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The Department of Truth tome 2 sur 4

SIMMONDS Martin (Autre)
EAN : 9791026823926
176 pages
Urban Comics Editions (24/06/2022)
4.1/5   34 notes
Résumé :
Cole Turner a cru bien faire en rejoignant l'équipe de Lee Harvey Oswald. Mais à présent qu'il en apprend davantage sur les fonctions de son supérieur au sein du Département de la Vérité, le doute l'assaille... De plus en plus de tulpas ? les formes tangibles créées par les sphères complotistes ? s'incarnent dans le monde réel, et il est plus que temps de réagir et de choisir un camp. Une plongée au coeur des plus grands complots de l'Histoire moderne et d'aujourd'h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Toujours remettre en question l'autorité.
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Ce tome fait suite à Department of truth, tome 1 : The end of the world (épisodes 1 à 5). Il regroupe les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2021, écrits par James Tynion IV, dessinés, encrés et mis en couleurs par Martin Simmonds. Seul le lettrage a été confié à une autre personne : Aditya Bidikar.

À Washington DC en 1987, devant la statue d'Abraham Lincoln, à l'extérieur du Lincoln Memorial, Hawk Harrison est en train d'ironiser : il se demande si son chef qui se tient devant lui est en train de penser à John Wilkes Booth, dans l'optique de comparer la longueur de leur fusil. Lee Harvey Oswald ne supporte pas le manque de respect de Harrison, à la fois envers les institutions, à la fois envers lui. Hawk lui explique que les temps changent, que c'est l'ère du Moi d'abord et tant pis pour les représentants de l'autorité. Lee lui demande comment ça s'est passé à New York. Il répond qu'il a fait en sorte de répandre quelques histoires de plus sur la pourriture urbaine, de manière que celles sur les Contra et le Sida passent en arrière-plan et disparaissent pour certaines. Lee lui indique que sa prochaine mission est de se rendre dans le Milwaukee pour s'occuper des témoignages des enfants sur des maltraitances perpétrées par des instituteurs sataniques. Il semble qu'il y ait un enfant prometteur : Cole Turner.

Au temps présent, Cole Turner se trouve dans un avion qui atterrit à l'aéroport de Denver. Il en descend, en suivant Ruby, une autre agente du Service de la Vérité. Il commence par lui dire que ça fait beaucoup pour lui, en particulier le fait de s'être retrouvé au bord de l'extrémité de la Terre plate. Elle lui répond qu'il a encore un rôle à jouer pour éviter que cette théorie ne se propage. Elle lui fait faire un tour de l'aéroport, sous l'angle de la légende urbaine qui veut que le site comprenne des pistes d'atterrissage en forme de croix gammée, des bunkers secrets souterrains, une fresque dépeignant le massacre des voyageurs allant chercher leurs bagages sur le tapis, certainement réalisée par les extraterrestres, ou peut-être Satan, sans oublier les barbelés au sommet du mur d'enceinte qui empêchent plus de sortir que de rentrer. Elle se lance ensuite dans la réalité des faits. Les barbelés sont implantés de manière parfaitement normale : il suffit d'aller les voir pour s'en rendre compte. Les couloirs et les bunkers souterrains correspondent à des installations de maintenance pour le système automatisé de récupération des bagages, qui n'a jamais fonctionné. Les fresques ne sont qu'une mise en scène de type New-age du principe que la paix finit par sortir de la guerre. En fait, tout ça peut se résumer à la croyance de certaines personnes que le siège du gouvernement mondial se trouve sous l'aéroport. C'est la raison pour laquelle l'organisation clandestine Black Hat en a fait une de ses bases d'opération, et pour laquelle le Service de la Vérité en a profité pour s'y installer.

Le premier tome avait produit une grosse impression : en surface, un ouvrage opportuniste et artificiel sur les théories du complot, les dénonçant tout en les mettant à profit, pour en créer une nouvelle, dans le fond une intrigue fonctionnant sur la dynamique d'une enquête promettant des révélations avec des auteurs pas dupes sur le positionnement de leur propre pays (rien ne vaut une guerre éternelle, avec un renouvellement d'ennemis pour assurer l'unité du pays contre une menace, fabriquée pour remplir cette fonction) et une narration visuelle ambitieuse et expressionniste. Dès la première page, le lecteur retrouve cette narration visuelle devant beaucoup à Bill Sienkiewicz, mais aussi cohérente et personnelle. Pendant 5 pages, Simmonds applique un découpage en 12 cases, 4 bandes de 3 cases, avec des dessins entre l'esquisse et un rendu photographique dans une bichromie grise. En y prêtant attention, le lecteur se rend compte que l'espace entre les cases est occupé par des phrases complotistes découpées dans des journaux, pour un effet visuel imparable. Tout du long de ces 5 épisodes touffus, l'artiste fait preuve d'une belle inventivité, mettant en oeuvre des techniques variées, adaptées à la nature de la séquence. Dans cette narration adulte et sophistiquée, le lecteur découvre des cases proches de l'abstraction (de gros points noirs ou tachetés sur un fond rouge dont le sens apparaît au regard des autres cases), des dessins en surimpression (la pyramide avec un oeil dans le sommet sur un mur de l'aéroport), des effets de neige sur un écran de télévision, des représentations tirant vers un autre domaine visuel (le conte pour enfant, l'illustration médiévale, la symbologie, des dessins d'enfants, etc.), des scènes très banales (Cole et Hawk en train de prendre un café dans un diner), des cases en couleur directe… L'artiste joue également avec la mise en page. Majoritairement, il utilise des cases rectangulaires disposées en bande, avec ou sans bordure. Quand nécessaire, il peut passer à des cases triangulaires, à un dessin en pleine page, à une narration dans un dessin en pleine page avec les personnages représentés plusieurs fois à différents endroits du lieu au fur et à mesure de leur déplacement. Il peut également passer en mode purement illustratif : un dessin servant de support aux cellules de texte. Il utilise également quelques motifs visuels récurrents, par exemple comme le drapeau américain sens dessus dessous, avec le rectangle étoilé en bas à droite, au lieu d'être en haut à gauche.

Le lecteur plonge donc dans ce monde aux contours incertains, à l'apparence griffée, à l'ambiance propice à la paranoïa, que ce soit à la faveur d'une lumière trop faible, ou au contraire dans un éclairage trop violent. L'intrigue continue : ce Service de la Vérité qui lutte contre des théories absurdes qui deviennent des réalités, comme la Terre plate dans le tome précédent, ou un Bigfoot dans celui-ci. Cole Turner reste en mode découverte, le petit nouveau dans cette organisation. Il est confié au bon soin de Hawk Harrison, un ancien dans le service, un agent de terrain sarcastique, puissant et cynique, l'homme qui a tout vu. Cole Turner doit donc apprendre comment les agents interviennent sur le terrain, comment ils peuvent lutter et éradiquer ces aberrations ayant pris vie, tout en essayant de saisir quel est l'objectif poursuivi par l'organisation clandestine Black Hat, et son meneur Martin Barker. C'est ainsi qu'il découvre ce qu'il en est vraiment du quartier général sous l'aéroport de Denver, qu'il participe à une chasse au Bigfoot, qu'il se retrouve à revenir dans le Milwaukee, dans l'établissement scolaire qu'il fréquentait quand il était enfant, où les institutrices et instituteurs ont été accusés de se servir des élèves dans des rituels sataniques. La narration visuelle s'adapte à chaque situation, gérant avec élégance ce qui est montré et ce qui est laissé à l'imagination du lecteur, pour que celui-ci soit constamment en train de s'interroger sur ce qu'il doit prendre pour argent comptant, et ce qui relève de phénomènes de manipulation, de tulpas.

Au cours de la déambulation dans l'aéroport, le lecteur se rend bien compte que la collaboration entre scénariste et artiste ne se fait pas sur un plan d'égalité. le premier a beaucoup de choses à exposer, à commencer donc par les légendes sur l'aéroport, et charge au second de trouver comment rendre ça visuellement intéressant, que ce soit une discussion attablée, ou un exposé très consistant sur une légende. Il est possible de considérer cette série comme une histoire prenante, avec un point de départ très accrocheur : les théories du complot les plus fumeuses peuvent devenir réalité. Il est aussi possible de la prendre comme l'outil choisi par l'auteur pour exposer son point de vue sur ces théories du complot. le lecteur les savoure d'autant plus que certaines sont devenues des classiques de la littérature populaire, comme celle sur les reptiliens, ou sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. D'autres n'ont pas traversé l'Atlantique : par exemple le livre Michelle remembers (1980) par Lawrence Pazder & Michelle Smith, qui a lancé la théorie des institutrices et instituteurs utilisant les enfants dans des rituels sataniques. Certaines constituent le fondement de l'ésotérisme contemporain, comme la création, le 17 novembre 1875, de la Société Théosophique par Madame Helena Blavatsky (1831-1891, Iéléna Pétrovna Blavatskaïa), ou encore les manigances et l'influence d'Aleister Crowley (1875-1947) et la création d'Aiwass et de la femme écarlate Babalon.

À plusieurs reprises, James Tynion IV prend une théorie du complot à bras le corps et se livre à une dissection bien informée jusqu'à retrouver le phénomène qui l'a générée, l'individu qui en est responsable. Ainsi le lecteur retrouve ou découvre l'origine de légendes telles que les hélicoptères noirs, la fabrication des reptiliens par David Icke, la symbolique du 9 de trèfle dans la cartomancie, le jackalope (mélange de lièvre et d'antilope), le réseau informel de chasseurs de Bigfoot. En fonction du thème, cela peut prendre la forme d'une explication développée par Hawk Harrison ou par Ruby à Cole, ou une forme plus narrative, avec le journal intime d'un homme ayant traqué Bigfoot pendant une cinquantaine d'années, 14 pages de texte réparties sur 2 épisodes. Lors d'une traque au Bigfoot, l'agente Darla explique à Cole Turner la classification des créatures et l'effet que leur présence a sur la perception de la réalité de l'individu. Classe 1 : les fantômes, les poltergeists, les démons, les intangibles. Classe 2 : les rencontres du troisième type, extraterrestres & OVNI, les anges appartiennent à cette catégorie. Classe 3 : les monstres de tout genre. La position de l'auteur ne laisse aucune place au doute : toutes ces théories et créatures ne sont qu'affabulations et fariboles. Dans le même temps, il prend l'existence de ces théories très au sérieux, exposant la propagation de ces mèmes, les reliant au concept tibétain de tulpa, selon le Bouddhisme tibétain une entité spirituelle créée par la force de la volonté de son invocateur et forcée à se manifester dans le monde physique.

Très vite, le lecteur se rend compte que cette lecture prend une fois et demie plus de temps qu'un comics de superhéros ordinaire. Il se retrouve emmené dans une appréhension de la réalité très incertaine, grâce à une narration visuelle très élaborée, s'aventurant vers des registres graphiques peu souvent osés par les bédéistes, parvenant à ne pas être relégué à réaliser des dessins faisant tapisseries pendant un exposé sur une théorie ou un complot. James Tynion IV raconte bien une histoire avec une intrigue. Celle-ci est indissolublement liée au thème des théories du complot, en mettant plusieurs en scène, les détricotant, mettant à nu leur origine, leur mode de propagation, la possibilité de les éventer, tout cela relevant d'un récit d'espionnage échevelé, dans lequel l'allégeance des agents peut changer, produisant des agents doubles, voire triples, sans jamais perdre le lecteur. Une bande dessinée d'une rare ambition, menée de main de maître.
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"The Department of Truth" se décompose en cinq tomes. Seuls les deux premiers ont été, pour le moment, traduit en français. J'ai lu ces deux tomes. le scénario est dû au formidable trublion James Tynion IV, connu avant tout pour ses créations sur les comics Batman. Ici, les récits des deux tomes portent sur les mystères, les arcanes des thèses complotistes de tout bord sévissant au Etats-Unis. Un pays où ces minorités complotistes ont pignon sur rue et qui, grâce à internet, entre autres médias, se nourrissent de ce qu'ils perçoivent comme une tentative de "l'Etat profond" de déstabiliser la vérité afin de diminuer les droits de la sacro-sainte Constitution américaine. On peut citer les milices d'extrêmes droites pro-armes et toutes ces personnes persuadés que Washington, où le pouvoir fédéral se situe, n'a qu'une ambition, rogner sur leurs libertés et cacher des complots qui peuvent être satanistes, pédophiles, d'ordre financier, terroriste (on peut se souvenir du 11 septembre et des thèses affirmant que le président américain d'alors et l'Etat profond avaient organisé une mascarade pour justifier les conflits ultérieurs et satisfaire les lobbies industrialo-militaire. On plonge aussi bien dans des délires totalement fantaisistes comme l'homme des bois, les fantômes, les réunions satanistes et autres bacchanals d'êtres proches du pouvoir central. Plus on se rapproche des castes financières et politiques et plus grande est la méfiance de ces groupuscules qui se servent des médias les plus modernes pour faire entendre leur message et convaincre les indécis. En réalité, ils s'auto-intoxiquent les uns, les autres, ne reculant devant aucune invraisemblance. C'est une des nombreuses questions soulevés par ces deux premiers tomes de comics "The Department of Truth." le scénario est solide et c'est avec étonnement que nous découvrons la portée des idées complotistes aux Etats-Unis. Ce qui m'a beaucoup plu également, ceux sont les illustrations qui sont sublimes, avec un style très travaillé et mystérieux signé Martin Simmonds. L'histoire est la suivante, membre du FBI, Cole Turner, spécialiste de la propagande conspirationniste est convoqué par une mystérieuse organisation qu'il va intégrer : le département des vérités. le mystère s'épaissit et les révélations sur "la réalité" des faits, la diversité des points de vue au sein même de cette agence opaque. Pour qui travaillent t'ils réellement ? Qu'attendent-ils de l'agent Cole Turner ? Une plongée vertigineuse dans la lutte sans merci contre les contre-vérités. Mais qui mènent le bal ? La réalité est-elle aussi simple que d'opposer conspirationnistes et détenteurs de LA vérité selon le pouvoir fédéral américain. La méfiance de tout ce qui provient de Washington est très présente dans l'imaginaire américain. Deux comics aussi passionnants que bien illustrés. Je vous recommande leur lecture.
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près un premier volume particulièrement prometteur, Departement of Truth se doit de transformer l'essai. James Tynion IV et Martin Simmonds poursuivent donc leur exploration du monde derrière le monde dans ce nouvel opus qui introduit un personnage capital pour la suite des opérations : Hawk Harrison.

Le magicien entre en scène
Cole Turner connaît maintenant la Vérité : le monde est une chose malléable et les théories du complot peuvent l'altérer et le reconstruire. Après son entrevue avec Martin Barker, la tête pensante de l'organisation Black Hat, Cole commence à douter de ses nouveaux employeurs, le fameux Département des Vérités chargé d'enrayer l'effet des complotistes sur le monde réel.
À Denver, il rejoint un personnage énigmatique qui n'est pas sans rappeler « L'homme à la cigarette » de la série X-Files, l'une des sources d'inspirations principales de James Tynion IV. Cet homme, c'est Hawk Harrison, le numéro 2 du Département des Vérités qui se charge d'une besogne indispensable et particulièrement ingrate.
Qu'arrive-t-il lorsqu'une des théories du complot qui circulent sur le net ou dans les journaux commence à prendre vie ? Comme ce gigantesque mur de glace au bout du monde qu'a pu voir Cole au tout début de son aventure avec les Platistes ?
On appelle Hawk Harrison, le « magicien » qui se charge de faire disparaître les preuves, que celles-ci soient vivantes ou non. Débute alors pour Cole une sorte d'apprentissage sinistre qui va l'emmener très loin dans l'étrange… jusqu'à sa propre enfance.
James Tynion IV pousse son univers dans ses retranchements et va s'intéresser au rôle du nettoyeur Hawk Harrison, un personnage bourré de contradiction qui renvoie à la fois au patriote américain bas du front et à l'expert ésotérique inquiétant. C'est surtout l'occasion de s'éloigner de la théorie pour faire place à la pratique.

Le monstre du placard
Cette fois, l'auteur ne s'intéresse pas tant aux théories globales qu'aux êtres mythiques nées du folklore et autres rumeurs à travers le monde.
Ces cryptides vont engendrer un problème de taille puisqu'une fois lâchées dans la nature, ces créatures peuvent s'avérer extrêmement dangereuses.
On avait déjà rencontrer un premier cryptide dans le volume précédent avec le Star-Faced Man de Cole dont on reparlera plus tard mais, cette fois, c'est d'une autre terreur dont s'empare James Tynion IV : le Bigfoot.
Après une plongée dans l'histoire des cultes et l'évocation maligne d'un certain Aleister Crowley, l'auteur consacre deux numéros complets au Bigfoot de la façon la plus poignante et maligne qui soit.
Alors que Cole et Hawk partent à la chasse au monstre, James Tynion IV imagine l'histoire d'Henry, un homme obsédé par le cryptide américain. Henry se confie à son propre fils au travers d'une lettre manuscrite entièrement retranscrite pour l'occasion et qui permet de donner un visage humain à ces complotistes dont on parle depuis le début. Surprise, il ne s'agit pas de tourner Henry en dérision, au contraire. Avec une immense intelligence, l'auteur américain parvient à disséquer les mécanismes de la croyance aveugle, de l'envie de croire en quelque chose d'extraordinaire à la fois pour se singulariser (« Moi, je sais ») mais aussi pour réenchanter un monde devenu terne, ennuyeux, décevant. le tour de force ici, c'est de parvenir à trouver de la beauté dans ce fanatisme et à émouvoir en fin de compte avec cette histoire familiale qui détruit tout autour d'elle. James Tynion IV réussit à la fois à expliquer et critiquer les différentes créatures mythologiques qui nous entourent, du monstre du Loch Ness au Yéti en passant par les Anges, mais aussi à rendre un visage humain à ces personnes en quête d'irréel…jusqu'à la folie, jusqu'à l'autodestruction.

Qui détient la Vérité ?
Après ce passage particulièrement impressionnant, Cole et Hawk finissent par revenir à la réalité tout en reprenant l'idée finale du précédent volume : si des cultes et des sociétés anonymes peuvent altérer la réalité par la propagation d'idées fantasques sur le net ou à la télévision, de quoi est capable un département gouvernemental ? James Tynion IV fait alors le lien entre Ronald Reagan et son concept biblique de Cité sur la colline censé incarner l'idéal américain rayonnant sur le monde, et la croyance forcenée en l'existence de cultes sataniques derrière les puissants de ce monde.
Dès lors, quelle différence entre les deux si ce n'est qu'une semble profitable aux américains et l'autre pas ? James Tynion IV s'attarde alors sur la part d'ombre du Département des Vérités et abat ses cartes : Cole a été préparé depuis très longtemps à son affectation. Derrière l'image de gardien, Lee Harvey Oswald serait-il également un monstre comme les autres occupé à modifier le réel pour son propre bénéfice ? Si l'on croit assez fort en la puissance et en la suprématie américaine, devient-elle réelle ? Departement of Truth questionne et dérange…et on en redemande !

Confirmation de l'intelligence folle de cette série à l'audace sans cesse renouveler, ce seconde volume de Departement of Truth nous entraîne toujours plus loin dans l'irréel pour mieux nous parler de ce qui nous entoure et de l'homme qui croit. James Tynion IV continue à impressionner son monde et Martin Simmonds à s'imposer comme un dessinateur de premier plan, aussi morbide que génial.
Lien : https://justaword.fr/the-dep..
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Les questions s'accumulent pour Cole dans ce deuxième tome ! Et pour nous aussi ceci dit...
Un nouveau personnage, qui s'annonce central, fait son apparition. Hawk Harrison est une forte tête, membre du département depuis des décennies. Et il a un style plutôt... rentre-dedans.

Cole Turner découvre de nouveaux aspects comme les "fictions sauvages".
Au programme, le fameux aéroport de Denver, les reptiliens, Bigfoot et toujours en fil rouge la panique satanique.

Ça parle toujours beaucoup, mais la tension monte aussi et l'action s'invite épisodiquement.

Visuellement la facture reste la même. Incroyable donc. Les couvertures des chapitres sont ébouriffantes.

Vivement la suite (bon heureusement je l'ai à portée de main donc je ne vais pas devoir attendre).
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Extrait de ma chronique (croisée avec Something is Killing the Children 1) :

"Pour s'affranchir du moule super-héroïque, et plus généralement du schéma populaire qui voit "un héros, phénoménal comme il se doit par définition, confronté un phénomène" dans "une sorte de lutte manichéenne", James Tynion IV choisit de s'en remettre "à la dialectique du personnage et du phénomène constitutive du récit fantastique", repoussant au second plan les héros proprement dits (citations extraites de la page 67 de l'essai-phare de Joël Malrieu sur le sujet).


Plus précisément, qu'il opte pour un thriller paranoïaque (The Department of Truth, dont j'ai déjà chroniqué le volume 1) ou un (plus classique) thriller horrifique (Something is Killing the Children), il adopte, sur le phénomène placé au centre du récit (les formes-pensées ou les monstres), le point de vue d'un innocent, parachuté dans un univers qui le dépasse (plutôt que d'un héros qui en maîtrise tous les tenants et aboutissants).



Ce Candide moderne a pour nom Cole dans The Department of Truth, et James dans Something is Killing the Children, le premier n'étant au fond que la version adulte du second : leur couleur de cheveux diffèrent, mais tous deux sont gays, portent de grosses lunettes et viennent de Milwaukee dans le Wisconsin (tout comme leur créateur d'ailleurs, et cela peut laisser penser que James Tynion IV en fait les vecteurs de ses propres questions métaphysiques)."

"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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critiques presse (1)
LesComics
14 octobre 2022
Department of Truth est une lecture exigeante qui peut frustrer. Mais si vous avez aimé le 1er volume, je ne peux que vous encourager à plonger dans ce 2eme arc qui répondra à de nombreuses questions mais qui vous donnera le vertige. La vérité à un prix qu’il faut être prêt à payer…
Lire la critique sur le site : LesComics
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans notre branche, s'appuyer sur les convictions déjà établies du grand public est un prérequis. On tire parti d'une croyance à l'état brut et on s'approprie son pouvoir.
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David Icke s'est contenté de recycler de vieilles lunes antisémites, en les enrobant de mysticisme New age à la sauce OVNi. La cabale d'un peuple de lézards extraterrestres et métamorphes disséminés dans l'élite mondiale, contrôlant banques et gouvernements. Soit le contenu exact des Protocoles des sages de Sion, mais avec des lézards de l'espace sur l'emballage.
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Tous les adultes sont des menteurs. Mais seuls quelques-uns savent qu'ils mentent. Et mieux vaut faire partie de ceux qui savent que de ceux qui ne savent pas.
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Voilà. Des marmots crevés, encore et toujours. Tout ça pour remporter un pauvre concours de bites.
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1,2,3 BD ! Chez les libraires ! vous présente les BD coups de coeurs de Vincent et la librairie Sanzot à Paris. - Anne Bonny de Matteo Mastragostino et Alessandro Ranghiasci à la boîte à bulles - The Nice House On The Lake #2 Scénario: James Tynion IV ; Dessins: Martinez Alvaro Édité par: Urban Comics - Evol par KANEKO Atsushi, édité par Delcourt / Tonkam 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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