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Citations sur Vendredi ou les limbes du Pacifique (156)

Une noue marneuse où dormait une nappe d'eau immobile s'achevait par une saignée de sable blond que couvrait un velours de graminées.
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Ce sera pour plus tard. Plus tard... Que de promesses dans ces deux simples mots !
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L’atmosphère irréelle, l’abolition de toutes choses familières autour de moi, tout ce dénuement donnent à mes idées une légèreté, une gratuité qu’elles rachètent par leur fugacité. Cette malédiction ne sera qu’un souper de lune, ave spiritu, les idées qui vont mourir te saluent !
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Un mécanisme analogue - qui grince depuis peu quand ma pensée veut en user - valorise l'intériorité aux dépends de l'exteriorité. Les êtres seraient des trésors enfermés dans une écorce sans valeur, et plus loin on s'enfoncerait en eux, plus grandes seraient les richesses auxquelles on accéderait. Et s'il n'y avait pas de trésors ? Et si la statue était pleine, d'une plénitude monotone, homogène, comme celle d'une poupée de son ? Je sais bien, moi, à qui plus personne ne vient prêter un visage et des secrets - que je ne suis qu'un trou noir au milieu de Speranza, un point de vue sur Speranza - un point, c'est à dire rien.
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C'est alors qu'une statue de limon s'anima à son tour et glissa au milieu des joncs. Robinson ne savait plus depuis combien de temps il avait abandonné son dernier haillon aux épines d'un buisson. D'ailleurs il ne craignait plus l'ardeur du soleil, car une croûte d'excréments séchés couvrait son dos, ses flancs et ses cuisses. Sa barbe et ses cheveux se mêlaient, et son visage disparaissait dans cette masse hirsute. Ses mains devenues des moignons crochus ne lui servaient plus qu'à marcher, car il était pris de vertige dès qu'il tentait de se mettre debout. Sa faiblesse, la douceur des sables et des vases de l'île, mais surtout la rupture de quelque petit ressort de son âme faisaient qu'il ne se déplaçait plus qu'en se traînant sur le ventre. Il savait maintenant que l'homme est semblable à ces blessés au cours d'un tumulte ou d'une émeute qui demeurent debout aussi longtemps que la foule les soutient en les pressant, mais qui glissent à terre dès qu'elle se disperse. La foule de ses frères, qui l'avait entretenu dans l'humain sans qu'il s'en rendit compte, s'était brusquement écartée de lui, et il éprouvait qu'il n'avait pas la force de tenir seul sur ses jambes.
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Autrui, pièce maîtresse de mon univers.
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Il se leva et regarda la mer. Cette plaine métallique, clouée déjà par les premières flèches du soleil, avait été sa tentation, son piège, son opium. Peu s'en était fallu qu'après l'avoir avili elle ne le livrât aux ténèbres de sa démence. Il fallait sous peine de mort trouver la force de s'en arracher. L'île était derrière lui, immense et vierge, pleine de promesses limitées et de leçons austères. Il reprendrait en main son destin. Il travaillerait. Il consommerait sans plus rêver ses noces avec son épouse implacable, la solitude.
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Dans ses longues heures de méditations brumeuses, il développait une philosophie qui aurait pu être celle de cet homme effacé. Seul le passé avait une existence et une valeur notables. Le présent ne valait que comme source de souvenirs, fabrique de passé. Il n'importait de vivre que pour augmenter ce précieux capital de passé. Venait enfin la mort : elle n'était elle-même que le moment attendu de jouir de cette mine d'or accumulée. L'éternité nous était donnée afin de reprendre notre vie en profondeur, plus attentivement, plus intelligemment, plus sensuellement qu'il n'était possible de le faire dans la bousculade du présent.
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Il s'avisait que l'intelligence et la bêtise peuvent habiter dans la même tête sans s'influencer le moins du monde, comme l'eau et l'huile se superposent sans se mêler.
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Pourtant il y avait une voie de salut, car si Vendredi répugnait absolument à la terre, il n'en était pas moins aussi élémentaire de naissance que je l'étais moi-même devenu par hasard. Sous son influence, sous les coups successifs qu'il m'a assénés, j'ai avancé sur le chemin d'une longue et douloureuse métamorphose. L'homme de la terre arraché à son trou par le génie éolien n'est pas devenu lui-même génie éolien. Il y avait trop de densité en lui, trop de pesanteurs et de lentes maturations. Mais le soleil a touché de sa baguette de lumière cette grosse larve blanche et molle cachée dans les ténèbres souterraines, et elle devenue phalène au corselet métallique, aux ailes miroitantes de poussière d'or, un être de soleil, dur et inaltérable, mais d'une effrayante faiblesse quand les rayons de l'astre-dieu ne le nourrissent plus.
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