Tout ressentir plus fort, c'est aussi s'émouvoir de la couleur d'une feuille d'automne, du son parfait d'un mot ou des reflets d'une bulle de savon, c'est pleurer en écoutant de la musique, goûter une joie authentique dans une bouchée de gâteau, partir en voyage chaque fois qu'on ouvre un livre. C'est savoir reconnaître les bonheurs immenses dissimulés dans les toutes petites choses.
Élever un enfant, c'est lui apprendre à s'éloigner alors que tu voudrais le retenir.
On parle toujours des premières fois, mais chaque première fois sera suivie d'une dernière fois. La dernière fois que tu la verras marcher à quatre pattes, la dernière fois que tu lui donneras son biberon, la dernière fois que tu la porteras dans tes bras, la dernière fois que tu l'emmèneras à l'école, la dernière fois que tu refermeras la porte de sa chambre après lui avoir dit bonne nuit... C'est une succession de petits deuils et le premier de ces deuils, c'est l'accouchement.
Certains mots sont plus violents que des coups.
J'entends ta voix dans tous les bruits du monde.
[Paul Éluard]
De : eleonore.thibaut@editionsdupontel.com
A : eva@evadiaz.fr
Sujet : Re : ton prochain roman
Non ? Tu ne peux pas écrire une romance, sérieusement. On n'aura jamais la presse , si tu écris une romance. On n'aura même pas les libraires.
De : eva@evadiaz.fr
A : eleonore.thibaut@editionsdpontel.com
Sujet : Re : ton prochain roman
On aura les lecteurs.
Il a eu une augmentation la semaine dernière et il est sollicité par plusieurs restaurants étoilés. Il continue à vivre sa passion et à s'épanouir dans son travail. Je trouve cette situation horriblement injuste. Un père a le droit de choisir quel père il veut être. Celui qui travaille dur pour gagner de l'argent ou le papa poule qui reste à la maison, voire, celui qui ne fait ni l'un n i l'autre, se contentant de ne servir à rien depuis le canapé du salon. Il a cette liberté immense de choisir son degré d'implication dans l'éducation de ses enfants. On peut être considéré comme un père correct en se contentant de jouer une heure ou deux avec ses enfants le week-end, sans avoir la moindre idée de la date du prochain vaccin ou de la fête de l'école. Les mères, elles, ne bénéficient pas de ce droit-là.
Tout ressentir plus fort, c’est aussi s'émouvoir de la couleur d'une feuille d'automne, du son parfait d'un mot ou des reflets d'une bulle de savon, c'est pleurer en écoutant de la musique, goûter une joie authentique dans une bouchée de gâteau, partir en voyage chaque fois qu'on ouvre un livre.
C’est savoir reconnaître les bonheurs immenses dissimulés dans les toutes petites choses.
J'ai accouché et rien ne s'est passé comme je l'avais prévu. Personne ne m'avait préparée à ton arrivée. Loin de moi l'idée de te blesser, mais je me dois d'être sincère, parce que c'est le cœur du problème : ma malhonnêteté de notre société sur ce qui touche à la maternité. On voudrait qu'une naissance, l'arrivée d'un bébé dans le monde, soit un moment doux et merveilleux. À grands coups de phrases toutes faites et d'images d'Épinal, on explique que l'amour maternel est immédiat et absolu, que ce sentiment est si fort qu'une mère aurait naturellement envie de s'effacer devant son enfant. On voudrait que ses rêves, ses ambitions, ses aspirations, son bien-être physique et moral soient relégués de bonne grâce au second plan. Autant de sacrifices qu'on ne demandera bien sûr jamais à un père. L'arrivée d'un bébé dans le monde est quelque chose d'extraordinaire, c'est vrai. Cela peut aussi être un événement d'une violence inouïe, une violence dont presque personne ou presque ne parle et face à laquelle je me suis retrouvée seule et désemparée.
Tout ce qu’on pouvait créer avec les vingt-six lettres de l’alphabet, à condition de les mettre dans le bon ordre, c’est magique.