Sous ce titre, un rêve un peu fou tourné au désastre.
Lindsay a douze ans lorsque son père, adjoint au chef de culture d'une plantation mauricienne prospère mais isolée, annonce à sa famille qu'il va les sortir de ce trou. Deux ans plus tard, ses ambitions se concrétisent enfin : accompagnés d'un petit groupe d'ouvriers peut-être pas si bien choisis que ça, l'adolescent et ses parents quittent Maurice pour aller planter du sisal sur une petite île déserte du canal du Mozambique. Tout a été soigneusement planifié, la fortune devrait être au rendez-vous, mais rien évidemment ne va se passer comme prévu.
L'île déjà, loin du paradis de robinsonnade dont on pouvait rêver, n'est qu'un caillou de corail acéré, sans eau douce, battu tout le jour de grands oiseaux voraces, toute la nuit de moustiques en nuées, où la rare végétation, mangrove et euphorbe, ressemble à un piège à demi empoisonné. Mais le pire, comme presque toujours, ce sont les hommes qui l'ont apporté en eux.
Inspiré d'une histoire vraie - une tentative de colonisation de l'île Europa, au début du XXe siècle, qui tourna au drame pour des raisons restées assez mystérieuses -, L'île des damnés nous plonge dans l'envers le plus noir des rêves d'aventure. Rêves dont le jeune héros est pétri depuis l'enfance par toutes ses lectures, ce qui rendra la désillusion d'autant plus rude mais lui donnera aussi peut-être l'ingéniosité nécessaire à sa survie, au prix de son innocence.
Le résultat est un récit aussi intéressant par son ancrage historique, précis et détaillé, que pour sa trame romanesque, efficace mais un peu simple à mon goût, dont j'aurais surtout aimé voir les ressorts psychologiques un peu plus finement exploités. Il m'a manqué un petit quelque chose, un peu d'empathie de ma part, un peu d'ampleur ou de profondeur de la part du roman, pour que j'accroche entièrement, mais ce fut une lecture instructive et très plaisante, comme toujours avec les romans de cet auteur.
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