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3,79

sur 3662 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est après avoir lu « Blizzard » de Marie Vingtras, que j'ai eu envie de lire cet autre huis-clos à ciel ouvert sur les terres hostiles de l'Alaska. J'avais déjà été séduit par « Aquarium » de l'auteur, mais pour une inexplicable raison, je n'avais pas encore lu ce best-seller, Prix Médicis étranger 2010, qui a révélé l'auteur.

« Sukkwan Island » est une île isolée du sud de l'Alaska, où Jim décide d'acheter une cabane, afin d'y passer du temps avec son fils de 13 ans. Conscient d'avoir totalement loupé sa vie et éprouvant le besoin de prendre du recul, il espère pouvoir se débarrasser de ses démons intérieurs tout en renouant avec ce fils qu'il a négligé aux fils des divorces. Un séjour de quelques mois sur cette île déserte qui s'annonce physiquement… et mentalement éprouvant !

Si comme cet homme divorcé vous vous attendez à une bonne dose de nature writing, parsemé de complicité entre un père et son fils pêchant le saumon et coupant du bois pour affronter l'hiver, passez votre chemin car c'est bel et bien un huis-clos particulièrement sombre que nous sert David Vann. le calme et le silence sont certes au rendez-vous de cette vie au grand air, mais les silences et les non-dits entre cet adulte brisé et cet ado qui se cherche encore créent immédiatement une ambiance pesante qui n'annonce rien de bon… et fait même craindre le pire !

Dès les premières pages, le lecteur se sent mal à l'aise en compagnie de cet homme dépressif et pitoyable, puis accompagne cette descente aux enfers angoissante au coeur d'une névrose qui n'épargne rien ni personne. Malgré le grand air, j'ai terminé ce voyage dévastateur qui nous plonge jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine totalement asphyxié. J'ai par contre trouvé que la première partie du roman, dont la conclusion m'a laissé bouche bée, se suffisait à elle-même et que la deuxième partie poussait le bouchon inutilement trop loin.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Ayant lu récemment un livre de Sandrine Collette abordant une thématique proche, avec père et fils comme protagonistes principaux, j'ai été tenté de reprendre le livre de David Vann et de flirter à nouveau avec cette île pour essayer d'y découvrir autre chose que lors de ma première lecture.

Cette nouvelle approche m'a amené vers une vision différente de cette histoire au point d'en revoir mon appréciation et d'en écrire de nouvelles perceptions. Même si ce livre porte en lui un drame humain, j'ai mieux compris les tourments du père en les rapprochant de ceux de l'autre père, celui mis en scène dans « On était des loups ».

Finalement, les deux hommes sont accablés de tourments qui les amène à l'extrême limite, renier ou non leur paternité et devenir les auteurs d'une destinée tragique pour leur progéniture. Les deux enfants sont jeunes, celui de Sukkwan Island a treize ans et peut paraître bien plus autonome que celui de 5 ans, mais pas forcément.

Il reste le talent des auteurs, apprécié différemment par les lecteurs selon leur sensibilité. J'ai finalement du mal à les départager.

Dans Sukkwan Island, on est au coeur des décors fantastiques de l'Alaska, que je souhaitais davantage décrits, avec le même regret pour le cadre du livre de Sandrine Collette. Toutefois, David Vann a choisi l'Alaska pour situer son histoire, Sandrine Collette ne précisant pas les lieux où se développe son roman, mais les deux auteurs ont créé une tension palpable tout au long de la lecture, allant crescendo vers l'apothéose dans le dénouement.
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Ce livre …

Je ne connaissais pas David Vann. Pourtant il m'a tabassé le coeur et fouetté les sangs le bougre. M'a presque filé la nausée tant ce roman fut un choc pour moi.

Oui, ce livre est un choc. Et un premier roman ! Mais quelle maîtrise dans l'écriture. Quelle plaie dans le coeur du lecteur. Jim décide de s'installer avec Roy, son fils de 13 ans, durant une année, sur une île au sud de l'Alaska, loin de la civilisation et au plus près de la nature.

Quelle force dans ce huis-clos bouleversant entre ce père et ce fils, au beau milieu d'une nature sauvage et aussi tourmentée que les âmes de ce duo blessé.

Il ne faut rien dire d'autre de cette histoire. Ne pas dire. Se taire. Il suffira de se rendre sur Sukkwan Island pour comprendre les raisons de ce silence.
Juste dire qu'on ne sort pas indemne de ce livre. Il va vivre longtemps dans ma mémoire. Comme une blessure. Une cicatrice. Il laissera des images. Cinématographiques et insoutenables.

Ce livre marque, il ne faut donc pas se lancer à la légère dans ces pages tourmentées et souvent dérangeantes. L'artifice, ici, n'est pas de mise. On plonge dans ce court roman, comme hypnotisé. Effaré et stupéfait. Sous le choc, je le redis.

David Vann m'a bousculé, m'a fait mal. Mais n'est ce pas là la beauté de la littérature ?

Je découvre les éditions Gallmeister avec cet ouvrage. La collection poche TOTEM est juste magnifique et je me suis déjà procuré d'autres exemplaires dans ces éditions. Je vais me laisser un peu de répit puis je continuerai mes découvertes en terre américaine.

Quel est votre coup de coeur absolu chez Gallmeister d'ailleurs vous ?

Lien : https://labibliothequedejuju..
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En emmenant son fils de 13 ans avec lui pour passer l'hiver sur cet îlot de Sukkwan Island en Alaska, dont il vient d'acheter le seul refuge, Jim pensait pouvoir repartir du bon pied.

Avec son fils Roy, d'abord, car leurs liens se sont distendus durant ces dernières années, à la suite de la séparation d'avec sa mère.
Avec sa vie aussi, et pour échapper à ses échecs sentimentaux.

Les débuts sont âpres et ne font que mettre en lumière l'impréparation de ce séjour. La vie est difficile déjà... alors que l'hiver n'est pas encore là.

Et les démons de Jim eux aussi sont là. Ils l'obsèdent la nuit même s'il arrive à faire bonne figure le jour.

Roy, lui, se demande s'il pourra supporter ce père qu'il découvre petit à petit, avec ses faiblesses et ses cotés attachants.

Et puis, d'un coup, la situation se dégrade...

À mon avis :
Un cours roman, qui confine au noir.
D'abord angoissant dans sa mise en situation de ces deux êtres qui ne sont absolument pas préparés à ce qui les attend.

On en vient à se demander s'il est bien sérieux d'avoir embarqué un enfant de 13 ans dans une aventure pareille...

On découvre progressivement ce père, mais toujours de manière partielle, avec en arrière plan cette impression que tout peut basculer à tout moment, psychologiquement ou physiquement.

Et puis c'est le choc ! Celui auquel on ne s'attend pas.
A partir de ce moment là, tout devient carrément sombre, presque glauque.

Pas question de dévoiler ici les événements qui sont décrits dans ce récit, mais j'ai été agréablement surpris par la progression de l'histoire qui nous permet de découvrir petit à petit l'état d'esprit de ces deux protagonistes.
C'est à la fois bien amené et distillé discrètement, au fil des pages, avec toujours cette impression qu'on ne sait pas encore tout.

Et de fait, c'est ce qui nous fait tourner les pages de ce livre, court mais intense, délicat et dur à la fois, lumineux et sombre aussi.

Il se termine alors sur un nouveau drame, à la fois horrible et plein de sagesse ou d'émotion.


D'autres avis sur d'autres lectures, sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
Lien : https://blogdeslivresalire.b..
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Mazette, quel bouquin !

Cela commence bien tranquillement, comme dans l'un de ces “nature writing” typiquement américains, mâtiné d'une relation père-fils et d'une initiation à la vie sauvage aux allures de camps scout : une année sabbatique, une parenthèse, un besoin de ressourcement loin du monde et de ses contingences, et l'occasion pour un père divorcé et son fils de 13 ans d'apprendre à se connaître, en pleine nature, dans un face à face à huis clos.

Sukkwan Island : une petite île absolument déserte en Alaska et totalement coupée du monde, où les plus proches présences humaines se trouvent sur une autre île à plus de 30 kilomètres. C'est - tout comme leur petite cabane précaire et mal isolée - brut de décoffrage, authentique et sauvage, ça a le parfum de l'aventure et c'est a priori plein de charme. “C'était comme dans “La Petite Maison dans la prairie”, ils se tenaient assis là, sur le porche sans rambarde, leurs bottes pendant dans le vide, sans personne à des kilomètres à la ronde. Ou peut-être pas comme dans la série, plutôt comme s'ils étaient des chercheurs d'or. Ils auraient très bien pu vivre dans un autre siècle.”

Mais on sent bien dès le début que la belle aventure bucolique risque fort de déraper sévère… Il y a, d'abord, une impréparation et une inexpérience exemplaires dans le n'importe quoi : peu de provisions, peu d'outils, aucun savoir-faire et une désorganisation totale ; et puis, surtout, il y a ce père qui a brûlé tous ses vaisseaux, cet homme qui toutes les nuits pleure, gémit, se répand en confessions larmoyantes et obscènes devant son fils qui n'en peut mais, et dont on sent bien qu'il n'est pas un modèle d'équilibre ni de sérénité… ce que subodore également le fiston “qui savait que ces larmes nocturnes naissaient d'autre chose, de quelque chose qu'il craignait de sous-estimer.”

Que dire de la suite, au risque de “divulgâcher” toute l'affaire ? Juste ceci, que raconte le père dans les toutes premières pages : “Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorce, d'argent, d'impôts, et tout est parti en vrille”... et quelle vrille ! Parce que là, pour vriller, ça vrille, et méchamment ! Avec un art consommé du suspense, David Vann nous conduit pas à pas dans des abîmes de ténèbres, de lâcheté et de folie. C'est oppressant, c'est effrayant, c'est vénéneux au point d'en être presque malsain… et c'est terriblement efficace et addictif.

Un premier roman implacable et extrêmement bien construit d'un auteur qui est en train devenir l'une des grandes signatures de la littérature américaine contemporaine… et la promesse de quelques heures de lecture horrifiée. A déconseiller absolument aux âmes sensibles - et à recommander à toutes les autres !

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Un livre bouleversant par la noirceur de son histoire !!
Au début du récit, tout semblait bien parti pour ce père qui désirait juste passer une année dans un coin isolé de l'Alaska avec son fils de treize ans.
Au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire , on découvre la personnalité du père, pas vraiment à la hauteur de son rôle et qui peine à assurer le quotidien dans cet endroit coupé du monde .

Beaucoup de critiques et d'analyses forts pertinentes ont été écrites au sujet de ce livre, aussi n'en rajouterais je pas plus ...
Sukkwan Island est à lire, certes, mais pas un soir de grosse déprime...David Vann a une écriture que je qualifierais de puissante tant elle m'a glacé au plus profond de moi-même.
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L’homme aime les femmes, il est dentiste sur une base américaine alaskienne jusqu'au départ pour Ketchikan, une petite ville proche du Canada, puis la séparation avec sa famille provoquée par son infidélité chronique. Il aime aussi la chasse et la pêche. D’ailleurs tous les ans il emmène son fils David pêcher des saumons, il lui offre même un jour de passer une année en sa compagnie en Alaska. Une proposition refusée par l’adolescent de treize ans qui lui fera porter la culpabilité du suicide de son père, James Vann, quinze jours plus tard.

C’est ce traumatisme que David Vann a voulu surmonter en écrivant Sukkwan island. Un récit dont la gestation a duré dix ans pour trouver un moyen acceptable de le faire, une mise en perspective qui passe par l’inversion des rôles du père et du fils, une réattribution de la culpabilité au père. Aujourd’hui David Vann se dit guéri, il a pu dépasser sa tragédie en accédant au statut d'écrivain avec cette œuvre aboutie.
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Jim, un homme qui a vécu une succession d'échecs personnels, emmène son fils Roy, treize ans, sur une île du sud-est de l'Alaska, Sukkwan Island, dans le but d'y vivre en autarcie pendant une année en affrontant les éléments hostiles. L'existence y sera encore plus difficile qu'il ne l'avait anticipé et au milieu de cette nature déchaînée, un drame va avoir lieu. ● Si l'histoire est très sombre, ce roman ne manque pas d'intérêt. Bien que la première partie soit un peu trop longue, tout en mettant en place les éléments indispensables pour la suite avec une lente montée de l'angoisse chez le lecteur et une présentation progressive de Jim et de ses multiples problèmes, la seconde tient en haleine et les pages se tournent toutes seules. Toute l'histoire se déroule à travers la conscience de Jim, si bien que, même si le récit n'est pas à la première personne, on se demande parfois ce qu'il a vraiment vécu, vu qu'il ne présente pas un profil psychologique très sain et qu'il doute lui-même de ce qui s'est passé. Mais de toute façon, rien ni personne ne permet à Jim d'échapper à son malheur : la noirceur est omniprésente. On se rend compte que dans ces espaces quasi-infinis on peut vivre une sorte d'enfermement à deux ou bien tout seul. La fin de la première partie est très inattendue et la fin du livre, abrupte, l'est encore davantage.
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Parce que, jusqu'ici, il a raté tout ce qu'il a entrepris dans sa vie - mariage, paternité, travail - Jim s'en va passer une année dans une cabane sommairement aménagée sur une île isolée et inhabitée : Sukkwand Island, au sud de l'Alaska. Là, il espère faire le point sur sa triste existence, et, au terme de cette année d'exil, revenir avec le sentiment d'avoir enfin mené à bien quelque chose sur cette terre. Mais Jim n'est pas parti seul. Roy, son fils de 13 ans l'accompagne. Peut-être cette expérience partagée saura-t-elle les rapprocher ? Très vite pourtant, la relation entre père et fils va connaître de sérieuses difficultés, dues en grande partie à la fragilité émotionnelle du premier. Alors que l'hiver quasi polaire approche, Jim, pour la plus grande crainte de Roy, ne semble pas être tout à fait à la hauteur de ce qui les attend. Cette virée en Alaska tourne au cauchemar.

Sukkwan Island est un véritable tour de force et échafaude intrigue et suspens dans un magnifique huit clos... en pleine nature.

L'écriture est simple et irréprochable, le ton juste, du début à la fin.

David Vann sait créer la surprise, nous traîner dans les pensées des personnages, haletant entre espoir et dégoût au fil des pages. Il nous livre un roman que l'on ne peut lire que d'une traite, un roman qui coupe le souffle au sens propre comme au sens figuré.

Émouvant et dérangeant, débordant d'émotions complexes, je parie que ce livre vous laissera des traces.

Sukkwand Island est le premier roman de David Vann. Un auteur américain à suivre !
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Into the wild. C'est à ce film que j'ai pensé après quelques pages.
L'Alaska, l'idéal romantique du retour à la nature, dans le dénuement, au milieu de nulle part dans un environnement inhospitalier, le détachement d'avec le monde « civilisé ». Ce n'est pas un grand spoiler que de révéler que, comme dans Into the wild, ça finira mal.
Reprenons au début. Jim a raté beaucoup de choses dans sa vie (son mariage, sa carrière, ses relations sociales et ses déclarations d'impôt). Il décide de repartir du bon pied et s'achète une cabane sur une île isolée d'Alaska. Il convainc son fils de 13 ans, Roy, d'y vivre avec lui pendant un an.
Oui mais…
…mais Jim ne connaît pas vraiment son fils, qu'il n'a pas vu grandir, et les retrouvailles sont loin d'être évidentes…
…mais Roy a accepté davantage pour faire plaisir à son père que parce qu'il en a réellement envie…
…mais Jim a moins d'esprit pratique et de sens des réalités qu'un boy-scout partant camper un week-end dans les forêts ardennaises…
…mais Roy ne s'attendait pas à devoir encaisser l'humeur changeante de son père, euphorique le jour et pleurnichard la nuit…
…mais Jim ne s'était pas rendu compte de sa propre incapacité catastrophique à gérer leur survie à tous les deux…
…mais Roy ne s'imaginait pas devoir grandir aussi vite…
…et aucun des deux n'aurait cru qu'un coup fusil changerait leur destin à jamais…
Amateurs de romans sombres, d'ambiances malsaines voire glauques, de tension à couper au couteau, de sensations de fatalité et de gâchis absurde mais dramatique, ceci est pour vous.
Si vous avez le cafard ou si vous n'aimez que les happy ends, évitez Sukkwan Island, vous ne vous en remettriez pas.
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