C'est l'empire qui donne naissance à ce que nous appelons aujourd'hui la religion et qui n'apparaît véritablement qu'à partir du Xe-XIe siècle sous son aspect tel que nous le connaissons aujourd'hui : c'est-à-dire un ensemble de rites, de cérémonies, de règles qui sont fondamentalement désarmées, qui ne relèvent plus de l'élan initial guerrier de l'islam du VIIe-VIIIe siècle.
Si pour ma part, j'arrête le Moyen-Âge islamique au XIe siècle, c'est précisément parce qu'au XIe siècle la séparation du politique et du religieux est parfaitement et complètement accomplie.
Contrairement à ce qu'on dit assez souvent, il n'y a pas de confusion dans l'islam entre le politique et le religieux à partir du IXe. C'est au XXe siècle que cette réconciliation du religieux et du politique va se faire, et l'un des thèmes fondamentaux de l'islamisme contemporain c'est que celui qui déclare qu'on doit séparer la religion de l'Etat est un apostat.
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Un manuel bien fait et complet dans lequel les auteurs ont relevé le défi d'éclairer une période très vaste (et donc riche) aussi bien dans l'espace que dans le temps.
Outre les outils propres à la collection, le plan chrono-thématique rend intelligible la succession des différentes dynasties et donc des formes de pouvoir émergentes de la période. Cet ouvrage permet surtout de comprendre les grandes tendances et les processus majeurs pas toujours évidents lorsque l'on manque de connaissances et de recul sur le sujet.
Ce livre, destiné aux étudiants passant les concours de l'enseignement, peut se révéler être une synthèse d'une qualité certaine pour toute personne intéressée par l'Islam médiéval.
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Une telle dichotomie entre un âge "classique" et ce que Jonathan Berkey [2003] appelle "le Moyen Âge de l'Islam" (1000-1500) n'est plus de mise aujourd'hui. Face à la menace latine et mongole, les pouvoirs islamiques ont su réagir tant en Orient que dans l'Occident islamique. Le monde arabe, dont il fait rappeler qu'il ne constitue que la partie méditerranéenne d'un domaine de l'Islam qui connaît une expansion spatiale spectaculaire vers l'Afrique, l'Inde et l'océan Indien à partir du XIe siècle, ne subit nullement un déclin général ou irrémédiable. (page 28)
Dimanche 7 août 2022, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022, Emmanuelle Tixier du Mesnil tenait la conférence : Andalousies médiévales, en veille de l'autre.
Comment saisir la spécificité sociale et culturelle d'un moment historique et géographique lointain ? Voici Al-Andalus, suspendu dans un passé aussi mythique que présent dans les consciences contemporaines. La péninsule ibérique veille sur nous, certes, mais peut-on décomposer les filtres qui recouvrent Al-Andalus de « nos Andalousies » ? de quoi Al-Andalus est-elle donc le signe ?(Tasamuh), tolérance, convivencia ? Autant de mots, et autant de langues, qui semblent désigner le rêve d'une harmonie religieuse et politique, aussi fantasmée qu'incompréhensible. En confrontant l'antonomase historique de la tolérance religieuse et la métaphore du cosmopolitisme, il s'agit ici de troubler le miroir qu'Al-Andalus nous offre, pour saisir les relations entre le savoir et les pouvoirs au cours du XIe siècle, à la croisée du maghreb, de l'Europe et de la méditerranée.
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