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EAN : 9782351782521
304 pages
Gallmeister (04/03/2021)
3.5/5   319 notes
Résumé :
Sur l’invitation de son frère aîné Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Pour elle, délaissée par son mari et épuisée par leurs jeunes jumeaux, ce voyage exotique laisse espérer des vacances paradisiaques : une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais, très vite, la tension monte et Tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (88) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 319 notes
Dans cette histoire à double tranchant, le cadre paradisiaque d'une île indonésienne choisie pour des retrouvailles entre une soeur et un frère sous le regard de leur mère, se transforme très rapidement en cauchemar. On est même soufflé par la rapidité de la bascule dans une violence verbale qui laisse bouche bée. Dans une écriture chauffée à blanc, les dialogues se transforment en pugilat, ça fuse de partout en mode rageur, ça cogne dans un festival de vacherie. Et il n'y pas une page sans tension palpable.

David Vann a construit une oeuvre forte, celle d'un écrivain qui excelle à raconter une crise existentielle et des conflits familiaux. La nouveauté dans Komodo est le regard qu'il porte sur la condition féminine à travers le personnage de Tracy. J'ai rarement lu un portrait de femme aussi férocement proposé, dans l'outrance mais aussi dans la justesse pour dire le burn out maternel. Tracy est à bout. Après avoir abandonné sa carrière de biologiste marine pour élever ses jumeaux de cinq ans, elle arrive en Indonésie remplie de colère, rongée par la frustration d'une vie qui ne lui convient pas et d'un corps qu'elle ne supporte plus, dévorée par les rancoeurs à l'égard d'un frère qui a été toujours été le préféré nonchalant et dont elle ne comprend pas la vie, elle qui a l'impression d'avoir raté la sienne. Elle fantasme de passer son mari à la broyeuse et de tabasser ses gosses pour enfin vivre pour elle, prendre sa revanche aussi. C'est très dérangeant, audacieux aussi de miser ainsi sur un personnage principal aussi peu aimable, dont les outrances sont difficiles à comprendre et qui n'a même pas la tendresse de son auteur.

A la mitan du roman, je me suis dit que le roman commençait à ronronner et que les joutes entre Tracy et Roy, certes jubilatoires, se répétaient sans rien apporter de plus. Et c'est là qu'arrive une scène juste hallucinante de puissance, sous l'eau. Tracy et Roy font de la plongée sous-marine, ce qui donne lieu à des descriptions magnifiques et d'une rare justesse pour ceux qui plongent  : la sensation de légèreté et de transparence, entourés de beautés hypnotisantes du monde marin, la descente à l'intérieur de soi, le refuge procurée mais aussi le choc de la remontée dans le « vrai »monde avec ses laideurs. Et puis, le point culminant du récit. David Vann est le virtuose du retournement de situation, maitrisant avec brio l'art de la rupture.

Forcément, après une scène aussi incroyable qui justifie à elle seule la lecture, ce n'est pas facile de rebondir. L'auteur prend le pari, une nouvelle fois, de basculer le dernier tiers de son récit dans une autre direction, centrée cette fois sur Tracy, sans son frère ni sa mère, chez elle, avec mari et enfants. On ne sais pas vers où cela va aller, si Tracy va pouvoir rassembler les morceaux de cette famille pulvérisée. Au départ, j'ai été déçu de la direction prise, jugée fade. Et puis j'y ai lu une autre forme de désenchantement, moins brutal, plus subtil, sans doute plus mature aussi. Si Tracy avait été une des héroïnes de ses premiers romans, sans doute l'aurait-il fait mourir. Ici, tout est beaucoup plus ambiguë. Surprenant encore une fois.
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Étourdissant. Hypnotique. Magistral. Je ressors ko de ce dernier David Vann.

Tracy est au bout de sa vie. Épuisée et blasée par son rôle de mère de jumeaux à temps plein, frustrée par un mari déserteur, elle s'accorde une pause pour rejoindre son frère Roy avec sa mère sur l'île indonésienne de Komodo. Là-bas, les tensions sont au paroxysme dés le premier jour. Tracy nourrit une amertume et une rancoeur féroces contre son frère. Ce qui offre des dialogues de haute voltige entre ces deux là ! Tracy ne mâche pas ses mots et se montre sarcastique et tranchante. Roy est béatement plus taciturne. le pauvre gars encaisse sans broncher. Spectateurs de ces tensions vampiriennes, la mère qui a le don de prendre la défense du frère chéri puis Loïc qui veut manger en paix et décampe aux moindres étincelles. Toutes ces scènes explosent devant vos yeux comme si vous y étiez.

Le plus impressionnant reste pourtant à venir quand ces trois là plongent six pied sous mer. Dans un face à face avec les requins ou les raies manta, les démons de Tracy vont jaillir du plus profond de ses ténèbres.
Le parallélisme entre ce monde sous marin et la noirceur de Tracy est extraordinaire. L'auteur signe des passages très évocateurs et d'une puissance imagée surprenante.
On devine, on ressent même pleinement toute la rage et la déception de la jeune femme sur sa condition de mère-esclave et épouse effacée. Dans les abysses, son imagination est féroce. Des images à vous couper le souffle affluent et vous laissent en apnée.

La dernière partie quant à elle est un réquisitoire jubilatoire sur la folie maternelle, la solitude, le sens de la vie qui fait sens à l'univers sous marin de la première partie.
La fin aurait pu être plus incisive et tranchée selon moi.

Un roman dense, fouillé, imagé à souhait, éloquent et suicidaire avec une héroïne qui n'assume plus ce qu'elle vit mais sait sans conteste cracher à la figure de tous son sentiment d'injustice. du très bon David Vann.
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J'ai aimé l'histoire de cette femme au bord de l'explosion. J'ai aimé la métaphore de la plongée, permettant de mettre en relief ce qui il y a au plus profond de notre personnage alors que sa surface est tellement écorchée. Je reconnais l'avoir lu en quelques heures. Mais je n'ai pas du tout aimé le style de David Vann, sa plume, souvent ironique, sa façon de décrire son personnage principal, Tracy, avec condescendance, vulgarité et mépris. Cette façon de la mettre plus bas que terre pour ensuite nous expliquer que la cause de son aigreur, de son amertume est tout simplement la maternité et la famille. La relation de cause à effet qu'il veut nous mettre en évidence, nous dégoutant au passage, est pour moi inversée. Ce qu'il prend pour cause est pour moi conséquence.

Je suis passée de l'énervement à la tristesse dans cette lecture. L'énervement, voire la colère, dans la première partie, la sidération puis la tristesse dans la seconde partie. Et je n'ai pas accepté ce que David Vann veut nous dire en filigrane. Ça semble parler de lui tant c'est violent, je ne connais pas du tout son histoire personnelle découvrant cet auteur mais il y a une haine et une amertume telles que je me suis vraiment demandée quelle était la part d'expérience personnelle là-dedans. Comme Tracy, j'ai finalement été tiraillée entre le fonds de cette histoire et la surface si tourmentée. Je suis restée tout le long entre deux eaux.

C'est l'histoire d'une femme, Tracy, au bord de la crise de nerf, qui semble même être à la lisière du meurtre. Une femme qui ne comprend pas comment elle en est arrivée là, qui se sent esclave, prisonnière de sa vie, de ses jumeaux de 5 ans. Prisonnière de ses propres injonctions contradictoires : sa vie est devenue un enfer à cause de ses deux enfants mais elle sait « qu'elle aurait regretté d'être seule. Elle était si déterminée à fonder une famille. Elle n'aurait jamais été heureuse sans ça. Elle était donc condamnée, quel que soit son choix ». Esclave du rôle de mère dans lequel elle est enfermée et dans lequel la société, y compris son mari, l'enferme.

Dans la première partie, nous la découvrons avec sa mère rejoindre son frère sur l'île de Komodo en Indonésie pour quelques jours de vacances tant mérités vu que depuis 5 ans elle élève, quasiment seule, ses jumeaux. Son frère Roy fait partie d'un groupe de plongeurs dont il attend à la fin du séjour un certificat de moniteur. Tracy et sa mère savent et aiment plonger.
Nous découvrons immédiatement une femme aigrie, amère, jalouse, puérile, tout en reproches vis-à-vis de son frère et de sa mère. Tout est de la faute des autres, ses jérémiades sont incessantes. C'est insupportable. Mais en plus, David Vann, par sa plume, en profite pour la rendre incroyablement vulgaire, voulant sans doute renforcer la perception négative du personnage :
« Comment ça va ? je lui demande. — Très bien, dit-il. Tu parles très bien français. — Je n'arrive à prononcer correctement les R que si j'ai une bite dans la bouche, dis-je. Ça me permet de l'avoir bien au fond de la gorge ». Elégant…encore une petite citation dans le même style :
« Je m'assieds sur les toilettes, j'ai envie de chier mais n'y arrive pas »…
Les allusions « pipi-caca » sont très présentes et sans doute, je n'ai pas voulu creuser, cela signifie quelque chose en termes psy quant à son lien avec l'un des parents. Sans doute.

Cerise sur le gâteau, David Vann ose même l'affubler d'un problème hémorroïdaire, conséquence de la maternité nous dit-il, alors que ses enfants ont désormais 5 ans. Il lui enlève toute dignité, nous faisant spectateur d'un problème intime qui n'apporte rien à l'histoire si ce n'est de prouver combien la maternité détruit la femme, détruit son organe le plus intime, détruit donc tout désir…comment ose-t-il ? Je n'ai pas le courage de mettre les extraits tant j'ai trouvé ses propos indignes et inélégants…

Seules les descriptions sous-marines sont belles, par moment magnifiques, et nous les voyons au travers des yeux de Tracy. Comme si les profondeurs montraient ce qui est enfoui en elle, sous cette surface incroyablement rugueuse. « Sous moi se déploie un aquarium, des coraux multicolores mous ou durs, et cette impression que la lumière émane d'eux, qu'ils luisent, magiques. C'est dû à la clarté de l'eau. On ne voit pas les rais de lumière descendre à travers les particules de vase en suspension ».
On ressent bien la sensation de légèreté, d'apaisement, cette plongée en soi, ce refuge solitaire entouré de beautés marines, puis le choc de la remontée dans ce monde si dur.

Les plongées mises à part, bien décrites, cette première partie aurait pu faire l'objet d'une belle introspection poignante, intense. Nous avons là un personnage détestable, usant, vulgaire que David Van, transforme même en cafard…

La 2ème partie est son retour dans l'appartement familial dans lequel nous assistons à un huis-clos oppressant et sordide, entre elle désemparée, épuisée, et ses deux jumeaux de 5 ans. Comme si alors elle plongeait non plus dans l'immensité de l'océan, seule, mais dans un aquarium tout petit dans lequel elle mène un combat. Dans lequel elle se fait requin. Dans lequel elle est obligée de s'asséner un coup de poing dans la paume chaque jour pour s'empêcher de frapper ses enfants. de prime abord nous pensons comprendre : voilà pourquoi cette femme n'en peut plus et est aigrie. Sa fonction de maman l'a tout simplement épuisée. Mais ce serait trop facile… David Vann l'a tellement faite toxique et puérile que son rôle en tant que maman ne peut que s'avérer catastrophique. le drame solitaire vécu avec ses enfants n'est pas une cause mais bien une conséquence de ce qu'est cette femme, de ses traumatismes vécus, notamment durant sa propre enfance. Les enfants tombent facilement malades, sont souvent en crise, dans un environnement toxique.

La façon de percevoir les enfants, monstres égoïstes et violents, aux conversations « crétines et répétitives » est ainsi glaciale et ferait frémir toute femme pas encore maman…c'est extrême, péremptoire et si je peux comprendre cette perception lors de certains moments difficiles (qui n'a pas connu ça, ces moments d'abattement, d'immense fatigue face aux cris ?), je ne peux l'accepter poser ainsi comme vérité : « Une mère qui refuse d'être mère est une vraie paria. Paria, esclave, prisonnière. Qui elle est, ce qu'elle veut ou ce qu'elle pourrait être n'a aucune importance. Et les tyrans, si petits, dotés de traits de caractère qu'on n'accepterait jamais chez un ami, ni même chez un citoyen lambda : un égoïsme suprême, des exigences constantes, injustes et méchants et fous d'après les critères adultes, sans la moindre considération pour la loi. Violents, bruyants, destructeurs, incapables de raison. Leurs promesses n'ont déjà plus aucune valeur cinq minutes après les avoir prononcées, et impossible de négocier avec eux. Et la loi leur accorde tous les pouvoirs. S'ils la frappent, ça n'a pas d'importance. Libres à eux de le faire à chaque instant de la journée, chaque jour, des années durant s'ils le souhaitent. Mais si elle les frappe ne serait-ce qu'une seule fois, on parlera de crime ».

Avoir des enfants, ce serait prendre perpet' : « Ses obligations sont infinies. Attendre qu'ils s'endorment, attendre chaque soir pendant des années, et elle a encore treize ans de services devant elle. Une partie de ses obligations se mueront en peine à perpétuité. Elle sera toujours leur mère. Mais cet isolement au cachot ne durera que les cinq premières années, jusqu'à leur entrée à l'école. À ce moment-là, elle sera en liberté surveillée, un bracelet électronique à la cheville, obligée de rester dans les parages et de se présenter à horaires fixes, avec quelques heures ».

Alors oui, je le reconnais, David Vann souligne des problématiques contemporaines dans l'éducation des enfants, cette façon qu'ont les parents de vouloir aujourd'hui tout expliquer aux petits, de tout argumenter, de ne plus recourir à un peu de fermeté faisant des enfants le centre exclusif des attentions, faisant des parents des esclaves présents pour assouvir le moindre de leurs désirs, immédiatement. La faute aux parents. Non aux enfants.

Enfin je suis très surprise par la toute fin, j'ai trouvé ce dénouement final grotesque même, m'attendant à quelque chose de plus intense.

Sous couvert de nous montrer les dégâts que peut causer la famille, il me semble que David Vann a montré sa propre vision de la femme et des enfants. Et c'est effrayant. « Ce que les gens disent ou font se rapportent uniquement à leur propre vie » énonce-t-il. Cette histoire semble ne pas être celle de Tracy mais bien celle d'un homme désabusé par les femmes et la cellule familiale. Enfin, et surtout, David Vann est venu ici désacraliser ce qui a de plus précieux et important à mes yeux : les enfants. Pour toutes ces raisons, je n'ai pu apprécier ce livre et me suis sentie profondément mal à l'aise. En apnée.


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J'ai été secouée par cette lecture tant j'ai senti son héroïne en souffrance. Cet auteur que je ne connaissais pas a réussi à donner vie aux sensations de Tracy, une mère de deux jumeaux qui est tellement à bout que, lorsqu'on la rencontre, ses pensées s'expriment par des mots qui n'arrivent pas à former des phrases. Je me suis dit que cette manie allait rapidement m'agacer, tout comme ses répliques agressives insupportent sa mère, avec qui elle vient passer des vacances auprès de son frère, moniteur de plongée à Komodo, Indonésie. Mais si elle ne peut s'empêcher de se rendre insupportable malgré les regards des autres clients, c'est qu'elle est en colère. Pas une petite colère d'enfant qui va passer, non ; une colère de femme qui prend conscience qu'elle subit sa vie sans l'appui de son mari, une femme qui est la seule du couple à se sacrifier depuis 5 longues années mais à qui on reproche tout, une femme qui encaisse les coups jusqu'à cette première semaine de vacances où la pression se relâche, où les vannes s'ouvrent, où d'un coup, plus aucun filtre ne retient le flot de ses paroles et pensées. Alors elle retrouve la force de faire de vraies phrases. Choc.


Elle transfère sa colère sur son frère, pour des raisons qu'elle nous dévoile au fil de l'eau et de leurs plongées touristiques, qui laissent à chaque fois le lecteur en apnée. D'abord pour la beauté des paysages sous-marins décrits par cette ancienne biologiste marine, qui en font une lecture d'été idéale, parfaite pour la plage : « Komodo, pareil à un coffre au trésor, des gemmes éparpillées partout » ; ensuite, pour la légère inquiétude qui s'installe du fait qu'elle et sa mère sont deux débutantes embarquées dans des plongées pour confirmés ; Egalement pour la présence de requins qui rôdent, à l'affut de la moindre blessure sanguinolente. Mais surtout, parce qu'à chaque plongée la pression s'accentue, la colère enfle envers ce frère qui ne sait pas s'occuper d'elles, et la noirceur de plus en plus profonde de ces plongées en âmes troubles devient palpable… Jusqu'au point de non-retour, quand les vacances de décompression tournent au drame. Lorsqu' on ne peut plus gérer la pression, il est temps de sortir la tête de l'eau. Mais comment faire, lorsque cette plongée métaphorique en eaux profondes révèle que des courants nous ont portés loin de là où nous pensions aller ? Lorsqu'on se débat dans l'obscurité des fonds marins, sans plus apercevoir la lumière du jour pour nous guider, sans solution apparente ?


« La vraie vie n'est qu'une question de pouvoir, jamais de justice. Mordre des nageoires, ou se faire mordre les siennes. »


Un roman tout en tension qui nous plonge au tréfonds de l'âme humaine, mais aussi au coeur d'un problème plus structurel : le modèle de famille et l'éducation des enfants. Des enfants que l'on a plus le droit de punir, de vrais dictateurs avec qui il faut négocier la moindre parcelle d'autorité, qui peuvent utiliser la violence impunément. de tels enfants peuvent-ils devenir des adultes équilibrés ? Se demande Tracy, Maman épuisée. Et qu'en est-il du rôle de ces pères, que l'on espère de plus en plus rares : absents, fuyants, utilisant la femme comme esclave au point que celle-ci, corvéable à merci, rêve chaque jour de frapper ses propres enfants et chaque nuit de tuer son mari ? « Bien plus effrayant qu'un requin, un être mû par une intention plus obscure »… David Vann joue avec nos émotions et parvient à nous placer dans les entrailles de ses personnages.


« Peut-être que la famille est un immense sac à merde qui se balance dans le vent, et qu'on s'en sert de pinata avant de reculer pour ne pas être éclaboussé quand elle éclate. »
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Pour la première fois depuis la naissance de ses jumeaux âgés de 5 ans, Tracy quitte la Californie pour rejoindre Komodo, en Indonésie, et les laisse seuls avec son mari Lautaro. En compagnie de sa maman, elle part retrouver son frère, Roy, qui vient de terminer sa formation d'instructeur de plongée et veut leur montrer les requins et les raies manta. Malheureusement, la semaine qui se voulait paradisiaque, loin de son quotidien harassant avec ses jumeaux qui l'accaparent et de son mariage qui bat de l'aile, sera loin d'être salutaire et reposante. Et ce, dès les retrouvailles tendues entre la soeur et le frère au cours desquelles les nombreuses rancoeurs vont refaire surface : Tracy qui reproche à son frère son divorce, leur mère qui, à ses yeux, a l'air d'avoir tous les soucis que son fils lui a procurés...

Si les magnifiques plongées au coeur de l'océan indien s'avèrent apaisantes, de par ces descriptions parfaitement décrites par David Vann, ce qui s'y passe en surface l'est beaucoup moins. En effet, malgré l'éloignement et les années d'absence, les retrouvailles entre Tracy et son frère, Roy, ne se passent pas si bien que prévu. Bien au contraire ! Tracy est, en effet, une femme en colère, rancunière, blasée, surmenée par la vie qu'elle mène (son mari ayant visiblement mieux à faire que de rester à la maison pour l'aider et s'occuper des jumeaux). Dès lors, si les premières heures s'avèrent tendues, l'affrontement ira crescendo entre Tracy et Roy... David Vann explore à nouveau un thème qui lui est cher, la famille. Cette fois, il se glisse, avec justesse, dans la peau d'une femme en plein burn-out maternel, dont la rage et la colère couvent en elle depuis trop longtemps. Ce voyage en Indonésie va, immanquablement, marquer et changer le trio familial ainsi que les relations qu'ils entretenaient. Un roman atypique, à la construction implacable, tout aussi dérangeant que suffocant parfois...
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critiques presse (3)
Après Sukkwan Island ou Caribou Island (Désolations, en français), David Vann nous invite à passer quelques heures sur une autre île. Celle de Komodo, en Indonésie, où une sœur, un frère et leur mère ne vont pas tarder à nous en faire voir de toutes les couleurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
29 mars 2021
L’écrivain américain délaisse le Pacifique Nord pour l’océan Indien tropical, mais pas la détresse humaine, dans un nouveau et douloureux roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
29 mars 2021
David Vann, auteur du spectaculaire « Sukkwan Island » (2010) et de romans qui ont confirmé son expertise pour raconter de l'intérieur les familles dysfonctionnelles, signe un livre suffocant.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
On ne sent jamais vraiment où l'on est, dans notre existence. Était-ce un moment difficile car des jours heureux ont suivi, ou était-ce une époque facile et tranquille parce que les choses ont changé ensuite ? Tout est lié à un élément qui ne s'est pas encore produit ou qui ne peut pas être perçu. Personne n'évalue une période de sa vie sans prendre en compte ce qui a suivi. C'est la base même de l'évaluation.
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Les bruits de mastication humaine et de déglutition l’ont toujours plongé dans une fureur instantanée, et il a découvert récemment que c’est un problème réel, découvert par les scientifiques et baptisé misophonie. Certaines personnes éprouvent des émotions puissantes liées à des sons particuliers, et cette émotion n’est jamais du dégoût, mais de la rage. Quand il entend des bruits de mastication ou de déglutition, il doit soit les faire cesser soit s’en aller.
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Je vois une raie nager droit sur moi, juste au-dessus du sable, son immense ventre blanc et le battement de ses ailes. Comme si dieu descendait enfin sur Terre, après toutes ces décennies d’attente. Un vol doux, et bouleversant.
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Notre petite cellule familiale qui voudrait tout soigner, quand les blessures elles-mêmes auraient pu être évitées. Rien de tout ceci n'aurait dû arriver. La misère de nos vies est inventée. Nous n'avons pas grandi en zone de guerre ni dans un pays pauvre comme l'Indonésie, alors nous avons dû créer nos propres problèmes. J'ai choisi Lautaro, je me suis fait virer de mon travail, j'ai gâché a santé en mangeant à l'excès et j'ai faille mourir pendant une sortie en plongée. Tout est si idiot. Roy a renoncé à son mariage si simple sans la moindre raison, il a perdu la totalité de ses économies pour rien. Maman a reçu un héritage suffisant pour passer une vie entière à l'abri du besoin, mais elle a spéculé en bourse, consciente de l'imminence d'un crash annoncé mais se trompant sur le timing. Aujourd'hui, elle compte chaque centime. Nous sommes trop crétins. Ce voyage censé nous rapprocher tous les trois me pousse à croire qu'on ferait mieux de se noyer.
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Le bateau tangue toujours, un berceau qui m'apaise, mais plus grand, comme s'il pouvait être le monde entier, l'idée réconfortante que la roche et l'eau et le sel se préoccupent peut-être de nous, que même les étoiles à des milliards de kilomètres nous remarquent. Ce qui est faux, évidemment, mais agréable à imaginer.
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Vidéo de David Vann
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, David Vann vous présente son ouvrage "La Contrée Obscure" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2880139/david-vann-la-contree-obscure
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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