Récit d'une autre époque, dans le sud de la Françe à la fin du 19ème siècle. Lorsque la seconde épouse de son grand-père tombe malade, celui-ci fait appel à son fils et sa famille pour venir l'aider d'en le pays "d'en haut" pour travailler cette terre qui demande tant d'énergie et de sueur. Pour Marie qui connaissait la vie dans le village "d'en-bas", c'est un changement radical. Pour sa mère aussi. Marie nous raconte son enfance, les traditions, l'école, le quotidien des paysans, la vie rude, et malgré cela la beauté de la vie rurale.
Une belle histoire
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Quel livre incroyable !
Une histoire vécue dans le jus de la paysannerie français de l'aveyron, sur les causses.
Une réalité à la fois si lointaine et si proche (c'était début 20e)...
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Pourtant, en attendant les chaussures neuves, il fallait bien continuer à marcher. Le sol durci sonnait sous mes pas. Et je sentais à mes talons la démangeaison sournoise qui annonçait d'imminentes engelures. Chaque hiver, c'était le même drame pour la gent écolière : les pieds gonflaient dans les chaussures inconfortables et, un jour, vos orteils, vos talons, apparaissaient tuméfiés, crevassés, méconnaissables. Et si, encore par-dessus, appuyaient des galoches trop petites...
Louise, la veuve prochaine, ne se faisait guère d'illusions non plus : oui, plus de doutes, son homme allait mourir. Il ne la reconnaissait plus, elle, sa femme, sa compagne de tous les instants, qui fut si longtemps attelée au même joug que lui, elle qui le suivait partout et à la vigne et au labour et à ce lointain causse où, côte à côte, ils bûcheronnaient.
La vendange achevée, les ganache retournaient en leur pays des causses, les vêtements et les mains incrustés de vinasse, le teint recuit, mais le gousset garni de quelques beaux écus d'argent, d'un ou deux louis d'or qui, pour eux gagne -petit, représentaient un vrai pactole.
Oui, le paysan n'a nul besoin de ces jeux de hasard : sa loterie à lui, c'est de miser sur le temps qui vient, sur la prochaine récolte.
Chez nous, disait ma mère, il manquait toujours dix-neuf sous pour faire un franc.