Il serait très compliqué de résumer ici l'intrigue au-delà du quatrième de couverture qui en dit peut-être déjà trop. Tout ce que l'on sait après la lecture des premières pages, c'est que le Dr Bell s'est réveillé ce matin dans la forêt, qu'il semble avoir perdu la mémoire, qu'il pense assister à un meurtre et qu'il arrive au manoir de Blackheath où il semble être un invité parmi d'autres.
D'Evelyne Hardcastle et de sa mort, nous n'en lirons rien avant plusieurs chapitres.
Et puis... comme annoncé, on se retrouve dans un mix entre Un jour sans fin et un roman d'
Agatha Christie, au milieu d'un décor à la Downton Abbey.
Pour un premier roman, celui-ci est un véritable tour de force.
Stuart Turton aura mis trois ans à accoucher de ce pavé qu'on a du mal à lâcher.
Après une centaine de pages, le lecteur est happé dans le tourbillon de l'intrigue, parce qu'il s'agit d'un véritable tourbillon. Et s'il faut se laisser porter par celle-ci, car dans un premier temps, on ne comprend pas trop comment tout cela fonctionne et à quoi on a réellement à faire, il ne faut pas non plus relâcher son attention car chaque détail compte.
La densité des personnages est telle que la liste des invités et des employés de maison insérée en début d'ouvrage sera bien utile à certains moments pour dénouer l'écheveau de toutes ces relations qui se répètent tout en se modifiant parfois, jour après jour. Et au fur et à mesure de l'avancée dans la lecture, l'écheveau des événements et des interactions s'intensifie, alternant entre présent, passé récent et futur proche.
Je peux imaginer que ce type de construction ne convienne pas à tous les lecteurs. Mais ce genre de gymnastique intellectuelle force toujours mon admiration quand je tente de comprendre ce qui est passé par la tête de l'auteur pour imaginer un tel roman et surtout, surtout, quand je me rends compte au fur et à mesure que tout est logique et cohérent, dans les moindres détails.
Pour moi, ce roman est une véritable prouesse. La confusion entretenue dans l'esprit du personnage principal que finalement on ne connait pas en tant que tel ainsi que son évolution étaient vraiment intéressantes. Je pense néanmoins qu'il faut lire ce roman sans y faire de trop longues pauses au risque de perdre le fil et de ne pas pouvoir savourer toute son amplitude. Et même comme cela, une fois terminé, on a presque envie de le recommencer pour dénicher tout les détails et les indices qu'on avait loupés.