Avec une sincérité que blaise lui avait rarement vue manifester, elle avait confessé : «Tu sais, j’aime les enfants. Je les aime du fond du cœur, il y en a que j’aime vraiment énormément. Mais j’ai décidé de ne pas en avoir parce que je suis convaincue qu’on ne peut pas se consacrer à la fois à son travail et à sa famille. Je pense que les enfants ne doivent jamais être sacrifiés.»
Je pense que l’on ne devrait pas cantonner la famille à la famille nucléaire au sens strict. La notion de famille, le mot même de famille est à mon avis trop souvent présenté comme un modèle exclusif. Je veux dire qui exclut les autres, qui nous exclut.
Un jour, alors que les jeunes femmes approchaient de deux directions opposées, Eleanor s'était ruée dehors, canne en avant, dans une bourrasque de vent printanier, pour leur proposer de garder leurs enfants. Elle s'était heurtée à un double refus et des mines éberluées...
... Le vendredi suivant, elles se précipitèrent, gênées à en avoir perdu leur langue. Le bébé dormit dans son landau. Toby, qui allait sur ses trois ans, somnola sur le canapé sous une couverture en crochet dont il s'amusa à explorer les trous avec ses petits doigts.
Noah roula sur le côté, tendit le bras vers le lecteur de cassettes et remit en route Martin Zinzin.
- Tu veux que je m’en aille ?
Noah fit signe que oui. Jules se leva pour l’embrasser.
- T’es un p’tit gamin bizarre, mais je t’adore.
Il ferma les yeux. Il était encore tout petit, mais déjà, constata Jules, il employait la stratégie typiquement masculine consistant à couper toute communication pour reprendre le contrôle de la situation.
Amitiés de femmes - modernes – donc d’autant plus concernées par les soucis ancestraux des femmes, toujours d’actualité, et venant s’ajouter aux nouvelles responsabilités générées par l’affranchissement de la femme.
L’indépendance de la femme est une conquête magnifique. La lutte est maintenant d’une autre nature. Maintenant que les droits sont acquis, il reste à assurer le surcroit d’implications généré par cette autonomie.
Ainsi, les amies d’Eleanor paient le prix fort pour assumer les vies qu’elles ont choisies ou celles que le destin leur a imposées.
Finalement, elles n’échangeraient pas leur quotidien parfois surchargé contre la vie, certes protégée, mais limitée et souvent dérisoire de leurs aïeules.
D'autres formes de remaniements promettaient en revanche d'être plus difficiles à gérer. Elle devait réajuster sa vie de manière appropriée, et surtout s'habituer au ralentissement de ces échanges affectifs qui agrémentaient son quotidien depuis quelques années.
On avait beau se répéter, comme Eleanor le faisait souvent, qu'on n'avait aucun regret de ne pas en avoir à soi, cela ne signifiait pas pour autant que les enfants des autres ne vous apportaient pas un supplément d'âme.