Suggestions livres bibli de la PD. Je demande :
Conscience et physique quantique d'Uzan. Réponse : Ne correspond pas aux attentes de notre lectorat. Ainsi en vins-je à commander ce livre par dépit car, enfin, j'eus moi aussi, comme tout le monde, ma période marotte quantique, jusqu'à ce que je comprenne que ça ne m'intéressait pas spécialement.
Le livre arriva dans ma boîte aux lettres. Je le posai sur le panier à linge sale et l'oubliai quelques temps avant de le redécouvrir au milieu des culottes maculées et des chaussettes trouées. Il allait donc falloir que je lise cet ouvrage pour que je comprenne ce qui, en lui, déplaisait si vivement à la bibli municipale de Lyon. Pour que je me sente, peut-être, un peu supérieur aux usagers traditionnels de la biblio.
Premier chapitre : étude de la polysémie du mot « conscience ». Des relents de pertes blanches me parvinrent aux narines.
Deuxième chapitre : énumération des différentes conceptions philosophiques de la relation entre le corps et l'esprit (monisme idéaliste, monisme matérialiste, monisme neutre, dualisme des substances).
La difficulté n'est pas de comprendre mais de s'intéresser suffisamment pour mémoriser.
Enonciation de la problématique : « savoir s'il serait pertinent d'utiliser la physique quantique pour comprendre ce qu'est la conscience et, en particulier, pour comprendre comment s'articulent l'expérience subjective et ses corrélats neurophysiologiques ».
Savons-nous déjà ce qu'est la physique quantique ? Non. Voulons-nous le savoir ? Qui sait. D'un inconnu l'autre.
Troisième chapitre : approche expérimentale du cerveau. Plutôt cool. Fonctionnement du système nerveux, transition d'une information (kézako ?) le long des neurones, microtubules, métaphore du cerveau comme ordinateur quantique (kézako ?). « Comme toute cellule, le neurone a un potentiel membranaire de repos. Un stimulus au niveau des dendrites dépolarise la membrane du neurone dans son corps cellulaire et se propage alors jusqu'au « cône d'émergence » (ou sommet axonal). Si la dépolarisation est assez grande, il y a transmission du signal reçu, sinon rien ne se passe ; c'est une réponse dite de tout ou rien. » Ah, tiens, j'avais pas remarqué.
Quatrième chapitre : énumération des différentes propositions d'éclaircissement du phénomène de la conscience par le prisme de la p. q. Modèles dualistes (faux : ne permet pas d'expliquer pour ça fait quelque chose d'être conscient – le cas échéant) ; matérialisme quantique (faux : ne propose pas de solution au problème difficile de la conscience) ; variante du matérialisme quantique précédemment exposé avec Frölich, autrefois vendeur de croquettes pour chiens (faux : concerne exclusivement le fonctionnement du cerveau et n'explique toujours pas l'expérience subjective de la conscience) ; monisme neutre (faux : modèle purement théorique qui ne trouve aucune correspondance dans le cadre des modèles actuels des processus physiologiques et mentaux relatifs à la conscience).
Alors, merde ou merde ?
« Nous pouvons dire que l'expérience subjective est une « anomalie » au sens de Kuhn, dont il est impossible de rendre compte dans le cadre du paradigme matérialiste en vigueur actuellement dans le domaine des neurosciences. »
J'aime bien cette conclusion. Malheureusement, ça n'en est pas une. Uzan continue. Moralité de l'histoire : la vie psychique n'est pas que physiologie ou biologie, elle se loge partout et pas seulement dans le cerveau, bref il faudrait prendre en compte « l'ensemble des manifestations psychiques […] et l'ensemble de leurs (supposés) corrélats somatiques, c'est-à-dire les caractéristiques anatomiques, physiologiques, immunitaires et endocriniennes qui semblent leur correspondre. Ce qui nous amènerait ainsi à l'élaboration d'une théorie quantique de l'unité psychosomatique. »
Le hard problem of consciousness en serait ainsi résolu, nous promet-on alors que nous n'en avons cure. « Cette approche mène à la dissolution du problème « difficile » de la conscience puisqu'il ne s'agit plus d'expliquer l'expérience subjective à partir de ses corrélats neuronaux mais à concevoir (et à modéliser) l'expérience subjective et ses corrélats neurophysiologiques comme les deux aspects complémentaires et enchevêtrés d'un même niveau de réalité sous-jacente, celui de l'unité psychosomatique de l'individu. »
Ce livre est très bien en fait, vraiment, passionnant, c'est juste que je me suis rendue compte en le lisant que la question ne m'intéressait plus et ça, c'est sans doute un peu dommage.