encrassait mes dents. Non, vraiment, c'en était trop pour une fois ! J'ai crié: "Quelle gueule ! Mais quelle gueule ! Allez, aux chiottes !" tandis que mes mes deux mains enserraient mon cou et faisaient le geste de dévisser ma tête. Et puis, emporté par ma colère, je suis allé effectivement aux cabinets. Là, je me suis agenouillé devant la cuvette comme pour vomir, mais j'y ai enfoncé ma tête toute entière, tandis que que ma main levée cherchait en tâtonnant le bout de la chaîne. La chasse d'eau s'est déclenchée dans un tonnerre de cataracte, et une douche froide et dure comme un couperet de guillotine m'est tombée sur la nuque. Ensuite, je me suis relevé, ruisselant, calmé et un peu confus. Ça m'a fait du bien, tout de même ! Je serais surpris si je ne recommençais pas.
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L'autre semaine, j'ai repéré sur le dessus d'une poubelle une paire de brodequins crevés, déchirés, brûlés par la sueur, humiliés de surcroît parce qu'avant de les jeter on avait récupéré leurs lacets, et ils baillaient en tirant la languette et en écarquillant leurs œillets vides. Mes mains les ont cueillis avec amitié, mes pouces cornés ont fait ployer les semelles -caresse rude, mais affectueuse -, mes doigts se sont enfoncés dans l'intimité de l'empeigne. Ils semblaient revivre, les pauvres croquenots, sous un toucher aussi compréhensif, et ce n'est pas sans un pincement au cœur que je les ai replacés sur le tas d'immondices.
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J'ai des mains énormes, des pinces d'étrangleur, des pelles d'égoutier qui souffrent de leur ridicule lorsqu'elles se posent sur une nappe blanche ou une feuille de papier, et qu'il leur faut manipuler une petite cuiller en argent ou un crayon qui risquent à chaque instant de se briser entre leurs doigts comme une allumette. Mais avec les chaussures, tout change.
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C'est à la fois une mimique de désespoir et une sorte de rite pour surmonter le désespoir. Je me mets à plat ventre par terre, les pieds tournés vers le dehors, et je m'appuie des deux mains sur mes bras tendus, le buste dressé, la tête renversée en arrière vers le plafond. Là, je brame. C'est comme un rot profond et prolongé qui semble monter de mes entrailles et qui fait longuement vibrer mon cou. En lui s'exhale tout l'ennui de vivre et toute l'angoisse de mourir.
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La vie n'est tolérable qu'en état d'ébriété. Ébriété alcoolique, amoureuse, religieuse. Créature du néant, l'homme ne peut affronter l'inconcevable tribulation qui lui advient, ces quelques années d'être, qu'en se saoulant la gueule.
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Car je ne doute pas qu’une nuit un visiteur sculpté dans de la pierre tombale viendra frapper à ma porte de son poing de marbre, et qu’il prendra la main que je lui tendrai et m’entraînera avec lui dans les ténèbres dont nul ne revient. Mais il n’aura pas les traits d’un père bafoué et assassiné. Il aura mon propre visage.
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Lorsque le symbole dévore la chose symbolisée, lorsque le crucifère devient crucifié, lorsqu'une inversion maligne bouleverse la phorie, la fin des temps est proche. Parce qu'alors, le symbole n'étant plus lesté par rien devient maître du ciel. Il prolifère, envahit tout, se brise en mille significations qui ne signifient plus rien du tout.
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