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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une vie en l'air de Philippe Vasset est un roman de la rentrée littéraire découvert grâce aux éditions Fayard et net galley.
L'auteur nous présente la rampe de l'aérotrain qui double la voie ferrée entre Orléans et Paris. J'avoue que je ne connaissais pas du tout, mais il est vrai que je n'habite pas dans ce coin même si j'y suis allée plusieurs fois.
La voie d'essai de l'aérotrain d'Orléans est une ligne expérimentale de transport guidé de type monorail, construite en 1968. Prévue pour s'inscrire dans un futur axe Paris-Orléans, elle est désaffectée depuis 1977. (source : wikipédia).
L'auteur a toujours connu cette ligne de béton, et il nous en parle. C'est un récit, en partie imaginaire, en partie autobiographique surement aussi.
J'ai trouvé Une vie en l'air intéressant mais comme je ne suis pas concerné par sa vie, par ses pensées, et que je ne connais pas cette ligne je dois avouer en toute honnêteté que j'ai parfois décroché.
C'est une lecture intéressante mais je ne suis pas totalement convaincue. Par moment c'est un peu long, trop à mon goût.
Je ne regrette pas de ma lecture toutefois mon avis est mitigé, d'où le trois étoiles.
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Voici sur 186 pages le récit "d'un toxicomane de l'aérotrain" et on le lit sans s'ennuyer, ce qui est paradoxal, car il ne se passe rien.
Est-ce un roman de fiction, un conte, une fable, un récit autobiographique, je n'en sais rien mais j'ai suivi l'auteur sur ses 18 kms de rail de l'aérotrain qui n'a jamais vu le jour. On suit les états d'âme de l'écrivain, ses recherches sur le constructeur, ses interviews des politiques et protagonistes de l'époque, ses essais de fêtes sur ce tronçon, son rêve de l'acheter. Donc rien de palpitant mais on continue la lecture, tenue par l'écriture et la beauté de ces lieux abandonnés qui font souvent fantasmer les randonneurs de sites urbains en friche.
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L'écriture est un art où les mots ont une source personnelle puisés dans l'abime de son enfance, Philippe Vasset d'un endroit insolite, un lieu gardien d'un passé solitaire jonchant le miracle de l'imagination, d'une prouesse stylistique et narrative d'Une vie en l'air, un sujet étirant sa mémoire se dilatant dans une inextricable biographie où s'illusionne le romanesque créatif de l'auteur. Je suis un lecteur happé par l'intelligence narrative de ce roman, une force structurelle aux fondations de béton d'une lance de lancement creuse les sillons des méandres de la mémoire de notre auteur.
Une vie en l'air vacille les sens de la mémoire de Philippe Vasset, il n'oublie pas cet édifice, ce jouet éveillant les sens de cet enfant qu'il fût. IL narre le compagnon de jeu de ce viaduc en distillant au fil de ce récit les sensations imperceptibles comme si le temps se dilate dans des émotions figées, un kaléidoscope de scènes traverse les années pour dessiner un tableau intemporel. Philippe Vasset semble rechercher une habitation, un lieu, ruisselant sans cesse vers l'aérotrain, ce portail vers la vie, cette vie qui lui est propre.
Philippe Vasset nous présente le projet fou d'un érudit à travers l'édifice qui constelle ses fantasmes. Nous plongeons dans l'aérotrain, avec ces us et ses légendes, son concepteur et certains quidams, d'anecdotes croustillantes, plus ou moins farfelues, laissant le lecteur dans l'expectative et son esprit vagabonder dans une aventure de complots. Comme une enquête, Philippe Vasset explore la genèse du projet, l'ingénieur français Jean Bertin, porteur de l'aérotrain, laissant le vestige d'un projet dans la Beauce comme un mausolée paradant l'énigme d'un vestige lointain que Philippe Vasset aura enfant inventé tant de scénarises différents, de science-fiction, d'Utopie, nourrit de lecture de gare comme Francis Ryck ou Marc Agapit.
Ce roman à la trinité, dans sa composition, est sculpté de musique, comme un écho du passé, Philippe Vasset baigné par l'électro aura cette folie de vouloir créer une rave partie sur l'autel de son enfance, mais l'entreprise trop périlleuse échouera pour laisser notre auteur seul avec sa musique pour une soirée seul, avec cette solitude ancienne de son enfance, de ces errances sur le long de cette arche dominant le paysage.
Cette première partie ancre le narrateur dans cette double vie, entre le viaduc de l'aérotrain, ses expéditions solitaires, le long des rails, ses heures à planer au-dessus de paysage, scrutant l'horizon, regardant la vie des autres s'articuler autour de sa tour, celle de son jardin, ermite de cette peinture en mouvement, qu'il participe lorsqu'il s'échappe de cette structure happant son imagination.
Dans la deuxième partie, des paroles de Dépêche mode, nerver let me down again, Philippe Vasset échappe à son paysage natale pour voguer vers une vie d'adulte, se socialisant, participant à des raves party, voyageant et laissant son eldorado en berne, pour y revenir comme aimanté par ce lieu, spectre d'une vie, venant perturber son esprit. Comme le dit le narrateur, ce lieu est une drogue, l'aspirant à lui, le consume de l'intérieur, pour s'en dégager c'est la fiction, un murmure récité encore et encore.
Dans la douceur d'Etienne Daho, la troisième partie s'ouvre sur la toxicomanie de l'auteur où dans le dédale de ces errances, Philippe Vasset cherche des lieus déserts pour revivre la sensation cette solitude passée, sa drogue, des voies abandonnées, des ponts, viaduc ferroviaires à la personnalité de Dorian Gray. Une vie en l'air se perd dans l'incertitude de l'auteur, recherchant son identité à travers, une quête à la Don Quichotte, une communauté l'absorbant dans sa névrose, comme ce lieu en Belgique, Tour & Taxis , une zone industrielle en friche, qu'une femme Marie veux préserver. Cette anecdote légitime la fois sincère de préservation d'un lieu, comme les Indiens avec les terres sacrés, des ossements de leurs ancêtres. Ce crève-coeur de la construction du raccordement de l'A10 à A6, détruisant une partie de cette arche, laissera notre nostalgique dans un désarroi légitime. Ces rencontres lui ouvrent une perception de mouvement, son portail devient l'antre d'un film où il sera acteur, ce lieu vecteur d'une société de consommation en péril selon le cinéaste.
Trouble de ce roman, c'est la recherche de soi, Philippe Vasset à travers ce vestige d'un échec industriel, essaie d'avoir une réponse à l'identité de son être, celle de l'écriture, avec comme catalyseur ce décor, source d'écriture d'un récit étranger au projet de Jean Bertin. Puis ces autres récits que Philippe Vasset écrira, laissant son arche loin de lui, mais présent.
Ce roman est une longue quête intérieure qui peut se conclure de la sorte par les mots de Philippe Vasset.

« Habiter, comme écrire, c'est travailler une énigme. »
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Une vie en l'air est un drôle de livre, mais ce fut donc un plaisir quand l'éditeur a accepté de me fournir un exemplaire numérique en service de presse, car j'avais tout de suite eu envie de le lire lorsque j'avais découvert son résumé sur NetGalley.fr :

" C'est une ligne de béton tendue à dix mètres au-dessus de la Beauce, qui barre depuis toujours le paysage de son enfance. Elle devait servir de rampe à un véhicule révolutionnaire, un monorail propulsé à 430 kilomètres à l'heure sur coussins d'air : l'aérotrain, invention futuriste née de l'imagination de l'ingénieur Jean Bertin et conçu pour relier, à très grande vitesse, les centres urbains de la France pompidolienne. Si le projet fou de Bertin a fait long feu, cette ruine du futur, elle, est restée debout, absurde, au milieu des champs.

Enfant, puis adolescent, le narrateur a fait de ce môle abandonné un domaine, passant des heures, des jours entiers à scruter le paysage comme s'il s'agissait d'un diorama, à observer la vie alentour et les allées et venues en contrebas. Jamais il n'est descendu de ce perchoir. Cette existence suspendue s'est poursuivie pendant trente ans, en parallèle à la vie réelle. le paysage a changé, le rail aérien s'est effondré en plusieurs endroits mais le narrateur a continué d'habiter la jetée, songeant même à l'acquérir, et à en déclarer l'indépendance.

Que faire de la hantise ? Comment vivre habité ? L'écriture peut-elle
ressaisir un lieu, et faire d'une retraite un monument ? "

Il est sans doute difficile d'accrocher de nombreux lecteurs avec un tel pitch, mais j'ai tout de suite été attiré : un livre sur l'Aérotrain et un homme fasciné par cette innovation avortée, cela avait tout pour me plaire !

Il m'est difficile de résumer ce quoi parle ce livre finalement. Il ne s'y passe pas grand chose, hormis le récit de la longue obsession du narrateur (auteur ?) pour la rampe d'essai de l'aérotrain, au pied de laquelle il a passé son enfance et auprès de laquelle, une fois adulte, il revient souvent.

" Mon monument était une ruine du futur, le vestige d'un avenir radieux qui n'avait jamais été. "

Je sais que ce livre ne plaira pas à tout le monde, son thème est sans doute trop spécifique et son récit trop lent et étrange pour conquérir une majorité de lecteurs. En un peu plus de cent-vingt pages, Philippe Vasset parvient cependant à parler joliment de l'obsession d'un homme pour un projet abandonné, mais aussi d'innovation et surtout d'aménagement du territoire.

" Et pourtant : si, à douze ans, j'avais lu Simon du Fleuve plutôt que Comment ça marche ?, je me serais sans doute forgé une vision assez différente de l'aérotrain : en lieu et place de l'appareil rutilant présenté sur les planches de l'encyclopédie pour enfants, j'aurais découvert un bolide dominant une plaine soufflée par l'explosion du capitalisme, un carrosse sur coussin d'air transportant, dans une Beauce jonchée de silos crevés, les maîtres d'un monde dévasté. Enfermés derrière leurs remparts, « ceux des cités » asservissaient les campagnes où vivait Simon et circulaient, lointains, dans un vacarme aéroglissé. Ce futur-là, m'expliquait Florent, c'était celui qui s'esquissait à Bure, dans le Val de Suse et à Notre-Dame-des-Landes : un « pays utile » que la vitesse ampute de ses rebuts, un territoire quadrillé par des bolides avec, dans les trous du maillage, des zones d'enfouissement de déchets, qu'ils soient industriels ou humains. "

Je ne conseillerais pas ce livre à tout le monde, je pense qu'il s'adresse avant tout à ceux qui ont envie de le lire, mais si c'est le cas je vous promets un voyage poétique et onirique dans la Beauce natale du narrateur, à quelques mètres de hauteur, seul sur un rail abandonné.

" Si toutes ces années jetées par-dessus bord doivent servir à quelque chose, c'est à ceci : inscrire l'aérotrain au patrimoine mondial de l'incertitude généralisée, en faire un Monument à la gloire de tous ceux qui préfèrent le tâtonnement à l'installation, tous ceux qui considèrent qu'une place ne se donne pas, mais se prend, tous ceux qui construisent leur lieu et, par touches successives, transforment l'espace autour d'eux, tout ceux qui persévèrent dans le froid et la nuit, tous les furtifs, les discrets et les petits malins, tous ceux qui forent le monde de minuscules galeries et sapent les fondations de ce décor qu'on nous présente comme réel. "
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Original, mais le sujet paraît vite épuisé, et en faire tout un livre , c'est tirer sur la ficelle ! C'est une ligne de béton tendue à dix mètres au-dessus de la Beauce, qui barre depuis toujours le paysage de son enfance. Elle devait servir de rampe à un véhicule révolutionnaire, un monorail propulsé à 430 kilomètres à l'heure sur coussins d'air : l'aérotrain, invention futuriste née de l'imagination de l'ingénieur Jean Bertin et conçu pour relier, à très grande vitesse, les centres urbains de la France pompidolienne. Si le projet fou de Bertin a fait long feu, cette ruine du futur, elle, est restée debout, absurde, au milieu des champs. 
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Philippe Vasset grandit dans la région orléanaise, région qui vit aussi la naissance de l'aérotrain de Jean Bertin. Cet engin, censé être le train rapide du futur ne connut jamais le succès, mais les infrastructures, gros blocs de béton, monorails et terrasses elles aussi en béton restèrent, faisant la joie des jeunes des alentours, des amours qui avaient besoin de se cacher et des solitaires comme Philippe Vasset qui aimait passer du temps sur la terrasse, en hauteur. C'est sa relation avec l'aérotrain et surtout avec ses vestiges que l'auteur raconte dans ce livre.

Le moins qu'on puisse dire c'est que l'on n'est pas dans un livre maintes fois lu. Original, d'abord parce que c'est l'histoire de l'auteur, ensuite parce qu'il parle d'un projet fou et inventif qui ne fut jamais exploité et d'une relation forte entre l'enfant puis l'homme et la machine et surtout l'infrastructure qui permit à icelle d'être testée. L'homme qui se définit lui-même comme "Toxicomane de l'aérotrain" n'aura de cesse de le mettre en avant, de sauver ce qui reste, allant jusqu'à tenter de s'approprier la terrasse sur laquelle il passait de longues heures.

Plus globalement, Philippe Vasset parle d'aménagement du territoire, d'urbanisation, de sauvetage des sites industriels qui n'ont pas toujours la côte contrairement aux sites historiques, et pourtant on peut faire des choses très bien avec ce genre de lieux (cf. le Hangar à bananes de Nantes et tout le site des Machines de l'île).

Il parle aussi de lui et de cette étrange attrait pour l'aérotrain : "Toxicomane de l'aérotrain, j'essayai de tempérer mon addiction par d'autres substances. J'entamai une collection de routes abandonnées, pour voir si elles me procuraient des sensations aussi fortes que le viaduc de Jean Bertin" (p.134) et des dérivés qu'il va chercher un peu partout, des routes abandonnées, des immeubles vides, ...

Très bien écrit, on ne s'ennuie pas grâce à une construction en quatre parties, inégales en nombres de pages mais qui allègent le propos. Voici un récit pas banal, qui, semble dans la veine de ce qu'écrit Philippe Vasset, puisque son Journal intime d'un marchand de canon était déjà très bon.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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