Là où sont les oiseaux

Coup de coeur

Cette autrice danoise nous emmène dans un phare au large des côtes norvégiennes entre les années 1920 - 1950.

Johan aime Hannah mais c'est avec Marie qu'il se marie et fonde une famille pour pouvoir devenir gardien de phare et subvenir ainsi aux besoins de sa famille mais aussi de sa mère, veuve. Durant 7 ans, Johan arrive à concilier ses 2 vies avec ses 2 femmes jusqu'au jour où Hannah disparaît, faisant voler en éclat le fragile équilibre qu'il avait trouvé.

Un prologue, un épilogue, et entre, 3 parties qui mettent en exergue 3 personnages, Johan, Darling sa fille et Marie son épouse. On revit à peu près la même histoire, les mêmes événements à travers le prisme de chacun d'entre eux. Ils se dévoilent au lecteur par petites touches. On les découvre ou les redécouvre. Il en est de même pour les personnages qu'ils croisent. On en arrive même parfois à se demander si ce sont bien les mêmes personnes, car vues à travers un autre regard, elles peuvent être profondément transformées.

Viols, incestes, handicap, solitude, pas grand chose ne leur est épargné. La vie est rude, âpre. La nature tient également un rôle important. Ce sont les éditions Gallmeister, spécialisée en "nature writing", qui publient ce roman, donc, ce n'est pas surprenant.
Les secrets, les mensonges, les faux-semblants font des ravages, induisant les gens en erreur, leur faisant parfois commettre l'impensable en toute bonne foi. Rien ne se passe comme voulu. Les espoirs sont balayés à grand coup de tempête. On peut vivre à côté de quelqu'un dans une proximité physique incontestable, et ne jamais avoir été aussi éloigné mentalement. le corps et l'esprit sont dissociés.

Une habile, intéressante et belle construction, une écriture fluide, précise, percutante, beaucoup d'émotion, de sentiment, la désillusion à chaque coin de rues ou presque, c'est un beau roman, sombre avec parfois la percée de quelques lueurs. A peine commencé que je l'avais déjà fini sans m'en rendre compte. Quand on ne voit pas le temps passé, c'est plutôt bon signe, n'est-ce pas ?

Je continue mon incursion hors des frontières de l'Amérique avec les éditions Gallmeister et ce très beau roman de la Danoise Maren Uthaug. Cap au large du village norvégien de Uthaug, au phare de Kjeungskjaer.

Johan, après avoir épousé Marie alors qu'il est encore l'amant d'Hannah, prend le poste de gardien du phare. Marie tombe très vite enceinte et Darling naît.

Leur vie s'organise à bord de ce phare, en pleine mer, dans la longueur et la froideur des hivers scandinaves. Tous les personnages se sentent seuls, sont frustrés et aimeraient être ailleurs, avec d'autres gens.

Le récit alterne les points de vue. Johan, Darling puis Marie viennent chacun donner leur éclairage aux différentes péripéties, nous livrant une pièce du puzzle de cette histoire familiale. J'aime beaucoup ce procédé, qui permet de rentrer dans les têtes des membres de cette famille, quand bien même le récit est à la troisième personne.

Le roman s'ouvre sur une scène de suicide qui laisse présager les nombreux drames à venir et l'atmosphère noire, presque poisseuse, qui se dégage de ces pages. Les secrets pèsent très lourd et on comprend vite que le phare est le théâtre d'une tragédie qui n'épargne personne. Les protagonistes subissent et sont l'instrument du destin. Les rares fois où ils tentent d'être libres, leur funeste sort les rappelle à l'ordre. Les hommes sont rustres et grossiers et les femmes expérimentent dans leur chair la violence et le contrôle des hommes… C'est d'une rare noirceur mais l'écriture de l'auteure et le personnage de la jeune gouvernante Gudrun apportent un peu de lumière à ce récit glauque.

Un roman choral sombre, vous l'aurez compris, mais qui nous emmène sans difficulté à une autre époque et dans un autre pays, grâce au travail de recherche de l'auteure sur sa propre famille et sur les lieux.

L'alternance de point de vue rend ce roman riche et distille du suspens au fur et à mesure de la lecture. Je l'ai lu en quelques jours avec impatience et plaisir, malgré l'âpreté des vies qu'on y croise.

J'ai frôlé le coup de coeur, vraiment ! Mais j'aurais aimé ressentir encore davantage les rudesses du climat et les forces de l'océan. le titre, très évocateur, n'est pas assez développé. Une belle métaphore aurait pu être filée.

Est-ce un hasard si cette auteure danoise a planté le décor de son roman à proximité d'une localité norvégienne qui porte le même nom qu'elle ? J'aime penser que non, que cette bourgade côtière en face de ce phare en briques rouges au nom pour nous imprononçable (Kjeungskjær) a pu l'inspirer. Isolement, austérité, rudesse, engendrant abus, désirs, frustrations et secrets, voilà ce qui vous attend.
Nous sommes à la fin des années 30. le jeune Johan doit subvenir aux besoins de sa mère, veuve. Un bon poste vient de se libérer, celui de gardien du phare. La condition pour l'obtenir est d'être marié, car un homme seul y deviendrait fou. Mais il ne peut pas épouser Hannah, dont il est fou amoureux, mais dont la réputation est sulfureuse. Il épouse donc Marie, la fille du Pasteur. Ils auront deux enfants, Darling et Valdemar. Or Johan n'est pas le seul à avoir fait des concessions pour sauver les apparences, tout en nourrissant d'autres fantasmes dévorants.
Le livre est construit en 3 parties : le point de vue de Johan, puis celui de Darling, et enfin celui de Marie. Chacun à son tour nous apporte son éclairage sur cette famille aux relations austères et froides comme les pierres du phare. Au final, nous avons une vision réellement en 3D, avec beaucoup de relief et de profondeur, de réalisme, de la vie à cette époque dans ce type de bourgade loin de tout. Tant de compromissions, d'espoirs et de déceptions, mais sans renoncements. Une comète passe par moments dans la vie de nos héros, une jeune femme libre et émancipée, solaire, qui rappelle qu'ailleurs dans le monde ont lieu les années folles.
Le roman est très bien écrit et construit, prenant ; certes noir, poisseux, âpre, dérangeant, tout à fait dramatique. Si on aime le genre, en voici un très bon.

Au large de la Norvège se dresse, inébranlable, le phare de Kjeungskjær. Coupés du monde, les habitants de cette contrée soumise aux lois de la nature vivent dans un profond isolement. Johan rêve de fuir vers l'Amérique avec la belle Hannah, son premier amour. Mais pour subvenir au besoin de sa vieille mère, le jeune homme devient le gardien du phare et prend pour épouse la fille du pasteur, Marie.
Roman glaçant, superbe.. J'ai vraiment aimé ce huis clos fascinant et dramatique.

Quel roman époustouflant ! On en ressort aussi décoiffé que si l'on avait stationné sur cet îlot battu par les vents, loin de tout, où les êtres s'infligent une solitude et des ressentiments incroyables...
Deux êtres que tout oppose se marient, l'époux devient gardien de phare, son épouse le suit, bon an mal an. Au fil du roman, on découvre que les raisons de leur union sont si bancales que la famille qui en découlera ne sera que chagrins, peines, désillusions.
Dit comme ça, pas sûre que ce roman donne envie, pourtant c'est un texte incroyable et délicieux à lire, on est dépaysé et en même temps totalement coincé avec les protagonistes. Chaque personnage prend de l'ampleur grâce à la construction chorale, en forme de puzzle.
Magnifique et cruel roman !

Là où sont les oiseaux.
Maren UTHAUG

En 1920, le phare de Kjeungskjaer en Norvège a besoin d'un nouveau gardien, l'ancien s'étant suicidé.
Johan, jeune homme qui vit avec sa mère décide de postuler pour subvenir aux besoins de sa mère lorsqu'il apprend que le poste est octroyé aux hommes mariés uniquement.
Quelques jours après lors du bal du village il rencontre Marie, la fille du pasteur qui extrêmement vite deviendra son épouse.
Mais Johan ne peut oublier celle qui fût son amante secrète pendant des mois et dont il est totalement épris, quasi envoûté : Hannah.
La vie au phare n'est pas des plus exaltantes mais Marie met au monde Darling puis Valdemar.
Johan passe beaucoup de temps en haut du phare à faire briller les lumières, à se saouler et faire revivre le souvenir d'Hannah grâce à son poignet pendant que Marie s'occupe de la maison mais regagne de plus souvent la côte et commence à s'éloigner de Johan.
Les enfants grandissent, Darling va connaitre le harcèlement dès son plus jeune âge lors de ses retours sur la côte ce qui la rendra particulièrement forte de caractère.
Elle sera pourtant protégée par le seul homme un peu riche et puissant de la côte : Fede.
Devenue adulte Darling n'a plus qu'une idée en tête : partir vivre aux États Unis aux côtés de son ancienne gouvernante.
Mais c'est sans compter sur les surprises de la vie…
Un très bon roman choral ou chacun de Johan, Marie et Darling raconte son vécu de la même histoire, plaçant les pièces manquantes du puzzle pour un effet des plus dévastateurs.
C'est presque un roman noir tellement le glauque fait partie de leur quotidien, tellement le sordide est inscrit dans leurs gènes.
La mer agitée et froide, le vent qui souffle sur le phare et le terrible isolement contribuent à cette ambiance très particulière.
Un coup de coeur que je recommande.

Le titre est trompeur. Il ne s'agit en aucun cas d'un roman autour des oiseaux, mais, et c'est ce qui a attiré les éditions Gallmeister, la nature est omniprésente dans ce roman danois, petite exception à la ligne éditoriale traditionnellement consacrée aux US.
L'action nous portes sur un phare isolé au large de la côte norvégienne battue par les vents, nappée de brouillard, durant la première moitié du XXème siècle. Peu de monde habite ce lieu pas très accueillant, le gardien du phare doit désormais y être marié, le précédent s'y est suicidé, faute de compagnie sans doute….
Johann, faute d'avoir pu fuir avec sa belle, prend Marie pour épouse afin d'obtenir le poste de gardien du phare. Les enfants ne tardent pas à venir au monde…
La suite n'a rien de linéaire, et c'est tout l'intérêt de cet opus intelligemment construit, dans lequel le lecteur va de découverte en découverte, où les nuances varient en fonction des voix. En effet, l'auteur exposes son propos selon 3 de ses principaux personnages.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce petit bout de terre abrite les secrets des uns et des autres, les mensonges, les faux-semblants, pouvant parfois perdre un temps durant le lecteur, lui instiller le doute au fil des pages.
L'auteur nous fait entrer au sein d'une communauté tellement isolée qu'elle en a complètement perdu les principes tacites qui régissent les lois humaines. Les tabous tombent les uns derrière les autres, la violence morale et physique transpire dans chaque individu.
C'est dans une atmosphère bien étrange que nous invite l'auteur dans ce roman original, dur, dérangeant, poisseux, à l'issue incertaine, et au final assez addictif.
Une excellente découverte, pour un livre dépaysant, différent et au style bien travaillé.

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Saga familiale se déroulant au large de la Norvège sur le phare de kjeungskjaeri. Johan, jeune paysan désargenté est amoureux de Hannah mais il doit se résoudre à épouser Marie la fille d'un pasteur pour obtenir le poste de gardien de phare afin de subvenir aux besoins de sa mère. Quelques mois plus tard Darling, leur fille, naît. La lassitude le désenchantement la solitude enveloppent les 3 membres de cette famille. L'histoire est racontée par chacun des protagonistes Johan, Darling et Marie et nous découvrons à travers le récit de ces trois personnes la vraie vie qu'ils menaient réellement. Excellent roman.

Premier roman danois édité par Gallmeister et quel roman !!! J'ai pris une grosse claque, il y a longtemps que je n'avais lu un livre comme celui-ci ! Clotilde de Gallmeister postait il y a quelques temps sur Instagram que c'était un roman noir, noir, noir… Mais c'est totalement ça. J'ai presque honte de dire que j'ai adoré et que c'est un énorme coup de coeur.

Dans son roman, Maren Uthaug nous offre sa version des rumeurs et des mythes entourant tout un village et surtout un phare en Norvège.

Elle nous dresse le portrait d'une famille. Entre amour impossible, illusions perdus, rêves de liberté inaccessibles, ce roman est majestueux. À travers trois points de vues, ceux de Johan le père, de Darling la fille et de Marie la mère, Maren Uthaug nous entraine dans un drame familial d'une noirceur extrême, plein de secrets et de non-dits.

J'ai dénoué les fils tortueux de cette histoire construite à la manière d'un puzzle et au grès de ma lecture je suis tombé sur de l'abominable et de l'abject, il y a très peu de lumière dans ce roman. Mais que c'est bien écrit et que j'ai aimé, s'il vous plaît ne me prenez pas pour un fou 😉

Il y a plusieurs personnages qui viennent marquer de leurs empreintes les membres de cette famille, mais il y a ce phare surtout, ce phare et les rochers qui l'entourent, ce phare qui est présent tout du long avec son passé et ses malédictions.

Je n'ai pas envie de trop vous en dire sur ce roman, mais franchement il y a tout ce que j'aime et tout ce qui fait que c'est un vrai gros coup de coeur. Alors oui c'est très très noir, mais c'est terriblement bien écrit. L'ambiance est poisseuse, bref, ce n'est pas un roman à mettre entre les mains de tout le monde mais si vous êtes amateur du genre, lancez-vous et venez en discuter avec moi.
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Phare de Kjeungskjoer (1) … une tour en pierre rouge qui se dresse au milieu des eaux … dans le fjord de Trondheim … étape incontournable pour aborder ou quitter la ville … un lieu improbable pour y situer le lieu d'un roman.
La solitude, l'isolement sont les conditions à supporter, indispensables pour quiconque envisage de vivre en ce lieu.
Un microcosme réduit au strict minimum comme compagnon, qu'il faut supporter pour vivre une drôle de vie bien loin de toute ville.
Une construction du roman forte autour du personnage principal le phare comme lieu incontournable, ce phare qui nous livre petit à petit ses secrets.
Des individus, Johan, Darling et Marie qui ont chacun leur part de mystères et qui ne voient chacun qu'un côté du décor.
Une belle écriture qui nous distille sans redondance les faits qui se sont déroulés durant une trentaine d'années au milieu de l'océan « là où sont les oiseaux », c'est là que sont les poissons.

(1)
Le phare de Kjeungskjær est un phare côtier norvégien de la commune d'Ørland, dans le comté et la région de Trøndelag.
Il est construit en 1880 sur une minuscule île à l'entrée du Bjugnflorden, à environ 5 km de Nes. Il a été automatisé en 1987 et avant, le personnel résidait dans les étages. Sa lentille de Fresnel d'origine est toujours en fonction.
Il n'est pas allumé entre le 16 mai et le 21 juin du fait de la durée du jour polaire. le phare est une tour octogonale en pierre à claire-voie de 20 mètres de haut, avec une galerie et lanterne. La totalité du bâtiment est peint en rouge. Son feu à occultation émet, à une hauteur focale de 45 mètres, un éclat blanc, rouge et vert selon différents secteurs toutes les 6 secondes. Sa portée nominale est de 10 milles nautiques (environ 19 km) pour le feu blanc, 6 pour le feu rouge et 5.6 pour le feu vert.